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15/12 2025
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PAS D'EFFET PROBANT D'UN SUIVI AMBULATOIRE INFIRMIER SUR LE RISQUE DE RÉCIDIVE SUICIDAIRE (ÉTUDE FRANÇAISE)

CANNES, 15 décembre 2025 (APMnews) - Un dispositif de suivi infirmier ambulatoire suivant une tentative de suicide a augmenté de façon significative le recours spontané des patients aux soins, mais n'a pas réduit le risque de récidive suicidaire, montre un essai randomisé et contrôlé présenté la semaine dernière au Congrès français de psychiatrie (CFP), à Cannes et en ligne.

Grégory Mykolow du CHU de Montpellier a rappelé que chaque année en France, il y avait environ 200.000 hospitalisations pour tentative de suicide (TS) et quelque 10.000 décès recensés -ce qui est "probablement minoré".

Le postulat de départ de cette étude lancée en 2014 s'appuyait sur des travaux montrant qu'une TS est un facteur majeur de récidive et de décès par suicide dans l'année qui suit, que l'hospitalisation ne protège pas plus du risque de récidive suicidaire que le retour à domicile, et que les stratégies de recontact ont peu d'effets significatifs sur la mortalité, mais semblent efficaces sur la récidive, a-t-il détaillé.

L'étude SIPRéS, qu'il a présentée, visait à aller au-delà des seules stratégies de recontact, en évaluant un dispositif de suivi infirmier ambulatoire sur la récidive suicidaire au cours de l'année suivant une tentative de suicide chez des patients souffrant d'un trouble de l'humeur unipolaire ou bipolaire ou d'une dépression réactionnelle.

"Ce que nous avons essayé de voir, c'est si la présence infirmière, la présence soignante qu'on offre aux patients pouvait avoir un impact sur le recours aux soins", a résumé Grégory Mykolow. "En clair, plutôt que d'aller vers la mort, est-ce que le patient ferait le choix, dans un état de crise, de venir vers le soin?"

Le dispositif de suivi ambulatoire infirmier était mis en place à la sortie de l'unité de post-urgences polyvalente (Upup), "dans un cadrage de trois mois maximum", avec d'abord des visites planifiées à l'hôpital et/ou à domicile (à J3 et J10), puis sur mesure, entre trois et 12 semaines.

"L'idée n'est pas d'offrir du prêt-à-porter, mais de faire du sur-mesure avec le patient", a commenté Grégory Mykolow. "Et c'est là l'inversion du système, car aujourd'hui, la rationalité nous amène beaucoup à penser des systèmes aux dispositifs de soins qui sont un peu du prêt-à-porter et dans lesquels les patients ont du mal à rentrer."

"Ce qui permet de refaire du sur-mesure, c'est de travailler sur l'alliance thérapeutique, mais pas une alliance à un dispositif, mais une alliance à des personnes", a-t-il poursuivi.

Critère secondaire de recours spontané aux soins atteint

L'étude a été menée de façon randomisée sur 380 patients adultes, avec d'un côté, un groupe intervention bénéficiant du suivi ambulatoire infirmier et de l'autre, un groupe contrôle bénéficiant d'une prise en charge habituelle, sans suivi infirmier.

L'âge moyen était de 41 ans, plus de deux tiers étaient des femmes, 70% étaient des personnes actives insérées socialement (et néanmoins toutes "au score de précarité"), deux tiers avaient des antécédents de TS et 86% étaient dans un état dépressif majeur.

La part de patients du groupe intervention ayant bénéficié des cinq visites infirmières prévues était de 73%.

Le critère de jugement principal était un critère composite défini par la survenue d'une récidive de TS à 12 mois, d'une hospitalisation en urgence pour crise suicidaire et/ou d'une aggravation de l'état suicidaire (hausse de deux points sur l'échelle de sévérité du suicide Columbia). Il n'a pas été atteint, la différence entre les groupes n'étant pas significative (67% dans le groupe intervention versus 60% dans le groupe contrôle).

En revanche, le critère de jugement secondaire qui portait sur le recours spontané aux soins à 12 mois a été atteint. Il était de 55% dans le groupe intervention versus 43% dans le groupe contrôle.

"Ce qui nous intéressait, nous, au niveau paramédical, c'étaient surtout les critères secondaires", a noté Grégory Mykolow. Les résultats, qui révèlent la "plus-value du suivi infirmier ambulatoire dès la TS", montrent ainsi que "le patient lui-même se transforme dans son recours aux soins", qu'il "fait davantage appel aux soins que dans le groupe contrôle".

"Ces résultats sont en faveur de l'importance de ne pas dissocier l'accueil et le suivi en post-urgence du patient suicidant", a-t-il conclu.

sb/lb/APMnews

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CANNES, 15 décembre 2025 (APMnews) - Un dispositif de suivi infirmier ambulatoire suivant une tentative de suicide a augmenté de façon significative le recours spontané des patients aux soins, mais n'a pas réduit le risque de récidive suicidaire, montre un essai randomisé et contrôlé présenté la semaine dernière au Congrès français de psychiatrie (CFP), à Cannes et en ligne.

Grégory Mykolow du CHU de Montpellier a rappelé que chaque année en France, il y avait environ 200.000 hospitalisations pour tentative de suicide (TS) et quelque 10.000 décès recensés -ce qui est "probablement minoré".

Le postulat de départ de cette étude lancée en 2014 s'appuyait sur des travaux montrant qu'une TS est un facteur majeur de récidive et de décès par suicide dans l'année qui suit, que l'hospitalisation ne protège pas plus du risque de récidive suicidaire que le retour à domicile, et que les stratégies de recontact ont peu d'effets significatifs sur la mortalité, mais semblent efficaces sur la récidive, a-t-il détaillé.

L'étude SIPRéS, qu'il a présentée, visait à aller au-delà des seules stratégies de recontact, en évaluant un dispositif de suivi infirmier ambulatoire sur la récidive suicidaire au cours de l'année suivant une tentative de suicide chez des patients souffrant d'un trouble de l'humeur unipolaire ou bipolaire ou d'une dépression réactionnelle.

"Ce que nous avons essayé de voir, c'est si la présence infirmière, la présence soignante qu'on offre aux patients pouvait avoir un impact sur le recours aux soins", a résumé Grégory Mykolow. "En clair, plutôt que d'aller vers la mort, est-ce que le patient ferait le choix, dans un état de crise, de venir vers le soin?"

Le dispositif de suivi ambulatoire infirmier était mis en place à la sortie de l'unité de post-urgences polyvalente (Upup), "dans un cadrage de trois mois maximum", avec d'abord des visites planifiées à l'hôpital et/ou à domicile (à J3 et J10), puis sur mesure, entre trois et 12 semaines.

"L'idée n'est pas d'offrir du prêt-à-porter, mais de faire du sur-mesure avec le patient", a commenté Grégory Mykolow. "Et c'est là l'inversion du système, car aujourd'hui, la rationalité nous amène beaucoup à penser des systèmes aux dispositifs de soins qui sont un peu du prêt-à-porter et dans lesquels les patients ont du mal à rentrer."

"Ce qui permet de refaire du sur-mesure, c'est de travailler sur l'alliance thérapeutique, mais pas une alliance à un dispositif, mais une alliance à des personnes", a-t-il poursuivi.

Critère secondaire de recours spontané aux soins atteint

L'étude a été menée de façon randomisée sur 380 patients adultes, avec d'un côté, un groupe intervention bénéficiant du suivi ambulatoire infirmier et de l'autre, un groupe contrôle bénéficiant d'une prise en charge habituelle, sans suivi infirmier.

L'âge moyen était de 41 ans, plus de deux tiers étaient des femmes, 70% étaient des personnes actives insérées socialement (et néanmoins toutes "au score de précarité"), deux tiers avaient des antécédents de TS et 86% étaient dans un état dépressif majeur.

La part de patients du groupe intervention ayant bénéficié des cinq visites infirmières prévues était de 73%.

Le critère de jugement principal était un critère composite défini par la survenue d'une récidive de TS à 12 mois, d'une hospitalisation en urgence pour crise suicidaire et/ou d'une aggravation de l'état suicidaire (hausse de deux points sur l'échelle de sévérité du suicide Columbia). Il n'a pas été atteint, la différence entre les groupes n'étant pas significative (67% dans le groupe intervention versus 60% dans le groupe contrôle).

En revanche, le critère de jugement secondaire qui portait sur le recours spontané aux soins à 12 mois a été atteint. Il était de 55% dans le groupe intervention versus 43% dans le groupe contrôle.

"Ce qui nous intéressait, nous, au niveau paramédical, c'étaient surtout les critères secondaires", a noté Grégory Mykolow. Les résultats, qui révèlent la "plus-value du suivi infirmier ambulatoire dès la TS", montrent ainsi que "le patient lui-même se transforme dans son recours aux soins", qu'il "fait davantage appel aux soins que dans le groupe contrôle".

"Ces résultats sont en faveur de l'importance de ne pas dissocier l'accueil et le suivi en post-urgence du patient suicidant", a-t-il conclu.

sb/lb/APMnews

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