Actualités de l'Urgence - APM

NORD: LE SERVICE D'ACCÈS AUX SOINS À LA "CONQUÊTE DE TERRITOIRES"
LILLE, 5 octobre 2021 (APMnews) - Le déploiement du service d'accès aux soins (SAS) à l'échelle du département du Nord, qui commence à peine à être effectif, se fait petit à petit, à mesure que le travail de conviction auprès des médecins généralistes porte ses fruits, a expliqué vendredi à APMnews le Dr Charles Charani, responsable de la régulation libérale du département.
Le Nord fait partie des 22 territoires retenus par le ministère des solidarités et de la santé pour expérimenter un projet de SAS (cf dépêche du 23/11/2020 à 14:00). D'autres expérimentations sont en cours dans la Somme (cf dépêche du 14/12/2020 à 10:17), la Haute-Garonne (cf dépêche du 16/09/2021 à 17:35) ou encore l'Isère (cf dépêche du 03/08/2021 à 12:09).
La construction de l'expérience nordiste se fonde essentiellement sur celle déjà réalisée pour la permanence des soins ambulatoires (PDSA) les soirs et week-ends, dont la régulation est installée depuis décembre 2005 au sein des locaux du Samu du Nord.
A l'époque, l'objectif initial était de réguler la PDSA à l'échelle de la métropole lilloise via un numéro à 10 chiffres. Très vite, l'élargissement au champ départemental s'est imposé compte tenu du nombre d'appels venus de l'extérieur de la métropole, relate le Dr Charani.
"Avec la crise Covid-19, nous sommes passés 'en mode SAS', puisque nous régulions dès lors 24h/24, avec les moyens que nous avions. C'était l'extension de la PDSA", se rappelle le médecin régulateur, président des associations de régulation libérale du Nord Rég-Lib-59(pour la PDSA) et MGRL-SAS-Nord (pour le SAS) et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Croix, Wasquehal et Villeneuve-d'Ascq.
La différence introduite avec le SAS, outre la régulation en journée la semaine, c'est l'entrée par le 15, puis l'orientation de l'appel par l'assistant de régulation médicale (ARM) soit vers le Samu 59, soit vers le SAS, alors que la PDSA a une entrée directe.
Une fois l'appel orienté vers le SAS, c'est l'opérateur de soins non programmés (OSNP) qui soit recommande à la personne d'attendre son médecin traitant, soit transfère l'appel à un médecin généraliste sur la plateforme, qui conviendra d'un rendez-vous chez un médecin effecteur.
L'avantage de la collaboration avec le CHU est notamment de bénéficier de ses ressources humaines en ARM et OSNP (une quinzaine d'équivalents temps plein, ETP, pour le SAS et autant pour la PDSA), de son matériel et de ses locaux.
Elle se basera probablement à terme sur un groupement de coopération de sanitaire (GCS) où seront représentés régulation hospitalière (25%), libérale (25%) et médecins effecteurs (50%). La structuration se fera une fois le nombre d'effecteurs significatif, explique le Dr Charani. Ces derniers ont commencé à mettre officiellement des créneaux à disposition la semaine dernière.
La plateforme nationale laisse encore à désirer
Il milite pour un numéro sanitaire unique de type 113 ou autres, remplaçant le 15 comme la régulation médicale, afin que le public prenne conscience du changement de service. Il est en revanche très attaché à garder un numéro distinct des sapeurs-pompiers, afin d'éviter les pertes de chances.
"La plateforme téléphonique est opérationnelle [...], la difficulté que l'on a, c'est le back office et la plateforme nationale SAS". Cette dernière est censée être disponible à la fin du troisième trimestre, rappelle-t-on (cf dépêche du 29/09/2021 à 17:37).
"La plateforme nationale SAS n'est pas encore parfaitement opérationnelle, à ce jour. Il y a pas mal de modifications à faire. Quand on tape 'J'ai besoin d'un médecin sur Croix', au lieu de sortir uniquement les médecins participants au SAS à Croix, il sort toutes les villes autour et tout est noyé dans la masse", pointe le Dr Charani. Il regrette également que des médecins n'exerçant plus y soient encore référencés ou encore que certains médecins voient l'ensemble de leurs créneaux de consultation ouverts au SAS.
En conséquence, les médecins régulateurs du SAS Nord travaillent sur la base d'une feuille de papier comprenant les coordonnées de l'ensemble des effecteurs par secteurs ouverts au SAS, en attendant les mises à jour de la plateforme nationale, qu'il attend courant novembre.
Des effecteurs enthousiastes
A Valenciennes, où les 4 médecins participants ont commencé à mettre des créneaux disponibles vendredi, 2 patients ont été vus le jour même et des demandes de rendez-vous ont été faites lundi, annonce le Dr Christophe Galand, lui-même nouvel effecteur et médecin régulateur, contacté par APMnews lundi.
Il ne doute pas que les autres médecins du territoire les rejoignent vite, une fois la plateforme nationale effective, ni que la patientèle soit au rendez-vous. A l'échelle du territoire, leur prise en charge disséminée dans les agendas est sans conséquence pour l'ensemble des médecins effecteurs, et devrait permettre à des usagers éloignés des soins de renouer avec le système de santé, estime-t-il.
A Croix, le Dr Nicolas Ryckwaert, qui exerce en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) avec 4 autres collègues effecteurs pour le SAS, attend beaucoup de ce dernier. Sa MSP accueille depuis longtemps en consultation libre mais a dû limiter cette activité face à un afflux de consultations inappropriées.
Pour lui, le SAS est à la fois mieux pour les patients qui n'attendront pas en salle d'attente pour un problème mineure ne nécessitant pas de consultation ou au contraire des symptômes nécessitant d'aller aux urgences, et mieux pour les médecins qui seront déchargés de ces consultations qui ne correspondent pas à leur coeur de métier.
En deux semaines, sa MSP a accueilli une consultation orientée par le SAS, ce qu'il considère comme la preuve de son fonctionnement, le travail du médecin régulateur étant aussi de ne pas adresser aux médecins les usagers qui n'en ont pas besoin.
Un enthousiasme partagé par le Dr Aurore Chevalier, responsable d'une MSP à Templeuve. Elle note toutefois plusieurs limites: l'agenda des médecins déjà bien rempli (sa MSP compte 5 généralistes et compte en prendre un 6e pour pouvoir notamment participer au SAS) et la faible valorisation pour les effecteurs. Elle aimerait par ailleurs que ces derniers bénéficient d'un circuit direct pour adresser des patients à l'hôpital sans repasser par le 15, lorsqu’il s'avère que le patient requiert une hospitalisation.
Travail de conviction
"Aujourd'hui, on n'a pas d'effecteurs sur tout le territoire du Nord. On y va tout doucement, avec les MSP, avec les CPTS, les centres de santé et certains médecins qui souhaitent participer à titre individuel", admet Charles Charani.
"On leur explique qu'ils ne sont pas obligés d'ouvrir 2 heures, ils peuvent mettre un petit quart d'heure par-ci, un petit quart d'heure par-là, sur la semaine ils feront 2 heures, ils auront participé à leur 'mission de service public'. Et plus on est nombreux, moins lourde sera la charge", argue-t-il, ajoutant commencer par démarcher les petites zones comptant des grosses structures telles des MSP ou des CPTS, la création de ces dernières avançant lentement.
"On est en train de grignoter, tous les jours on a un ou deux médecins qui s'ajoutent." Il compte actuellement 6 effecteurs (dont 2 MSP) pour une cinquantaine de communes couvertes.
"Il y a des territoires, historiquement, où il y a une démographique médicale extrêmement faible, notamment dans les Flandres profondes, et dans le sud du département" constate le Dr Charani, alors que les zones urbaines (métropole lilloise, Valenciennes) et le territoire de Pévèle "fonctionnent bien".
Charles Charani compte sur l'agence régionale de santé (ARS) et l'assurance maladie pour communiquer auprès des effecteurs potentiels et les convaincre. Il mentionne par ailleurs un travail de recherche qui sera mené par des internes en médecine générale sur le déploiement du SAS et de la PDSA, afin d'évaluer la qualité du service auprès des usagers, tant sur la régulation, sur l'orientation et la satisfaction du patient et la validation par l'effecteur de la pertinence du rendez-vous.
Au-delà de la médecine générale, des projets de régulation dentaire ou en gériatrie sont dans les cartons. Le grignotage semble loin d'être terminé.
bd/nc/APMnews
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NORD: LE SERVICE D'ACCÈS AUX SOINS À LA "CONQUÊTE DE TERRITOIRES"
LILLE, 5 octobre 2021 (APMnews) - Le déploiement du service d'accès aux soins (SAS) à l'échelle du département du Nord, qui commence à peine à être effectif, se fait petit à petit, à mesure que le travail de conviction auprès des médecins généralistes porte ses fruits, a expliqué vendredi à APMnews le Dr Charles Charani, responsable de la régulation libérale du département.
Le Nord fait partie des 22 territoires retenus par le ministère des solidarités et de la santé pour expérimenter un projet de SAS (cf dépêche du 23/11/2020 à 14:00). D'autres expérimentations sont en cours dans la Somme (cf dépêche du 14/12/2020 à 10:17), la Haute-Garonne (cf dépêche du 16/09/2021 à 17:35) ou encore l'Isère (cf dépêche du 03/08/2021 à 12:09).
La construction de l'expérience nordiste se fonde essentiellement sur celle déjà réalisée pour la permanence des soins ambulatoires (PDSA) les soirs et week-ends, dont la régulation est installée depuis décembre 2005 au sein des locaux du Samu du Nord.
A l'époque, l'objectif initial était de réguler la PDSA à l'échelle de la métropole lilloise via un numéro à 10 chiffres. Très vite, l'élargissement au champ départemental s'est imposé compte tenu du nombre d'appels venus de l'extérieur de la métropole, relate le Dr Charani.
"Avec la crise Covid-19, nous sommes passés 'en mode SAS', puisque nous régulions dès lors 24h/24, avec les moyens que nous avions. C'était l'extension de la PDSA", se rappelle le médecin régulateur, président des associations de régulation libérale du Nord Rég-Lib-59(pour la PDSA) et MGRL-SAS-Nord (pour le SAS) et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Croix, Wasquehal et Villeneuve-d'Ascq.
La différence introduite avec le SAS, outre la régulation en journée la semaine, c'est l'entrée par le 15, puis l'orientation de l'appel par l'assistant de régulation médicale (ARM) soit vers le Samu 59, soit vers le SAS, alors que la PDSA a une entrée directe.
Une fois l'appel orienté vers le SAS, c'est l'opérateur de soins non programmés (OSNP) qui soit recommande à la personne d'attendre son médecin traitant, soit transfère l'appel à un médecin généraliste sur la plateforme, qui conviendra d'un rendez-vous chez un médecin effecteur.
L'avantage de la collaboration avec le CHU est notamment de bénéficier de ses ressources humaines en ARM et OSNP (une quinzaine d'équivalents temps plein, ETP, pour le SAS et autant pour la PDSA), de son matériel et de ses locaux.
Elle se basera probablement à terme sur un groupement de coopération de sanitaire (GCS) où seront représentés régulation hospitalière (25%), libérale (25%) et médecins effecteurs (50%). La structuration se fera une fois le nombre d'effecteurs significatif, explique le Dr Charani. Ces derniers ont commencé à mettre officiellement des créneaux à disposition la semaine dernière.
La plateforme nationale laisse encore à désirer
Il milite pour un numéro sanitaire unique de type 113 ou autres, remplaçant le 15 comme la régulation médicale, afin que le public prenne conscience du changement de service. Il est en revanche très attaché à garder un numéro distinct des sapeurs-pompiers, afin d'éviter les pertes de chances.
"La plateforme téléphonique est opérationnelle [...], la difficulté que l'on a, c'est le back office et la plateforme nationale SAS". Cette dernière est censée être disponible à la fin du troisième trimestre, rappelle-t-on (cf dépêche du 29/09/2021 à 17:37).
"La plateforme nationale SAS n'est pas encore parfaitement opérationnelle, à ce jour. Il y a pas mal de modifications à faire. Quand on tape 'J'ai besoin d'un médecin sur Croix', au lieu de sortir uniquement les médecins participants au SAS à Croix, il sort toutes les villes autour et tout est noyé dans la masse", pointe le Dr Charani. Il regrette également que des médecins n'exerçant plus y soient encore référencés ou encore que certains médecins voient l'ensemble de leurs créneaux de consultation ouverts au SAS.
En conséquence, les médecins régulateurs du SAS Nord travaillent sur la base d'une feuille de papier comprenant les coordonnées de l'ensemble des effecteurs par secteurs ouverts au SAS, en attendant les mises à jour de la plateforme nationale, qu'il attend courant novembre.
Des effecteurs enthousiastes
A Valenciennes, où les 4 médecins participants ont commencé à mettre des créneaux disponibles vendredi, 2 patients ont été vus le jour même et des demandes de rendez-vous ont été faites lundi, annonce le Dr Christophe Galand, lui-même nouvel effecteur et médecin régulateur, contacté par APMnews lundi.
Il ne doute pas que les autres médecins du territoire les rejoignent vite, une fois la plateforme nationale effective, ni que la patientèle soit au rendez-vous. A l'échelle du territoire, leur prise en charge disséminée dans les agendas est sans conséquence pour l'ensemble des médecins effecteurs, et devrait permettre à des usagers éloignés des soins de renouer avec le système de santé, estime-t-il.
A Croix, le Dr Nicolas Ryckwaert, qui exerce en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) avec 4 autres collègues effecteurs pour le SAS, attend beaucoup de ce dernier. Sa MSP accueille depuis longtemps en consultation libre mais a dû limiter cette activité face à un afflux de consultations inappropriées.
Pour lui, le SAS est à la fois mieux pour les patients qui n'attendront pas en salle d'attente pour un problème mineure ne nécessitant pas de consultation ou au contraire des symptômes nécessitant d'aller aux urgences, et mieux pour les médecins qui seront déchargés de ces consultations qui ne correspondent pas à leur coeur de métier.
En deux semaines, sa MSP a accueilli une consultation orientée par le SAS, ce qu'il considère comme la preuve de son fonctionnement, le travail du médecin régulateur étant aussi de ne pas adresser aux médecins les usagers qui n'en ont pas besoin.
Un enthousiasme partagé par le Dr Aurore Chevalier, responsable d'une MSP à Templeuve. Elle note toutefois plusieurs limites: l'agenda des médecins déjà bien rempli (sa MSP compte 5 généralistes et compte en prendre un 6e pour pouvoir notamment participer au SAS) et la faible valorisation pour les effecteurs. Elle aimerait par ailleurs que ces derniers bénéficient d'un circuit direct pour adresser des patients à l'hôpital sans repasser par le 15, lorsqu’il s'avère que le patient requiert une hospitalisation.
Travail de conviction
"Aujourd'hui, on n'a pas d'effecteurs sur tout le territoire du Nord. On y va tout doucement, avec les MSP, avec les CPTS, les centres de santé et certains médecins qui souhaitent participer à titre individuel", admet Charles Charani.
"On leur explique qu'ils ne sont pas obligés d'ouvrir 2 heures, ils peuvent mettre un petit quart d'heure par-ci, un petit quart d'heure par-là, sur la semaine ils feront 2 heures, ils auront participé à leur 'mission de service public'. Et plus on est nombreux, moins lourde sera la charge", argue-t-il, ajoutant commencer par démarcher les petites zones comptant des grosses structures telles des MSP ou des CPTS, la création de ces dernières avançant lentement.
"On est en train de grignoter, tous les jours on a un ou deux médecins qui s'ajoutent." Il compte actuellement 6 effecteurs (dont 2 MSP) pour une cinquantaine de communes couvertes.
"Il y a des territoires, historiquement, où il y a une démographique médicale extrêmement faible, notamment dans les Flandres profondes, et dans le sud du département" constate le Dr Charani, alors que les zones urbaines (métropole lilloise, Valenciennes) et le territoire de Pévèle "fonctionnent bien".
Charles Charani compte sur l'agence régionale de santé (ARS) et l'assurance maladie pour communiquer auprès des effecteurs potentiels et les convaincre. Il mentionne par ailleurs un travail de recherche qui sera mené par des internes en médecine générale sur le déploiement du SAS et de la PDSA, afin d'évaluer la qualité du service auprès des usagers, tant sur la régulation, sur l'orientation et la satisfaction du patient et la validation par l'effecteur de la pertinence du rendez-vous.
Au-delà de la médecine générale, des projets de régulation dentaire ou en gériatrie sont dans les cartons. Le grignotage semble loin d'être terminé.
bd/nc/APMnews