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31/01 2024
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POLITIQUES DE SANTÉ: QUATRE ANCIENS MINISTRES S'EXPRIMENT SUR LE BESOIN DE CONTINUITÉ

PARIS, 31 janvier 2024 (APMnews) - Quatre anciens ministres, Roselyne Bachelot, François Braun, Agnès Buzyn et Claude Evin, ont souligné leur souhait d'une continuité dans les politiques publiques de santé et exprimé leurs réserves sur les annonces faites la veille par le premier ministre, mercredi lors d'une table ronde des Contrepoints de la santé.

Le système de santé "ne peut pas ne pas être en crise permanente", a commencé Claude Evin, qui a été ministre des affaires sociales et de la solidarité de mai 1988 à mai 1991, interrogé sur le contexte actuel. Même s'il existe aujourd'hui des enjeux particuliers, il y aura "toujours une opposition entre les demandes de soins et les capacités de pouvoir y apporter des réponses dans un système dont le financement est socialisé".

François Braun, Roselyne Bachelot, Agnès Buzyn et Claude Evin (Photo Maryannick LE BRIS)
François Braun, Roselyne Bachelot, Agnès Buzyn et Claude Evin (Photo Maryannick LE BRIS)

"Nous avions, il y a 30 ans, exactement cette situation de tension" entre la puissance publique et les professionnels, a-t-il par ailleurs témoigné, évoquant par exemple la convention médicale publiée en 1990. L'engagement territorial était "déjà une préoccupation" à cette époque.

Il "faut aussi se sortir de l'esprit que le système de santé ne s'est pas réformé, ne se réforme pas, il se réforme en permanence, sous la pression de la demande de soins" et "compte tenu de l'intervention de nouvelles thérapeutiques", a pointé l'avocat et ancien ministre.

Pour autant, "la question du cloisonnement entre les acteurs" est celle qui "nous empêche d'avancer suffisamment vite pour répondre aux besoins de la population".

"Je suis convaincu qu'il y a une continuité [des] réformes à mettre en œuvre", avec par exemple des réponses "pragmatiques dans les territoires", mais "ne considérons pas que demain on va pouvoir trouver la baguette magique", a-t-il affirmé.

Le drame "de la valse des ministres"

Roselyne Bachelot (mai 2007-mai 2012), qui n'a pas caché être restée sur sa faim après le discours de Gabriel Attal mardi à l'Assemblée nationale (cf dépêche du 30/01/2024 à 19:14), n'y trouvant "rien de nouveau" et des choses à "affiner", a fustigé "le drame incurable de la valse des ministres".

C'est-à-dire que "l'on fait des réformes et on est incapable de mettre quelqu'un qui va [les] continuer". Elle a ainsi rappelé avoir mis en place "les ARS [agences régionales de santé] en 2010" et avoir quitté le ministère chargé de la santé la même année (elle deviendra ensuite ministre des solidarités et de la cohésion sociale).

"Il faut arrêter de parler de crise", a aussi considéré Agnès Buzyn (mai 2017-mai 2020), qui a rejoint en 2022 la Cour des comptes. "Nous ne sommes pas en crise, nous sommes dans un système en transformation profonde, depuis des années".

"Nous avons tous fait des réformes, elles vont toutes dans le même sens, nous sommes tous d'accord", a déclaré Agnès Buzyn envers les trois autres ex-ministres. "De droite, de gauche, tous les ministres de la santé vont dans la même direction, on construit brique par brique des améliorations."

"Cela va commencer à s'améliorer, parce que nous avons fait des réformes structurantes pour aller vers plus de soins primaires, le nombre de professionnels de santé va réaugmenter à partir de cette année, le nombre de spécialistes augmente, [celui des] généralistes augmentera plutôt à partir des années 2030, on a créé les IPA [infirmiers de pratique avancée], les CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé] pour avoir une vision populationnelle des soins, il y a énormément de réformes pour redonner du temps médical", a-t-elle listé.

Agnès Buzyn a évoqué un "consensus" sur sa loi Santé de 2019, mais dont les effets ont été "percutés" par la crise du Covid. "Donc pendant trois ans, il ne s'est rien passé et on repart sur Ma Santé 2022", a-t-elle considéré.

Le problème des ministres de la santé est que ceux qui leur succèdent "ont envie d'effacer tout ce que vous avez fait avant et de créer leurs propres réformes", a-t-elle déclaré. "En réalité, il faut juste mettre en œuvre ce que nous construisons les uns après les autres pour améliorer le système."

"Il faut plus de soins primaires, moins d'hospitalo-centrisme, il faut plus de care, que la société se regarde dans sa façon dont elle consomme les soins, dans la façon dont elle accompagne le grand âge", a-t-elle énuméré. "Il ne faut pas imaginer qu'un ministre va avoir une solution miracle pour une transformation sur 40, 50 ans".

"Nous sommes en train de sortir du tunnel, les Français ne le voient pas encore, mais aux urgences, c'est quand même en train de s'améliorer grâce au SAS [service d'accès aux soins]" qui entraîne une "diminution de 10 à 15% du nombre de passages aux urgences", a fait valoir Agnès Buzyn.

"Cela ne s'était jamais vu depuis 20 ans", a renchéri François Braun (juillet 2022-juillet 2023), qui a aussi pointé que la réussite était liée à "l'investissement des libéraux dans les soins non programmés".

Quant à l'"obligation de garde" évoquée par Gabriel Attal dans les territoires non pourvus en SAS d'ici l'été, il a redit sa réticence au principe de coercition. "Dès lors que l'on oblige, cela ne se passe pas bien, il faut que l'on travaille ensemble".

Appelant de nouveau aux coopérations entre le public et le privé, l'ancien ministre a estimé qu'il "faut avoir un discours de vérité vis à vis de nos concitoyens". "Nous avons un système de santé qui fonctionne, nous soignons mieux aujourd'hui que nous soignions hier et avant-hier, ça va continuer. Mais peut-être qu'il faudra faire 10 kilomètres pour avoir un médecin et non plus l'avoir dans la rue à côté, il faut le reconnaître."

Interrogé sur une éventuelle volonté de faire table rase des réformes précédentes à son arrivée, François Braun a répondu par la négative, approuvant les affirmations de ses prédécesseurs sur une "transformation de notre système de santé" toujours en cours. Avec les réformes précédemment conduites, "on a retourné la terre, on a semé les uns et les autres, il faut attendre un petit peu que ça pousse pour pouvoir récolter".

"Je reste persuadé de deux choses", a expliqué le plus récent des ministres à la table. "La première, c'est que nous devons repenser et faire évoluer notre système de santé vers un système qui répond aux besoins de santé de la population", logique qui a conduit à la mise en place du Conseil national de la refondation en santé (CNR).

La deuxième est qu'il est "absurde que l'on rediscute tous les ans la politique de santé dans le cadre du PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale]". La santé "ne va pas se réformer en un an, il faut une temporalité plus longue", a-t-il plaidé. "Je ne vois pas pourquoi nous n'avons pas une loi de programmation de santé" pluriannuelle.

La pénurie de soignants: "la contrainte fondamentale de toutes les réformes"

Agnès Buzyn a particulièrement insisté sur les difficultés de démographie des professionnels de santé. "J'ai créé une délégation à la santé mentale, j'ai nommé un délégué, Frank Bellivier, remarquable, on a fait une stratégie, on a restructuré les filières de soins, les filières de diagnostic pour les enfants avec troubles du neurodéveloppement, mais à la fin, vous n'avez pas de pédopsychiatres", a-t-elle illustré. "La pénurie de soignants est quand même la contrainte fondamentale de toutes les réformes."

Elle est revenue sur la réforme des études de santé, "qui visait à diversifier les profils". Mais le problème est "que cela n'a pas été accompagné du côté de l'enseignement supérieur par des budgets". On a demandé aux universités de "former beaucoup plus de monde à budget constant".

"J'entends que l'on va aller chercher des médecins à l'étranger", a-t-elle fustigé, en référence là aussi aux annonces de Gabriel Attal, estimant ce point "très choquant". "On ferait mieux de mettre un peu d'argent dans les facultés de médecine pour augmenter le nombre de personnes formées".

S'agissant de l'anticipation du déficit de médecins, Claude Evin a fait part d'une pointe de regret: "Un numerus clausus assez limité en 1989-1990 [a été instauré] à la demande des syndicats médicaux", a-t-il rappelé. "J'étais sous la pression", "peut-être que j'aurais dû résister", a-t-il reconnu, soulignant néanmoins qu'à l'époque, "on n'avait pas d'observatoire de la démographie".

Sur le financement du système de santé, Agnès Buzyn a rappelé avoir spécifiquement "travaillé sur la pertinence des soins, avec assez peu de succès parce que c'est très compliqué à mettre en œuvre". Mais "je pense qu'avec les professionnels, on peut y arriver", a-t-elle ajouté.

François Braun, qui a rappelé travailler "actuellement sur les parcours" (il est aujourd'hui conseiller auprès de la direction du CHR de Metz-Thionville), a donné un exemple de réduction de dépenses possible. "Quand un spécialiste en libéral a besoin d'un examen complémentaire, cet examen est fait dans l'hôpital à 3 km", mais "il va plutôt envoyer [le patient] à son copain de promotion qui est à 100 km de là, en transport sanitaire remboursé", a-t-il condamné.

"Ce que l'on a tous mis en place progressivement, cette territorialisation, que ce soit par les ARS, que ce soit par les CNR, que ce soit par les CPTS, c'est ça l'intérêt", a-t-il insisté.

Appuyant Roselyne Bachelot dans sa critique, Agnès Buzyn a considéré que la loi NOTRe (de 2015, portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République) avait "totalement désorganisé l'action territoriale des ARS".

Sur la prévention, elle a dit souhaiter des politiques interministérielles "très volontaristes", estimant que la plupart des politiques de prévention sur les "indicateurs fondamentaux de santé échappent au ministre de la santé", citant le transport, le logement, ou encore l'alimentation.

mlb/san/APMnews

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PARIS, 31 janvier 2024 (APMnews) - Quatre anciens ministres, Roselyne Bachelot, François Braun, Agnès Buzyn et Claude Evin, ont souligné leur souhait d'une continuité dans les politiques publiques de santé et exprimé leurs réserves sur les annonces faites la veille par le premier ministre, mercredi lors d'une table ronde des Contrepoints de la santé.

Le système de santé "ne peut pas ne pas être en crise permanente", a commencé Claude Evin, qui a été ministre des affaires sociales et de la solidarité de mai 1988 à mai 1991, interrogé sur le contexte actuel. Même s'il existe aujourd'hui des enjeux particuliers, il y aura "toujours une opposition entre les demandes de soins et les capacités de pouvoir y apporter des réponses dans un système dont le financement est socialisé".

François Braun, Roselyne Bachelot, Agnès Buzyn et Claude Evin (Photo Maryannick LE BRIS)
François Braun, Roselyne Bachelot, Agnès Buzyn et Claude Evin (Photo Maryannick LE BRIS)

"Nous avions, il y a 30 ans, exactement cette situation de tension" entre la puissance publique et les professionnels, a-t-il par ailleurs témoigné, évoquant par exemple la convention médicale publiée en 1990. L'engagement territorial était "déjà une préoccupation" à cette époque.

Il "faut aussi se sortir de l'esprit que le système de santé ne s'est pas réformé, ne se réforme pas, il se réforme en permanence, sous la pression de la demande de soins" et "compte tenu de l'intervention de nouvelles thérapeutiques", a pointé l'avocat et ancien ministre.

Pour autant, "la question du cloisonnement entre les acteurs" est celle qui "nous empêche d'avancer suffisamment vite pour répondre aux besoins de la population".

"Je suis convaincu qu'il y a une continuité [des] réformes à mettre en œuvre", avec par exemple des réponses "pragmatiques dans les territoires", mais "ne considérons pas que demain on va pouvoir trouver la baguette magique", a-t-il affirmé.

Le drame "de la valse des ministres"

Roselyne Bachelot (mai 2007-mai 2012), qui n'a pas caché être restée sur sa faim après le discours de Gabriel Attal mardi à l'Assemblée nationale (cf dépêche du 30/01/2024 à 19:14), n'y trouvant "rien de nouveau" et des choses à "affiner", a fustigé "le drame incurable de la valse des ministres".

C'est-à-dire que "l'on fait des réformes et on est incapable de mettre quelqu'un qui va [les] continuer". Elle a ainsi rappelé avoir mis en place "les ARS [agences régionales de santé] en 2010" et avoir quitté le ministère chargé de la santé la même année (elle deviendra ensuite ministre des solidarités et de la cohésion sociale).

"Il faut arrêter de parler de crise", a aussi considéré Agnès Buzyn (mai 2017-mai 2020), qui a rejoint en 2022 la Cour des comptes. "Nous ne sommes pas en crise, nous sommes dans un système en transformation profonde, depuis des années".

"Nous avons tous fait des réformes, elles vont toutes dans le même sens, nous sommes tous d'accord", a déclaré Agnès Buzyn envers les trois autres ex-ministres. "De droite, de gauche, tous les ministres de la santé vont dans la même direction, on construit brique par brique des améliorations."

"Cela va commencer à s'améliorer, parce que nous avons fait des réformes structurantes pour aller vers plus de soins primaires, le nombre de professionnels de santé va réaugmenter à partir de cette année, le nombre de spécialistes augmente, [celui des] généralistes augmentera plutôt à partir des années 2030, on a créé les IPA [infirmiers de pratique avancée], les CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé] pour avoir une vision populationnelle des soins, il y a énormément de réformes pour redonner du temps médical", a-t-elle listé.

Agnès Buzyn a évoqué un "consensus" sur sa loi Santé de 2019, mais dont les effets ont été "percutés" par la crise du Covid. "Donc pendant trois ans, il ne s'est rien passé et on repart sur Ma Santé 2022", a-t-elle considéré.

Le problème des ministres de la santé est que ceux qui leur succèdent "ont envie d'effacer tout ce que vous avez fait avant et de créer leurs propres réformes", a-t-elle déclaré. "En réalité, il faut juste mettre en œuvre ce que nous construisons les uns après les autres pour améliorer le système."

"Il faut plus de soins primaires, moins d'hospitalo-centrisme, il faut plus de care, que la société se regarde dans sa façon dont elle consomme les soins, dans la façon dont elle accompagne le grand âge", a-t-elle énuméré. "Il ne faut pas imaginer qu'un ministre va avoir une solution miracle pour une transformation sur 40, 50 ans".

"Nous sommes en train de sortir du tunnel, les Français ne le voient pas encore, mais aux urgences, c'est quand même en train de s'améliorer grâce au SAS [service d'accès aux soins]" qui entraîne une "diminution de 10 à 15% du nombre de passages aux urgences", a fait valoir Agnès Buzyn.

"Cela ne s'était jamais vu depuis 20 ans", a renchéri François Braun (juillet 2022-juillet 2023), qui a aussi pointé que la réussite était liée à "l'investissement des libéraux dans les soins non programmés".

Quant à l'"obligation de garde" évoquée par Gabriel Attal dans les territoires non pourvus en SAS d'ici l'été, il a redit sa réticence au principe de coercition. "Dès lors que l'on oblige, cela ne se passe pas bien, il faut que l'on travaille ensemble".

Appelant de nouveau aux coopérations entre le public et le privé, l'ancien ministre a estimé qu'il "faut avoir un discours de vérité vis à vis de nos concitoyens". "Nous avons un système de santé qui fonctionne, nous soignons mieux aujourd'hui que nous soignions hier et avant-hier, ça va continuer. Mais peut-être qu'il faudra faire 10 kilomètres pour avoir un médecin et non plus l'avoir dans la rue à côté, il faut le reconnaître."

Interrogé sur une éventuelle volonté de faire table rase des réformes précédentes à son arrivée, François Braun a répondu par la négative, approuvant les affirmations de ses prédécesseurs sur une "transformation de notre système de santé" toujours en cours. Avec les réformes précédemment conduites, "on a retourné la terre, on a semé les uns et les autres, il faut attendre un petit peu que ça pousse pour pouvoir récolter".

"Je reste persuadé de deux choses", a expliqué le plus récent des ministres à la table. "La première, c'est que nous devons repenser et faire évoluer notre système de santé vers un système qui répond aux besoins de santé de la population", logique qui a conduit à la mise en place du Conseil national de la refondation en santé (CNR).

La deuxième est qu'il est "absurde que l'on rediscute tous les ans la politique de santé dans le cadre du PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale]". La santé "ne va pas se réformer en un an, il faut une temporalité plus longue", a-t-il plaidé. "Je ne vois pas pourquoi nous n'avons pas une loi de programmation de santé" pluriannuelle.

La pénurie de soignants: "la contrainte fondamentale de toutes les réformes"

Agnès Buzyn a particulièrement insisté sur les difficultés de démographie des professionnels de santé. "J'ai créé une délégation à la santé mentale, j'ai nommé un délégué, Frank Bellivier, remarquable, on a fait une stratégie, on a restructuré les filières de soins, les filières de diagnostic pour les enfants avec troubles du neurodéveloppement, mais à la fin, vous n'avez pas de pédopsychiatres", a-t-elle illustré. "La pénurie de soignants est quand même la contrainte fondamentale de toutes les réformes."

Elle est revenue sur la réforme des études de santé, "qui visait à diversifier les profils". Mais le problème est "que cela n'a pas été accompagné du côté de l'enseignement supérieur par des budgets". On a demandé aux universités de "former beaucoup plus de monde à budget constant".

"J'entends que l'on va aller chercher des médecins à l'étranger", a-t-elle fustigé, en référence là aussi aux annonces de Gabriel Attal, estimant ce point "très choquant". "On ferait mieux de mettre un peu d'argent dans les facultés de médecine pour augmenter le nombre de personnes formées".

S'agissant de l'anticipation du déficit de médecins, Claude Evin a fait part d'une pointe de regret: "Un numerus clausus assez limité en 1989-1990 [a été instauré] à la demande des syndicats médicaux", a-t-il rappelé. "J'étais sous la pression", "peut-être que j'aurais dû résister", a-t-il reconnu, soulignant néanmoins qu'à l'époque, "on n'avait pas d'observatoire de la démographie".

Sur le financement du système de santé, Agnès Buzyn a rappelé avoir spécifiquement "travaillé sur la pertinence des soins, avec assez peu de succès parce que c'est très compliqué à mettre en œuvre". Mais "je pense qu'avec les professionnels, on peut y arriver", a-t-elle ajouté.

François Braun, qui a rappelé travailler "actuellement sur les parcours" (il est aujourd'hui conseiller auprès de la direction du CHR de Metz-Thionville), a donné un exemple de réduction de dépenses possible. "Quand un spécialiste en libéral a besoin d'un examen complémentaire, cet examen est fait dans l'hôpital à 3 km", mais "il va plutôt envoyer [le patient] à son copain de promotion qui est à 100 km de là, en transport sanitaire remboursé", a-t-il condamné.

"Ce que l'on a tous mis en place progressivement, cette territorialisation, que ce soit par les ARS, que ce soit par les CNR, que ce soit par les CPTS, c'est ça l'intérêt", a-t-il insisté.

Appuyant Roselyne Bachelot dans sa critique, Agnès Buzyn a considéré que la loi NOTRe (de 2015, portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République) avait "totalement désorganisé l'action territoriale des ARS".

Sur la prévention, elle a dit souhaiter des politiques interministérielles "très volontaristes", estimant que la plupart des politiques de prévention sur les "indicateurs fondamentaux de santé échappent au ministre de la santé", citant le transport, le logement, ou encore l'alimentation.

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