Actualités de l'Urgence - APM

MULHOUSE (Haut-Rhin), 21 août 2020 (APMnews) - Le groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA) relance les travaux de son futur projet d'établissement et ses projets architecturaux, six mois après avoir été frappé de plein fouet par l'épidémie de Covid-19, a-t-on appris jeudi lors d'un entretien avec Corinne Krencker, la directrice du GHRMSA.

"Je suis un peu préoccupée quand même, par ce qu'on entend à droite et à gauche, par les signaux qu'on peut voir partout, mais je suis malgré tout sereine, parce que pour nous ne sommes pas, dans la région, dans la situation que nous avons connue", a rapporté Corinne Krencker, lors d'un entretien accordé jeudi à APMnews.

Le GHRMSA avait été touché de plein fouet par l'apparition d'un foyer épidémique de Covid-19 fin février, lors d'un rassemblement évangélique ayant réuni près de 2.000 personnes à proximité de Mulhouse (cf dépêche du 03/03/2020 à 22:54).

Depuis mars, l'établissement a pris en charge plus de 2.000 patients atteints du Covid-19, dont 350 patients en réanimation, et a déploré près de 600 décès dans ses différents sites, dont les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

"Au plus fort de la crise, on avait à peu près 500 patients [atteints du Covid-19] tous sites confondus dans l’établissement", a-t-elle rappelé, "aujourd’hui nous sommes revenus dans une configuration plus conventionnelle".

En fin de semaine, le groupe hospitalier alsacien prenait en charge 17 patients atteints du Covid-19 hospitalisés dans des lits de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), dont 5 en réanimation et 9 dans des services de soins de suite et de réadaptation (SSR).

"Notre réanimation est revenue dans son ordre de marche habituel, même si nous avons toutefois un secteur encore armé au cas où", a souligné la directrice du GHRMSA, après avoir levé le plan blanc au 1er juillet.

Une reprise d'activité très progressive

Le groupe hospitalier a progressivement repris ses activités de soins conventionnels "avec un temps de latence important car les blocs opératoires avaient été en partie mobilisés pour de la prise en charge Covid".

"Il a fallu remettre ces blocs en état de fonctionner pour accueillir dans des conditions de sécurité totale l'ensemble des patients de chirurgie", a fait remarquer Corinne Krencker.

Si l'hôpital de Mulhouse s'est attaché à "reprendre tous les patients en stand-by depuis fin mai sur des créneaux de rendez-vous prioritaires", il accuse néanmoins "16% d'activité en moins sur la période" par rapport à l’année précédente.

Dans ces circonstances exceptionnelles, l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est a apporté un soutien financier au GHRMSA d'un montant de 12,1 millions d'euros (M€) pour faire face aux surcoûts liés à la crise, dont 7M€ pour financer la prime Covid, et de 14,2 M€ pour compenser la perte de recettes due à la déprogrammation de toute l'activité programmée.

"Le niveau d’augmentation des dépenses et des baisses de recettes n'est pas encore entièrement compensé", a cependant fait remarquer la directrice.

Le GHRMSA reprend la refondation de son activité de médecine d'urgence

Le GHRMSA a profité du recul de l'épidémie de Covid-19 pour relancer les projets stratégiques interrompus au printemps, à commencer par la reconstruction de son service d'urgence, afin de "reposer les bases du fonctionnement Samu/Smur/SAU [service d'accueil des urgences]".

Après avoir connu une situation critique à la suite du départ de plusieurs médecins urgentistes durant l'été 2019 (cf dépêche du 03/09/2019 à 18:24), le groupe hospitalier reconstitue peu à peu l'équipe médicale de son service d'urgence: "On fonctionne toujours avec de l’intérim et des remplacements […], mais il y a quatre recrutements en cours entre septembre et octobre".

L'établissement va également engager des travaux de reconfiguration interne des urgences durant la dernière semaine d'août, tandis qu'un permis de construire a été déposé pour créer un centre de soins non programmés à proximité du service d'urgence de l'hôpital.

Ce nouveau bâtiment, attendu pour début 2021, accueillera des médecins généralistes libéraux travaillant de manière coordonnée avec les urgences hospitalières.

En parallèle de ce projet immobilier, le GHRMSA a relancé en juin un comité de pilotage en juin sur la reconstruction architecturale du service d'urgence, afin de déterminer s'il est possible d’étendre le service sur l’emplacement actuel ou s'il doit être reconstruit "ex-nihilo"; ses conclusions sont attendues avant la fin d'année.

Depuis le 7 juillet, le Samu de Mulhouse est devenu le premier centre pilote à déployer l'outil graphique de gestion des appels du portail SI-Samu (cf dépêche du 09/06/2020 à 10:20).

Fort de cette innovation et de ses coopérations avec la médecine de ville, qui prête main forte aux équipes du Samu 68 (Haut-Rhin) depuis près d'un an, le GHRMSA envisage d'ailleurs de faire partie des sites pilotes de l'expérimentation du service d'accès aux soins (SAS).

"Si nos partenaires libéraux sont prêts, on déposera un dossier", a assuré Corinne Krencker, en précisant que les dossiers de candidatures devaient être transmis aux ARS avant le 15 septembre (cf dépêche du 20/08/2020 à 10:23).

Les enseignements de la crise Covid sur l'accompagnement psychologique des agents

En septembre, le GHRMSA va également relancer l'élaboration du projet médico-soignant de son futur projet d'établissement, initialement attendu en fin d'année (cf dépêche du 24/01/2020 à 19:00).

À ce sujet, la directrice veut tirer les enseignements de la crise du Covid-19, et notamment de la mise en place d'une cellule d'accompagnement psychologique pour les agents, afin d'en faire "un des axes de la politique qualité de vie au travail du projet social".

"On a eu des clignotants dans les équipes, on a vu qu'ils étaient exposés à une forme violence psychologique, de par la charge de travail, et ça a commencé au Samu et au SAU, mais également dans la dégradation de l’état physique des patients, parce qu’on a eu très vite des patients qui se sont dégradés à vitesse 'grand V' et des décès, qui ont nécessité des conditions d’adaptation sur la sacralisation et l’accompagnement du décès."

"Très vite il nous est apparu qu’il fallait les accompagner physiquement et psychologiquement", a-t-elle poursuivi.

Après avoir mis en place "des tournées dans les services" début mars, la direction a créé une cellule de soutien psychologique pour les agents du GHRMSA dès la mi-mars, combinant "une prise en charge physique et somatique, avec des kinés, des ostéopathes, des réflexologues, et une prise en charge psychologique, avec des psychologues et si besoin des psychiatres".

Cette cellule, qui a réalisé près de 3.000 interventions depuis sa création, continuera de fonctionner jusqu'en début 2021, avant d'être adaptée et pérennisée au travers du projet social: "C'est une autre réponse aux problématiques de la qualité de vie au travail et une manière d'accompagner à plus long terme une politique de réduction de l’absentéisme."

gl/ab/APMnews