Actualités de l'Urgence - APM

MULTIPLICATION DES PLANS BLANCS EN RÉGIONS (ENQUÊTE APMNEWS)
La gestion des tensions hospitalières relève actuellement du "cas par cas" sans consigne de plan blanc à l'échelle nationale, a déclaré Elisabeth Borne, mardi lors d'un déplacement à l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France (cf dépêche du 20/12/2022 à 17:34). À l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), le plan blanc n'était, mardi, pas activé, mais des inquiétudes existaient face aux tensions.
En Auvergne-Rhône-Alpes, interrogée mercredi par APMnews, l'ARS a cité 10 établissements qui ont déclenché le plan blanc, en mentionnant des "causes parfois multifactorielles".
Il s'agit des établissements disposant d'un service d'urgences de l'agglomération grenobloise (CHU38, Groupement hospitalier mutualiste, clinique des Cèdres), de l'établissement public de santé mentale (EPSM) 74, du CH spécialisé Saint-Jean de Dieu (Rhône), des Hôpitaux du Léman (Haute-Savoie), de l'Hôpital Nord-Ouest Villefranche, du CH du Forez (Loire), du CH de Bourgoin-Jallieu (Isère) et du CH Métropole Savoie.
En annonçant leur décision lundi, les Hôpitaux du Léman ont expliqué faire "toujours face à une très forte tension sur leurs lits de médecine et sur leurs effectifs". "Le début des vacances scolaires est également susceptible d'accroître encore le nombre de passages aux urgences", ont-ils précisé dans un communiqué.
En Savoie, où se trouvent de grandes stations de ski, le CH Métropole Savoie (Chambéry/Aix-les-Bains) a souligné qu'il faisait face à "une forte tension sur les lits, combinée à une activité très importante". "La situation est également tendue pour les autres établissements de santé du territoire, services de soins de suite et réadaptation, secteur hébergement et médico-social, services d'aides à domicile…, ce qui reporte les possibilités de sortie pour les patients hospitalisés", ajoute-t-il.
Il précise que "malgré les démarches conduites et organisations proposées", cette situation le conduit à "constituer la cellule de crise et à déclencher le plan blanc pour l'ensemble de l'établissement" et à déprogrammer "toutes les activités médicales et chirurgicales non associées à une perte de chance immédiate". "Cette mesure ne concerne pas les services de consultations", souligne-t-il.
Par ailleurs, le CHU de Saint-Etienne a décidé, mardi midi, d'aller jusqu'à 50% de déprogrammation des activités de médecine quand cela est possible, a-t-il indiqué à APMnews. "La situation est réévaluée au moins deux fois par semaine jusqu'au 2 janvier, voire plus si besoin dans les prochains jours", a souligné sa direction.
Interrogé mardi matin, le directeur général du CHU, Olivier Bossard, a expliqué, qu'après l'épidémie de bronchiolite, l'établissement faisait face à un afflux de personnes âgées très dépendantes aux urgences adultes, en raison des épidémies, notamment de Covid (passage du nombre de personnes hospitalisées de 95 sur le territoire de la Loire à 205 en un mois). À cela s'ajoutent des fermetures de lits liées aux vacances des membres du personnel.
Mercredi, le CH de Vienne (Isère) a aussi annoncé qu'il était en phase de tension confirmée (niveau 1) avec "arrêt des admissions programmées (déprogrammations sur les unités de médecine), limitation aux admissions relevant de l'urgence et sorties anticipées".
Dans les Hauts-de-France, l'ARS a demandé lundi aux établissements de santé de l'Oise de déclencher le plan blanc en raison de la hausse significative de l'activité due aux épidémies de Covid-19, grippe et bronchiolite (cf dépêche du 20/12/2022 à 11:01). L'objectif est de donner "la possibilité de mobiliser du personnel supplémentaire pour assurer la continuité des urgences et soins non programmés et d'engager si cela devait s'avérer nécessaire la reprogrammation d'interventions non urgentes".
En Nouvelle-Aquitaine, le plan blanc avait été déclenché le 25 novembre dans tous les établissements autorisés en médecine et réanimation pédiatrique de la région (cf dépêche du 25/11/2022 à 19:24). Mi-décembre, les CH de Saintes et de Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime) ont annoncé l'activation du plan blanc en raison de la forte activité aux urgences. Des rappels de personnels sur leurs congés et repos et des déprogrammations d'activités ont été engagés pour accroître leurs capacités de prises en charge.
D'autres établissements, comme le CH de Pau ont eux opté pour la mise en place d'une régulation des urgences adultes. Du 22 décembre au 4 janvier 2023, les urgences sont accessibles en journée au sein de l'établissement palois, mais entre 18h30 et 8h30, les patients doivent contacter le centre 15.
Des déprogrammations dans d'autres régions
En Centre-Val de Loire, le CH de Bourges, qui a déclenché son plan blanc jeudi, a déployé des renforts médicaux et paramédicaux aux urgences, ainsi que des assistants de régulation médicale (ARM) supplémentaires au centre 15 (cf dépêche du 19/12/2022 à 17:41). Au CH de Dreux, en plan blanc depuis mardi, le choix a été fait de déprogrammer des opérations non urgentes plutôt que de faire revenir les personnels sur leurs temps de congés selon L'Écho républicain.
Le CHR d'Orléans, dont la situation aux urgences est "très tendue", a engagé des déprogrammations. Il recourt aussi à l'aide des autres structures pour la prise en charge des patients, a expliqué à APMnews Olivier Boyer, directeur général de l'établissement. Le CHR n'a toutefois "pas encore déclenché le plan blanc" afin de "conserver les congés des agents".
Dans le Grand Est, l'ARS a annoncé mercredi à APMnews que cinq établissements avaient pour l'heure déclenché leur plan blanc: les hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), le CHU de Reims, le groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace (GHRMSA) dans le Haut-Rhin, le CH de Troyes (Aube) et le CH de Bar-le-Duc (Meuse).
Ils sont cependant 13 à s'être déclarés "en tension" sur l'ensemble de la région, selon l'agence.
Si pour la bronchiolite, "le pic semble être passé", a jugé l'ARS, pour le Covid, "les hospitalisations et les admissions en soins critiques continuent d'augmenter". Les établissements de santé de la région connaissent de même une hausse d'activité en raison de l'épidémie de grippe.
La situation dans l'Est de la région est par ailleurs aggravée par l'augmentation "très significative" de la traumatologie associée à la période de froid.
À Strasbourg, les HUS ont déclenché le plan blanc le 25 novembre. Selon un bulletin d'information de vendredi, la situation reste "très tendue" dans l'établissement, avec un besoin "important" de lits. Les derniers chiffres publiés font état de 101 patients atteints du Covid hospitalisés en unité conventionnelle au 16 décembre, soit trois fois plus que le mois précédent, ainsi que huit patients en réanimation -un chiffre en hausse depuis mi-novembre.
Le CH de Troyes a déclenché son plan blanc le 25 novembre, dans un premier temps "pour les activités de pédiatrie et de néonatalogie, ainsi que pour les urgences pédiatriques", avant de l'élargir lundi "pour toutes les activités hospitalières".
Par ailleurs, le CH a mis en place un plan blanc "interne" depuis lundi, entraînant "une déprogrammation des interventions qui peuvent l'être sur les trois prochaines semaines pour ouvrir des disponibilités et un redéploiement des personnels"; la sortie anticipée de patients; et, le cas échéant, le rappel d'agents en repos.
Le CHU de Reims a mis en oeuvre le niveau 2 du plan blanc le 10 décembre. "Ce dispositif permet à l'établissement de mobiliser toutes les ressources nécessaires, humaines et matérielles, en vue d'assurer la continuité des soins à tous les patients", note l'établissement dans un communiqué.
Le GHRMSA avait lui enclenché son plan blanc le 21 novembre (cf dépêche du 21/11/2022 à 18:06).
En Bourgogne-Franche-Comté, l'ARS a signalé à APMnews que quatre plans blancs avaient été enclenchés: au CH de l'agglomération de Nevers, à l'hôpital Nord Franche-Comté (HNFC) de Trévenans (Territoire de Belfort) et aux CH de Lons-le-Saunier et de Saint-Claude (Jura).
"La situation reste très évolutive, la pression hospitalière étant continue sous l'effet de la triple épidémie de grippe, de Covid et de bronchiolites, qui crée de fortes tensions dans tous les départements", a commenté l'ARS.
À Trévenans, le HNFC a d'abord déclenché un plan blanc "durant une semaine" début novembre, avant de prendre de nouveau cette décision le 14 décembre "en raison des conditions météorologiques qui ont entraîné un nombre très important de passages aux urgences et d'hospitalisations chez les adultes", a détaillé le directeur de l'établissement, Pascal Mathis.
Ces mesures ont provoqué des déprogrammations, "notamment en chirurgie", a-t-il ajouté. Pour faire face à cet afflux de patients, le HNFC a ouvert une unité de médecine supplémentaire de 15 lits, en déplaçant des effectifs en interne.
Forte incidence en pédiatrie
En Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) a déclenché depuis le 24 novembre un plan blanc en pédiatrie pour faire face à l'épidémie de bronchiolite, a indiqué mercredi l'établissement à APMnews.
Il s'agit d'un plan de "niveau 1" qui "n'implique pas le rappel des personnels". En revanche, il conduit à "reporter des interventions programmées non urgentes afin de libérer des lits de soins critiques et des capacités d'hospitalisation et de pouvoir bénéficier des compétences de professionnels en nombre suffisant pour assurer la prise en charge des enfants", explique l'AP-HM.
Le CHU de Nice n'a pas déclenché de plan blanc mais son plan "hôpital en tension". En cause, un "flux de patients très soutenu aux urgences, un faible nombre de lits d'aval disponibles et un absentéisme élevé lié aux épidémies hivernales", a expliqué mercredi l'établissement. Cette "conjonction" de facteurs met "fortement en tension les équipes restantes". Une cellule quotidienne de suivi a été mise en place pour "évaluer la situation et anticiper les tensions hivernales". Le CHU est passé depuis le 14 décembre au niveau 3 de son plan hôpital en tension.
En Occitanie, le CHU de Montpellier est en plan blanc depuis le 29 novembre. Il a été déclenché à l'origine en pédiatrie pour faire face à l'épidémie de bronchiolite mais il a depuis été étendu à l'ensemble des services du fait de l'arrivée de patients atteints de Covid-19. Ce plan implique notamment un rappel de certains personnels en congés, a expliqué le CHU.
Le CHU de Toulouse a annoncé le vendredi 16 décembre déclencher le niveau 1 de son plan blanc à l'Hôpital des enfants face à la "forte épidémie de pathologies respiratoires en pédiatrie".
Renforcement de la mobilisation en Normandie et Bretagne
La Normandie, placée en phase épidémique pour la grippe depuis le 30 novembre, a annoncé vendredi avoir renforcé le niveau de mobilisation de l'ensemble du système de santé de la région.
Les services d'urgence normands doivent gérer "un niveau d'activité inhabituellement élevé". Vendredi, 7 établissements supports de service d'urgence (CH Avranches-Granville, CHU de Caen, CH de Dieppe, CHI Elbeuf-Louviers-Val de Reuil, CH Eure-Seine, CH de Flers et CHU de Rouen) avaient déclenché leur plan blanc afin de renforcer leurs équipes soignantes pour faire face à cet afflux de patients.
"Tous les établissements de santé publics et privés ont déjà été appelés par l'ARS Normandie, dans le cadre de la préparation de l'hiver, à maintenir leurs capacités d'hospitalisation ouvertes pendant les deux prochaines semaines et à participer activement à l'impératif d'assurer la continuité des soins pendant cette période", a indiqué l'agence.
Au-delà, elle a demandé à tous les établissements de santé publics et privés, et pas seulement aux établissements sièges d'un service d'urgence qui ont déjà enclenché les déprogrammations en leur sein, de libérer des places pour l'aval des urgences et l'aval des services de prise en charge aiguë, au besoin en procédant à la déprogrammation des séjours hospitaliers non urgents.
À titre exceptionnel, les services d'hospitalisation à domicile (HAD) de toute la région interviendront, jusqu'au 8 janvier 2023, en dehors de leur zone de couverture habituelle, ceci afin de mieux répondre aux besoins des établissements adresseurs, indique l'ARS Normandie.
Le groupe hospitalier du Havre (GHH) a indiqué lundi qu'il maintenait son plan blanc afin de faciliter les réorganisations nécessaires pour prendre en charge tous les patients dans les meilleures conditions possibles. "Les services d'urgence adultes et enfants sont saturés et présentent un état de total débordement", a-t-il alerté en demandant à la population de ne venir qu'en cas de nécessité absolue.
Le groupe hospitalier Mont-Saint-Michel décrit aussi "un niveau d'activité extrêmement important" avec une situation "qui entraîne une surmobilisation des équipes et une augmentation des délais de prise en charge aux urgences et d'accès aux services d'hospitalisation". Le groupe a réactivé depuis la semaine dernière la cellule de coordination territoriale qui avait été mise en place aux débuts de l'épidémie de Covid pour faciliter les sorties d'hospitalisation des patients âgés.
En Bretagne, les arrivées de la neuvième vague de Covid-19 et de l'épidémie de grippe ainsi que la circulation toujours active de la bronchiolite affectent fortement les établissements de santé.
Un plan blanc territorial a été demandé par le CHU de Rennes qui connaît depuis octobre "une tension croissante sur le capacitaire de médecine post-urgences, parallèlement à une activité soutenue en nombre de passages quotidiens aux urgences adultes (moyenne de 200/jour) mais également aux urgences pédiatriques (moyenne de 120/jour). La saturation des flux a motivé la réactivation par le CHU de Rennes de son plan blanc le 12 octobre", a-t-il indiqué mercredi à APMnews.
"Ce dispositif a été amplifié la semaine dernière par un appel de l'ARS à la déprogrammation auprès de l'ensemble des établissements de santé du département, afin de préserver les équipes hospitalières et sécuriser la prise en charge des patients présents dans les services d'urgence", poursuit le CHU.
"Une coordination territoriale resserrée pour fluidifier les échanges d'informations entre les établissements et donc les transferts de patients, est co-animée par le CHU de Rennes et la délégation départementale de l'ARS."
À Vannes, face à l'épidémie de bronchiolite, le CH Bretagne Atlantique a déclenché son plan blanc le 30 novembre pour renforcer les moyens nécessaires à la prise en charge des enfants qui se présentent aux urgences pédiatriques ou hospitalisées en pédiatrie. Le CH de Saint-Brieuc est aussi en plan blanc.
Le CH de Cornouaille Quimper-Concarneau a déployé un dispositif d'adaptation capacitaire temporaire à hauteur de 21 lits de médecine post-urgences par reconversion de lits de chirurgie et de médecine de spécialités pour accueillir les patients et préserver au maximum les congés annuels programmés de fin d'année des personnels, qui restaient donc maintenus, rappelle-t-on (cf dépêche du 19/12/2022 à 17:41).
Le groupe hospitalier Bretagne Sud (GHBS), très en tension également avec beaucoup de patients âgés, a réussi à l'éviter, souhaitant préserver les congés du personnel.
Plus de la moitié des établissements en plan blanc en Pays de la Loire et les autres vont suivre
En Pays de la Loire, le CH de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a déclenché son plan blanc le 2 décembre dans un contexte de saturation due aux épidémies "très vivaces de bronchiolites, de grippe et au rebond en neuvième vague du Covid" qui amènent "une sollicitation inédite" des capacités d'hospitalisation auquel s'ajoute un nombre important de lits de soins de suite et de réadaptation (SSR) et d'Ehpad fermés sur le territoire du fait de la pénurie de compétences soignantes. En outre, le contexte des congés scolaires raréfie l'offre de soins de ville.
"La cellule de veille se réunit régulièrement et des renforts sont organisés dans les unités les plus en difficulté. Certains séjours non urgents en médecine et en chirurgie vont devoir être reportés, afin de conserver une capacité d'hospitalisation pour les malades en ayant le plus besoin", indique le CH dans un communiqué.
Sollicitée par APMnews, l'ARS Pays de la Loire constate "dans tous les départements de la région une activité très élevée au sein des urgences générales et pédiatriques ainsi que des taux importants d'hospitalisation post-urgence, auxquels s'ajoute un niveau exceptionnel de fermeture de lits MCO-SSR (supérieur à 10% dans certains territoires) en raison de l'absentéisme du personnel".
"Tous ces facteurs génèrent un très haut niveau de tension sur l'offre de santé qui risque de s'aggraver dans les jours qui viennent. Nous constatons également un niveau inédit d'activité de la régulation médicale (de +20% à +30% selon les territoires). Ces derniers jours, le temps d'attente maximum pour accéder aux médecins régulateurs généralistes dépassaient les 4h dans plusieurs Samu de la région", a rapporté l'ARS mercredi.
"Face à cette situation et à la demande de l'ARS, plus de la moitié des établissements de santé de la région ont activé leur plan blanc et les autres établissements le feront dans les jours qui viennent. De nombreuses coopérations entre les établissements sont déjà à l'oeuvre pour apporter une réponse territoriale et coordonnée aux besoins de soins urgents. Cette mobilisation va être intensifiée dans les jours à venir", a-t-elle indiqué.
san-jyp-sl-mg-syl/sl-san/ab/APMnews
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MULTIPLICATION DES PLANS BLANCS EN RÉGIONS (ENQUÊTE APMNEWS)
La gestion des tensions hospitalières relève actuellement du "cas par cas" sans consigne de plan blanc à l'échelle nationale, a déclaré Elisabeth Borne, mardi lors d'un déplacement à l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France (cf dépêche du 20/12/2022 à 17:34). À l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), le plan blanc n'était, mardi, pas activé, mais des inquiétudes existaient face aux tensions.
En Auvergne-Rhône-Alpes, interrogée mercredi par APMnews, l'ARS a cité 10 établissements qui ont déclenché le plan blanc, en mentionnant des "causes parfois multifactorielles".
Il s'agit des établissements disposant d'un service d'urgences de l'agglomération grenobloise (CHU38, Groupement hospitalier mutualiste, clinique des Cèdres), de l'établissement public de santé mentale (EPSM) 74, du CH spécialisé Saint-Jean de Dieu (Rhône), des Hôpitaux du Léman (Haute-Savoie), de l'Hôpital Nord-Ouest Villefranche, du CH du Forez (Loire), du CH de Bourgoin-Jallieu (Isère) et du CH Métropole Savoie.
En annonçant leur décision lundi, les Hôpitaux du Léman ont expliqué faire "toujours face à une très forte tension sur leurs lits de médecine et sur leurs effectifs". "Le début des vacances scolaires est également susceptible d'accroître encore le nombre de passages aux urgences", ont-ils précisé dans un communiqué.
En Savoie, où se trouvent de grandes stations de ski, le CH Métropole Savoie (Chambéry/Aix-les-Bains) a souligné qu'il faisait face à "une forte tension sur les lits, combinée à une activité très importante". "La situation est également tendue pour les autres établissements de santé du territoire, services de soins de suite et réadaptation, secteur hébergement et médico-social, services d'aides à domicile…, ce qui reporte les possibilités de sortie pour les patients hospitalisés", ajoute-t-il.
Il précise que "malgré les démarches conduites et organisations proposées", cette situation le conduit à "constituer la cellule de crise et à déclencher le plan blanc pour l'ensemble de l'établissement" et à déprogrammer "toutes les activités médicales et chirurgicales non associées à une perte de chance immédiate". "Cette mesure ne concerne pas les services de consultations", souligne-t-il.
Par ailleurs, le CHU de Saint-Etienne a décidé, mardi midi, d'aller jusqu'à 50% de déprogrammation des activités de médecine quand cela est possible, a-t-il indiqué à APMnews. "La situation est réévaluée au moins deux fois par semaine jusqu'au 2 janvier, voire plus si besoin dans les prochains jours", a souligné sa direction.
Interrogé mardi matin, le directeur général du CHU, Olivier Bossard, a expliqué, qu'après l'épidémie de bronchiolite, l'établissement faisait face à un afflux de personnes âgées très dépendantes aux urgences adultes, en raison des épidémies, notamment de Covid (passage du nombre de personnes hospitalisées de 95 sur le territoire de la Loire à 205 en un mois). À cela s'ajoutent des fermetures de lits liées aux vacances des membres du personnel.
Mercredi, le CH de Vienne (Isère) a aussi annoncé qu'il était en phase de tension confirmée (niveau 1) avec "arrêt des admissions programmées (déprogrammations sur les unités de médecine), limitation aux admissions relevant de l'urgence et sorties anticipées".
Dans les Hauts-de-France, l'ARS a demandé lundi aux établissements de santé de l'Oise de déclencher le plan blanc en raison de la hausse significative de l'activité due aux épidémies de Covid-19, grippe et bronchiolite (cf dépêche du 20/12/2022 à 11:01). L'objectif est de donner "la possibilité de mobiliser du personnel supplémentaire pour assurer la continuité des urgences et soins non programmés et d'engager si cela devait s'avérer nécessaire la reprogrammation d'interventions non urgentes".
En Nouvelle-Aquitaine, le plan blanc avait été déclenché le 25 novembre dans tous les établissements autorisés en médecine et réanimation pédiatrique de la région (cf dépêche du 25/11/2022 à 19:24). Mi-décembre, les CH de Saintes et de Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime) ont annoncé l'activation du plan blanc en raison de la forte activité aux urgences. Des rappels de personnels sur leurs congés et repos et des déprogrammations d'activités ont été engagés pour accroître leurs capacités de prises en charge.
D'autres établissements, comme le CH de Pau ont eux opté pour la mise en place d'une régulation des urgences adultes. Du 22 décembre au 4 janvier 2023, les urgences sont accessibles en journée au sein de l'établissement palois, mais entre 18h30 et 8h30, les patients doivent contacter le centre 15.
Des déprogrammations dans d'autres régions
En Centre-Val de Loire, le CH de Bourges, qui a déclenché son plan blanc jeudi, a déployé des renforts médicaux et paramédicaux aux urgences, ainsi que des assistants de régulation médicale (ARM) supplémentaires au centre 15 (cf dépêche du 19/12/2022 à 17:41). Au CH de Dreux, en plan blanc depuis mardi, le choix a été fait de déprogrammer des opérations non urgentes plutôt que de faire revenir les personnels sur leurs temps de congés selon L'Écho républicain.
Le CHR d'Orléans, dont la situation aux urgences est "très tendue", a engagé des déprogrammations. Il recourt aussi à l'aide des autres structures pour la prise en charge des patients, a expliqué à APMnews Olivier Boyer, directeur général de l'établissement. Le CHR n'a toutefois "pas encore déclenché le plan blanc" afin de "conserver les congés des agents".
Dans le Grand Est, l'ARS a annoncé mercredi à APMnews que cinq établissements avaient pour l'heure déclenché leur plan blanc: les hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), le CHU de Reims, le groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace (GHRMSA) dans le Haut-Rhin, le CH de Troyes (Aube) et le CH de Bar-le-Duc (Meuse).
Ils sont cependant 13 à s'être déclarés "en tension" sur l'ensemble de la région, selon l'agence.
Si pour la bronchiolite, "le pic semble être passé", a jugé l'ARS, pour le Covid, "les hospitalisations et les admissions en soins critiques continuent d'augmenter". Les établissements de santé de la région connaissent de même une hausse d'activité en raison de l'épidémie de grippe.
La situation dans l'Est de la région est par ailleurs aggravée par l'augmentation "très significative" de la traumatologie associée à la période de froid.
À Strasbourg, les HUS ont déclenché le plan blanc le 25 novembre. Selon un bulletin d'information de vendredi, la situation reste "très tendue" dans l'établissement, avec un besoin "important" de lits. Les derniers chiffres publiés font état de 101 patients atteints du Covid hospitalisés en unité conventionnelle au 16 décembre, soit trois fois plus que le mois précédent, ainsi que huit patients en réanimation -un chiffre en hausse depuis mi-novembre.
Le CH de Troyes a déclenché son plan blanc le 25 novembre, dans un premier temps "pour les activités de pédiatrie et de néonatalogie, ainsi que pour les urgences pédiatriques", avant de l'élargir lundi "pour toutes les activités hospitalières".
Par ailleurs, le CH a mis en place un plan blanc "interne" depuis lundi, entraînant "une déprogrammation des interventions qui peuvent l'être sur les trois prochaines semaines pour ouvrir des disponibilités et un redéploiement des personnels"; la sortie anticipée de patients; et, le cas échéant, le rappel d'agents en repos.
Le CHU de Reims a mis en oeuvre le niveau 2 du plan blanc le 10 décembre. "Ce dispositif permet à l'établissement de mobiliser toutes les ressources nécessaires, humaines et matérielles, en vue d'assurer la continuité des soins à tous les patients", note l'établissement dans un communiqué.
Le GHRMSA avait lui enclenché son plan blanc le 21 novembre (cf dépêche du 21/11/2022 à 18:06).
En Bourgogne-Franche-Comté, l'ARS a signalé à APMnews que quatre plans blancs avaient été enclenchés: au CH de l'agglomération de Nevers, à l'hôpital Nord Franche-Comté (HNFC) de Trévenans (Territoire de Belfort) et aux CH de Lons-le-Saunier et de Saint-Claude (Jura).
"La situation reste très évolutive, la pression hospitalière étant continue sous l'effet de la triple épidémie de grippe, de Covid et de bronchiolites, qui crée de fortes tensions dans tous les départements", a commenté l'ARS.
À Trévenans, le HNFC a d'abord déclenché un plan blanc "durant une semaine" début novembre, avant de prendre de nouveau cette décision le 14 décembre "en raison des conditions météorologiques qui ont entraîné un nombre très important de passages aux urgences et d'hospitalisations chez les adultes", a détaillé le directeur de l'établissement, Pascal Mathis.
Ces mesures ont provoqué des déprogrammations, "notamment en chirurgie", a-t-il ajouté. Pour faire face à cet afflux de patients, le HNFC a ouvert une unité de médecine supplémentaire de 15 lits, en déplaçant des effectifs en interne.
Forte incidence en pédiatrie
En Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) a déclenché depuis le 24 novembre un plan blanc en pédiatrie pour faire face à l'épidémie de bronchiolite, a indiqué mercredi l'établissement à APMnews.
Il s'agit d'un plan de "niveau 1" qui "n'implique pas le rappel des personnels". En revanche, il conduit à "reporter des interventions programmées non urgentes afin de libérer des lits de soins critiques et des capacités d'hospitalisation et de pouvoir bénéficier des compétences de professionnels en nombre suffisant pour assurer la prise en charge des enfants", explique l'AP-HM.
Le CHU de Nice n'a pas déclenché de plan blanc mais son plan "hôpital en tension". En cause, un "flux de patients très soutenu aux urgences, un faible nombre de lits d'aval disponibles et un absentéisme élevé lié aux épidémies hivernales", a expliqué mercredi l'établissement. Cette "conjonction" de facteurs met "fortement en tension les équipes restantes". Une cellule quotidienne de suivi a été mise en place pour "évaluer la situation et anticiper les tensions hivernales". Le CHU est passé depuis le 14 décembre au niveau 3 de son plan hôpital en tension.
En Occitanie, le CHU de Montpellier est en plan blanc depuis le 29 novembre. Il a été déclenché à l'origine en pédiatrie pour faire face à l'épidémie de bronchiolite mais il a depuis été étendu à l'ensemble des services du fait de l'arrivée de patients atteints de Covid-19. Ce plan implique notamment un rappel de certains personnels en congés, a expliqué le CHU.
Le CHU de Toulouse a annoncé le vendredi 16 décembre déclencher le niveau 1 de son plan blanc à l'Hôpital des enfants face à la "forte épidémie de pathologies respiratoires en pédiatrie".
Renforcement de la mobilisation en Normandie et Bretagne
La Normandie, placée en phase épidémique pour la grippe depuis le 30 novembre, a annoncé vendredi avoir renforcé le niveau de mobilisation de l'ensemble du système de santé de la région.
Les services d'urgence normands doivent gérer "un niveau d'activité inhabituellement élevé". Vendredi, 7 établissements supports de service d'urgence (CH Avranches-Granville, CHU de Caen, CH de Dieppe, CHI Elbeuf-Louviers-Val de Reuil, CH Eure-Seine, CH de Flers et CHU de Rouen) avaient déclenché leur plan blanc afin de renforcer leurs équipes soignantes pour faire face à cet afflux de patients.
"Tous les établissements de santé publics et privés ont déjà été appelés par l'ARS Normandie, dans le cadre de la préparation de l'hiver, à maintenir leurs capacités d'hospitalisation ouvertes pendant les deux prochaines semaines et à participer activement à l'impératif d'assurer la continuité des soins pendant cette période", a indiqué l'agence.
Au-delà, elle a demandé à tous les établissements de santé publics et privés, et pas seulement aux établissements sièges d'un service d'urgence qui ont déjà enclenché les déprogrammations en leur sein, de libérer des places pour l'aval des urgences et l'aval des services de prise en charge aiguë, au besoin en procédant à la déprogrammation des séjours hospitaliers non urgents.
À titre exceptionnel, les services d'hospitalisation à domicile (HAD) de toute la région interviendront, jusqu'au 8 janvier 2023, en dehors de leur zone de couverture habituelle, ceci afin de mieux répondre aux besoins des établissements adresseurs, indique l'ARS Normandie.
Le groupe hospitalier du Havre (GHH) a indiqué lundi qu'il maintenait son plan blanc afin de faciliter les réorganisations nécessaires pour prendre en charge tous les patients dans les meilleures conditions possibles. "Les services d'urgence adultes et enfants sont saturés et présentent un état de total débordement", a-t-il alerté en demandant à la population de ne venir qu'en cas de nécessité absolue.
Le groupe hospitalier Mont-Saint-Michel décrit aussi "un niveau d'activité extrêmement important" avec une situation "qui entraîne une surmobilisation des équipes et une augmentation des délais de prise en charge aux urgences et d'accès aux services d'hospitalisation". Le groupe a réactivé depuis la semaine dernière la cellule de coordination territoriale qui avait été mise en place aux débuts de l'épidémie de Covid pour faciliter les sorties d'hospitalisation des patients âgés.
En Bretagne, les arrivées de la neuvième vague de Covid-19 et de l'épidémie de grippe ainsi que la circulation toujours active de la bronchiolite affectent fortement les établissements de santé.
Un plan blanc territorial a été demandé par le CHU de Rennes qui connaît depuis octobre "une tension croissante sur le capacitaire de médecine post-urgences, parallèlement à une activité soutenue en nombre de passages quotidiens aux urgences adultes (moyenne de 200/jour) mais également aux urgences pédiatriques (moyenne de 120/jour). La saturation des flux a motivé la réactivation par le CHU de Rennes de son plan blanc le 12 octobre", a-t-il indiqué mercredi à APMnews.
"Ce dispositif a été amplifié la semaine dernière par un appel de l'ARS à la déprogrammation auprès de l'ensemble des établissements de santé du département, afin de préserver les équipes hospitalières et sécuriser la prise en charge des patients présents dans les services d'urgence", poursuit le CHU.
"Une coordination territoriale resserrée pour fluidifier les échanges d'informations entre les établissements et donc les transferts de patients, est co-animée par le CHU de Rennes et la délégation départementale de l'ARS."
À Vannes, face à l'épidémie de bronchiolite, le CH Bretagne Atlantique a déclenché son plan blanc le 30 novembre pour renforcer les moyens nécessaires à la prise en charge des enfants qui se présentent aux urgences pédiatriques ou hospitalisées en pédiatrie. Le CH de Saint-Brieuc est aussi en plan blanc.
Le CH de Cornouaille Quimper-Concarneau a déployé un dispositif d'adaptation capacitaire temporaire à hauteur de 21 lits de médecine post-urgences par reconversion de lits de chirurgie et de médecine de spécialités pour accueillir les patients et préserver au maximum les congés annuels programmés de fin d'année des personnels, qui restaient donc maintenus, rappelle-t-on (cf dépêche du 19/12/2022 à 17:41).
Le groupe hospitalier Bretagne Sud (GHBS), très en tension également avec beaucoup de patients âgés, a réussi à l'éviter, souhaitant préserver les congés du personnel.
Plus de la moitié des établissements en plan blanc en Pays de la Loire et les autres vont suivre
En Pays de la Loire, le CH de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a déclenché son plan blanc le 2 décembre dans un contexte de saturation due aux épidémies "très vivaces de bronchiolites, de grippe et au rebond en neuvième vague du Covid" qui amènent "une sollicitation inédite" des capacités d'hospitalisation auquel s'ajoute un nombre important de lits de soins de suite et de réadaptation (SSR) et d'Ehpad fermés sur le territoire du fait de la pénurie de compétences soignantes. En outre, le contexte des congés scolaires raréfie l'offre de soins de ville.
"La cellule de veille se réunit régulièrement et des renforts sont organisés dans les unités les plus en difficulté. Certains séjours non urgents en médecine et en chirurgie vont devoir être reportés, afin de conserver une capacité d'hospitalisation pour les malades en ayant le plus besoin", indique le CH dans un communiqué.
Sollicitée par APMnews, l'ARS Pays de la Loire constate "dans tous les départements de la région une activité très élevée au sein des urgences générales et pédiatriques ainsi que des taux importants d'hospitalisation post-urgence, auxquels s'ajoute un niveau exceptionnel de fermeture de lits MCO-SSR (supérieur à 10% dans certains territoires) en raison de l'absentéisme du personnel".
"Tous ces facteurs génèrent un très haut niveau de tension sur l'offre de santé qui risque de s'aggraver dans les jours qui viennent. Nous constatons également un niveau inédit d'activité de la régulation médicale (de +20% à +30% selon les territoires). Ces derniers jours, le temps d'attente maximum pour accéder aux médecins régulateurs généralistes dépassaient les 4h dans plusieurs Samu de la région", a rapporté l'ARS mercredi.
"Face à cette situation et à la demande de l'ARS, plus de la moitié des établissements de santé de la région ont activé leur plan blanc et les autres établissements le feront dans les jours qui viennent. De nombreuses coopérations entre les établissements sont déjà à l'oeuvre pour apporter une réponse territoriale et coordonnée aux besoins de soins urgents. Cette mobilisation va être intensifiée dans les jours à venir", a-t-elle indiqué.
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