Actualités de l'Urgence - APM

Le Dr Chang-Li Peng, gériatre à l'hôpital Sainte-Périne de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et son équipe ont lancé en novembre 2020 le suivi par téléconsultation de patients âgés de retour à domicile ou en Ehpad après une hospitalisation en unité de gériatrie aiguë (UGA), dans le but de limiter le risque de ré-hospitalisation et d'encadrer au mieux cette période de transition.

"Avec la baisse de la démographie des médecins généralistes, la période qui suit la sortie d'hospitalisation peut être critique pour le patient âgé fragilisé. L'offre de soins est limitée. Dans ces conditions, ils pourraient être réhospitalisés par manque de suivi", a souligné la gériatre lors de la présentation de l'étude aux JASFGG.

L'équipe a proposé à tous les patients âgés de plus de 75 ans passés par l'UGA deux téléconsultations par vidéo ou téléphone, une dite "précoce", réalisée dans les 15 jours suivant leur sortie de l'hôpital, l'autre plus "tardive", effectuée entre 1,5 et 2 mois après leur sortie.

Plusieurs événements indésirables étaient recherchés: une ré-hospitalisation, un passage aux urgences, un problème de chute ou de douleurs, des troubles alimentaires ou psychiques, une déshydratation, une décompensation cardiaque ou des problèmes infectieux.

Au total, 109 patients sont sortis d'UGA sur les six mois, l'âge moyen était de 87 ans, le patient le plus âgé avait 106 ans. L'étude s'est déroulée sur six mois jusqu'en mai 2021.

Un taux de ré-hospitalisation en baisse

Sur l'ensemble des patients, 94,5% ont eu une téléconsultation précoce et 79%, une téléconsultation tardive. En tout, 189 téléconsultations (un quart en visio et trois quarts par téléphone) ont été effectuées par l'équipe de Sainte-Périne. "A noter que 84% des patients ont sollicité l'aide d'un tiers pendant la téléconsultation même si elle était téléphonique", a précisé Chang-Li Peng.

Après deux mois de suivi, "19 patients ont eu recours au service des urgences et 20 ont été réhospitalisés" sur les 103 ayant bénéficié des deux téléconsultations. Deux patients ont été réhospitalisés directement après l'une des téléconsultations sans passer par les urgences.

Pour la gériatre, le bilan est positif. "Le taux de ré-hospitalisation précoce à 30 jours était de 13,6% contre 18,4% de celui relevé par l'ATIH [Agence technique de l'information sur l'hospitalisation] en 2015", a-t-elle souligné.

"Ce résultat peut s'expliquer par le fait que 100% des patients sont sortis avec un compte rendu d'hospitalisation et par le suivi via la téléconsultation ", a-t-elle suggéré.

En effet, l'outil a permis de détecter 14 situations à risque de passer aux urgences ou de ré-hospitalisations. La majorité des cas concernait "des problèmes de médicaments", a illustré Chang-Li Peng. Dans plusieurs cas, la sollicitation du médecin traitant a permis "une évolution favorable", suggérant une amélioration "du partenariat ville-hôpital".

Impact important du suivi médical en ville

Pendant les deux mois de suivi, les principaux événements indésirables signalés étaient des douleurs, des chutes, de l'anxiété/dépression, des troubles alimentaires et de la déshydratation. Cinq patients sont décédés.

En plus de ce suivi à distance, 28% des personnes ont consulté leur médecin traitant dans les 15 jours et 66% dans les deux mois après leur sortie de l'UGA. Toutefois, "pour 36% des patients, le médecin traitant n'a pas été mesure de se déplacer à domicile, même si le patient était totalement dépendant".

"Chez les patients ayant vu leur médecin traitant avant le 2e mois, le risque relatif de passer aux urgences avait diminué de 59% et celui de ré-hospitalisation avait baissé de 60%", a analysé la gériatre.

"Notre étude montre que l'adhésion à la téléconsultation est bonne et probablement liée à l'information délivrée en sortie d'UGA mais le contexte Covid a probablement contribué à développer l'acceptabilité", a-t-elle souligné.

Les autres avantages sont d'ordre médico-économique, comme la réduction du nombre de transports sanitaires, a-t-elle cité.

Quelques limites ont été notifiées comme les contraintes matérielles et humaines. La majorité des téléconsultations ont nécessité l'assistance d'un tiers, et l'absence d'examen clinique a pu conduire à des prescriptions limitées.

sm/vl/ab/APMnews