Actualités de l'Urgence - APM

PASSER LA NUIT AUX URGENCES EST ASSOCIÉ À UN SURRISQUE DE MORTALITÉ HOSPITALIÈRE CHEZ LES PATIENTS ÂGÉS (ÉTUDE FRANÇAISE)
"Plusieurs études préliminaires rétrospectives avaient suggéré que cette situation pouvait aggraver la mortalité des patients, sans que ce risque ait pu être clairement établi ni quantifié en l'absence d'études prospectives permettant d'établir formellement un lien de causalité", explique l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué diffusé lundi. "En particulier, manquait la quantification du risque chez les plus fragiles des patients."
"Pour la première fois, la preuve scientifique d'une surmortalité chez les patients [âgés] est apportée", fait-elle valoir, relayant les résultats de l'étude "No bed night" coordonnée par Mélanie Roussel du CHU de Rouen et Yonathan Freund de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
"La pénurie de personnels hospitaliers et la diminution du nombre de lits disponibles à l'hôpital ont conduit à une hausse des taux de patients non programmés qui attendent aux urgences avant d'être hospitalisés, et donc à un risque accru de passer la nuit aux urgences" sur un brancard, soulignent les chercheurs.
Ils rappellent à ce titre qu'en 2018, plus de 100.000 patients ont été concernés par cette situation en France, selon les résultats du "No Bed Challenge" (cf dépêche du 13/06/2018 à 19:43).
Ils ont conduit leur étude de cohorte prospective dans 97 services d'accueil des urgences afin de déterminer si, chez les patients de 75 ans et plus (qui représentent actuellement un quart des patients aux urgences), le fait de passer la nuit aux urgences était associé à une hausse de la mortalité et de la morbidité hospitalière par rapport au fait d'être admis avant minuit dans un service hospitalier.
Cette étude a été menée entre le 12 et le 14 décembre 2022 auprès de 1.598 patients, dont 707 (44%) restés aux urgences entre minuit et 8h du matin et 891 (56%) admis dans un service hospitalier avant minuit. L'âge médian était de 86 ans et 55% des participants étaient des femmes.
A cette période, "les services d'urgence en France et en Europe ont subi une augmentation considérable du nombre de patients à hospitaliser en urgence, dont une importante proportion de patients fragiles et âgés", notamment du fait d'une "triple épidémie concomitante" Covid-19, grippe et virus respiratoire syncitial (VRS), rappellent les chercheurs. "Ainsi, un nombre inhabituellement élevé de patients âgés ont dû passer au moins une nuit sur un brancard aux urgences dans l'attente d'une place d'hospitalisation."
Le taux de mortalité intrahospitalière à 30 jours est apparu plus élevé chez les patients ayant passé la nuit aux urgences (15,7%) que chez ceux transférés dans un service hospitalier avant minuit (11,1%). Après ajustement sur les comorbidités et la gravité initiale des patients, le risque de mortalité intrahospitalière était significativement accru de 39% en cas de nuit passée sur un brancard aux urgences.
"Si tous les patients de cette étude avaient pu être admis avant la nuit dans une chambre d'hospitalisation, 3% des décès auraient pu être évités", pointent les chercheurs dans le communiqué de l'AP-HP.
Le risque de complications (infections nosocomiales, chutes, saignements...) était également plus élevé quand la nuit était passée sur un brancard aux urgences (+24%), de même que la durée de séjour hospitalier qui était de neuf jours en médiane contre huit jours pour les patients ayant passé la nuit dans un service hospitalier.
Une sous-analyse menée chez les patients ayant un niveau d'autonomie limité et nécessitant une assistance au quotidien a révélé que le fait de passer la nuit sur un brancard aux urgences était associé à une hausse significative de 81% du risque de mortalité intrahospitalière.
"Des mesures doivent être prises pour éviter autant que possible cette surmortalité, et l'objectif de 'zéro lits brancards' aux urgences en particulier pour les patients de plus de 75 ans doit être considéré comme un objectif de santé publique", concluent les chercheurs.
(JAMA Internal Medicine, publication en ligne du 6 novembre)
sb/nc/APMnews
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PASSER LA NUIT AUX URGENCES EST ASSOCIÉ À UN SURRISQUE DE MORTALITÉ HOSPITALIÈRE CHEZ LES PATIENTS ÂGÉS (ÉTUDE FRANÇAISE)
"Plusieurs études préliminaires rétrospectives avaient suggéré que cette situation pouvait aggraver la mortalité des patients, sans que ce risque ait pu être clairement établi ni quantifié en l'absence d'études prospectives permettant d'établir formellement un lien de causalité", explique l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué diffusé lundi. "En particulier, manquait la quantification du risque chez les plus fragiles des patients."
"Pour la première fois, la preuve scientifique d'une surmortalité chez les patients [âgés] est apportée", fait-elle valoir, relayant les résultats de l'étude "No bed night" coordonnée par Mélanie Roussel du CHU de Rouen et Yonathan Freund de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
"La pénurie de personnels hospitaliers et la diminution du nombre de lits disponibles à l'hôpital ont conduit à une hausse des taux de patients non programmés qui attendent aux urgences avant d'être hospitalisés, et donc à un risque accru de passer la nuit aux urgences" sur un brancard, soulignent les chercheurs.
Ils rappellent à ce titre qu'en 2018, plus de 100.000 patients ont été concernés par cette situation en France, selon les résultats du "No Bed Challenge" (cf dépêche du 13/06/2018 à 19:43).
Ils ont conduit leur étude de cohorte prospective dans 97 services d'accueil des urgences afin de déterminer si, chez les patients de 75 ans et plus (qui représentent actuellement un quart des patients aux urgences), le fait de passer la nuit aux urgences était associé à une hausse de la mortalité et de la morbidité hospitalière par rapport au fait d'être admis avant minuit dans un service hospitalier.
Cette étude a été menée entre le 12 et le 14 décembre 2022 auprès de 1.598 patients, dont 707 (44%) restés aux urgences entre minuit et 8h du matin et 891 (56%) admis dans un service hospitalier avant minuit. L'âge médian était de 86 ans et 55% des participants étaient des femmes.
A cette période, "les services d'urgence en France et en Europe ont subi une augmentation considérable du nombre de patients à hospitaliser en urgence, dont une importante proportion de patients fragiles et âgés", notamment du fait d'une "triple épidémie concomitante" Covid-19, grippe et virus respiratoire syncitial (VRS), rappellent les chercheurs. "Ainsi, un nombre inhabituellement élevé de patients âgés ont dû passer au moins une nuit sur un brancard aux urgences dans l'attente d'une place d'hospitalisation."
Le taux de mortalité intrahospitalière à 30 jours est apparu plus élevé chez les patients ayant passé la nuit aux urgences (15,7%) que chez ceux transférés dans un service hospitalier avant minuit (11,1%). Après ajustement sur les comorbidités et la gravité initiale des patients, le risque de mortalité intrahospitalière était significativement accru de 39% en cas de nuit passée sur un brancard aux urgences.
"Si tous les patients de cette étude avaient pu être admis avant la nuit dans une chambre d'hospitalisation, 3% des décès auraient pu être évités", pointent les chercheurs dans le communiqué de l'AP-HP.
Le risque de complications (infections nosocomiales, chutes, saignements...) était également plus élevé quand la nuit était passée sur un brancard aux urgences (+24%), de même que la durée de séjour hospitalier qui était de neuf jours en médiane contre huit jours pour les patients ayant passé la nuit dans un service hospitalier.
Une sous-analyse menée chez les patients ayant un niveau d'autonomie limité et nécessitant une assistance au quotidien a révélé que le fait de passer la nuit sur un brancard aux urgences était associé à une hausse significative de 81% du risque de mortalité intrahospitalière.
"Des mesures doivent être prises pour éviter autant que possible cette surmortalité, et l'objectif de 'zéro lits brancards' aux urgences en particulier pour les patients de plus de 75 ans doit être considéré comme un objectif de santé publique", concluent les chercheurs.
(JAMA Internal Medicine, publication en ligne du 6 novembre)
sb/nc/APMnews