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04/03 2025
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PLUS DE 45% DES CAS D'AVC N'ONT PAS ÉTÉ PRIS EN CHARGE EN UNV EN FRANCE EN 2022

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 4 mars 2025 (APMnews) - Plus de 45% des patients victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC) en France en 2022 n'ont pas été pris en charge en unité neurovasculaire (UNV), selon un article publié mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France (SPF).

SPF consacre mardi un numéro spécial sur les maladies cardioneurovasculaires en France en 2022, qui reprend les données publiées dans Archives of Cardiovascular Diseases, revue de la Société française de cardiologie (SFC), fin 2024 (cf dépêche du 08/01/2025 à 09:43).

Dans l'article consacré aux AVC, il s'agit de faire le point sur leur épidémiologie, leur prise en charge et leur devenir, à partir système national des données de santé (SNDS), près de 10 ans après la fin du premier plan national 2010-2014.

En 2022, 122.422 adultes âgés de 73,2 ans ont été hospitalisés au moins une fois pour un AVC dont 78% pour un AVC ischémique. Le taux était de 255,8 cas pour 100.000 habitants chez les hommes et de 205,1 cas chez les femmes.

De fortes disparités départementales des taux de patients hospitalisés standardisés sur l'âge étaient observées, de 159,9 cas pour 100.000 en Haute-Corse à 241,7 cas pour 100.000 dans les Côtes-d'Armor et même 322,1 cas pour 100.000 à La Réunion et 386,9 cas pour 100.000 à Mayotte.

La première hospitalisation pour AVC était caractérisée par une durée moyenne de séjour de 12,5 jours (huit jours en médiane). L'admission en unité neurovasculaire (UNV) concernait 53,5% des patients (60,3% des AVC ischémiques et 30,1% des AVC hémorragiques), avec des écarts importants selon les départements, de 7,9% en Haute-Corse (voire 0,3% en Guyane et 5% à Mayotte), 17,5% dans la Nièvre jusqu'à 78,1% dans les Landes et 78,5% en Corse-du-Sud.

Une admission en unité de soins intensifs neurovasculaires (USINV) était retrouvée chez 46,8% des patients (53,1% pour les AVC ischémiques et 25,1% pour les AVC hémorragiques), avec de fortes variations également.

Seulement 7,2% des patients avec un AVC ischémique ont bénéficié d'une thrombectomie mécanique (7,6% des femmes et 6,8% des hommes). Cette stratégie thérapeutique est toutefois limitée aux AVC liés à l'occlusion d'un gros vaisseau et doit être administrée dans un délai de six heures après le début des symptômes, note-t-on.

Concernant l'hospitalisation, les données indiquent que l'admission en réanimation était plus fréquente pour les AVC hémorragiques (24,1%) que pour les AVC ischémiques (3,9%). Elle se soldait par un décès dans 10% des cas d'AVC ischémiques et 28,9% des cas d'AVC hémorragiques. L'admission directement dans un service de soins médicaux et réadaptation (SMR) après la phase aiguë concernait respectivement 22,7% et 20,8% des patients.

Santé publique France
Santé publique France

A six mois, le taux d'admission en SMR (soins médicaux et de réadaptation) était de respectivement 34,3% et 41,7%. Seulement 28,8% des patients hospitalisés pour un AVC ischémique et 28,1% parmi ceux non admis en SMR ainsi que 18,8% de ceux pris en charge pour un AVC hémorragiques (18,0% parmi ceux non admis en SMR) avaient eu une consultation chez un neurologue. Un tiers seulement des patients ayant eu un AVC ischémique et 29,3% de ceux avec un AVC hémorragique avaient bénéficié d'un kinésithérapeute.

La mortalité à six mois était de 17,5% pour les patients ayant eu un AVC ischémique et 35,2% pour ceux qui ont eu un AVC hémorragique.

Enfin, il apparaît que, parmi les patients toujours vivants un an après leur AVC, la proportion de ceux traités par anti-hypertenseurs a augmenté par rapport à l'année précédant l'AVC (74,5% vs 64,9% pour les AVC ischémiques, 62,5% vs 57,2% pour les AVC hémorragiques). La même tendance était observée pour les traitements hypolipémiants, antiplaquettaires et anticoagulants oraux pour les AVC ischémiques tandis que la part des patients traités par antiplaquettaires, anticoagulants oraux et anti-arythmiques diminuait sensiblement après un AVC hémorragique.

A partir de ces données, la prévalence de l'AVC en 2022 a été estimée à 2% (soit 1.086.795 cas) et atteignait 12% parmi les personnes âgées de plus de 85 ans. La mortalité par AVC a été estimée à 50,6 décès pour 100.000 habitants, avec un âge moyen au décès de 79 ans chez les hommes et de 85,5 ans chez les femmes.

Développer et assurer la pérennité des UNV

Ces chiffres indiquent que les cas prévalents et incidents d'AVC n'ont jamais été aussi élevés en France malgré une incidence parmi les moins élevées en Europe. Cette tendance va se poursuivre avec le vieillissement de la population. La prise en charge des patients de plus de 85 ans génère "de nombreuses problématiques telles que la prise en charge des comorbidités dont les troubles cognitifs pré-AVC, les complications au cours du séjour plus fréquentes, les difficultés du retour à domicile pour cette population et ses besoins spécifiques en soins de suite et admission long séjour", observent les auteurs.

En outre, malgré 140 UNV présentes sur le territoire français (cf dépêche du 14/11/2024 à 19:02), "40% des AVC ischémiques et 75% des AVC hémorragiques ne bénéficient toujours pas d'une prise en charge dans ces unités", ce qui "montre la nécessité de poursuivre le développement de ces unités et d'assurer leur pérennité".

"L'amélioration du temps entre l'apparition des symptômes et l'accès à l'imagerie permettrait notamment d'augmenter le nombre de patients avec un AVC ischémique éligibles aux traitements de revascularisations endovasculaires", alors que moins de 8% ont bénéficié d'une thrombectomie en 2022 et seulement 10% d'une thrombolyse en 2021.

Le SNDS ne dispose plus d'une identification possible de la thrombolyse ou des temps d'admission à l'hôpital par rapport à l'apparition des symptômes qui permettrait d'estimer la proportion de patients éligibles aux traitements de revascularisation endovasculaire, font observer les auteurs.

Ils préconisent une diffusion "plus régulière" des messages publics sur la reconnaissance des symptômes de l'AVC et de l'urgence de contacter le 15 en cas de symptômes mais aussi de renforcer la prévention primaire et secondaire, notamment en améliorant le dépistage des cardiopathies emboligènes en population générale, en particulier en post-AVC, ainsi que l'observance thérapeutique des traitements médicamenteux.

Une très grande majorité des patients ne bénéficie pas d'une réadaptation spécialisée en unité de SMR, ce qui souligne également "l'importance d'augmenter les places dans ces structures, d'améliorer le maillage territorial et de réduire les inégalités d'accès qui persistent sur le territoire", ajoutent-ils.

Toutes ces évolutions "ne pourront se faire sans la mise à disposition de professionnels formés", concluent-ils.

(BEH, 4 mars, hors-série, p23-38)

ld/eh/APMnews

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SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 4 mars 2025 (APMnews) - Plus de 45% des patients victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC) en France en 2022 n'ont pas été pris en charge en unité neurovasculaire (UNV), selon un article publié mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France (SPF).

SPF consacre mardi un numéro spécial sur les maladies cardioneurovasculaires en France en 2022, qui reprend les données publiées dans Archives of Cardiovascular Diseases, revue de la Société française de cardiologie (SFC), fin 2024 (cf dépêche du 08/01/2025 à 09:43).

Dans l'article consacré aux AVC, il s'agit de faire le point sur leur épidémiologie, leur prise en charge et leur devenir, à partir système national des données de santé (SNDS), près de 10 ans après la fin du premier plan national 2010-2014.

En 2022, 122.422 adultes âgés de 73,2 ans ont été hospitalisés au moins une fois pour un AVC dont 78% pour un AVC ischémique. Le taux était de 255,8 cas pour 100.000 habitants chez les hommes et de 205,1 cas chez les femmes.

De fortes disparités départementales des taux de patients hospitalisés standardisés sur l'âge étaient observées, de 159,9 cas pour 100.000 en Haute-Corse à 241,7 cas pour 100.000 dans les Côtes-d'Armor et même 322,1 cas pour 100.000 à La Réunion et 386,9 cas pour 100.000 à Mayotte.

La première hospitalisation pour AVC était caractérisée par une durée moyenne de séjour de 12,5 jours (huit jours en médiane). L'admission en unité neurovasculaire (UNV) concernait 53,5% des patients (60,3% des AVC ischémiques et 30,1% des AVC hémorragiques), avec des écarts importants selon les départements, de 7,9% en Haute-Corse (voire 0,3% en Guyane et 5% à Mayotte), 17,5% dans la Nièvre jusqu'à 78,1% dans les Landes et 78,5% en Corse-du-Sud.

Une admission en unité de soins intensifs neurovasculaires (USINV) était retrouvée chez 46,8% des patients (53,1% pour les AVC ischémiques et 25,1% pour les AVC hémorragiques), avec de fortes variations également.

Seulement 7,2% des patients avec un AVC ischémique ont bénéficié d'une thrombectomie mécanique (7,6% des femmes et 6,8% des hommes). Cette stratégie thérapeutique est toutefois limitée aux AVC liés à l'occlusion d'un gros vaisseau et doit être administrée dans un délai de six heures après le début des symptômes, note-t-on.

Concernant l'hospitalisation, les données indiquent que l'admission en réanimation était plus fréquente pour les AVC hémorragiques (24,1%) que pour les AVC ischémiques (3,9%). Elle se soldait par un décès dans 10% des cas d'AVC ischémiques et 28,9% des cas d'AVC hémorragiques. L'admission directement dans un service de soins médicaux et réadaptation (SMR) après la phase aiguë concernait respectivement 22,7% et 20,8% des patients.

Santé publique France
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A six mois, le taux d'admission en SMR (soins médicaux et de réadaptation) était de respectivement 34,3% et 41,7%. Seulement 28,8% des patients hospitalisés pour un AVC ischémique et 28,1% parmi ceux non admis en SMR ainsi que 18,8% de ceux pris en charge pour un AVC hémorragiques (18,0% parmi ceux non admis en SMR) avaient eu une consultation chez un neurologue. Un tiers seulement des patients ayant eu un AVC ischémique et 29,3% de ceux avec un AVC hémorragique avaient bénéficié d'un kinésithérapeute.

La mortalité à six mois était de 17,5% pour les patients ayant eu un AVC ischémique et 35,2% pour ceux qui ont eu un AVC hémorragique.

Enfin, il apparaît que, parmi les patients toujours vivants un an après leur AVC, la proportion de ceux traités par anti-hypertenseurs a augmenté par rapport à l'année précédant l'AVC (74,5% vs 64,9% pour les AVC ischémiques, 62,5% vs 57,2% pour les AVC hémorragiques). La même tendance était observée pour les traitements hypolipémiants, antiplaquettaires et anticoagulants oraux pour les AVC ischémiques tandis que la part des patients traités par antiplaquettaires, anticoagulants oraux et anti-arythmiques diminuait sensiblement après un AVC hémorragique.

A partir de ces données, la prévalence de l'AVC en 2022 a été estimée à 2% (soit 1.086.795 cas) et atteignait 12% parmi les personnes âgées de plus de 85 ans. La mortalité par AVC a été estimée à 50,6 décès pour 100.000 habitants, avec un âge moyen au décès de 79 ans chez les hommes et de 85,5 ans chez les femmes.

Développer et assurer la pérennité des UNV

Ces chiffres indiquent que les cas prévalents et incidents d'AVC n'ont jamais été aussi élevés en France malgré une incidence parmi les moins élevées en Europe. Cette tendance va se poursuivre avec le vieillissement de la population. La prise en charge des patients de plus de 85 ans génère "de nombreuses problématiques telles que la prise en charge des comorbidités dont les troubles cognitifs pré-AVC, les complications au cours du séjour plus fréquentes, les difficultés du retour à domicile pour cette population et ses besoins spécifiques en soins de suite et admission long séjour", observent les auteurs.

En outre, malgré 140 UNV présentes sur le territoire français (cf dépêche du 14/11/2024 à 19:02), "40% des AVC ischémiques et 75% des AVC hémorragiques ne bénéficient toujours pas d'une prise en charge dans ces unités", ce qui "montre la nécessité de poursuivre le développement de ces unités et d'assurer leur pérennité".

"L'amélioration du temps entre l'apparition des symptômes et l'accès à l'imagerie permettrait notamment d'augmenter le nombre de patients avec un AVC ischémique éligibles aux traitements de revascularisations endovasculaires", alors que moins de 8% ont bénéficié d'une thrombectomie en 2022 et seulement 10% d'une thrombolyse en 2021.

Le SNDS ne dispose plus d'une identification possible de la thrombolyse ou des temps d'admission à l'hôpital par rapport à l'apparition des symptômes qui permettrait d'estimer la proportion de patients éligibles aux traitements de revascularisation endovasculaire, font observer les auteurs.

Ils préconisent une diffusion "plus régulière" des messages publics sur la reconnaissance des symptômes de l'AVC et de l'urgence de contacter le 15 en cas de symptômes mais aussi de renforcer la prévention primaire et secondaire, notamment en améliorant le dépistage des cardiopathies emboligènes en population générale, en particulier en post-AVC, ainsi que l'observance thérapeutique des traitements médicamenteux.

Une très grande majorité des patients ne bénéficie pas d'une réadaptation spécialisée en unité de SMR, ce qui souligne également "l'importance d'augmenter les places dans ces structures, d'améliorer le maillage territorial et de réduire les inégalités d'accès qui persistent sur le territoire", ajoutent-ils.

Toutes ces évolutions "ne pourront se faire sans la mise à disposition de professionnels formés", concluent-ils.

(BEH, 4 mars, hors-série, p23-38)

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