Actualités de l'Urgence - APM

17/12 2025
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MARC NOIZET VA QUITTER LA PRÉSIDENCE DE SAMU-URGENCES DE FRANCE POUR REJOINDRE L'ARS MAYOTTE

(Par Geoffroy LANG)

MULHOUSE (Haut-Rhin), 17 décembre 2025 (APMnews) - Le Dr Marc Noizet va quitter la chefferie de service aux urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA) ainsi que la présidence du syndicat Samu-Urgences de France (SudF), pour rejoindre l'agence régionale de santé (ARS) Mayotte en janvier 2026, comme conseiller médical auprès du directeur général de l'agence, a-t-il déclaré dans un entretien à APMnews lundi soir.

Arrivé à la chefferie de service des urgences du GHRMSA fin 2019, d'abord à mi-temps, avant de passer à temps plein en janvier 2020 et d'être élu à la présidence de SUdF en juillet 2022 (cf dépêche du 11/07/2022 à 18:58) pour succéder à François Braun, lorsque ce dernier a été nommé ministre de la santé et de la prévention (cf dépêche du 04/07/2022 à 11:55), Marc Noizet s'apprête à quitter la présidence du syndicat professionnel de médecins urgentistes au moment de rejoindre l'ARS Mayotte, pour éviter "un conflit d'intérêts évident".

"Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas ménagé nos efforts et notre énergie", a-t-il assuré au moment de tirer le bilan de son mandat à la tête de SUdF. "Avec le conseil d'administration, nous sommes allés au bout de notre engagement, mais on ne peut pas dire qu'on ait eu des succès partout où on a essayé."

Ayant pris ces fonctions à l'été 2022, période qu'il considère comme "l'acmé de la dégradation du système", soit "là où l'on découvre tout à coup qu'on peut fermer des services d'urgence, des Smur", Marc Noizet souligne la difficulté de porter les problématiques rencontrées par les soignants sur le terrain auprès des décideurs dans un contexte de grande instabilité politique: "En l'espace de quelques années, on a eu plus d'une dizaine de ministres différents. Comment voulez-vous construire une relation de confiance, des éléments de compréhension partagés et une ligne directrice pour porter l'évolution d'un système, dont on sait qu'il est excessivement compliqué de le changer?"

"Il faut que l'on fasse évoluer nos organisations, notre métier, pour qu'ils s'adaptent au contexte actuel d'une diminution des ressources, d'une pression différente de la consommation de soins, et de la population qui est en train de vieillir, ce dont le système de santé dans sa globalité n'a pas encore complètement mesuré l'impact que cela va avoir", juge l'urgentiste.

Il fait cependant état de deux satisfactions à cet égard, à commencer par l'évolution du cadre législatif et réglementaire pour permettre une plus grande adaptabilité des structures d'urgence face aux périodes de tension, avec la pérennisation progressive des mesures issues de la mission flash de François Braun (cf dépêche du 09/09/2022 à 12:59 et dépêche du 23/11/2022 à 12:38).

"Nous avons permis une prise de conscience sur l'aval des urgences", poursuit-il, en mentionnant notamment la mission sur l'aval et les alternatives aux passages aux urgences lancée en septembre 2025 par l'ex-ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins Yannick Neuder (cf dépêche du 23/09/2025 à 19:37), en glissant qu'il aurait toutefois préféré "une mission managériale pour dire comment on transforme le système de santé": "Parce que c'est bien de cela dont il s'agit!"

Il a également salué l'acculturation progressive des conférences hospitalières aux problématiques systémiques qui se cristallisent régulièrement au niveau des urgences hospitalières, avec la proposition, en mai, d'un "pacte de responsabilité" portant "10 propositions fortes" pour tenter de répondre à la crise des urgences, avec en particulier une régulation renforcée en amont (cf dépêche du 06/05/2025 à 16:10).

"On voit quand même que nos actions de sensibilisation n'ont pas complètement échoué", a-t-il salué, avant d'ajouter: "Encore une fois, tout cela est un travail de longue haleine."

Sous sa présidence, Samu-Urgences de France a également amorcé un travail de rénovation de son action: "On essaye tout doucement de passer d'un syndicat qui était ancré dans une forme d'habitude à une professionnalisation de l'action syndicale, quelque chose qui soit plus réactif, avec des actions qui sont faites par des professionnels, qu'ils soient salariés ou sous-traitants, de manière à être beaucoup plus performants, pertinents, plus rapides dans notre façon de communiquer et de réagir."

"Cela a été aussi ce travail que j'ai souhaité mener pendant ces presque quatre ans et qui aboutit aujourd'hui à un changement d'identité que l'on va présenter début 2026", a-t-il complété, alors que le syndicat devrait communiquer sur le sujet à l'occasion de l'élection de son nouveau président, au cours de la première quinzaine de janvier.

Garder un pied à l'hôpital

Marc Noizet, qui rejoindra l'ARS Mayotte dans moins d'un mois, explique qu'il gardera un pied à l'hôpital, car il exercera à 20% au sein des urgences et du Samu du centre hospitalier de Mayotte (CHM), à Mamoudzou: "Pour conseiller, je pense qu'il faut connaître ce que l'on conseille, et j'ai besoin de toucher du doigt quelles sont les difficultés du système de santé, les problématiques de santé; donc, pour moi, c'est une évidence qu'il fallait que je garde une activité de soin."

"La mission d'un conseiller médical, c'est de conseiller, cela veut dire traduire ma connaissance du monde hospitalier, amener mon regard et mon expertise pour éclairer l'action du directeur général [Sergio Albarello] pour piloter l'ARS", a-t-il expliqué pour définir ses futures fonctions, en ajoutant qu'il serait également amené à "venir en appui aux directions fonctionnelles de l'ARS".

"Il y a un certain nombre de dossiers sur lesquels je vais être amené à travailler plus précisément", a-t-il complété, en citant le lien entre l'ARS et la direction du CHM, mais également avec l'île de La Réunion sur deux dimensions: les évacuations sanitaires et l'universitarisation, "de manière à rapprocher l'offre de soins de Mayotte de celle de La Réunion, à faciliter la présence d'universitaires sur le territoire et à avoir des professionnels compétents".

"Il y a des tas de projets qui sont portés par le projet régional de santé [PRS] de Mayotte, qu'il va falloir décliner, puisque beaucoup de choses sont à reconstruire après Chido [le cyclone qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, NDLR], notamment avec des grands projets tels que la construction d'un deuxième établissement de santé, ou des projets de moindre ampleur sur l'action territoriale des réseaux de soins, des filières de prise en charge des patients avec les centres de santé qui existent déjà et dont on doit améliorer le fonctionnement", a conclu Marc Noizet. "Cela fait vraiment un panel très large de sujets dont je ne connais pas les priorités aujourd'hui."

gl/san/lb/APMnews

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MULHOUSE (Haut-Rhin), 17 décembre 2025 (APMnews) - Le Dr Marc Noizet va quitter la chefferie de service aux urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA) ainsi que la présidence du syndicat Samu-Urgences de France (SudF), pour rejoindre l'agence régionale de santé (ARS) Mayotte en janvier 2026, comme conseiller médical auprès du directeur général de l'agence, a-t-il déclaré dans un entretien à APMnews lundi soir.

Arrivé à la chefferie de service des urgences du GHRMSA fin 2019, d'abord à mi-temps, avant de passer à temps plein en janvier 2020 et d'être élu à la présidence de SUdF en juillet 2022 (cf dépêche du 11/07/2022 à 18:58) pour succéder à François Braun, lorsque ce dernier a été nommé ministre de la santé et de la prévention (cf dépêche du 04/07/2022 à 11:55), Marc Noizet s'apprête à quitter la présidence du syndicat professionnel de médecins urgentistes au moment de rejoindre l'ARS Mayotte, pour éviter "un conflit d'intérêts évident".

"Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas ménagé nos efforts et notre énergie", a-t-il assuré au moment de tirer le bilan de son mandat à la tête de SUdF. "Avec le conseil d'administration, nous sommes allés au bout de notre engagement, mais on ne peut pas dire qu'on ait eu des succès partout où on a essayé."

Ayant pris ces fonctions à l'été 2022, période qu'il considère comme "l'acmé de la dégradation du système", soit "là où l'on découvre tout à coup qu'on peut fermer des services d'urgence, des Smur", Marc Noizet souligne la difficulté de porter les problématiques rencontrées par les soignants sur le terrain auprès des décideurs dans un contexte de grande instabilité politique: "En l'espace de quelques années, on a eu plus d'une dizaine de ministres différents. Comment voulez-vous construire une relation de confiance, des éléments de compréhension partagés et une ligne directrice pour porter l'évolution d'un système, dont on sait qu'il est excessivement compliqué de le changer?"

"Il faut que l'on fasse évoluer nos organisations, notre métier, pour qu'ils s'adaptent au contexte actuel d'une diminution des ressources, d'une pression différente de la consommation de soins, et de la population qui est en train de vieillir, ce dont le système de santé dans sa globalité n'a pas encore complètement mesuré l'impact que cela va avoir", juge l'urgentiste.

Il fait cependant état de deux satisfactions à cet égard, à commencer par l'évolution du cadre législatif et réglementaire pour permettre une plus grande adaptabilité des structures d'urgence face aux périodes de tension, avec la pérennisation progressive des mesures issues de la mission flash de François Braun (cf dépêche du 09/09/2022 à 12:59 et dépêche du 23/11/2022 à 12:38).

"Nous avons permis une prise de conscience sur l'aval des urgences", poursuit-il, en mentionnant notamment la mission sur l'aval et les alternatives aux passages aux urgences lancée en septembre 2025 par l'ex-ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins Yannick Neuder (cf dépêche du 23/09/2025 à 19:37), en glissant qu'il aurait toutefois préféré "une mission managériale pour dire comment on transforme le système de santé": "Parce que c'est bien de cela dont il s'agit!"

Il a également salué l'acculturation progressive des conférences hospitalières aux problématiques systémiques qui se cristallisent régulièrement au niveau des urgences hospitalières, avec la proposition, en mai, d'un "pacte de responsabilité" portant "10 propositions fortes" pour tenter de répondre à la crise des urgences, avec en particulier une régulation renforcée en amont (cf dépêche du 06/05/2025 à 16:10).

"On voit quand même que nos actions de sensibilisation n'ont pas complètement échoué", a-t-il salué, avant d'ajouter: "Encore une fois, tout cela est un travail de longue haleine."

Sous sa présidence, Samu-Urgences de France a également amorcé un travail de rénovation de son action: "On essaye tout doucement de passer d'un syndicat qui était ancré dans une forme d'habitude à une professionnalisation de l'action syndicale, quelque chose qui soit plus réactif, avec des actions qui sont faites par des professionnels, qu'ils soient salariés ou sous-traitants, de manière à être beaucoup plus performants, pertinents, plus rapides dans notre façon de communiquer et de réagir."

"Cela a été aussi ce travail que j'ai souhaité mener pendant ces presque quatre ans et qui aboutit aujourd'hui à un changement d'identité que l'on va présenter début 2026", a-t-il complété, alors que le syndicat devrait communiquer sur le sujet à l'occasion de l'élection de son nouveau président, au cours de la première quinzaine de janvier.

Garder un pied à l'hôpital

Marc Noizet, qui rejoindra l'ARS Mayotte dans moins d'un mois, explique qu'il gardera un pied à l'hôpital, car il exercera à 20% au sein des urgences et du Samu du centre hospitalier de Mayotte (CHM), à Mamoudzou: "Pour conseiller, je pense qu'il faut connaître ce que l'on conseille, et j'ai besoin de toucher du doigt quelles sont les difficultés du système de santé, les problématiques de santé; donc, pour moi, c'est une évidence qu'il fallait que je garde une activité de soin."

"La mission d'un conseiller médical, c'est de conseiller, cela veut dire traduire ma connaissance du monde hospitalier, amener mon regard et mon expertise pour éclairer l'action du directeur général [Sergio Albarello] pour piloter l'ARS", a-t-il expliqué pour définir ses futures fonctions, en ajoutant qu'il serait également amené à "venir en appui aux directions fonctionnelles de l'ARS".

"Il y a un certain nombre de dossiers sur lesquels je vais être amené à travailler plus précisément", a-t-il complété, en citant le lien entre l'ARS et la direction du CHM, mais également avec l'île de La Réunion sur deux dimensions: les évacuations sanitaires et l'universitarisation, "de manière à rapprocher l'offre de soins de Mayotte de celle de La Réunion, à faciliter la présence d'universitaires sur le territoire et à avoir des professionnels compétents".

"Il y a des tas de projets qui sont portés par le projet régional de santé [PRS] de Mayotte, qu'il va falloir décliner, puisque beaucoup de choses sont à reconstruire après Chido [le cyclone qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, NDLR], notamment avec des grands projets tels que la construction d'un deuxième établissement de santé, ou des projets de moindre ampleur sur l'action territoriale des réseaux de soins, des filières de prise en charge des patients avec les centres de santé qui existent déjà et dont on doit améliorer le fonctionnement", a conclu Marc Noizet. "Cela fait vraiment un panel très large de sujets dont je ne connais pas les priorités aujourd'hui."

gl/san/lb/APMnews

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