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10/11 2025
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PLUSIEURS PROJETS BASÉS SUR LA COLLECTE ET L'ANALYSE DES DONNÉES DE SANTÉ EN COURS À L'AP-HP

PARIS, 10 novembre 2025 (APMnews) - Plusieurs projets menés autour de la collecte et de l'analyse des données de santé à l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) ont été présentés lors de la première édition de la journée de la donnée de santé de l'AP-HP, organisée vendredi à Paris.

La Dr Christel Gérardin, médecin interniste et ingénieure, docteure en informatique médicale, et le Dr Cyril Charron, chef de service adjoint du service de médecine intensive réanimation à l'hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine) ont fait état de leurs travaux sur l'élaboration d'un chatbot, basé sur une intelligence artificielle (IA) conversationnelle, qui permettrait de synthétiser les informations notées dans les dossiers patient informatisés (DPI) afin d'en faciliter la lecture.

"On est partis d'un constat: le DPI Orbis* [comprend] un nombre de lignes et de comptes rendus qui augmentent exponentiellement pour les malades suivis, surtout ceux qui ont une maladie chronique. L'information est complètement diluée et elle n'est plus accessible aux collègues qui ne connaissent pas les patients et qui les voient arriver aux urgences", a développé le Dr Charron.

Pour y remédier, la Dr Christel Gérardin a proposé une solution d'intelligence artificielle, élaborée "entre cliniciens et data scientists", qui se compose de deux blocs: l'un chargé de récupérer les données et les lire, le "récupérateur" (RAG), et l'autre qui génère une synthèse et est capable de répondre à une question, tout en fléchant la source de l'information qu'il fournit. Elle espère que le modèle pourra être opérationnel l'an prochain.

Le Dr Thomas Botrel, interne en anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et ingénieur, a présenté le projet "Dose", lauréat de l'appel à projets générique de l'Agence nationale de la recherche (ANR) en 2024, dont il est l'un des coordinateurs. Ce projet vise à optimiser le parcours de soins en chirurgie non programmée.

L'équipe s'est basée sur 178.000 données récoltées au sein de l'entrepôt de données de santé (EDS) de l'AP-HP, relatives aux parcours des patients pour une chirurgie d'urgence. Le but est ensuite de déterminer des critères qui permettent de prioriser les patients "en termes de mortalité, de comorbidités, etc., pour l'accès au bloc opératoire d'urgence", a-t-il expliqué.

"On se base à la fois sur les disponibilités des ressources et sur l'impact, notamment du temps d'attente sur l'état du patient. Il peut y avoir plein d'autres éléments, qui vont créer des nœuds, c'est-à-dire des moments où l'on décide d'orienter vers le patient plutôt vers une unité de soins intensifs, ou une réanimation ou une salle d'hospitalisation", a-t-il poursuivi.

"A partir du moment où l'on a créé ces modèles de parcours de soins, on va pouvoir commencer à simuler, à travers des méthodes assez classiques en ingénierie -les algorithmes génétiques et les processus markoviens-, et à voir quel est l'impact de nos choix de priorisation. On s'intéresse principalement aux résultats de soins mais on regarde aussi quels sont les résultats médico-économiques", a-t-il conclu.

Le projet est actuellement financé depuis un an et l'objectif est "de finaliser l'accès aux données" puis d'opérer la simulation afin de parvenir à la création d'un jumeau numérique qui "tournerait en parallèle de l'organisation".

Utilisation des données dans des projets de recherche

Judith Leblanc, infirmière, coordinatrice de la recherche en soins à l'hôpital Saint-Antoine et maîtresse de conférences en sciences infirmières à Sorbonne Université, a présenté le projet "Nurse", retenu dans le cadre de l'appel à projets "Données de santé et ApplicaTions" (DAtAE), lancé par le ministère de la santé en octobre.

Ce projet s'intéresse à l'impact du ratio de patients par infirmier sur la mortalité des patients au sein des services d'urgence "en sachant qu'en France, il n'y a pas de ratio qui limite le nombre de patients qui vont être pris en charge dans les services d'urgence par les infirmiers", a-t-elle précisé.

"L'objectif [est] d'évaluer l'impact des ratios et de la variation des ratios sur la mortalité dans les services d'urgence de l'AP-HP, avec une évaluation à sept jours après la visite dans le service d'urgence. On a aussi pour objectif d'évaluer cette mortalité à un petit peu plus long terme, à 30 jours", a-t-elle expliqué.

Ce projet, en cours, doit s'appuyer sur les données de 15 services d'urgence de l'AP-HP et 2,5 millions de visites aux urgences. Concluant sur les défis que présente ce projet, elle a notamment mentionné le fait de "bien capter les temps de présence des infirmiers en récupérant et en analysant les logs infirmiers" et celui "d'avoir une modélisation qui permette de bien comprendre quel est l'impact du ratio patients-infirmiers au regard des autres facteurs qui peuvent impacter la mortalité dans les services d'urgence".

Trois autres projets ont été présentés:

  • l'un portant sur l'utilisation des données pour mieux renseigner et améliorer la qualité des soins, par la Dr Pénélope Troude, médecin de santé publique et épidémiologiste aux hôpitaux Fernand-Widal et Lariboisière
  • un autre consacré à la transformation des processus de codage avec l'IA, à partir des données des patients, du Dr Rémi Flicoteaux, médecin spécialisé en santé publique et médecine sociale, et de Clément Rallet, membre de la direction de la stratégie et de la transformation de l'AP-HP
  • un dernier relatif à la recherche médicale sur les trajectoires de soins des patients âgés atteints de cancer, en utilisant les données des EDS pour repérer et caractériser la fragilité des patients et les trajectoires de soins, présenté par le Pr Etienne Audureau, médecin de santé publique, épidémiologiste, biostatisticien et directeur de l'unité de recherche clinique de l'hôpital Henri-Mondor.

ah/nc/APMnews

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PARIS, 10 novembre 2025 (APMnews) - Plusieurs projets menés autour de la collecte et de l'analyse des données de santé à l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) ont été présentés lors de la première édition de la journée de la donnée de santé de l'AP-HP, organisée vendredi à Paris.

La Dr Christel Gérardin, médecin interniste et ingénieure, docteure en informatique médicale, et le Dr Cyril Charron, chef de service adjoint du service de médecine intensive réanimation à l'hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine) ont fait état de leurs travaux sur l'élaboration d'un chatbot, basé sur une intelligence artificielle (IA) conversationnelle, qui permettrait de synthétiser les informations notées dans les dossiers patient informatisés (DPI) afin d'en faciliter la lecture.

"On est partis d'un constat: le DPI Orbis* [comprend] un nombre de lignes et de comptes rendus qui augmentent exponentiellement pour les malades suivis, surtout ceux qui ont une maladie chronique. L'information est complètement diluée et elle n'est plus accessible aux collègues qui ne connaissent pas les patients et qui les voient arriver aux urgences", a développé le Dr Charron.

Pour y remédier, la Dr Christel Gérardin a proposé une solution d'intelligence artificielle, élaborée "entre cliniciens et data scientists", qui se compose de deux blocs: l'un chargé de récupérer les données et les lire, le "récupérateur" (RAG), et l'autre qui génère une synthèse et est capable de répondre à une question, tout en fléchant la source de l'information qu'il fournit. Elle espère que le modèle pourra être opérationnel l'an prochain.

Le Dr Thomas Botrel, interne en anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et ingénieur, a présenté le projet "Dose", lauréat de l'appel à projets générique de l'Agence nationale de la recherche (ANR) en 2024, dont il est l'un des coordinateurs. Ce projet vise à optimiser le parcours de soins en chirurgie non programmée.

L'équipe s'est basée sur 178.000 données récoltées au sein de l'entrepôt de données de santé (EDS) de l'AP-HP, relatives aux parcours des patients pour une chirurgie d'urgence. Le but est ensuite de déterminer des critères qui permettent de prioriser les patients "en termes de mortalité, de comorbidités, etc., pour l'accès au bloc opératoire d'urgence", a-t-il expliqué.

"On se base à la fois sur les disponibilités des ressources et sur l'impact, notamment du temps d'attente sur l'état du patient. Il peut y avoir plein d'autres éléments, qui vont créer des nœuds, c'est-à-dire des moments où l'on décide d'orienter vers le patient plutôt vers une unité de soins intensifs, ou une réanimation ou une salle d'hospitalisation", a-t-il poursuivi.

"A partir du moment où l'on a créé ces modèles de parcours de soins, on va pouvoir commencer à simuler, à travers des méthodes assez classiques en ingénierie -les algorithmes génétiques et les processus markoviens-, et à voir quel est l'impact de nos choix de priorisation. On s'intéresse principalement aux résultats de soins mais on regarde aussi quels sont les résultats médico-économiques", a-t-il conclu.

Le projet est actuellement financé depuis un an et l'objectif est "de finaliser l'accès aux données" puis d'opérer la simulation afin de parvenir à la création d'un jumeau numérique qui "tournerait en parallèle de l'organisation".

Utilisation des données dans des projets de recherche

Judith Leblanc, infirmière, coordinatrice de la recherche en soins à l'hôpital Saint-Antoine et maîtresse de conférences en sciences infirmières à Sorbonne Université, a présenté le projet "Nurse", retenu dans le cadre de l'appel à projets "Données de santé et ApplicaTions" (DAtAE), lancé par le ministère de la santé en octobre.

Ce projet s'intéresse à l'impact du ratio de patients par infirmier sur la mortalité des patients au sein des services d'urgence "en sachant qu'en France, il n'y a pas de ratio qui limite le nombre de patients qui vont être pris en charge dans les services d'urgence par les infirmiers", a-t-elle précisé.

"L'objectif [est] d'évaluer l'impact des ratios et de la variation des ratios sur la mortalité dans les services d'urgence de l'AP-HP, avec une évaluation à sept jours après la visite dans le service d'urgence. On a aussi pour objectif d'évaluer cette mortalité à un petit peu plus long terme, à 30 jours", a-t-elle expliqué.

Ce projet, en cours, doit s'appuyer sur les données de 15 services d'urgence de l'AP-HP et 2,5 millions de visites aux urgences. Concluant sur les défis que présente ce projet, elle a notamment mentionné le fait de "bien capter les temps de présence des infirmiers en récupérant et en analysant les logs infirmiers" et celui "d'avoir une modélisation qui permette de bien comprendre quel est l'impact du ratio patients-infirmiers au regard des autres facteurs qui peuvent impacter la mortalité dans les services d'urgence".

Trois autres projets ont été présentés:

  • l'un portant sur l'utilisation des données pour mieux renseigner et améliorer la qualité des soins, par la Dr Pénélope Troude, médecin de santé publique et épidémiologiste aux hôpitaux Fernand-Widal et Lariboisière
  • un autre consacré à la transformation des processus de codage avec l'IA, à partir des données des patients, du Dr Rémi Flicoteaux, médecin spécialisé en santé publique et médecine sociale, et de Clément Rallet, membre de la direction de la stratégie et de la transformation de l'AP-HP
  • un dernier relatif à la recherche médicale sur les trajectoires de soins des patients âgés atteints de cancer, en utilisant les données des EDS pour repérer et caractériser la fragilité des patients et les trajectoires de soins, présenté par le Pr Etienne Audureau, médecin de santé publique, épidémiologiste, biostatisticien et directeur de l'unité de recherche clinique de l'hôpital Henri-Mondor.

ah/nc/APMnews

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