Actualités de l'Urgence - APM

15/09 2023
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OCCUPATION DES LOCAUX DE LA DÉLÉGATION DÉPARTEMENTALE DE L'ARS À QUIMPER (ACTUALISATION)

(Avec la réaction des conférences de présidents de CME de CHU et de CH)

QUIMPER, 15 septembre 2023 (APMnews) - Des manifestants réclamant le maintien des urgences la nuit à Carhaix ont occupé jeudi pendant plusieurs heures les locaux de la délégation départementale de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne à Quimper, a indiqué la préfecture dans un communiqué.

Jeudi matin, "une centaine de manifestants venus de Carhaix se sont réunis devant les locaux de la délégation départementale de l'ARS à Quimper, concomitamment à une réunion avec l'ARS pour faire un bilan de la période estivale et poursuivre les discussions sur le maintien des urgences hospitalières la nuit à l'hôpital de Carhaix", a rapporté jeudi la préfecture du Finistère dans un communiqué.

"Alors qu'une délégation d'une dizaine de personnes étaient reçues, dans ce cadre, par Elise Noguera, directrice générale de l'ARS", une soixantaine de manifestants ont envahi les locaux de l'agence, "empêchant toute personne, dont la directrice générale de l'ARS, de sortir du bâtiment", a décrit la préfecture.

La préfecture a ensuite annoncé la levée du "blocage". "A 17h15, les manifestants ont quitté les lieux dans le calme. Il n'y a pas eu de violence ou de dégradation à déplorer", a-t-elle relaté.

L'hôpital de Carhaix, qui a fusionné en 2009 avec le CHU de Brest, situé à 85 km de route, a connu une fermeture de ses urgences pendant l'été. Le CHU de Brest avait annoncé que ce service serait régulé du jeudi 6 juillet à 8h au jeudi 13 juillet 8h, puis du mardi 18 juillet à 8h au vendredi 1er septembre à 8h, rappelle-t-on (cf dépêche du 06/07/2023 à 19:15).

Sollicitée par APMnews, l'ARS Bretagne n'était pas en mesure de répondre vendredi matin.

Des réactions de soutien

Le ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, a réagi jeudi soir. "Chaque jour, les ARS se battent pour le maintien de l'offre de soins partout en France. C'est le cœur de leur engagement. Il n'y a jamais ni renoncement ni choix de la facilité. La pression exercée sur des personnels des ARS en est d'autant plus inadmissible", a-t-il déclaré.

Le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS) a apporté son soutien "sans réserve [à] l'ensemble des collègues hospitaliers et plus largement tous les responsables publics, agents ou élus, qui font l'objet de pression ou d'actes de violences", dans un communiqué de vendredi.

"Hier, une rencontre organisée à l'antenne de l'ARS Bretagne située à Quimper, visant à recevoir une délégation de citoyens protestant contre la fermeture de nuit des urgences du CH de Carhaix, s'est achevée par une occupation des locaux de l'ARS par des manifestants et la rétention de responsables publics, incluant notamment la directrice générale de l'ARS et des directeurs d'hôpital", écrit le syndicat.

"Il y a près de deux ans, le SMPS avait exprimé une même condamnation suite à des violences en outre-mer contre des collègues. Nous réaffirmons aujourd'hui fermement notre opposition contre ce type d'actions violentes et purement médiatiques dont il ne faut attendre aucun résultat tangible pour le service public hospitalier. Le SMPS tient par ailleurs à exprimer tout son soutien aux responsables publics et aux collègues ayant eu à subir cette rétention et ces intimidations."

"Ce type d'action s'inscrit dans la continuité d'actes de violences contre tous les dépositaires de l'autorité publique, dans un climat social et sanitaire très tendu", estime-t-il.

"Si la colère de la population face aux carences du service public est légitime, rien ne justifie de tels actes", ajoute le syndicat de directeurs.

Le maire de Carhaix dénonce "un abandon de l'Etat"

Le maire divers gauche de Carhaix-Plouguer, Christian Troadec, interrogé sur LCI vendredi, a contesté qu'il y ait eu une prise d'otage. "Il y a eu une réunion qui s'est engagée entre 10h et midi entre les dirigeants de l'ARS et la délégation déjà reçue en préfecture il y a quelques jours et ensuite des manifestants ont tenu à avoir un dialogue direct avec la directrice de l'ARS et la discussion s'est poursuivie jusqu'à 16h-17h avant que la manifestation prenne fin".

Il a dénoncé la "fermeture intégrale des urgences cet été" à Carhaix. Selon lui, la DG d'ARS s'était engagée en août lors d'une visite sur place à rouvrir les urgences normalement au 1er septembre mais une régulation a été mise en place pour la nuit "qui commence dès 15h".

Il a dénoncé un "abandon de l'Etat" pour "près de 80.000 habitants qui vivent dans l'insécurité la plus totale pour leur santé" étant à plus d'une heure de route des grands centres urbains", a-t-il déclaré.

Il a annoncé qu'une action judiciaire allait être engagée pour "abandon de l'Etat" comme il l'avait déjà fait à l'époque de la fermeture de la maternité.

Des conférences de présidents de CME condamnent "les méthodes d'intimidation" employées

Les conférences nationales des présidents de commissions médicales d'établissement (CME) des CHU et des centres hospitaliers (CH) "condamnent fermement les méthodes d’intimidation employées [jeudi] dans les locaux de l’agence régionale de santé à Quimper contre des directeurs, responsables médicaux et fonctionnaires", dans un communiqué diffusé vendredi soir.

Elles leur expriment "leur soutien sans réserve, et notamment au président de la commission médicale d’établissement et au chef du service des urgences du CHU de Brest soumis à de tels agissements".

"Les communautés médicales et hospitalières, qui tous les jours se battent pour prendre en charge tous les patients dans des conditions d’exercice de plus en plus dégradées, ne sauraient être prises en étau entre les pouvoirs publics et la population."

Les deux conférences renouvellent "leur alerte sur la réalité quotidienne des CHU et des CH et sur le danger d’effondrement de notre système hospitalier, sur qui pèsent en dernier ressort les dysfonctionnements du système de soins dans son ensemble".

"La dégradation de la réponse aux besoins de santé de la population impose aujourd’hui des choix politiques clairs, concertés et opérationnels. Mais il n’y a pas de solution facile et toute forme d’action de force contre les personnes engagées au quotidien pour le maintien de soins de qualité à la population ne saurait qu’empirer les difficultés."

sl/nc-ab/APMnews

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OCCUPATION DES LOCAUX DE LA DÉLÉGATION DÉPARTEMENTALE DE L'ARS À QUIMPER (ACTUALISATION)

(Avec la réaction des conférences de présidents de CME de CHU et de CH)

QUIMPER, 15 septembre 2023 (APMnews) - Des manifestants réclamant le maintien des urgences la nuit à Carhaix ont occupé jeudi pendant plusieurs heures les locaux de la délégation départementale de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne à Quimper, a indiqué la préfecture dans un communiqué.

Jeudi matin, "une centaine de manifestants venus de Carhaix se sont réunis devant les locaux de la délégation départementale de l'ARS à Quimper, concomitamment à une réunion avec l'ARS pour faire un bilan de la période estivale et poursuivre les discussions sur le maintien des urgences hospitalières la nuit à l'hôpital de Carhaix", a rapporté jeudi la préfecture du Finistère dans un communiqué.

"Alors qu'une délégation d'une dizaine de personnes étaient reçues, dans ce cadre, par Elise Noguera, directrice générale de l'ARS", une soixantaine de manifestants ont envahi les locaux de l'agence, "empêchant toute personne, dont la directrice générale de l'ARS, de sortir du bâtiment", a décrit la préfecture.

La préfecture a ensuite annoncé la levée du "blocage". "A 17h15, les manifestants ont quitté les lieux dans le calme. Il n'y a pas eu de violence ou de dégradation à déplorer", a-t-elle relaté.

L'hôpital de Carhaix, qui a fusionné en 2009 avec le CHU de Brest, situé à 85 km de route, a connu une fermeture de ses urgences pendant l'été. Le CHU de Brest avait annoncé que ce service serait régulé du jeudi 6 juillet à 8h au jeudi 13 juillet 8h, puis du mardi 18 juillet à 8h au vendredi 1er septembre à 8h, rappelle-t-on (cf dépêche du 06/07/2023 à 19:15).

Sollicitée par APMnews, l'ARS Bretagne n'était pas en mesure de répondre vendredi matin.

Des réactions de soutien

Le ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, a réagi jeudi soir. "Chaque jour, les ARS se battent pour le maintien de l'offre de soins partout en France. C'est le cœur de leur engagement. Il n'y a jamais ni renoncement ni choix de la facilité. La pression exercée sur des personnels des ARS en est d'autant plus inadmissible", a-t-il déclaré.

Le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS) a apporté son soutien "sans réserve [à] l'ensemble des collègues hospitaliers et plus largement tous les responsables publics, agents ou élus, qui font l'objet de pression ou d'actes de violences", dans un communiqué de vendredi.

"Hier, une rencontre organisée à l'antenne de l'ARS Bretagne située à Quimper, visant à recevoir une délégation de citoyens protestant contre la fermeture de nuit des urgences du CH de Carhaix, s'est achevée par une occupation des locaux de l'ARS par des manifestants et la rétention de responsables publics, incluant notamment la directrice générale de l'ARS et des directeurs d'hôpital", écrit le syndicat.

"Il y a près de deux ans, le SMPS avait exprimé une même condamnation suite à des violences en outre-mer contre des collègues. Nous réaffirmons aujourd'hui fermement notre opposition contre ce type d'actions violentes et purement médiatiques dont il ne faut attendre aucun résultat tangible pour le service public hospitalier. Le SMPS tient par ailleurs à exprimer tout son soutien aux responsables publics et aux collègues ayant eu à subir cette rétention et ces intimidations."

"Ce type d'action s'inscrit dans la continuité d'actes de violences contre tous les dépositaires de l'autorité publique, dans un climat social et sanitaire très tendu", estime-t-il.

"Si la colère de la population face aux carences du service public est légitime, rien ne justifie de tels actes", ajoute le syndicat de directeurs.

Le maire de Carhaix dénonce "un abandon de l'Etat"

Le maire divers gauche de Carhaix-Plouguer, Christian Troadec, interrogé sur LCI vendredi, a contesté qu'il y ait eu une prise d'otage. "Il y a eu une réunion qui s'est engagée entre 10h et midi entre les dirigeants de l'ARS et la délégation déjà reçue en préfecture il y a quelques jours et ensuite des manifestants ont tenu à avoir un dialogue direct avec la directrice de l'ARS et la discussion s'est poursuivie jusqu'à 16h-17h avant que la manifestation prenne fin".

Il a dénoncé la "fermeture intégrale des urgences cet été" à Carhaix. Selon lui, la DG d'ARS s'était engagée en août lors d'une visite sur place à rouvrir les urgences normalement au 1er septembre mais une régulation a été mise en place pour la nuit "qui commence dès 15h".

Il a dénoncé un "abandon de l'Etat" pour "près de 80.000 habitants qui vivent dans l'insécurité la plus totale pour leur santé" étant à plus d'une heure de route des grands centres urbains", a-t-il déclaré.

Il a annoncé qu'une action judiciaire allait être engagée pour "abandon de l'Etat" comme il l'avait déjà fait à l'époque de la fermeture de la maternité.

Des conférences de présidents de CME condamnent "les méthodes d'intimidation" employées

Les conférences nationales des présidents de commissions médicales d'établissement (CME) des CHU et des centres hospitaliers (CH) "condamnent fermement les méthodes d’intimidation employées [jeudi] dans les locaux de l’agence régionale de santé à Quimper contre des directeurs, responsables médicaux et fonctionnaires", dans un communiqué diffusé vendredi soir.

Elles leur expriment "leur soutien sans réserve, et notamment au président de la commission médicale d’établissement et au chef du service des urgences du CHU de Brest soumis à de tels agissements".

"Les communautés médicales et hospitalières, qui tous les jours se battent pour prendre en charge tous les patients dans des conditions d’exercice de plus en plus dégradées, ne sauraient être prises en étau entre les pouvoirs publics et la population."

Les deux conférences renouvellent "leur alerte sur la réalité quotidienne des CHU et des CH et sur le danger d’effondrement de notre système hospitalier, sur qui pèsent en dernier ressort les dysfonctionnements du système de soins dans son ensemble".

"La dégradation de la réponse aux besoins de santé de la population impose aujourd’hui des choix politiques clairs, concertés et opérationnels. Mais il n’y a pas de solution facile et toute forme d’action de force contre les personnes engagées au quotidien pour le maintien de soins de qualité à la population ne saurait qu’empirer les difficultés."

sl/nc-ab/APMnews

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