Actualités de l'Urgence - APM

16/02 2021
Retour

MALGRÉ LA CRISE SANITAIRE, LE CHU DE MARTINIQUE A CONNU UNE LÉGÈRE HAUSSE DE SON ACTIVITÉ EN 2020

FORT-DE-FRANCE, 16 février 2021 (APMnews) - Le CHU de Martinique a connu en 2020 une légère hausse de son activité, de 0,5%, malgré une forte chute lors de la première vague de l'épidémie de Covid, a expliqué son directeur général, Benjamin Garel, vendredi à APMnews.

En Martinique, les indicateurs de l'épidémie de Covid sont stables depuis fin novembre 2020, et "cela fait très longtemps que l’on n’avait pas connu des chiffres aussi bas" en hospitalisation, a indiqué Benjamin Garel vendredi.

Sur l'île, 8 patients Covid étaient hospitalisés lundi, dont 2 en réanimation, selon les données de Santé publique France. "De plus en plus de cas de variant anglais sont diagnostiqués en ville", donc les chiffres pourraient évoluer à la hausse, "mais pour l’instant on est très à l’abri", selon le directeur général du CHU.

En milieu de semaine dernière, Jérôme Viguier, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Martinique, avait fait état au cours d'une conférence de presse de "23 prélèvements positifs [présentant] un profil de variant anglais", note-t-on. La circulation du variant est devenue "communautaire", puisqu'il y avait seulement 2 cas pour lesquels se trouvait une notion de voyage, mais elle "reste très faible", a-t-il ajouté.

Le CHU, qui a entrepris une mission d'aide à l'île de Sainte-Lucie, notamment sur le partage de ses protocoles de prise en charge, a maintenu une capacité supplémentaire de 34 de lits de médecine et 4 lits de réanimation. Une bonne partie de ses renforts en personnels a aussi été conservée, y compris pour permettre de rattraper les retards de congés.

Il "vaccine une centaine de personnes par jour" depuis le 7 janvier, a rapporté Benjamin Garel, relevant une forte réticence de la population à se faire vacciner, avec "la moitié du taux de vaccination que l’on connaît en métropole".

Concernant l'évolution de son activité, le CHU de Martinique a, lors du premier confinement, au printemps, accusé un "retard de soins énorme", avec "-30% d’activité en juin 2020", a relaté Benjamin Garel (cf dépêche du 21/10/2020 à 17:44). "On a vu arriver des cancers évolués, des pathologies chroniques qui décompensaient."

Les patients "ne venaient pas", alors que la population martiniquaise affiche déjà "des taux de recours en hospitalisation parmi les plus bas de France".

Interrogé sur les effets de ces reports de soins, Benjamin Garel a fait part d'une "augmentation de la mortalité en septembre" 2020 au CHU. "D'habitude il y a une centaine de décès, il y en a eu 150", dont une minorité liée à la dengue et au Covid.

Le CHU a fait en sorte de limiter les retards de soins et de rattraper son activité. "Fin 2020, alors qu’on a eu une épidémie de dengue énorme, une vague Covid conséquente, on aura une activité légèrement supérieure à celle de 2019", a souligné Benjamin Garel, précisant que l'établissement est "l'un des seuls CHU" dans cette situation.

Son activité a ainsi augmenté de 0,5%, avec une augmentation de ses recettes de tarification à l'activité (T2A) de 184 millions d'euros (M€) en 2019 à 185 M€ en 2020.

Pendant la deuxième vague de l'épidémie, "même s’il y avait deux salles de bloc fermées, on a essayé de faire quasiment la même activité, ce qui a nécessité beaucoup de coordination au niveau des chirurgiens", a expliqué Benjamin Garel.

A l'automne 2020, "on a reporté de la chirurgie fonctionnelle, en orthopédie, mais on a essayé de ne rien reporter sur la cancérologie et l’activité diagnostique".

Les effectifs ont augmenté de manière conséquente, "de 4.600 à 4.800 personnes" fin 2020, ce qui a permis au CHU d'affronter en même temps l'épidémie de Covid et l'épidémie de dengue, sachant que l'absentéisme a été important.

Il "a atteint jusqu'à 25% à un moment pour les Iade [infirmiers anesthésistes] et a dépassé 12% pour les infirmiers, contre environ 8% habituellement".

Des surcoûts accrus par le fret aérien

Les surcoûts de l'établissement ont donc été "énormes", incluant également +8 M€ pour le fret aérien, alors qu'il avait mené en 2019 un travail "pour diminuer de 30%" le recours à l’aérien pour ses approvisionnements, en évitant les commandes d’urgence et les ruptures de stock. Les surcoûts comprennent aussi "+30 M€ pour les achats".

La compensation des surcoûts "a été en partie reçue", a indiqué le directeur général du CHU, sans plus de précision.

L'établissement devrait enregistrer un résultat "dégradé", estimé à -34 M€ (rapport infra-annuel -RIA- 2), incluant les aides. En 2019, il a atteint "un déficit de 100 M€ hors aides", en amélioration par rapport à 2018, et il devrait en 2020 afficher un résultat de "-120 M€ hors aides pour un budget de 550 M€".

Le CHU continue à résorber sa dette et a sécurisé deux emprunts toxiques au début de la crise sanitaire, soit 12 M€ sur un montant de 40 M€ d'emprunts toxiques. Le montant de sa dette s'élève à environ 230 M€, contre quelque 240 M€ en 2019 et 286 M€ en 2018 (cf dépêche du 31/01/2020 à 09:28).

Benjamin Garel a rappelé que le plan global de financement pluriannuel (PGFP) du CHU avait été rejeté par le comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (Copermo) au printemps 2019. L'ARS lui a demandé "de retravailler dessus pour avoir un PGFP validé pour juin 2021".

La reconstruction du site de Trinité, très dégradé, n'a pas encore été lancée, ce qui suscite une mobilisation syndicale depuis presque trois mois.

Le projet médical de ce projet, qui prévoit notamment un renforcement de l'activité gériatrique du site, a été validé en commission médicale d'établissement (CME), a fait savoir Benjamin Garel, précisant que le projet médical du CHU est également en train d'être revu.

Le marché d'assistance maîtrise d’ouvrage pour le projet du site de Trinité a été publié. "On est sur les premières étapes, il y aura deux à trois ans d'études", a poursuivi Benjamin Garel, qui souligne que le financement du projet -dont le coût est estimé à 70 M€- n'a pas encore été validé par l'ARS.

En attendant la reconstruction, 6 M€ de travaux de rénovation et de mise en sécurité ont déjà été engagés sur le site de Trinité "et on s’est engagé à en faire pour 12 M€" supplémentaires, a ajouté le directeur général du CHU.

Des travaux de mise en sécurité sont également en cours sur le site de Pierre Pierre Zobda-Quitman (Tour PZQ 1).

En attendant le projet de gérontopôle "d'excellence" au centre de gériatrie Emma-Ventura, prévu pour être réalisé d'ici 2026, avec la collectivité territoriale de Martinique (CTM), ce site fait aussi l'objet de rénovations.

Au total, "on a 28 M€ de travaux de mise en sécurité sur les trois ou quatre années, à dépenser sur Trinité et PZQ principalement", a chiffré Benjamin Garel, pointant que les contraintes techniques empêchent d'atteindre la conformité aux normes incendie sur les trois sites concernés par les travaux.

Le CHU dispose par ailleurs d'un plan pluriannuel d'investissements courants de 50 M€.

En fin de semaine dernière, il a inauguré son premier robot chirurgical (Da Vinci*), utilisé en urologie et gynécologie, avant d'être déployé pour la chirurgie digestive.

mlb/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

16/02 2021
Retour

MALGRÉ LA CRISE SANITAIRE, LE CHU DE MARTINIQUE A CONNU UNE LÉGÈRE HAUSSE DE SON ACTIVITÉ EN 2020

FORT-DE-FRANCE, 16 février 2021 (APMnews) - Le CHU de Martinique a connu en 2020 une légère hausse de son activité, de 0,5%, malgré une forte chute lors de la première vague de l'épidémie de Covid, a expliqué son directeur général, Benjamin Garel, vendredi à APMnews.

En Martinique, les indicateurs de l'épidémie de Covid sont stables depuis fin novembre 2020, et "cela fait très longtemps que l’on n’avait pas connu des chiffres aussi bas" en hospitalisation, a indiqué Benjamin Garel vendredi.

Sur l'île, 8 patients Covid étaient hospitalisés lundi, dont 2 en réanimation, selon les données de Santé publique France. "De plus en plus de cas de variant anglais sont diagnostiqués en ville", donc les chiffres pourraient évoluer à la hausse, "mais pour l’instant on est très à l’abri", selon le directeur général du CHU.

En milieu de semaine dernière, Jérôme Viguier, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Martinique, avait fait état au cours d'une conférence de presse de "23 prélèvements positifs [présentant] un profil de variant anglais", note-t-on. La circulation du variant est devenue "communautaire", puisqu'il y avait seulement 2 cas pour lesquels se trouvait une notion de voyage, mais elle "reste très faible", a-t-il ajouté.

Le CHU, qui a entrepris une mission d'aide à l'île de Sainte-Lucie, notamment sur le partage de ses protocoles de prise en charge, a maintenu une capacité supplémentaire de 34 de lits de médecine et 4 lits de réanimation. Une bonne partie de ses renforts en personnels a aussi été conservée, y compris pour permettre de rattraper les retards de congés.

Il "vaccine une centaine de personnes par jour" depuis le 7 janvier, a rapporté Benjamin Garel, relevant une forte réticence de la population à se faire vacciner, avec "la moitié du taux de vaccination que l’on connaît en métropole".

Concernant l'évolution de son activité, le CHU de Martinique a, lors du premier confinement, au printemps, accusé un "retard de soins énorme", avec "-30% d’activité en juin 2020", a relaté Benjamin Garel (cf dépêche du 21/10/2020 à 17:44). "On a vu arriver des cancers évolués, des pathologies chroniques qui décompensaient."

Les patients "ne venaient pas", alors que la population martiniquaise affiche déjà "des taux de recours en hospitalisation parmi les plus bas de France".

Interrogé sur les effets de ces reports de soins, Benjamin Garel a fait part d'une "augmentation de la mortalité en septembre" 2020 au CHU. "D'habitude il y a une centaine de décès, il y en a eu 150", dont une minorité liée à la dengue et au Covid.

Le CHU a fait en sorte de limiter les retards de soins et de rattraper son activité. "Fin 2020, alors qu’on a eu une épidémie de dengue énorme, une vague Covid conséquente, on aura une activité légèrement supérieure à celle de 2019", a souligné Benjamin Garel, précisant que l'établissement est "l'un des seuls CHU" dans cette situation.

Son activité a ainsi augmenté de 0,5%, avec une augmentation de ses recettes de tarification à l'activité (T2A) de 184 millions d'euros (M€) en 2019 à 185 M€ en 2020.

Pendant la deuxième vague de l'épidémie, "même s’il y avait deux salles de bloc fermées, on a essayé de faire quasiment la même activité, ce qui a nécessité beaucoup de coordination au niveau des chirurgiens", a expliqué Benjamin Garel.

A l'automne 2020, "on a reporté de la chirurgie fonctionnelle, en orthopédie, mais on a essayé de ne rien reporter sur la cancérologie et l’activité diagnostique".

Les effectifs ont augmenté de manière conséquente, "de 4.600 à 4.800 personnes" fin 2020, ce qui a permis au CHU d'affronter en même temps l'épidémie de Covid et l'épidémie de dengue, sachant que l'absentéisme a été important.

Il "a atteint jusqu'à 25% à un moment pour les Iade [infirmiers anesthésistes] et a dépassé 12% pour les infirmiers, contre environ 8% habituellement".

Des surcoûts accrus par le fret aérien

Les surcoûts de l'établissement ont donc été "énormes", incluant également +8 M€ pour le fret aérien, alors qu'il avait mené en 2019 un travail "pour diminuer de 30%" le recours à l’aérien pour ses approvisionnements, en évitant les commandes d’urgence et les ruptures de stock. Les surcoûts comprennent aussi "+30 M€ pour les achats".

La compensation des surcoûts "a été en partie reçue", a indiqué le directeur général du CHU, sans plus de précision.

L'établissement devrait enregistrer un résultat "dégradé", estimé à -34 M€ (rapport infra-annuel -RIA- 2), incluant les aides. En 2019, il a atteint "un déficit de 100 M€ hors aides", en amélioration par rapport à 2018, et il devrait en 2020 afficher un résultat de "-120 M€ hors aides pour un budget de 550 M€".

Le CHU continue à résorber sa dette et a sécurisé deux emprunts toxiques au début de la crise sanitaire, soit 12 M€ sur un montant de 40 M€ d'emprunts toxiques. Le montant de sa dette s'élève à environ 230 M€, contre quelque 240 M€ en 2019 et 286 M€ en 2018 (cf dépêche du 31/01/2020 à 09:28).

Benjamin Garel a rappelé que le plan global de financement pluriannuel (PGFP) du CHU avait été rejeté par le comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (Copermo) au printemps 2019. L'ARS lui a demandé "de retravailler dessus pour avoir un PGFP validé pour juin 2021".

La reconstruction du site de Trinité, très dégradé, n'a pas encore été lancée, ce qui suscite une mobilisation syndicale depuis presque trois mois.

Le projet médical de ce projet, qui prévoit notamment un renforcement de l'activité gériatrique du site, a été validé en commission médicale d'établissement (CME), a fait savoir Benjamin Garel, précisant que le projet médical du CHU est également en train d'être revu.

Le marché d'assistance maîtrise d’ouvrage pour le projet du site de Trinité a été publié. "On est sur les premières étapes, il y aura deux à trois ans d'études", a poursuivi Benjamin Garel, qui souligne que le financement du projet -dont le coût est estimé à 70 M€- n'a pas encore été validé par l'ARS.

En attendant la reconstruction, 6 M€ de travaux de rénovation et de mise en sécurité ont déjà été engagés sur le site de Trinité "et on s’est engagé à en faire pour 12 M€" supplémentaires, a ajouté le directeur général du CHU.

Des travaux de mise en sécurité sont également en cours sur le site de Pierre Pierre Zobda-Quitman (Tour PZQ 1).

En attendant le projet de gérontopôle "d'excellence" au centre de gériatrie Emma-Ventura, prévu pour être réalisé d'ici 2026, avec la collectivité territoriale de Martinique (CTM), ce site fait aussi l'objet de rénovations.

Au total, "on a 28 M€ de travaux de mise en sécurité sur les trois ou quatre années, à dépenser sur Trinité et PZQ principalement", a chiffré Benjamin Garel, pointant que les contraintes techniques empêchent d'atteindre la conformité aux normes incendie sur les trois sites concernés par les travaux.

Le CHU dispose par ailleurs d'un plan pluriannuel d'investissements courants de 50 M€.

En fin de semaine dernière, il a inauguré son premier robot chirurgical (Da Vinci*), utilisé en urologie et gynécologie, avant d'être déployé pour la chirurgie digestive.

mlb/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.