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15/09 2023
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MATERNITÉ DE PORTO-VECCHIO: FORTE MOBILISATION DES PROFESSIONNELS, ÉLUS ET LIBÉRAUX CONTRE UNE TRANSFORMATION EN CPP

PORTO-VECCHIO (Corse-du-Sud), AJACCIO, 15 septembre 2023 (APMnews) - La réflexion sur la transformation de la maternité de la clinique de l'Ospedale à Porto-Vecchio, en centre périnatal de proximité (CPP), même innovant, a provoqué une levée de boucliers des professionnels de la maternité et des urgences, en grève depuis mardi, des élus et de professionnels libéraux du territoire, qui alertent sur les risques en mettant en avant les 2h30 de trajet vers la maternité la plus proche.

La clinique indépendante de Porto-Vecchio assure des missions de service public par le biais de deux concessions de service public sur les urgences et sur l'obstétrique, rappelle-t-on (cf dépêche du 20/07/2006 à 13:37).

Sa maternité est sur la sellette depuis plusieurs années du fait de son faible nombre d'accouchements. Selon Hospidiag, la clinique a réalisé 226 accouchements en 2021, après 212 en 2020, 235 en 2019 et 2018, et 254 en 2017. Son directeur général, Rémy François, a indiqué jeudi à APMnews qu'elle en assurait environ 230 par an actuellement.

Pour compenser le déficit généré à la fois par la maternité et les urgences, l'agence régionale de santé (ARS) Corse alloue à la clinique une dotation d'environ 3,5 millions d'euros (M€) par an, a-t-il précisé. Lors du Grand débat organisé en avril 2019 entre les maires de Corse et Emmanuel Macron, le président de la République s'était montré rassurant en affirmant que le montant de 3,5 M€ serait pérennisé pour la clinique.

Toutefois, fin 2022, l'ARS Corse a émis l'idée de transformer la maternité en CPP, ce qui "a affolé tout le monde", a relaté Rémy François en rappelant que le seuil de 300 accouchements en dessous duquel une maternité risque de fermer est associé à un temps de trajet restant raisonnable, à moins de 45 minutes pour une parturiente.

Or cela n'est pas le cas pour la maternité de Porto-Vecchio située à 2h30 de route de la maternité du centre hospitalier (CH) de Bastia et à 2h30 de celle du CH d'Ajaccio, a-t-il insisté. "Elle est indispensable pour l'extrême Sud", d'autant plus qu'il y a chaque année sept ou huit "codes rouges", c'est-à-dire des situations nécessitant une césarienne immédiate.

Après une première mobilisation en début d'année, les professionnels et les élus ont lancé de nouvelles actions en ce début septembre pour défendre leur maternité.

A la clinique (80 lits de médecine et de chirurgie, 10 lits d'obstétrique, 17.000 passages aux urgences avec 120 passages par jour en été, IRM, scanner), une grève, lancée par le syndicat majoritaire, le Syndicat des travailleurs corses (STC), et par FO, a été suivie mardi, mercredi et jeudi par 100% des professionnels des urgences et de la maternité, a rapporté Rémy François. Les professionnels ont été réquisitionnés pour maintenir l'activité.

Les urgentistes sont associés au mouvement car ils craignent de devoir assurer des accouchements, en cas de transformation en CPP, ce qui n'entre pas dans leurs compétences.

Un fort soutien est également apporté par les maires et élus communautaires du Sud-Corse. Ils ont tenu une conférence de presse le 7 septembre au cours de laquelle ils ont affirmé "à l'unisson leur soutien indéfectible à la maternité de Porto-Vecchio". Pour eux, "la responsabilité impose de maintenir une offre de soins de proximité tout en assurant la sécurité".

Les mairies ont été "temporairement" fermées au public mardi, selon les informations relayées sur les réseaux sociaux. Des professionnels libéraux ont également fermé leur cabinet et des pharmacies ont baissé leur rideau en signe de soutien à la maternité, a relaté le directeur général de la clinique.

Sur la page Facebook du collectif "maternité de Porto-Vecchio en danger", il est précisé que la grève a été suspendue vendredi.

Une réunion doit être organisée avec les professionnels de la clinique, les acteurs du territoire, le comité de soutien, l'ARS et la préfecture au sujet de la maternité, a relayé le directeur de la clinique.

Idée d'un CPP réalisant des accouchements mais aucune décision "prise à ce stade" (ARS)

Officiellement "la réflexion sur [la maternité de] Porto-Vecchio se poursuit", est-il inscrit dans le schéma régional de santé (SRS) 2023-2028, actuellement soumis à consultation dans le cadre du nouveau projet régional de santé (PRS).

"La restructuration des maternités en région a fait l'objet de nombreux travaux sur deux ans, que ce soit pour le regroupement des maternités de Haute-Corse [effectif depuis le 1er juin] [cf dépêche du 01/06/2023 à 16:10] ou encore autour de réflexions sur la maternité de niveau I de Porto-Vecchio, en lien avec les maternités de niveau II."

"La démographie médicale des gynécologues-obstétriciens et des pédiatres expose les établissements et les filières à une grande fragilité à venir", est-il expliqué.

C'est la raison pour laquelle l'ARS a notamment souhaité depuis deux ans conduire "une réflexion sur l'évolution de la maternité de Porto-Vecchio, dont le nombre d'accouchements continue de diminuer et qui est insuffisamment intégrée à la filière de Corse-du-Sud", est-il indiqué dans le SRS.

Contactée par APMnews, la directrice générale de l'ARS, Marie-Hélène Lecenne, n'était pas disponible cette semaine.

Elle a néanmoins tenu un point presse lundi soir avec la presse locale, à la veille du mouvement de grève, afin de "donner à la population les explications relatives à l'élaboration du futur schéma régional de santé sur le point particulier de la maternité de Porto-Vecchio", a expliqué l'ARS à APMnews.

Selon les médias locaux, Marie-Hélène Lecenne aurait assuré que l'ARS ne souhaitait pas fermer la maternité mais plutôt la faire évoluer vers une "offre complètement atypique pour laquelle il n'existe pas aujourd'hui de cadre au niveau national". Cela pourrait prendre la forme d'un CPP qui fait des accouchements ou d'une maternité qui aurait des missions de CPP.

"L'évolution de la maternité est en cours, aucune décision n'est prise à ce stade" et "les travaux du groupe national se poursuivent également", a indiqué l'ARS à APMnews.

Pas de problème RH ni de qualité

Pour le directeur de la clinique, l'argument des effectifs insuffisants ne tient pas pour la maternité de Porto-Vecchio, qui ne souffre pas de tension sur les ressources humaines ni à la maternité ni aux urgences.

L'argument d'un trop faible nombre d'actes pour assurer une qualité suffisante ne lui semble pas non plus entendable car les trois gynécologues-obstétriciens qui y exercent partagent leur temps avec une pratique plus soutenue à Bordeaux, Paris et Bastia. Il y a également un remplaçant, a-t-il indiqué.

La clinique dispose de huit sages-femmes et de deux pédiatres.

Rémy François met par ailleurs en garde contre l'impact de la fermeture de la maternité sur les urgences et donc sur la sécurité sanitaire du territoire et indirectement sur le tourisme qui est au centre de la vie économique du Sud de la Corse.

cb/ab/APMnews

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PORTO-VECCHIO (Corse-du-Sud), AJACCIO, 15 septembre 2023 (APMnews) - La réflexion sur la transformation de la maternité de la clinique de l'Ospedale à Porto-Vecchio, en centre périnatal de proximité (CPP), même innovant, a provoqué une levée de boucliers des professionnels de la maternité et des urgences, en grève depuis mardi, des élus et de professionnels libéraux du territoire, qui alertent sur les risques en mettant en avant les 2h30 de trajet vers la maternité la plus proche.

La clinique indépendante de Porto-Vecchio assure des missions de service public par le biais de deux concessions de service public sur les urgences et sur l'obstétrique, rappelle-t-on (cf dépêche du 20/07/2006 à 13:37).

Sa maternité est sur la sellette depuis plusieurs années du fait de son faible nombre d'accouchements. Selon Hospidiag, la clinique a réalisé 226 accouchements en 2021, après 212 en 2020, 235 en 2019 et 2018, et 254 en 2017. Son directeur général, Rémy François, a indiqué jeudi à APMnews qu'elle en assurait environ 230 par an actuellement.

Pour compenser le déficit généré à la fois par la maternité et les urgences, l'agence régionale de santé (ARS) Corse alloue à la clinique une dotation d'environ 3,5 millions d'euros (M€) par an, a-t-il précisé. Lors du Grand débat organisé en avril 2019 entre les maires de Corse et Emmanuel Macron, le président de la République s'était montré rassurant en affirmant que le montant de 3,5 M€ serait pérennisé pour la clinique.

Toutefois, fin 2022, l'ARS Corse a émis l'idée de transformer la maternité en CPP, ce qui "a affolé tout le monde", a relaté Rémy François en rappelant que le seuil de 300 accouchements en dessous duquel une maternité risque de fermer est associé à un temps de trajet restant raisonnable, à moins de 45 minutes pour une parturiente.

Or cela n'est pas le cas pour la maternité de Porto-Vecchio située à 2h30 de route de la maternité du centre hospitalier (CH) de Bastia et à 2h30 de celle du CH d'Ajaccio, a-t-il insisté. "Elle est indispensable pour l'extrême Sud", d'autant plus qu'il y a chaque année sept ou huit "codes rouges", c'est-à-dire des situations nécessitant une césarienne immédiate.

Après une première mobilisation en début d'année, les professionnels et les élus ont lancé de nouvelles actions en ce début septembre pour défendre leur maternité.

A la clinique (80 lits de médecine et de chirurgie, 10 lits d'obstétrique, 17.000 passages aux urgences avec 120 passages par jour en été, IRM, scanner), une grève, lancée par le syndicat majoritaire, le Syndicat des travailleurs corses (STC), et par FO, a été suivie mardi, mercredi et jeudi par 100% des professionnels des urgences et de la maternité, a rapporté Rémy François. Les professionnels ont été réquisitionnés pour maintenir l'activité.

Les urgentistes sont associés au mouvement car ils craignent de devoir assurer des accouchements, en cas de transformation en CPP, ce qui n'entre pas dans leurs compétences.

Un fort soutien est également apporté par les maires et élus communautaires du Sud-Corse. Ils ont tenu une conférence de presse le 7 septembre au cours de laquelle ils ont affirmé "à l'unisson leur soutien indéfectible à la maternité de Porto-Vecchio". Pour eux, "la responsabilité impose de maintenir une offre de soins de proximité tout en assurant la sécurité".

Les mairies ont été "temporairement" fermées au public mardi, selon les informations relayées sur les réseaux sociaux. Des professionnels libéraux ont également fermé leur cabinet et des pharmacies ont baissé leur rideau en signe de soutien à la maternité, a relaté le directeur général de la clinique.

Sur la page Facebook du collectif "maternité de Porto-Vecchio en danger", il est précisé que la grève a été suspendue vendredi.

Une réunion doit être organisée avec les professionnels de la clinique, les acteurs du territoire, le comité de soutien, l'ARS et la préfecture au sujet de la maternité, a relayé le directeur de la clinique.

Idée d'un CPP réalisant des accouchements mais aucune décision "prise à ce stade" (ARS)

Officiellement "la réflexion sur [la maternité de] Porto-Vecchio se poursuit", est-il inscrit dans le schéma régional de santé (SRS) 2023-2028, actuellement soumis à consultation dans le cadre du nouveau projet régional de santé (PRS).

"La restructuration des maternités en région a fait l'objet de nombreux travaux sur deux ans, que ce soit pour le regroupement des maternités de Haute-Corse [effectif depuis le 1er juin] [cf dépêche du 01/06/2023 à 16:10] ou encore autour de réflexions sur la maternité de niveau I de Porto-Vecchio, en lien avec les maternités de niveau II."

"La démographie médicale des gynécologues-obstétriciens et des pédiatres expose les établissements et les filières à une grande fragilité à venir", est-il expliqué.

C'est la raison pour laquelle l'ARS a notamment souhaité depuis deux ans conduire "une réflexion sur l'évolution de la maternité de Porto-Vecchio, dont le nombre d'accouchements continue de diminuer et qui est insuffisamment intégrée à la filière de Corse-du-Sud", est-il indiqué dans le SRS.

Contactée par APMnews, la directrice générale de l'ARS, Marie-Hélène Lecenne, n'était pas disponible cette semaine.

Elle a néanmoins tenu un point presse lundi soir avec la presse locale, à la veille du mouvement de grève, afin de "donner à la population les explications relatives à l'élaboration du futur schéma régional de santé sur le point particulier de la maternité de Porto-Vecchio", a expliqué l'ARS à APMnews.

Selon les médias locaux, Marie-Hélène Lecenne aurait assuré que l'ARS ne souhaitait pas fermer la maternité mais plutôt la faire évoluer vers une "offre complètement atypique pour laquelle il n'existe pas aujourd'hui de cadre au niveau national". Cela pourrait prendre la forme d'un CPP qui fait des accouchements ou d'une maternité qui aurait des missions de CPP.

"L'évolution de la maternité est en cours, aucune décision n'est prise à ce stade" et "les travaux du groupe national se poursuivent également", a indiqué l'ARS à APMnews.

Pas de problème RH ni de qualité

Pour le directeur de la clinique, l'argument des effectifs insuffisants ne tient pas pour la maternité de Porto-Vecchio, qui ne souffre pas de tension sur les ressources humaines ni à la maternité ni aux urgences.

L'argument d'un trop faible nombre d'actes pour assurer une qualité suffisante ne lui semble pas non plus entendable car les trois gynécologues-obstétriciens qui y exercent partagent leur temps avec une pratique plus soutenue à Bordeaux, Paris et Bastia. Il y a également un remplaçant, a-t-il indiqué.

La clinique dispose de huit sages-femmes et de deux pédiatres.

Rémy François met par ailleurs en garde contre l'impact de la fermeture de la maternité sur les urgences et donc sur la sécurité sanitaire du territoire et indirectement sur le tourisme qui est au centre de la vie économique du Sud de la Corse.

cb/ab/APMnews

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