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24/10 2022
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PÉDIATRIE: DES ANNONCES TRÈS INSUFFISANTES, DÉPLORENT LES SIGNATAIRES DE L'APPEL À EMMANUEL MACRON

PARIS, 24 octobre 2022 (APMnews) - Le Collectif de pédiatrie, à l'origine de la lettre adressée à Emmanuel Macron sur la crise traversée par le secteur, associé à d'autres organisations de soignants et de patients, juge très insuffisantes les annonces faites dimanche par le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et en appelle de nouveau au chef de l'Etat.

"Nous, soignants en pédiatrie et membres d'associations de patients, réclamons une prise de parole du président de la République constatant la gravité de la situation et la responsabilité de l'Etat et annonçant en urgence une réforme profonde et structurelle de l'hôpital public et notamment de la pédiatrie", a demandé dimanche soir dans un communiqué le collectif à l'origine de la lettre adressée à Emmanuel Macron pour l'alerter sur la situation des services de pédiatrie, rendue publique vendredi (cf dépêche du 21/10/2022 à 19:39).

Le communiqué est également signé par les collectifs Inter-Hôpitaux pédiatrie et Inter-Urgences, l'Association des juniors en pédiatrie-Paris et plusieurs associations de patients.

Les signataires demandent des mesures d'urgence "afin d'arrêter l'hémorragie" de personnels à l'hôpital, et que celui-ci soit "de nouveau attractif pour les soignants l'ayant quitté, ou pour les jeunes ayant déjà renoncé". Les enfants "sont l'avenir", la responsabilité du chef de l'Etat "est engagée, il doit nous répondre!", demandent-ils.

Les professionnels rassemblés dans les collectifs jugent en deçà de leurs attentes les annonces faites dimanche par François Braun. Une enveloppe de 150 millions d'euros (M€) va être déléguée aux agences régionales de santé (ARS) pour soutenir la pédiatrie et d'autres secteurs hospitaliers en tension pendant la période hivernale, afin notamment de renforcer les effectifs et de revaloriser les gardes et le travail de nuit (cf dépêche du 23/10/2022 à 17:41).

Des assises de la pédiatrie doivent par ailleurs être organisées au printemps pour aborder des mesures plus "structurelles" sur la prise en charge de la santé de l'enfant.

Les signataires du communiqué rappellent que la lettre ouverte au président de la République a été "signée en 24 heures par plus de 4.000 soignants en pédiatrie, dont les responsables de l'ensemble des sociétés savantes, des internes, des paramédicaux, et des associations de patients", et précisent qu'en "moins de quatre jours", elle "a dépassé la barre des 6.500 signatures".

Dans cette tribune sont dénoncées "des mises en danger quotidiennes et une dégradation criante des soins apportés aux enfants dont ils doivent assumer seuls la responsabilité", rappellent-ils.

"Il n'est pas possible d'imposer des mesures sanitaires strictes pour des épidémies prévisibles, récurrentes et banales, même s'il est important de rappeler les gestes d'hygiène", réagissent les collectifs, notant qu'a été formulé par le ministre "un nouvel appel à la responsabilité des Français pour limiter l'épidémie de bronchiolite et les consultations aux urgences".

"Par ailleurs, le ministre ne semble pas entendre que les problématiques rencontrées actuellement concernent un manque de soins apportés aux enfants notamment par défaut de lits d'hospitalisation. Nous ne pouvons pas hospitaliser des patients venus aux urgences, dans un état préoccupant, et nous retardons tous les jours les soins à apporter aux enfants porteurs de maladie chronique."

S'agissant des plans blancs, également évoqués par François Braun, le dispositif aura "comme conséquence d'annuler ou de retarder une nouvelle fois des soins programmés notamment pour des enfants porteurs de maladies chroniques ou de cancers, comme des chirurgies par exemple".

Il implique "également d'annuler des jours de repos et de congés, contribuant à aggraver la crise des soignants qui quitteront de nouveau l'hôpital dès le plan blanc terminé".

Quant à l'enveloppe de 150 M€, "fournir de l'argent à des services pour financer l'emploi d'intérimaires, payés plus pour faire le même travail que les soignants hospitaliers, ne permettra pas d'arrêter l'hémorragie de soignants, au contraire", estiment les signataires.

"Les spécificités pédiatriques et l'expertise soignante nécessitent une reconnaissance avec une réévaluation de la lourdeur des soins, la mise en place officielle de ratios adaptés de patients par infirmiers/aides-soignants, une formation dédiée et la réforme en profondeur de la gouvernance en la recentrant sur chaque service hospitalier", demandent-ils de nouveau.

Soutien de l'Amuf

"Si des mesures financières doivent être envisagées, il ne s'agit pas d'une enveloppe mais d'une augmentation significative des salaires des soignants en s'alignant sur les autres pays européens", plaident les soignants rassemblés dans les collectifs.

L'annonce au printemps 2023 d'assises de la pédiatrie "survient après le déroulement du Ségur de la santé, de la mission flash" et la mise en oeuvre du Conseil national de la refondation (CNR), "ce qui témoigne de l'inefficacité manifeste" de telles "mesures", regrettent-ils également.

"C'est maintenant que la pédiatrie est asphyxiée, c'est maintenant qu'il faut agir", plaident-ils, pointant que "les solutions sont déjà identifiées dans le rapport de l'Igas [Inspection générale des affaires sociales]" de 2021 sur la pédiatrie (cf dépêche du 16/06/2021 à 18:48).

"Tous les jours nous sommes contraints de renoncer à notre coeur de métier en mettant en danger des enfants et en leur fournissant des soins non adaptés. Le tri qui nous est imposé entraîne des pertes de chance", alertent une nouvelle fois les signataires. "Des soignants quittent tous les jours l'hôpital constatant ne plus arriver à soigner, par peur de l'erreur passée ou à venir, inévitable dans les conditions de travail actuelles."

Dans un communiqué également publié dimanche, l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) apporte son soutien à "l'ensemble des pédiatres dans leur mobilisation forte et courageuse".

La situation dans les hôpitaux pédiatriques "touche déjà aussi de nombreux hôpitaux adultes qui vont connaître un hiver difficile avec la grippe, tandis que l'épidémie du Covid est repartie à la hausse", s'alarme-t-elle.

"Avec l'ensemble des organisations syndicales et des collectifs", l'Amuf se dit "pleinement engagée pour obtenir un vrai plan d'urgence pour l'hôpital afin d'éviter un effondrement de notre système dans les semaines à venir, dont les patients risquent de payer de lourdes conséquences".

Les kinésithérapeutes font valoir leur rôle

Dans un communiqué publié lundi, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) souligne que "le kinésithérapeute est un acteur précieux de premier recours, dans le parcours de soins de la prise en charge de la bronchiolite, qui peut permettre d'éviter les consultations non justifiées aux services d'urgences".

L'accès direct aux kinésithérapeutes "fluidifierait le parcours patient", estime-t-elle. Elle dénonce "une part de responsabilité importante des institutions dans la saturation des hôpitaux en cette période de bronchiolite car elles ont largement encouragé à l'abandon de la prise en charge kinésithérapique libérale".

"La FFMKR et l'ensemble des kinésithérapeutes organisés sur le terrain en réseaux avec des permanences de soins sont prêts. Ils n'attendent qu'un signal fort du ministre de la santé pour encourager ces prises en charge", fait-elle valoir.

La Haute autorité de santé (HAS) a publié le 14 novembre 2019 des recommandations de prise en charge du premier épisode de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois, dans lesquelles elle ne recommandait pas la technique de kinésithérapie respiratoire d'augmentation du flux expiratoire (AFE), rappelle-t-on.

Le modèle des réseaux bronchiolite "fonctionnait bien jusqu'à ce que certaines instances d'Etat (CPAM, DGS, ARS, …) annoncent maladroitement, suite à une lecture partielle et inadaptée des recommandations HAS, que la kinésithérapie n'était plus recommandée pour la prise en charge de la bronchiolite", déplore la FFMKR.

Plusieurs organismes de masseurs-kinésithérapeutes s'étaient inquiétés d'une interprétation erronée des préconisations de la HAS et la FFMKR avait saisi le Conseil d'Etat en janvier 2020 afin d'annuler sa recommandation de bonne pratique. Mais la haute juridiction a rejeté sa requête en octobre 2021 (cf dépêche du 07/10/2021 à 15:25).

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 24 octobre 2022 (APMnews) - Le Collectif de pédiatrie, à l'origine de la lettre adressée à Emmanuel Macron sur la crise traversée par le secteur, associé à d'autres organisations de soignants et de patients, juge très insuffisantes les annonces faites dimanche par le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et en appelle de nouveau au chef de l'Etat.

"Nous, soignants en pédiatrie et membres d'associations de patients, réclamons une prise de parole du président de la République constatant la gravité de la situation et la responsabilité de l'Etat et annonçant en urgence une réforme profonde et structurelle de l'hôpital public et notamment de la pédiatrie", a demandé dimanche soir dans un communiqué le collectif à l'origine de la lettre adressée à Emmanuel Macron pour l'alerter sur la situation des services de pédiatrie, rendue publique vendredi (cf dépêche du 21/10/2022 à 19:39).

Le communiqué est également signé par les collectifs Inter-Hôpitaux pédiatrie et Inter-Urgences, l'Association des juniors en pédiatrie-Paris et plusieurs associations de patients.

Les signataires demandent des mesures d'urgence "afin d'arrêter l'hémorragie" de personnels à l'hôpital, et que celui-ci soit "de nouveau attractif pour les soignants l'ayant quitté, ou pour les jeunes ayant déjà renoncé". Les enfants "sont l'avenir", la responsabilité du chef de l'Etat "est engagée, il doit nous répondre!", demandent-ils.

Les professionnels rassemblés dans les collectifs jugent en deçà de leurs attentes les annonces faites dimanche par François Braun. Une enveloppe de 150 millions d'euros (M€) va être déléguée aux agences régionales de santé (ARS) pour soutenir la pédiatrie et d'autres secteurs hospitaliers en tension pendant la période hivernale, afin notamment de renforcer les effectifs et de revaloriser les gardes et le travail de nuit (cf dépêche du 23/10/2022 à 17:41).

Des assises de la pédiatrie doivent par ailleurs être organisées au printemps pour aborder des mesures plus "structurelles" sur la prise en charge de la santé de l'enfant.

Les signataires du communiqué rappellent que la lettre ouverte au président de la République a été "signée en 24 heures par plus de 4.000 soignants en pédiatrie, dont les responsables de l'ensemble des sociétés savantes, des internes, des paramédicaux, et des associations de patients", et précisent qu'en "moins de quatre jours", elle "a dépassé la barre des 6.500 signatures".

Dans cette tribune sont dénoncées "des mises en danger quotidiennes et une dégradation criante des soins apportés aux enfants dont ils doivent assumer seuls la responsabilité", rappellent-ils.

"Il n'est pas possible d'imposer des mesures sanitaires strictes pour des épidémies prévisibles, récurrentes et banales, même s'il est important de rappeler les gestes d'hygiène", réagissent les collectifs, notant qu'a été formulé par le ministre "un nouvel appel à la responsabilité des Français pour limiter l'épidémie de bronchiolite et les consultations aux urgences".

"Par ailleurs, le ministre ne semble pas entendre que les problématiques rencontrées actuellement concernent un manque de soins apportés aux enfants notamment par défaut de lits d'hospitalisation. Nous ne pouvons pas hospitaliser des patients venus aux urgences, dans un état préoccupant, et nous retardons tous les jours les soins à apporter aux enfants porteurs de maladie chronique."

S'agissant des plans blancs, également évoqués par François Braun, le dispositif aura "comme conséquence d'annuler ou de retarder une nouvelle fois des soins programmés notamment pour des enfants porteurs de maladies chroniques ou de cancers, comme des chirurgies par exemple".

Il implique "également d'annuler des jours de repos et de congés, contribuant à aggraver la crise des soignants qui quitteront de nouveau l'hôpital dès le plan blanc terminé".

Quant à l'enveloppe de 150 M€, "fournir de l'argent à des services pour financer l'emploi d'intérimaires, payés plus pour faire le même travail que les soignants hospitaliers, ne permettra pas d'arrêter l'hémorragie de soignants, au contraire", estiment les signataires.

"Les spécificités pédiatriques et l'expertise soignante nécessitent une reconnaissance avec une réévaluation de la lourdeur des soins, la mise en place officielle de ratios adaptés de patients par infirmiers/aides-soignants, une formation dédiée et la réforme en profondeur de la gouvernance en la recentrant sur chaque service hospitalier", demandent-ils de nouveau.

Soutien de l'Amuf

"Si des mesures financières doivent être envisagées, il ne s'agit pas d'une enveloppe mais d'une augmentation significative des salaires des soignants en s'alignant sur les autres pays européens", plaident les soignants rassemblés dans les collectifs.

L'annonce au printemps 2023 d'assises de la pédiatrie "survient après le déroulement du Ségur de la santé, de la mission flash" et la mise en oeuvre du Conseil national de la refondation (CNR), "ce qui témoigne de l'inefficacité manifeste" de telles "mesures", regrettent-ils également.

"C'est maintenant que la pédiatrie est asphyxiée, c'est maintenant qu'il faut agir", plaident-ils, pointant que "les solutions sont déjà identifiées dans le rapport de l'Igas [Inspection générale des affaires sociales]" de 2021 sur la pédiatrie (cf dépêche du 16/06/2021 à 18:48).

"Tous les jours nous sommes contraints de renoncer à notre coeur de métier en mettant en danger des enfants et en leur fournissant des soins non adaptés. Le tri qui nous est imposé entraîne des pertes de chance", alertent une nouvelle fois les signataires. "Des soignants quittent tous les jours l'hôpital constatant ne plus arriver à soigner, par peur de l'erreur passée ou à venir, inévitable dans les conditions de travail actuelles."

Dans un communiqué également publié dimanche, l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) apporte son soutien à "l'ensemble des pédiatres dans leur mobilisation forte et courageuse".

La situation dans les hôpitaux pédiatriques "touche déjà aussi de nombreux hôpitaux adultes qui vont connaître un hiver difficile avec la grippe, tandis que l'épidémie du Covid est repartie à la hausse", s'alarme-t-elle.

"Avec l'ensemble des organisations syndicales et des collectifs", l'Amuf se dit "pleinement engagée pour obtenir un vrai plan d'urgence pour l'hôpital afin d'éviter un effondrement de notre système dans les semaines à venir, dont les patients risquent de payer de lourdes conséquences".

Les kinésithérapeutes font valoir leur rôle

Dans un communiqué publié lundi, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) souligne que "le kinésithérapeute est un acteur précieux de premier recours, dans le parcours de soins de la prise en charge de la bronchiolite, qui peut permettre d'éviter les consultations non justifiées aux services d'urgences".

L'accès direct aux kinésithérapeutes "fluidifierait le parcours patient", estime-t-elle. Elle dénonce "une part de responsabilité importante des institutions dans la saturation des hôpitaux en cette période de bronchiolite car elles ont largement encouragé à l'abandon de la prise en charge kinésithérapique libérale".

"La FFMKR et l'ensemble des kinésithérapeutes organisés sur le terrain en réseaux avec des permanences de soins sont prêts. Ils n'attendent qu'un signal fort du ministre de la santé pour encourager ces prises en charge", fait-elle valoir.

La Haute autorité de santé (HAS) a publié le 14 novembre 2019 des recommandations de prise en charge du premier épisode de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois, dans lesquelles elle ne recommandait pas la technique de kinésithérapie respiratoire d'augmentation du flux expiratoire (AFE), rappelle-t-on.

Le modèle des réseaux bronchiolite "fonctionnait bien jusqu'à ce que certaines instances d'Etat (CPAM, DGS, ARS, …) annoncent maladroitement, suite à une lecture partielle et inadaptée des recommandations HAS, que la kinésithérapie n'était plus recommandée pour la prise en charge de la bronchiolite", déplore la FFMKR.

Plusieurs organismes de masseurs-kinésithérapeutes s'étaient inquiétés d'une interprétation erronée des préconisations de la HAS et la FFMKR avait saisi le Conseil d'Etat en janvier 2020 afin d'annuler sa recommandation de bonne pratique. Mais la haute juridiction a rejeté sa requête en octobre 2021 (cf dépêche du 07/10/2021 à 15:25).

mlb/ab/APMnews

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