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MARTINIQUE: UN PROTOCOLE D'ACCORD ENTRE LE CHU ET LES MÉDECINS URGENTISTES CONDUIT À SUSPENDRE UN PRÉAVIS DE GRÈVE
La mobilisation des urgentistes avait été lancée face "à la dégradation des conditions d'accueil et de prise en charge des patients sur les deux sites d'urgence de la Martinique, celui de La Trinité, où l'alerte a été annoncée dès septembre, et celui de l'hôpital Pierre Zobda-Quitman de Fort-de-France (PZQ)", expliquent l'Amuf et SUDF.
"Grâce à la réactivité et l'engagement des équipes de direction de l'ARS [agence régionale de santé] et du CHU, à l'engagement de la CME [commission médicale d'établissement] et à la mobilisation de l'ensemble des équipes d'urgentistes de la Martinique, soutenues par l'Amuf et SUDF, un accord a été trouvé en un temps record", se félicitent ces organisations syndicales. "L'accord, voté par les urgentistes de Martinique [mercredi] 5 novembre, entérine la suspension du mouvement."
Dans son communiqué, le CHU de Martinique (CHUM) se réjouit aussi du protocole d'accord "du 31 octobre", qu'ont donc signé "les représentants des services d'urgences des hôpitaux de Pierre Zobda-Quitman 2 de Fort-de-France et de Louis Domergue de La Trinité, ainsi que les organisations syndicales SUDF et Amuf".
Issu d'un dialogue "constructif et exigeant", cet accord a "permis de prévenir un conflit social majeur dans un secteur déjà fortement sous tension, tout en confortant et en accélérant un plan d'action structurant en faveur des urgences hospitalières et des parcours de soins en Martinique", selon le CHU.
Les tensions sur les urgences sont, en Martinique, "accentuées par un contexte singulier", explique-t-il.
Le CHU de Martinique est le seul établissement du territoire autorisé à accueillir les urgences. "Cette centralisation, combinée à un vieillissement particulièrement rapide de la population (un Martiniquais sur trois a désormais plus de 60 ans selon l'Insee) exerce une pression constante sur les équipes hospitalières".
A celle-ci s'ajoutent "une offre de soins libérale limitée par la pénurie, des indicateurs de santé dégradés, une précarité sociale importante et des contraintes d'insularité qui limitent les possibilités de transferts sanitaires en cas de saturation".
Ce contexte explique "que les urgences du CHUM soient régulièrement en situation de saturation, malgré les réorganisations et les efforts répétés des équipes des gouvernances successives du CHUM et des personnels".
Dans leur communiqué, l'Amuf et SUDF évoquent la situation du site du Trinité et un retard pris dans les travaux de modernisation (cf dépêche du 28/03/2024 à 15:55 et dépêche du 08/09/2022 à 19:05). L'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD), "prévue pour 5 lits, accueillait parfois jusqu'à 20 patients, générant une surcharge de travail insoutenable par les équipes urgentistes".
A Fort-de-France (site PZQ), "les urgentistes ont dénoncé des conditions d'accueil indignes, notamment l'obligation de devoir examiner des patients dans les couloirs, ainsi que des retards inacceptables dans la prise en charge des urgences, en particulier traumatologiques".
"Conscients des défis propres à la Martinique, le CHU a, depuis plusieurs années, déployé de nombreuses actions pour renforcer la réponse hospitalière et améliorer les parcours de soins", fait valoir l'établissement dans son communiqué.
Continuité d'un plan d'action
"Le Pacte de refondation des urgences proposé par le ministère a été mis en œuvre dans toutes ses composantes, notamment à travers la création d'un service d'accès aux soins [SAS] en partenariat avec la communauté professionnelle territoriale de Santé [CPTS] Madinina pour conforter la régulation téléphonique et éviter des passages aux urgences".
Des maisons médicales de garde ont été installées "à proximité des sites de Fort-de-France et de La Trinité pour offrir des solutions alternatives aux passages aux urgences".
En parallèle, le CHU a "créé une équipe de bed managers pour décharger les médecins urgentistes de la recherche de lits d'aval", "renouvelé ses véhicules de transports inter-sites" et "renforcé ses organisations pour faciliter les sorties, fluidifié l'accès à l'imagerie médicale H24".
"Une profonde transformation numérique est également à l'œuvre avec le déploiement de dossiers patients informatisés, de l'intelligence artificielle pour sécuriser l'analyse des radiographies, d'une plateforme territoriale de gestion des lits", ajoute le CHU.
"L'amélioration des conditions d'accueil, la rénovation des équipements et les audits menés par les experts de la Société française de médecine d'urgence [SFMU] ont contribué à construire un plan d'action solide et partagé" (cf dépêche du 20/02/2025 à 12:50).
Dans le cadre des mobilisations précédentes des personnels, "des fauteuils et brancards ont été massivement acquis pour mieux accueillir les patients", assure également l'établissement. "Un centre de consultations non programmées a été ouvert en face des urgences de PZQ2 pour assurer plus rapidement les prises en charge les moins complexes" (cf dépêche du 06/09/2023 à 10:21).
Le CHU précise aussi qu'une "plateforme statistique permet une analyse d'activité fine au quotidien qui vient conforter le ressenti des patients et personnels".
Au vu de la situation, "le mois de septembre a été consacré à une nouvelle phase de concertation (assemblée générale de médecins, conseil de surveillance avec les élus, réunions de travail opérationnelles…) ayant permis de sensibiliser toute la communauté et identifier de nouvelles pistes".
Le protocole d'accord "s'inscrit dans cette continuité, permet d'accélérer la mise en œuvre des mesures déjà engagées et d'identifier de nouvelles pistes", selon le CHU.
"Il prévoit l'ouverture progressive de lits supplémentaires à l'hôpital Louis Domergue de La Trinité et à l'hôpital Pierre Zobda-Quitman de Fort-de-France". Ces lits "étaient pour l'essentiel fermés en raison de travaux d'humanisation et de mise en place de nouveaux circuits patients dans les services d'urgences".
L'établissement mentionne "le développement d'unités de médecine post-urgences et d'un salon de sortie étendu afin de fluidifier les parcours", ainsi que "la facilitation de l'accès au bloc opératoire pour les patients des urgences".
L'accord prévoit également "un renforcement des équipes médicales et paramédicales, soutenu par un plan de recrutements et par l'appui financier de l'ARS".
La gouvernance "assurera un suivi régulier et transparent de la mise en œuvre des engagements à travers un comité de pilotage élargi qui se réunira chaque trimestre jusqu'à la fin de l'année 2026", fait savoir le CHU.
Dans le détail, l'Amuf et SUDF mentionnent, pour les urgences de La Trinité, la "finalisation des travaux avec 12 lits d'hospitalisation supplémentaires par rapport au capacitaire initial d'ici janvier 2026, puis 5 lits de plus dans le courant du premier trimestre".
Pour les urgences de Fort-de-France, est promise "l'ouverture de deux nouvelles unités de médecine post-urgences, polyvalentes et gériatriques au premier trimestre 2026" ainsi que "l'amélioration du fonctionnement du salon de sortie dont les horaires seront élargis jusqu'à 23 heures immédiatement et 24h/24 dans une phase expérimentale au 1er trimestre 2026".
Les deux organisations syndicales citent "la modernisation des locaux d'accueil, d'examens et d'attente dans les urgences de Fort-de-France", "le maintien d'un bloc opératoire dédié aux interventions de traumatologie" et "l'ouverture de l'espace de la chirurgie ambulatoire à PZQ et du salon d'hospitalisation à J0 courant 2026".
L'accord "prévoit un suivi rapproché des engagements avec un premier rendez-vous d'étape en décembre pour évaluer l'avancement des mesures ainsi qu'un accompagnement des fédérations nationales pour garantir la réalisation effective des engagements pris", confirment les syndicats.
mlb/san/APMnews
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MARTINIQUE: UN PROTOCOLE D'ACCORD ENTRE LE CHU ET LES MÉDECINS URGENTISTES CONDUIT À SUSPENDRE UN PRÉAVIS DE GRÈVE
La mobilisation des urgentistes avait été lancée face "à la dégradation des conditions d'accueil et de prise en charge des patients sur les deux sites d'urgence de la Martinique, celui de La Trinité, où l'alerte a été annoncée dès septembre, et celui de l'hôpital Pierre Zobda-Quitman de Fort-de-France (PZQ)", expliquent l'Amuf et SUDF.
"Grâce à la réactivité et l'engagement des équipes de direction de l'ARS [agence régionale de santé] et du CHU, à l'engagement de la CME [commission médicale d'établissement] et à la mobilisation de l'ensemble des équipes d'urgentistes de la Martinique, soutenues par l'Amuf et SUDF, un accord a été trouvé en un temps record", se félicitent ces organisations syndicales. "L'accord, voté par les urgentistes de Martinique [mercredi] 5 novembre, entérine la suspension du mouvement."
Dans son communiqué, le CHU de Martinique (CHUM) se réjouit aussi du protocole d'accord "du 31 octobre", qu'ont donc signé "les représentants des services d'urgences des hôpitaux de Pierre Zobda-Quitman 2 de Fort-de-France et de Louis Domergue de La Trinité, ainsi que les organisations syndicales SUDF et Amuf".
Issu d'un dialogue "constructif et exigeant", cet accord a "permis de prévenir un conflit social majeur dans un secteur déjà fortement sous tension, tout en confortant et en accélérant un plan d'action structurant en faveur des urgences hospitalières et des parcours de soins en Martinique", selon le CHU.
Les tensions sur les urgences sont, en Martinique, "accentuées par un contexte singulier", explique-t-il.
Le CHU de Martinique est le seul établissement du territoire autorisé à accueillir les urgences. "Cette centralisation, combinée à un vieillissement particulièrement rapide de la population (un Martiniquais sur trois a désormais plus de 60 ans selon l'Insee) exerce une pression constante sur les équipes hospitalières".
A celle-ci s'ajoutent "une offre de soins libérale limitée par la pénurie, des indicateurs de santé dégradés, une précarité sociale importante et des contraintes d'insularité qui limitent les possibilités de transferts sanitaires en cas de saturation".
Ce contexte explique "que les urgences du CHUM soient régulièrement en situation de saturation, malgré les réorganisations et les efforts répétés des équipes des gouvernances successives du CHUM et des personnels".
Dans leur communiqué, l'Amuf et SUDF évoquent la situation du site du Trinité et un retard pris dans les travaux de modernisation (cf dépêche du 28/03/2024 à 15:55 et dépêche du 08/09/2022 à 19:05). L'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD), "prévue pour 5 lits, accueillait parfois jusqu'à 20 patients, générant une surcharge de travail insoutenable par les équipes urgentistes".
A Fort-de-France (site PZQ), "les urgentistes ont dénoncé des conditions d'accueil indignes, notamment l'obligation de devoir examiner des patients dans les couloirs, ainsi que des retards inacceptables dans la prise en charge des urgences, en particulier traumatologiques".
"Conscients des défis propres à la Martinique, le CHU a, depuis plusieurs années, déployé de nombreuses actions pour renforcer la réponse hospitalière et améliorer les parcours de soins", fait valoir l'établissement dans son communiqué.
Continuité d'un plan d'action
"Le Pacte de refondation des urgences proposé par le ministère a été mis en œuvre dans toutes ses composantes, notamment à travers la création d'un service d'accès aux soins [SAS] en partenariat avec la communauté professionnelle territoriale de Santé [CPTS] Madinina pour conforter la régulation téléphonique et éviter des passages aux urgences".
Des maisons médicales de garde ont été installées "à proximité des sites de Fort-de-France et de La Trinité pour offrir des solutions alternatives aux passages aux urgences".
En parallèle, le CHU a "créé une équipe de bed managers pour décharger les médecins urgentistes de la recherche de lits d'aval", "renouvelé ses véhicules de transports inter-sites" et "renforcé ses organisations pour faciliter les sorties, fluidifié l'accès à l'imagerie médicale H24".
"Une profonde transformation numérique est également à l'œuvre avec le déploiement de dossiers patients informatisés, de l'intelligence artificielle pour sécuriser l'analyse des radiographies, d'une plateforme territoriale de gestion des lits", ajoute le CHU.
"L'amélioration des conditions d'accueil, la rénovation des équipements et les audits menés par les experts de la Société française de médecine d'urgence [SFMU] ont contribué à construire un plan d'action solide et partagé" (cf dépêche du 20/02/2025 à 12:50).
Dans le cadre des mobilisations précédentes des personnels, "des fauteuils et brancards ont été massivement acquis pour mieux accueillir les patients", assure également l'établissement. "Un centre de consultations non programmées a été ouvert en face des urgences de PZQ2 pour assurer plus rapidement les prises en charge les moins complexes" (cf dépêche du 06/09/2023 à 10:21).
Le CHU précise aussi qu'une "plateforme statistique permet une analyse d'activité fine au quotidien qui vient conforter le ressenti des patients et personnels".
Au vu de la situation, "le mois de septembre a été consacré à une nouvelle phase de concertation (assemblée générale de médecins, conseil de surveillance avec les élus, réunions de travail opérationnelles…) ayant permis de sensibiliser toute la communauté et identifier de nouvelles pistes".
Le protocole d'accord "s'inscrit dans cette continuité, permet d'accélérer la mise en œuvre des mesures déjà engagées et d'identifier de nouvelles pistes", selon le CHU.
"Il prévoit l'ouverture progressive de lits supplémentaires à l'hôpital Louis Domergue de La Trinité et à l'hôpital Pierre Zobda-Quitman de Fort-de-France". Ces lits "étaient pour l'essentiel fermés en raison de travaux d'humanisation et de mise en place de nouveaux circuits patients dans les services d'urgences".
L'établissement mentionne "le développement d'unités de médecine post-urgences et d'un salon de sortie étendu afin de fluidifier les parcours", ainsi que "la facilitation de l'accès au bloc opératoire pour les patients des urgences".
L'accord prévoit également "un renforcement des équipes médicales et paramédicales, soutenu par un plan de recrutements et par l'appui financier de l'ARS".
La gouvernance "assurera un suivi régulier et transparent de la mise en œuvre des engagements à travers un comité de pilotage élargi qui se réunira chaque trimestre jusqu'à la fin de l'année 2026", fait savoir le CHU.
Dans le détail, l'Amuf et SUDF mentionnent, pour les urgences de La Trinité, la "finalisation des travaux avec 12 lits d'hospitalisation supplémentaires par rapport au capacitaire initial d'ici janvier 2026, puis 5 lits de plus dans le courant du premier trimestre".
Pour les urgences de Fort-de-France, est promise "l'ouverture de deux nouvelles unités de médecine post-urgences, polyvalentes et gériatriques au premier trimestre 2026" ainsi que "l'amélioration du fonctionnement du salon de sortie dont les horaires seront élargis jusqu'à 23 heures immédiatement et 24h/24 dans une phase expérimentale au 1er trimestre 2026".
Les deux organisations syndicales citent "la modernisation des locaux d'accueil, d'examens et d'attente dans les urgences de Fort-de-France", "le maintien d'un bloc opératoire dédié aux interventions de traumatologie" et "l'ouverture de l'espace de la chirurgie ambulatoire à PZQ et du salon d'hospitalisation à J0 courant 2026".
L'accord "prévoit un suivi rapproché des engagements avec un premier rendez-vous d'étape en décembre pour évaluer l'avancement des mesures ainsi qu'un accompagnement des fédérations nationales pour garantir la réalisation effective des engagements pris", confirment les syndicats.
mlb/san/APMnews
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