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22/05 2024
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MÉDECINS LIBÉRAUX: FRÉDÉRIC VALLETOUX PRUDENT SUR L'EXPÉRIMENTATION D'ÉLARGISSEMENT DE L'ACCÈS DIRECT AUX SPÉCIALISTES

PARIS, 22 mai 2024 (APMnews) - Le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, a tenté de rassurer mardi soir les sénateurs sur l'expérimentation d'un élargissement de l'accès direct aux spécialistes autres que de médecine générale.

Le ministre était auditionné en fin de journée par la commission des affaires sociales du Sénat sur la feuille de route de son ministère.

Corinne Bourcier (Les Indépendants, Maine-et-Loire) a sollicité le ministre délégué sur l'annonce faite le 6 avril par le chef du gouvernement sur la possibilité de consulter un spécialiste sans adressage par le médecin traitant (cf dépêche du 08/04/2024 à 06:20).

Cette proposition avait suscité un tollé parmi les syndicats de médecins libéraux, poussant MG France à suspendre à son tour sa participation à la négociation de la future convention médicale, alors mise en pause par les autres syndicats pour soutenir la grève des cliniques (cf dépêche du 08/04/2024 à 17:34).

"C'est une expérimentation. Donc on va voir dans combien de départements, dans quels départements, et on va surtout construire la méthode avec les spécialistes et avec les généralistes de manière à ne pas déstructurer le système", a expliqué le ministre délégué.

"Ce qu'il est important de dire, c'est qu'à aucun moment -et quand le premier ministre pousse cette idée, il pousse avec raison à aller vers toutes les idées de simplification, de fluidité du parcours- l'idée [serait de] mettre le système cul par-dessus tête et [de] contourner le généraliste qui reste quand même la porte d'entrée".

"Celui qui doit accompagner le patient dans son parcours de soins reste le médecin traitant, à partir du moment où on en a. Mais enfin la réalité, il faut le reconnaître, est qu'il y a déjà beaucoup de Français qui vont directement chez le spécialiste", a observé Frédéric Valletoux.

"Il faut aussi avoir la lucidité -et quelque part le premier ministre l'a eue en disant ça-; c'est déjà un système qui quelque part existe pour ceux qui n'ont pas de médecin traitant. Donc il faut qu'on arrive à voir comment on organise cette expérimentation", a-t-il ajouté.

Il a observé que les syndicats de médecins avaient été "très accaparés" ces dernières semaines par les discussions autour de la convention médicale, dont l'assurance maladie devait adresser un projet définitif d'ici la fin de la semaine (cf dépêche du 17/05/2024 à 20:48).

"Si jamais on aboutit dans les prochains jours, ils auront du temps, de la bande passante libérée pour travailler sur d'autres sujets et on travaillera avec eux à monter cette expérimentation" qui, a-t-il martelé, "ne vise pas à contourner le rôle et la place du médecin traitant, du médecin généraliste, mais à faciliter l'accès aux soins", a conclu Frédéric Valletoux.

Valletoux défavorable à la régulation à l'installation

Interrogé par la socialiste Annie Le Houérou (Côtes-d'Armor) sur la régulation à l'installation des médecins, Frédéric Valletoux a écarté une telle mesure.

"La question de la régulation, je ne vais pas la rouvrir maintenant. Elle est complexe et ma conviction personnelle c'est qu'on pourra poser la question de la régulation de l'installation le jour où on aura effectivement des effectifs de médecins à réguler et à installer sur les territoires", a fait valoir le ministre délégué.

"Nous sommes en période de pénurie et à partir de là, quand 85% du territoire français est un désert médical [ou] réputé être un désert médical, répartir la misère des forces médicales différemment ne rendra aucun territoire riche puisque l'on manque de médecins absolument partout", a-t-il ajouté.

Sollicité sur la proposition de loi de Bernard Jomier (socialiste, Paris) instaurant des ratios patients-soignants à l'hôpital public, votée début 2023 au Sénat (cf dépêche du 01/02/2023 à 19:12) et aujourd'hui en attente d'inscription à l'ordre du jour à l'Assemblée nationale, le ministre s'est déclaré défavorable à une telle mesure.

Elle ne lui "semble pas aujourd'hui adaptée à ce qu'est le système de santé […]. Mettre des normes d'encadrements médicaux dans les services de santé en période de pénurie ne nous servira qu'à une chose: constater qu'on n'est pas capable de mettre les effectifs en face des normes, des indicateurs qui seront proposés", a fait valoir le ministre.

"C'est sans doute un objectif qu'il faut qu'on se fixe le jour où on aura formé plus de médecins pour effectivement veiller à ce qu'ils soient répartis utilement là où on a besoin d'eux autant dans les services hospitaliers que dans les territoires de France", a-t-il toutefois ajouté.

vg/ab/APMnews

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MÉDECINS LIBÉRAUX: FRÉDÉRIC VALLETOUX PRUDENT SUR L'EXPÉRIMENTATION D'ÉLARGISSEMENT DE L'ACCÈS DIRECT AUX SPÉCIALISTES

PARIS, 22 mai 2024 (APMnews) - Le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, a tenté de rassurer mardi soir les sénateurs sur l'expérimentation d'un élargissement de l'accès direct aux spécialistes autres que de médecine générale.

Le ministre était auditionné en fin de journée par la commission des affaires sociales du Sénat sur la feuille de route de son ministère.

Corinne Bourcier (Les Indépendants, Maine-et-Loire) a sollicité le ministre délégué sur l'annonce faite le 6 avril par le chef du gouvernement sur la possibilité de consulter un spécialiste sans adressage par le médecin traitant (cf dépêche du 08/04/2024 à 06:20).

Cette proposition avait suscité un tollé parmi les syndicats de médecins libéraux, poussant MG France à suspendre à son tour sa participation à la négociation de la future convention médicale, alors mise en pause par les autres syndicats pour soutenir la grève des cliniques (cf dépêche du 08/04/2024 à 17:34).

"C'est une expérimentation. Donc on va voir dans combien de départements, dans quels départements, et on va surtout construire la méthode avec les spécialistes et avec les généralistes de manière à ne pas déstructurer le système", a expliqué le ministre délégué.

"Ce qu'il est important de dire, c'est qu'à aucun moment -et quand le premier ministre pousse cette idée, il pousse avec raison à aller vers toutes les idées de simplification, de fluidité du parcours- l'idée [serait de] mettre le système cul par-dessus tête et [de] contourner le généraliste qui reste quand même la porte d'entrée".

"Celui qui doit accompagner le patient dans son parcours de soins reste le médecin traitant, à partir du moment où on en a. Mais enfin la réalité, il faut le reconnaître, est qu'il y a déjà beaucoup de Français qui vont directement chez le spécialiste", a observé Frédéric Valletoux.

"Il faut aussi avoir la lucidité -et quelque part le premier ministre l'a eue en disant ça-; c'est déjà un système qui quelque part existe pour ceux qui n'ont pas de médecin traitant. Donc il faut qu'on arrive à voir comment on organise cette expérimentation", a-t-il ajouté.

Il a observé que les syndicats de médecins avaient été "très accaparés" ces dernières semaines par les discussions autour de la convention médicale, dont l'assurance maladie devait adresser un projet définitif d'ici la fin de la semaine (cf dépêche du 17/05/2024 à 20:48).

"Si jamais on aboutit dans les prochains jours, ils auront du temps, de la bande passante libérée pour travailler sur d'autres sujets et on travaillera avec eux à monter cette expérimentation" qui, a-t-il martelé, "ne vise pas à contourner le rôle et la place du médecin traitant, du médecin généraliste, mais à faciliter l'accès aux soins", a conclu Frédéric Valletoux.

Valletoux défavorable à la régulation à l'installation

Interrogé par la socialiste Annie Le Houérou (Côtes-d'Armor) sur la régulation à l'installation des médecins, Frédéric Valletoux a écarté une telle mesure.

"La question de la régulation, je ne vais pas la rouvrir maintenant. Elle est complexe et ma conviction personnelle c'est qu'on pourra poser la question de la régulation de l'installation le jour où on aura effectivement des effectifs de médecins à réguler et à installer sur les territoires", a fait valoir le ministre délégué.

"Nous sommes en période de pénurie et à partir de là, quand 85% du territoire français est un désert médical [ou] réputé être un désert médical, répartir la misère des forces médicales différemment ne rendra aucun territoire riche puisque l'on manque de médecins absolument partout", a-t-il ajouté.

Sollicité sur la proposition de loi de Bernard Jomier (socialiste, Paris) instaurant des ratios patients-soignants à l'hôpital public, votée début 2023 au Sénat (cf dépêche du 01/02/2023 à 19:12) et aujourd'hui en attente d'inscription à l'ordre du jour à l'Assemblée nationale, le ministre s'est déclaré défavorable à une telle mesure.

Elle ne lui "semble pas aujourd'hui adaptée à ce qu'est le système de santé […]. Mettre des normes d'encadrements médicaux dans les services de santé en période de pénurie ne nous servira qu'à une chose: constater qu'on n'est pas capable de mettre les effectifs en face des normes, des indicateurs qui seront proposés", a fait valoir le ministre.

"C'est sans doute un objectif qu'il faut qu'on se fixe le jour où on aura formé plus de médecins pour effectivement veiller à ce qu'ils soient répartis utilement là où on a besoin d'eux autant dans les services hospitaliers que dans les territoires de France", a-t-il toutefois ajouté.

vg/ab/APMnews

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