Actualités de l'Urgence - APM

02/06 2025
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MAYOTTE PASSE EN PHASE ÉPIDÉMIQUE POUR LE CHIKUNGUNYA

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 2 juin 2025 (APMnews) - Mayotte est passée en phase épidémique pour les infections au virus chikungunya depuis le 27 mai, selon le dernier bulletin épidémiologique sur les arboviroses de Santé publique France (SPF), diffusé lundi.

Le niveau 3 du plan Orsec, correspondant à une épidémie de faible intensité, a été déclenché le 27 mai, rapporte également l'agence régionale de santé (ARS) Mayotte dans un communiqué.

Un premier cas autochtone de chikungunya à Mayotte avait été confirmé en mars, entraînant le déclenchement du niveau 2A du plan Orsec, rappelle-t-on (cf dépêche du 26/03/2025 à 18:24).

"Cette évolution du niveau d'alerte fait suite à une accélération marquée de la transmission du virus chikungunya sur l'ensemble du territoire, avec un nombre de cas confirmés en constante augmentation depuis plusieurs semaines. Cette situation impose une intensification des mesures de réponse et une adaptation de la stratégie de surveillance", explique SPF. L'agence précise cependant que la capacité à documenter de manière exhaustive la dynamique réelle de l'épidémie est limitée en raison de systèmes de surveillance fragiles et contraints.

En semaine 21 (du 19 au 25 mai), 204 cas confirmés ont été recensés, soit une augmentation de 42% par rapport à la semaine précédente (144 cas). "Cette hausse témoigne d'une intensification de la circulation autochtone du virus", souligne SPF.

Entre la semaine 10 (du 3 au 9 mars) et la semaine 21, 560 cas de chikungunya ont été confirmés à Mayotte, l'ensemble du territoire étant touché par la circulation du virus. Une concentration persistante des cas est notée dans les communes de Mamoudzou (210 cas), Pamandzi (102 cas) et Dzaoudzi (95 cas).

Les 15-64 ans sont les plus touchés, avec 440 cas dans cette tranche d'âge depuis le début de la circulation du virus sur le territoire, qui représentent près de 80% de l'ensemble des cas enregistrés sur le territoire mahorais.

En outre, 13 cas au total ont été enregistrés chez les moins de 1 an (+7 en S21) et 32 cas chez les plus de 65 ans (+13 en S21).

Cinq nouvelles hospitalisations ont été recensées en S21, soit 15 au total depuis le début de la circulation du virus, dont cinq enfants de moins de 1 an et huit femmes enceintes admises à titre préventif. Aucun cas n'a nécessité de prise en charge en réanimation et il n'y a eu aucun décès au 30 mai, date du point de situation fait par SPF.

Pression sur les urgences, stratégie de surveillance adaptée

L'agence se dit en outre toujours préoccupée par "la pression persistante sur les services d'urgences" à Mayotte, un seul médecin étant mobilisé pour la régulation et la prise en charge des urgences depuis le 26 mai, "ce qui affecte directement la capacité du système de soins à identifier, documenter et confirmer les cas suspects de chikungunya. Dans ce contexte, les tests de confirmation biologique restent suspendus pour les patients se présentant aux urgences, afin d'éviter une surcharge du laboratoire."

En médecine de ville, les cliniciens s'adaptent également aux contraintes et les demandes de confirmation biologique diminuent. Par ailleurs, "le recours aux soins demeure partiel pour une partie de la population, notamment dans les zones les plus isolées ou précaires".

"L'ensemble de ces éléments contribue à une sous-déclaration probable des cas, affectant la représentativité des données disponibles", prévient SPF.

"Face à ces limites, la stratégie de surveillance s'adapte pour garantir un suivi de l'évolution de l'épidémie avec les systèmes de surveillances opérationnelles", explique l'agence. Cette stratégie repose désormais sur quatre axes:

  • le suivi des cas biologiquement confirmés par les laboratoires du CH de Mayotte (CHM) et du secteur privé, bien que ces confirmations ne soient plus systématiques
  • l'analyse des passages aux urgences pour fièvre ou syndromes évocateurs, qui reste un indicateur syndromique précieux malgré les contraintes actuelles de fonctionnement
  • la mise en place d'un système de surveillance des hospitalisations. Ce dispositif, en cours de déploiement au CHM, vise à assurer une exhaustivité du recueil des patients hospitalisés pour chikungunya
  • la surveillance des cas graves, incluant les admissions en réanimation, permettant ainsi un suivi resserré des formes sévères de la maladie.

La circulation de la dengue, quant à elle, est restée stable par rapport à la semaine précédente, avec deux nouveaux cas enregistrés, soit 21 au total depuis le début de l'année. Il y avait eu une augmentation notable en semaine 19, avec huit nouveaux cas confirmés, est-il rappelé. "Cette dynamique traduit une circulation virale ponctuelle, sans tendance claire à la hausse pour le moment", selon SPF.

Santé publique France, "Chikungunya et dengue à Mayotte. Bulletin du 30 mai 2025"

cd/nc/APMnews

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MAYOTTE PASSE EN PHASE ÉPIDÉMIQUE POUR LE CHIKUNGUNYA

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 2 juin 2025 (APMnews) - Mayotte est passée en phase épidémique pour les infections au virus chikungunya depuis le 27 mai, selon le dernier bulletin épidémiologique sur les arboviroses de Santé publique France (SPF), diffusé lundi.

Le niveau 3 du plan Orsec, correspondant à une épidémie de faible intensité, a été déclenché le 27 mai, rapporte également l'agence régionale de santé (ARS) Mayotte dans un communiqué.

Un premier cas autochtone de chikungunya à Mayotte avait été confirmé en mars, entraînant le déclenchement du niveau 2A du plan Orsec, rappelle-t-on (cf dépêche du 26/03/2025 à 18:24).

"Cette évolution du niveau d'alerte fait suite à une accélération marquée de la transmission du virus chikungunya sur l'ensemble du territoire, avec un nombre de cas confirmés en constante augmentation depuis plusieurs semaines. Cette situation impose une intensification des mesures de réponse et une adaptation de la stratégie de surveillance", explique SPF. L'agence précise cependant que la capacité à documenter de manière exhaustive la dynamique réelle de l'épidémie est limitée en raison de systèmes de surveillance fragiles et contraints.

En semaine 21 (du 19 au 25 mai), 204 cas confirmés ont été recensés, soit une augmentation de 42% par rapport à la semaine précédente (144 cas). "Cette hausse témoigne d'une intensification de la circulation autochtone du virus", souligne SPF.

Entre la semaine 10 (du 3 au 9 mars) et la semaine 21, 560 cas de chikungunya ont été confirmés à Mayotte, l'ensemble du territoire étant touché par la circulation du virus. Une concentration persistante des cas est notée dans les communes de Mamoudzou (210 cas), Pamandzi (102 cas) et Dzaoudzi (95 cas).

Les 15-64 ans sont les plus touchés, avec 440 cas dans cette tranche d'âge depuis le début de la circulation du virus sur le territoire, qui représentent près de 80% de l'ensemble des cas enregistrés sur le territoire mahorais.

En outre, 13 cas au total ont été enregistrés chez les moins de 1 an (+7 en S21) et 32 cas chez les plus de 65 ans (+13 en S21).

Cinq nouvelles hospitalisations ont été recensées en S21, soit 15 au total depuis le début de la circulation du virus, dont cinq enfants de moins de 1 an et huit femmes enceintes admises à titre préventif. Aucun cas n'a nécessité de prise en charge en réanimation et il n'y a eu aucun décès au 30 mai, date du point de situation fait par SPF.

Pression sur les urgences, stratégie de surveillance adaptée

L'agence se dit en outre toujours préoccupée par "la pression persistante sur les services d'urgences" à Mayotte, un seul médecin étant mobilisé pour la régulation et la prise en charge des urgences depuis le 26 mai, "ce qui affecte directement la capacité du système de soins à identifier, documenter et confirmer les cas suspects de chikungunya. Dans ce contexte, les tests de confirmation biologique restent suspendus pour les patients se présentant aux urgences, afin d'éviter une surcharge du laboratoire."

En médecine de ville, les cliniciens s'adaptent également aux contraintes et les demandes de confirmation biologique diminuent. Par ailleurs, "le recours aux soins demeure partiel pour une partie de la population, notamment dans les zones les plus isolées ou précaires".

"L'ensemble de ces éléments contribue à une sous-déclaration probable des cas, affectant la représentativité des données disponibles", prévient SPF.

"Face à ces limites, la stratégie de surveillance s'adapte pour garantir un suivi de l'évolution de l'épidémie avec les systèmes de surveillances opérationnelles", explique l'agence. Cette stratégie repose désormais sur quatre axes:

  • le suivi des cas biologiquement confirmés par les laboratoires du CH de Mayotte (CHM) et du secteur privé, bien que ces confirmations ne soient plus systématiques
  • l'analyse des passages aux urgences pour fièvre ou syndromes évocateurs, qui reste un indicateur syndromique précieux malgré les contraintes actuelles de fonctionnement
  • la mise en place d'un système de surveillance des hospitalisations. Ce dispositif, en cours de déploiement au CHM, vise à assurer une exhaustivité du recueil des patients hospitalisés pour chikungunya
  • la surveillance des cas graves, incluant les admissions en réanimation, permettant ainsi un suivi resserré des formes sévères de la maladie.

La circulation de la dengue, quant à elle, est restée stable par rapport à la semaine précédente, avec deux nouveaux cas enregistrés, soit 21 au total depuis le début de l'année. Il y avait eu une augmentation notable en semaine 19, avec huit nouveaux cas confirmés, est-il rappelé. "Cette dynamique traduit une circulation virale ponctuelle, sans tendance claire à la hausse pour le moment", selon SPF.

Santé publique France, "Chikungunya et dengue à Mayotte. Bulletin du 30 mai 2025"

cd/nc/APMnews

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