Actualités de l'Urgence - APM

13/06 2018
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PLUS DE "100.000 PATIENTS" ONT PASSÉ LA NUIT SUR UN BRANCARD DES URGENCES DEPUIS JANVIER (FRANÇOIS BRAUN)

(Par Maryannick LE BRIS, au congrès Urgences)

PARIS, 13 juin 2018 (APMnews) - Plus de 100.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lits d'hospitalisation, selon le dernier bilan du "No bed challenge" lancé en janvier par Samu-Urgences de France, a expliqué le président de l'organisation, François Braun, lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion du congrès Urgences 2018, qui se tient jusqu'à vendredi à Paris.

François Braun a rappelé que, pour alerter les pouvoirs publics du problème de surcharge des urgences, Samu-Urgences de France avait, dans le prolongement d'un mouvement déjà initié en 2013 (cf dépêche du 15/10/2013 à 20:05), lancé le "No bed challenge", dispositif qui répertorie, avant 10 heures tous les matins, le nombre de patients ayant dû rester sur un brancard durant la nuit faute de lits d'hospitalisation.

"Environ 150 services d'urgence en France sur près de 650, donc un quart des établissements, déclarent régulièrement ces patients dans le No bed challenge. Nous en sommes depuis le début de l'année à plus de 36.000 patients qui ont passé la nuit sur un brancard faute de lits", a-t-il précisé. François Braun a souligné que le nombre de patients recensés était de 300 par jour pendant le pic hivernal. "On est à une centaine aujourd'hui, mais c'est inadmissible", a-t-il commenté.

En tenant compte des services qui ne remplissent pas le No bed challenge et qui n'auraient pas de problème, "on est donc à plus de 100.000 patients aujourd'hui qui ont passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lits d'hospitalisation", a-t-il évalué, qualifiant la situation de "scandale sanitaire".

Des études scientifiques prouvent qu'elle entraîne "une augmentation de la mortalité de 9% pour l'ensemble, de 40% pour les patients les plus graves". En outre, "une récente étude canadienne a montré qu'une personne âgée qui passait plus de 8 heures sur un brancard d'un service des urgences voyait sa durée d'hospitalisation augmenter de deux jours", a-t-il encore illustré.

"C'est un véritable problème d'organisation de l'hôpital, il est connu, maintenant chiffré, les traitements de cette maladie sont connus aussi, ils ont été définis dès 2013 par le Conseil national de l'urgence hospitalière, il n'y a plus qu'à soigner le malade hôpital", a plaidé le président de Samu-Urgences de France.

Il a rappelé que le problème "était double" en aval et en amont, "avec toute la problématique des patients qui se retrouvent aux urgences et qui n'ont pas de raison d'y être au sens où ils pourraient être pris en charge ailleurs". Il a souligné espérer que les travaux sur la régulation médicale et les soins non programmés (cf dépêche du 13/06/2018 à 19:31) pourront y remédier et que Samu-Urgences de France va "rapidement ajouter un indicateur sur ces patients qui réellement auraient pu être pris en charge ailleurs".

François Braun a rappelé que des concertations entre les organisations de médecine d'urgence et la direction générale de l'offre de soins (DGOS) ont abouti à "une instruction du ministère sur le plan de continuité d'activité des services d'urgence, qui est une boîte à outil avec beaucoup de solutions" (cf dépêche du 04/06/2018 à 15:21). "L'idée est simple, c'est de dire que [les urgences sont une] activité médicale à autorisation. Il est de la responsabilité des établissements d'abord de s'organiser pour assurer cette continuité de fonctionnement", a-t-il expliqué, ajoutant que cette responsabilité n'était pas uniquement celle des urgences.

"Dans les services d'urgence, on considère que 40% des patients pourraient être pris en charge ailleurs parce qu'ils relèvent plus de la permanence et de la continuité des soins. Tout médecin, et a fortiori tout médecin hospitalier, est obligé de participer à la continuité des soins", a-t-il fait valoir. "Ce qui est essentiel, c'est de maintenir la réponse à l'aide médicale urgente", a-t-il poursuivi, estimant que, par "une décision claire prise par le ministère de la santé, on ne dégradera pas la réponse de Smur cet été en France".

En revanche, "une fois cette réponse assurée, il n'est pas aberrant de demander de l'aide à d'autres collègues des autres services pour couvrir des lignes de garde puisqu'on s'intéresse essentiellement à la permanence des soins", a-t-il commenté, en référence au décret du 1er juin révisant l'organisation de lignes de garde communes entre le Smur et la structure des urgences et ouvrant la possibilité d'une astreinte médicale (cf dépêche du 01/06/2018 à 11:32).

Interrogé sur les concertations annoncées par la DGOS sur l’évolution de fond du régime des autorisations de l’activité de médecine d’urgence, François Braun a répondu que cette réforme était souhaitée par Samu-Urgences de France. Les travaux devraient commencer cet été, l'échéance prévue pour cette évolution étant 2020, en lien avec la révision des projets régionaux de santé, a-t-il expliqué.

"Nous avons 639 services d'urgence en France. C'est beaucoup, comparé aux autres pays européens. Il faut s'interroger sur [leur] activité réelle. Est ce qu'ils font de la médecine d'urgence ou de la continuité de soins, c'est à dire de la médecine générale, c'est la vraie question", a-t-il précisé. Le président de Samu-Urgences de France a par ailleurs ajouté qu' "il y a 100 à 150 services d'urgence qui sont à faible activité -ils cumulent une activité de l'ordre de 20.000 passages et une activité Smur assez faible, de l'ordre d'une intervention par jour". Ce sont des "services fragiles et on s'interroge sur la pertinence de maintenir les deux", sans toucher à la réponse de l'aide médicale urgente tout en trouvant une solution pour la continuité et la permanence des soins, a-t-il souligné.

mlb/ab/APMnews

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(Par Maryannick LE BRIS, au congrès Urgences)

PARIS, 13 juin 2018 (APMnews) - Plus de 100.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lits d'hospitalisation, selon le dernier bilan du "No bed challenge" lancé en janvier par Samu-Urgences de France, a expliqué le président de l'organisation, François Braun, lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion du congrès Urgences 2018, qui se tient jusqu'à vendredi à Paris.

François Braun a rappelé que, pour alerter les pouvoirs publics du problème de surcharge des urgences, Samu-Urgences de France avait, dans le prolongement d'un mouvement déjà initié en 2013 (cf dépêche du 15/10/2013 à 20:05), lancé le "No bed challenge", dispositif qui répertorie, avant 10 heures tous les matins, le nombre de patients ayant dû rester sur un brancard durant la nuit faute de lits d'hospitalisation.

"Environ 150 services d'urgence en France sur près de 650, donc un quart des établissements, déclarent régulièrement ces patients dans le No bed challenge. Nous en sommes depuis le début de l'année à plus de 36.000 patients qui ont passé la nuit sur un brancard faute de lits", a-t-il précisé. François Braun a souligné que le nombre de patients recensés était de 300 par jour pendant le pic hivernal. "On est à une centaine aujourd'hui, mais c'est inadmissible", a-t-il commenté.

En tenant compte des services qui ne remplissent pas le No bed challenge et qui n'auraient pas de problème, "on est donc à plus de 100.000 patients aujourd'hui qui ont passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lits d'hospitalisation", a-t-il évalué, qualifiant la situation de "scandale sanitaire".

Des études scientifiques prouvent qu'elle entraîne "une augmentation de la mortalité de 9% pour l'ensemble, de 40% pour les patients les plus graves". En outre, "une récente étude canadienne a montré qu'une personne âgée qui passait plus de 8 heures sur un brancard d'un service des urgences voyait sa durée d'hospitalisation augmenter de deux jours", a-t-il encore illustré.

"C'est un véritable problème d'organisation de l'hôpital, il est connu, maintenant chiffré, les traitements de cette maladie sont connus aussi, ils ont été définis dès 2013 par le Conseil national de l'urgence hospitalière, il n'y a plus qu'à soigner le malade hôpital", a plaidé le président de Samu-Urgences de France.

Il a rappelé que le problème "était double" en aval et en amont, "avec toute la problématique des patients qui se retrouvent aux urgences et qui n'ont pas de raison d'y être au sens où ils pourraient être pris en charge ailleurs". Il a souligné espérer que les travaux sur la régulation médicale et les soins non programmés (cf dépêche du 13/06/2018 à 19:31) pourront y remédier et que Samu-Urgences de France va "rapidement ajouter un indicateur sur ces patients qui réellement auraient pu être pris en charge ailleurs".

François Braun a rappelé que des concertations entre les organisations de médecine d'urgence et la direction générale de l'offre de soins (DGOS) ont abouti à "une instruction du ministère sur le plan de continuité d'activité des services d'urgence, qui est une boîte à outil avec beaucoup de solutions" (cf dépêche du 04/06/2018 à 15:21). "L'idée est simple, c'est de dire que [les urgences sont une] activité médicale à autorisation. Il est de la responsabilité des établissements d'abord de s'organiser pour assurer cette continuité de fonctionnement", a-t-il expliqué, ajoutant que cette responsabilité n'était pas uniquement celle des urgences.

"Dans les services d'urgence, on considère que 40% des patients pourraient être pris en charge ailleurs parce qu'ils relèvent plus de la permanence et de la continuité des soins. Tout médecin, et a fortiori tout médecin hospitalier, est obligé de participer à la continuité des soins", a-t-il fait valoir. "Ce qui est essentiel, c'est de maintenir la réponse à l'aide médicale urgente", a-t-il poursuivi, estimant que, par "une décision claire prise par le ministère de la santé, on ne dégradera pas la réponse de Smur cet été en France".

En revanche, "une fois cette réponse assurée, il n'est pas aberrant de demander de l'aide à d'autres collègues des autres services pour couvrir des lignes de garde puisqu'on s'intéresse essentiellement à la permanence des soins", a-t-il commenté, en référence au décret du 1er juin révisant l'organisation de lignes de garde communes entre le Smur et la structure des urgences et ouvrant la possibilité d'une astreinte médicale (cf dépêche du 01/06/2018 à 11:32).

Interrogé sur les concertations annoncées par la DGOS sur l’évolution de fond du régime des autorisations de l’activité de médecine d’urgence, François Braun a répondu que cette réforme était souhaitée par Samu-Urgences de France. Les travaux devraient commencer cet été, l'échéance prévue pour cette évolution étant 2020, en lien avec la révision des projets régionaux de santé, a-t-il expliqué.

"Nous avons 639 services d'urgence en France. C'est beaucoup, comparé aux autres pays européens. Il faut s'interroger sur [leur] activité réelle. Est ce qu'ils font de la médecine d'urgence ou de la continuité de soins, c'est à dire de la médecine générale, c'est la vraie question", a-t-il précisé. Le président de Samu-Urgences de France a par ailleurs ajouté qu' "il y a 100 à 150 services d'urgence qui sont à faible activité -ils cumulent une activité de l'ordre de 20.000 passages et une activité Smur assez faible, de l'ordre d'une intervention par jour". Ce sont des "services fragiles et on s'interroge sur la pertinence de maintenir les deux", sans toucher à la réponse de l'aide médicale urgente tout en trouvant une solution pour la continuité et la permanence des soins, a-t-il souligné.

mlb/ab/APMnews

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