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14/06 2018
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OBSERVATOIRE NATIONAL DES VIOLENCES EN MILIEU DE SANTÉ : LES DÉCISIONS DE JUSTICE INTÈGRENT LE RAPPORT 2018

PARIS, 14 juin 2018 (APMnews) - La direction générale de l'offre de soins (DGOS) a publié jeudi le rapport 2018 de l'observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), qui pour la première année contient une analyse des décisions de justice ayant fait suite à des épisodes de violence en établissement de santé.

Les principaux chiffres avaient été présentés à la presse lors de la Paris Healthcare Week 2018 fin mai, rappelle-t-on (cf dépêche du 30/05/2018 à 19:38), et montraient une hausse des signalements due à une augmentation du nombre d'établissements participant à la démarche de signalement.

Selon le rapport, sur 181 plaintes "dont les décisions de justice sont renseignées et connues par les établissements", 29 ont donné lieu à des peines d'emprisonnement, dont 26 pour atteintes à des personnes, 7 ont donné lieu à des amendes, et 4 à des rappels à la loi.

Certaines condamnations s'inscrivent dans des parcours agressifs et sont donc plus lourdes que celles attendues pour les actes commis lors de l'épisode ayant eu lieu en établissement de santé. "Le tribunal va lier plusieurs affaires totalement distinctes commises par un même auteur à des jours différents", explique l'ONVS.

Les actes ayant donné lieu à une condamnation sont en majorité des menaces, des outrages, des violences volontaires, des séquestrations, apologies du terrorisme, vols, destructions, dégradations ou détériorations de biens.

L'ONVS insiste sur les effets dévastateurs des violences verbales. "L'impact psychologique sur les victimes est destructeur au plus haut point. Il a même des répercussions sur la performance des équipes médicales. C'est donc à dessein que les personnels les rapportent in extenso dans certains signalements. Ils ont besoin de l'exprimer pour diverses raisons, dont le fait d'alerter leur direction (entendue au sens large). Ces propos orduriers et menaçants dégradent les conditions de travail".

21,5% des atteintes aux personnes signalées ont eu lieu en psychiatrie

La psychiatrie représente à elle seule 21,5% de l'ensemble des atteintes aux personnes signalées, dont la moitié environ (49%) de violences physiques. "La mise en place de cellules de soutien, d'analyse des violences, les recadrages administratifs effectués par la direction, les recadrages effectués par le médecin et l'équipe d'encadrement sont indispensables mais pas toujours suffisants", commente l'ONVS. L'observatoire estime indispensable que les personnels "suivent une formation pratique à la gestion des violences verbales et physiques" et propose une mobilité entre structures de l'établissement pour les personnels exposés.

"Les dispositifs d'alerte mis en place dans ces structures apparaissent indispensables en raison de la fréquence des violences", ajoute l'ONVS, qui note une réticence des personnels à déposer plainte même en cas de faits graves, bien qu'il appartienne à la justice de déterminer s'il y a ou non abolition du discernement, et que celle-ci n'induise pas une absence de condamnation.

Il note que les violences en psychiatrie sont souvent conséquentes à des frustrations liées à des refus : de cigarette, de sortie, dans le cadre du traitement, etc, et que ces frustrations peuvent entraîner des violences à l'encontre des soignants mais également des autres patients, en particulier le soir après une accumulation de frustrations, ou lors des changements d'équipes.

Dans le cas de la pédopsychiatrie, l'ONVS évoque un "vocabulaire ordurier et morbide [...] créant de fait un profond malaise et un véritable choc psychologique" chez les professionnels, due à un manque d'autorité des parents. "Quand l'enfant retourne chez lui, le travail des professionnels pour lui redonner un cadre et une structuration est détruit et doit être repris quand il revient dans l'établissement".

Violences hors de l'établissement

Le rapport évoque également les violences subies par des personnels de santé hors établissement, comme par exemple dans le cadre d'une hospitalisation à domicile où le patient ou son entourage peut s'avérer agressif, générant "une anxiété d'autant plus forte chez les soignants qu'ils sont dans un contexte isolé".

Concernant les cas de violences contre les équipages des Smur, comme récemment à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis, cf dépêche du 06/06/2018 à 15:26), les violences signalées se concentrent principalement aux lieux de prise en charge : canular téléphonique entraînant un déplacement inutile, agressivité du patient, véhicule caillassé. Ces signalements restent rares.

Rapport 2018 de l'observatoire nationale des violences en milieu de santé

bd/ab/APMnews

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OBSERVATOIRE NATIONAL DES VIOLENCES EN MILIEU DE SANTÉ : LES DÉCISIONS DE JUSTICE INTÈGRENT LE RAPPORT 2018

PARIS, 14 juin 2018 (APMnews) - La direction générale de l'offre de soins (DGOS) a publié jeudi le rapport 2018 de l'observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), qui pour la première année contient une analyse des décisions de justice ayant fait suite à des épisodes de violence en établissement de santé.

Les principaux chiffres avaient été présentés à la presse lors de la Paris Healthcare Week 2018 fin mai, rappelle-t-on (cf dépêche du 30/05/2018 à 19:38), et montraient une hausse des signalements due à une augmentation du nombre d'établissements participant à la démarche de signalement.

Selon le rapport, sur 181 plaintes "dont les décisions de justice sont renseignées et connues par les établissements", 29 ont donné lieu à des peines d'emprisonnement, dont 26 pour atteintes à des personnes, 7 ont donné lieu à des amendes, et 4 à des rappels à la loi.

Certaines condamnations s'inscrivent dans des parcours agressifs et sont donc plus lourdes que celles attendues pour les actes commis lors de l'épisode ayant eu lieu en établissement de santé. "Le tribunal va lier plusieurs affaires totalement distinctes commises par un même auteur à des jours différents", explique l'ONVS.

Les actes ayant donné lieu à une condamnation sont en majorité des menaces, des outrages, des violences volontaires, des séquestrations, apologies du terrorisme, vols, destructions, dégradations ou détériorations de biens.

L'ONVS insiste sur les effets dévastateurs des violences verbales. "L'impact psychologique sur les victimes est destructeur au plus haut point. Il a même des répercussions sur la performance des équipes médicales. C'est donc à dessein que les personnels les rapportent in extenso dans certains signalements. Ils ont besoin de l'exprimer pour diverses raisons, dont le fait d'alerter leur direction (entendue au sens large). Ces propos orduriers et menaçants dégradent les conditions de travail".

21,5% des atteintes aux personnes signalées ont eu lieu en psychiatrie

La psychiatrie représente à elle seule 21,5% de l'ensemble des atteintes aux personnes signalées, dont la moitié environ (49%) de violences physiques. "La mise en place de cellules de soutien, d'analyse des violences, les recadrages administratifs effectués par la direction, les recadrages effectués par le médecin et l'équipe d'encadrement sont indispensables mais pas toujours suffisants", commente l'ONVS. L'observatoire estime indispensable que les personnels "suivent une formation pratique à la gestion des violences verbales et physiques" et propose une mobilité entre structures de l'établissement pour les personnels exposés.

"Les dispositifs d'alerte mis en place dans ces structures apparaissent indispensables en raison de la fréquence des violences", ajoute l'ONVS, qui note une réticence des personnels à déposer plainte même en cas de faits graves, bien qu'il appartienne à la justice de déterminer s'il y a ou non abolition du discernement, et que celle-ci n'induise pas une absence de condamnation.

Il note que les violences en psychiatrie sont souvent conséquentes à des frustrations liées à des refus : de cigarette, de sortie, dans le cadre du traitement, etc, et que ces frustrations peuvent entraîner des violences à l'encontre des soignants mais également des autres patients, en particulier le soir après une accumulation de frustrations, ou lors des changements d'équipes.

Dans le cas de la pédopsychiatrie, l'ONVS évoque un "vocabulaire ordurier et morbide [...] créant de fait un profond malaise et un véritable choc psychologique" chez les professionnels, due à un manque d'autorité des parents. "Quand l'enfant retourne chez lui, le travail des professionnels pour lui redonner un cadre et une structuration est détruit et doit être repris quand il revient dans l'établissement".

Violences hors de l'établissement

Le rapport évoque également les violences subies par des personnels de santé hors établissement, comme par exemple dans le cadre d'une hospitalisation à domicile où le patient ou son entourage peut s'avérer agressif, générant "une anxiété d'autant plus forte chez les soignants qu'ils sont dans un contexte isolé".

Concernant les cas de violences contre les équipages des Smur, comme récemment à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis, cf dépêche du 06/06/2018 à 15:26), les violences signalées se concentrent principalement aux lieux de prise en charge : canular téléphonique entraînant un déplacement inutile, agressivité du patient, véhicule caillassé. Ces signalements restent rares.

Rapport 2018 de l'observatoire nationale des violences en milieu de santé

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