Actualités de l'Urgence - APM

PARIS, 5 juin 2023 (APMnews) - La FHF Ile-de-France et l'URPS médecins libéraux Ile-de-France ont dévoilé fin mai au salon Santexpo les premiers résultats d'une étude menée dans les territoires des groupements hospitaliers de territoire (GHT) Novo et Hôpitaux Confluence, soulevant notamment les sujets de l'accès direct aux services hospitaliers et de la coordination de sorties.

L'union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins Ile-de-France et la Fédération hospitalière de France (FHF) Ile-de-France ont conjointement lancé cette étude avec le cabinet Antares, dans l'objectif d'identifier les freins et les leviers des liens ville-hôpital.

Les travaux, une fois finalisés, à l'été 2023, pourraient déboucher sur un document de bonnes pratiques. "Nous souhaitons valoriser ce travail, le poursuivre, et le présenter aux pouvoirs publics, notamment à l'ARS [agence régionale de santé] Ile-de-France", a précisé Isabelle Persec, déléguée régionale de la FHF francilienne lors de la présentation de l'étude, le 24 mai au salon Santexpo.

Après les coopérations qui se sont renforcées pendant la crise sanitaire du Covid, "on a voulu faire ce travail pour mettre en exergue comment faire perdurer cette dynamique", a-t-elle expliqué, rappelant que la FHF a déjà formulé des propositions sur le sujet, en 2018 (cf dépêche du 09/03/2018 à 11:30).

Les partenaires ont travaillé sur deux territoires pilotes, correspondant à deux GHT déjà engagés dans la structuration de cette coordination: le GHT Novo dans le Val-d'Oise (dont les trois établissements, le CH de Pontoise, le GHCPO et le groupement hospitalier intercommunal du Vexin, ont fusionné au 1er janvier pour former l'hôpital Novo) et le GHT Hôpitaux Confluence, dans le Val-de-Marne (CHI de Créteil -Chic- et de Villeneuve-Saint-Georges -Chiv).

L'étude se fonde sur un questionnaire adressé aux médecins libéraux des deux territoires et sur des entretiens avec les médecins hospitaliers. Le questionnaire (adressé fin février et début mars) aux médecins libéraux a recueilli 238 réponses pour le GHT Hôpitaux Confluence (soit un taux de 6,5% de participation) et 116 pour le GHT Novo (22%), a détaillé le Dr Rachida Inaoui-Roze, de l'URPS Ile-de-France.

Les questions concernaient la participation à la permanence des soins, la connaissance de l'offre de l'hôpital, les motifs d'adressage vers l'hôpital, les admissions directes dans les services, les délais de premier rendez-vous, les envois vers les urgences pour les patients hors urgences vitales, les échanges directs avec un médecin senior, la préparation à la sortie du patient, le délai de réception du compte rendu hospitalier et les échanges avec les équipes hospitalières.

Pour ce qui concerne le territoire du GHT Novo, parmi les répondants, 45% étaient des généralistes, 55% des spécialistes, avec une moyenne d'âge de 52 ans. Ils sont 35% à participer à un exercice coordonné institutionnel (réseau, communauté professionnelle territoriale de santé -CPTS-, équipe de soins spécialisée, maison de santé pluriprofessionnelle...)

Jusqu'à 20% des patients vus en urgence

"Concernant les urgences et la permanence des soins, globalement les médecins ont répondu qu'ils avaient à peu près jusqu'à 20% de patients vus en urgence, ce qui est un taux assez élevé", a relevé le Dr Rachida Inaoui-Roze.

Parmi les médecins libéraux répondants, "28% participent à la permanence des soins [PDS], que ce soit en ambulatoire pour les médecins généralistes ou en établissement de santé".

Au CH de Pontoise, il ressort des réponses que 44% des admissions se font directement dans les services de spécialité et 50% par les urgences. "Un très faible pourcentage [des patients] sont amenés en passant par le Samu" (hors urgences), a précisé Rachida Inaoui-Roze.

L'adressage donne lieu à un courrier "dans 99% des cas" et "dans 58% des cas [les médecins libéraux] arrivent à avoir un contact téléphonique" avec le service hospitalier. Ils sont 47% à estimer "qu'il est facile d'avoir un contact avec leur correspondant hospitalier".

Les résultats apparaissent moins positifs s'agissant de la sortie: "plus de 60% des médecins disent qu'ils ne sont pas associés et ne sont pas informés de la sortie de leur patient". Egalement préoccupant, selon la représentante de l'URPS, "le délai pour recevoir la lettre de liaison est supérieur à 48h, entre deux à 15 jours dans 60% des cas".

Selon les résultats, 38% des médecins libéraux disent adresser des patients au CH de Pontoise notamment "du fait de la qualité de la coopération ville-hôpital". Les premiers critères cités sont la proximité géographique (65%), la connaissance des correspondants médicaux (54%), puis "l'expertise et l'efficacité thérapeutique" (46%).

Pour ce qui concerne le territoire du GHT Hôpitaux Confluence, le profil des répondants est à peu près le même que pour le GHT Novo. Ils sont 55% à participer à un exercice coordonné.

L'activité non programmée représente également jusqu'à 20% des consultations quotidiennes et 37% des médecins libéraux participent à la permanence des soins ambulatoires ou en établissement de santé.

S'agissant des admissions au Chic, elle se fait directement dans les services de spécialité dans 31% des cas, tandis que 40% passent par les urgences et le reste par le 15.

L'adressage des patients est facilité par un courrier dans 97% des réponses, "43% appellent mais seulement 30% disent que c'est facile", a relevé Rachida Inaoui-Roze.

Concernant la sortie, 58% des médecins libéraux de ce territoire déclarent ne pas être associés et ne pas être informés. Le délai est de 2 à 15 jours dans 53% des réponses pour recevoir le courrier de sortie.

Sur le territoire du GHT Novo, 70% des médecins libéraux disent avoir des échanges réguliers avec les médecins hospitaliers. Ils sont 55% à donner la même réponse sur le territoire du GHT Hôpitaux Confluence.

Il ressort de l'étude que "favoriser les accès directs dans les services est un souhait de la médecine libérale", et plus particulièrement d'avoir un accès téléphonique aux services, a pointé Rachida Inaoui-Roze. Les libéraux ressentent également le besoin "d'être informés systématiquement de la sortie pour organiser et sécuriser la sortie des patients".

Elle a aussi relevé "une certaine hétérogénéité" s'agissant de la relation des médecins libéraux avec les services. "Favoriser les liens et les rencontres avec les médecins hospitaliers est un vrai souhait des médecins libéraux."

L'étude devrait donner lieu à des monographies sur les deux territoires observés.

mlb/ab/APMnews