Actualités de l'Urgence - APM

"L'hôpital est aujourd'hui piloté comme une administration publique, avec peu d'intéressement, une gouvernance rigide peu attractive, des règles qui plombent la capacité d'investir et innover", estime Olivier Véran, interrogé cinq ans après le déferlement du virus Sars-CoV-2 en France et dans le reste du monde.

"Bien qu'il soit mieux financé que la moyenne des hôpitaux européens, et que les compétences des soignants qui y exercent [soient] parmi les meilleures au monde, beaucoup n'y sont pas heureux", constate-t-il.

"Posons-nous la question d'une refonte totale du statut, à l'instar de la SNCF ou de La Poste, qui sont restées publiques mais avec des règles moins rigides que celles d'une administration…", demande l'ancien ministre.

Il rappelle "tout ce qui a été fait" après la période du Covid, comme les revalorisations des salaires des soignants, "même si cela ne suffit pas".

"Avec le Ségur [de la santé], j'ai déployé tellement de milliards en reconstructions d'hôpitaux que mes successeurs inaugureront avec fierté des bâtiments pendant encore 10 ans", rappelle-t-il également.

"La télémédecine se déploie encore 10 fois plus fort qu'avant la crise" et "on recommence à fabriquer des équipements et des médicaments en France et en Europe", souligne-t-il également.

"Tout cela n'est pas visible en cinq ans, je le conçois parfaitement, mais cela aura un impact massif et dans la durée, tout comme le fait qu'on double le nombre de médecins en formation", poursuit-il.

"Les résultats arrivent, on y est presque", assure-t-il.

Interrogé sur la fermeture de services d'urgence la nuit et l'allongement des temps d'attente dans ces services, pointé récemment par la chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes dans un rapport sur le CHU de Grenoble (cf dépêche du 13/03/2025 à 18:50) ou évoqué dans l'actualité, il assure que "ce n'est et ne sera jamais normal".

Mais "plus notre population vieillit, plus les maladies chroniques se diffusent, plus la demande débordera l'offre de soins, sauf à doubler tous les hôpitaux, et même", estime-t-il.

"C'est pourquoi je crois que nous devons davantage nous appuyer sur la révolution technologique qui commence en santé pour apporter des solutions rapides et efficaces", ajoute-t-il en mentionnant les avancées permises par l'intelligence artificielle "qui montre déjà qu'elle sera plus qu'une simple aide au diagnostic".

Difficile de mettre des mots sur une période intense

Ministre des solidarités et de la santé de février 2020 à mai 2022, donc au cœur de la crise du Covid-19, Olivier Véran explique qu'il travaille encore "à mettre des mots sur cette période".

"La pression était constante pour prendre la meilleure décision possible dans l'urgence et l'incertitude", se souvient-il. "Elle l'était aussi dans l'opinion, dans l'arène politique et médiatique. Bref, c'est la période la plus intense, la plus folle et la plus dure pour beaucoup de Français et ça l'est pour moi aussi."

"Il faut pouvoir, après tout cela, se lever le matin avec un but", ajoute-t-il. "Cela a pris du temps, c'est désormais le cas. Il fallait pour cela que je quitte la politique et l'exposition publique qui l'accompagne."

Olivier Véran a été candidat malheureux aux élections législatives de juillet 2024, sous les couleurs d'Ensemble pour la République en Isère (cf dépêche du 08/07/2024 à 13:37).

En septembre 2024, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a émis trois avis de "compatibilité avec réserves" pour de nouvelles activités professionnelles que souhaitait développer Olivier Véran, dont une concernant la création d'une société de conseil, d'assistance et de services dans les domaines de l'innovation, de la communication et de la gestion de crise et une autre sur le projet de rejoindre le comité stratégique de la société par actions simplifiée DrugOptimal, intervenant dans le secteur des incompatibilités physico-chimiques médicamenteuses et qui développe des logiciels dans ce domaine (cf dépêche du 20/09/2024 à 15:37).

san/nc/APMnews