Actualités de l'Urgence - APM

25/06 2025
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PRÈS DE 800 M€ DE SURCOÛT ANNUEL POUR LES PASSAGES ÉVITABLES AUX URGENCES (CNAM)

PARIS, 25 juin 2025 (APMnews) - Le surcoût global des passages aux urgences hospitalières qui pourraient être pris en charge en ville s'élèverait à près de 800 millions d'euros (M€) par an, selon les éléments rapportés par le projet de rapport sur les charges et produits de la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) pour 2026, publié mardi.

Dans ce document de 250 pages, qui doit être adopté par son conseil jeudi 3 juillet, la Cnam entend contribuer à hauteur de 3,9 milliards d'euros (Md€) au respect de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) en vue du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 (cf dépêche du 24/06/2025 à 18:31). Elle formule une soixantaine de propositions pour assurer l'équilibre de la branche à horizon 2030 (cf dépêche du 24/06/2025 à 19:23).

"En 2023, les urgences ont enregistré près de 20,9 millions de passages, concernant 13,6 millions de patients", expose le projet de rapport en se fondant sur des chiffres estimés à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).

"C'est près d'une personne sur cinq qui s'est rendue aux urgences dans l'année", constate la Cnam, avant de rappeler que ces chiffres s'inscrivent dans une dynamique de hausse continue des passages aux urgences, dont le volume annuel a doublé entre 1996 et 2019.

La grande majorité de ces passages (83%) se font dans des établissements publics; viennent ensuite les établissements privés à but lucratif (12%) et établissements privés d'intérêt collectif (Espic, 4%).

En 2023, le coût global des passages aux urgences estimé par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) s'élève à 5,6 Md€, "dont 3,2 Md€ versés aux établissements sous forme de dotation populationnelle en sus de la rémunération liée à l'activité (dotation vouée à couvrir les frais fixes des structures des structures des urgences et Smur au regard des besoins de la population du territoire)".

En rappelant que "le recours aux urgences pour des soins ne relevant pas du plateau technique ou de l'expertise médicale d'une structure d'urgence peut être le reflet d'une organisation non optimale des soins primaires", la Cnam souligne que "ce type de recours contribue à l'engorgement des structures de médecine d'urgence et pèse sur les dépenses de santé".

"Afin de renforcer la pertinence du recours aux services d'urgence et de recentrer l'activité de ces structures sur leur cœur de métier, la question de la transférabilité de certains passages vers une offre ambulatoire de médecine générale est un enjeu majeur", enchaîne-t-elle.

A l'échelle des établissements publics et privés non lucratifs (87% des passages), la Cnam fait état de "10,5 millions de passages aux urgences de 'moindre gravité'", soit des passages non suivis d'hospitalisation et sans suppléments liés à une classification clinique des malades aux urgences (CCMU, voir encadré) égale ou inférieure à 3, dont 43,5% [près de 4,57 millions de passages] n'avaient pas nécessité d'acte complémentaire en sus du passage (supplément biologie, imagerie ou avis spécialisé).

174 € de surcoût pour un passage évitable aux urgences

"Ces passages de moindre gravité sans examen complémentaire présentent alors un coût global de 215 € par passage, dont 50 € de forfaits liés à l'activité pris en charge à 100% par l'assurance maladie et 165 € liés à la dotation populationnelle", note la caisse nationale. "En comparaison, le coût moyen d'un PRPV [passage relevant potentiellement de la ville, voir encadré] rebasculé en ville (hors examens de biologie et d'imagerie) est estimé à 41."

En estimant ainsi à 174 € le surcoût pour l'assurance maladie d'un passage aux urgences pouvant être pris en charge en ville, les 4,57 millions de passages avec un score CCMU inférieur ou égal à 3 et n'ayant pas nécessité d'acte complémentaire en sus représenteraient ainsi un surcoût global de près de 800 M€ (795,18 M€).

"Au regard de ces constats, de la nécessité de désengorger les urgences et des économies potentielles que représentent ces PRPV, il est indispensable de réorienter ces patients vers des professionnels de santé de ville", en conclut la Cnam. Elle prône "un important travail de communication à l'égard des usagers pour faire connaître l'offre de soins non hospitalière" et rappelle "le triptyque" appel au médecin traitant, appel au régulateur des centres 15 et services d'accès aux soins (SAS) et accès aux médecins participant au SAS et à la PDSA.

Le projet de rapport note cependant que plusieurs mesures ont déjà été engagées pour "permettre aux médecins traitants d'accueillir plus de patients et notamment pouvoir prendre en charge [la] patientèle urgente dans les 48 heures", avec le déploiement des assistants médicaux ou l'augmentation, dans la convention médicale de 2024, de la majoration quand le médecin ferme son cabinet plus tard pour prendre des patients urgents (cf dépêche du 04/06/2024 à 18:24).

"Dans le même sens, les négociations en cours avec les maisons de santé pluridisciplinaires ont vocation à les accompagner et inciter à s'organiser pour accueillir des patients non programmés de leur patientèle ou de leur territoire dans un délai court", ajoute la Cnam.

Des usagers "fréquents" représentant plus d'un quart des passages

En amont, la Cnam propose une analyse de l'activité des urgences en 2023 en fonction du profil des usagers et la fréquence de leur venue: 71% des usagers des urgences s'y sont rendus une seule fois dans l'année tandis que 10,6% d'usagers "fréquents" (trois passages ou plus dans l'année) représentent 28,3% des passages.

"On trouve davantage de recours fréquents dans les populations les plus vulnérables, notamment aux âges extrêmes de la vie (moins de 2 ans et plus de 75 ans)", note la caisse nationale.

En se référant aux constats du rapport "charges et produits" pour 2024 sur les recours fréquents, elle rappelle que ces derniers concernent "davantage les personnes en situation de précarité (bénéficiaires de la C2S ou résidant dans les communes les plus défavorisées), les patients sans médecin traitant […], certaines catégories démographiques comme les femmes de 15 à 34 ans, et les personnes atteintes de certaines pathologies, avec un gradient selon la fréquence de recours pour toutes ces caractéristiques".

Elle observe "notamment une surreprésentation des patients présentant des maladies psychiatriques, des maladies cardio-vasculaires et des affections respiratoires chroniques parmi les usagers fréquents des urgences."

L'épineuse qualification de la gravité des patients aux urgences

La classification clinique des malades aux urgences (CCMU) est une codification de l'activité des services d'urgences permettant d'objectiver l'état des patients lors de leur prise en charge (gravité clinique et pronostic médical):
  • CCMU 1: "état lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés stables; abstention d'acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique à réaliser par le Smur ou un service d'urgences"
  • CCMU 2: "état lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés stables; décision d'acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique à réaliser par le Smur ou un service d'urgences"
  • CCMU 3: "état lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés susceptibles de s'aggraver aux urgences ou durant l'intervention Smur, sans mise en jeu du pronostic vital"
  • CCMU 4: "situation pathologique engageant le pronostic vital; prise en charge ne comportant pas de manœuvres de réanimation immédiate"
  • CCMU 5: "situation pathologique engageant le pronostic vital; prise en charge comportant la pratique immédiate de manœuvres de réanimation".

    Depuis 2016, la CCMU a été introduite par la convention médicale dans la rémunération des urgentistes libéraux des structures des urgences des établissements privés avant d'être prise en compte dans le financement de l'ensemble des structures d'urgence: les passages CCMU ≥ 3 entraînent le déclenchement d'un supplément, tout comme certains passages CCMU 2 nécessitant la réalisation d'un acte rarement ou non réalisable en cabinet de ville.

    "Ce dernier supplément ne s'applique qu'à une liste d'actes fixée par arrêté et ne concerne qu'une minorité des passages CCMU2", rappelle la Cnam (cf dépêche du 04/04/2023 à 14:13).

    "En 2023, les passages aux urgences classés CCMU 1 et 2 représentent les trois quarts des passages (76%)", note la Cnam dans son projet de rapport, en ajoutant que "cette proportion varie selon les âges, de 89% pour les 2 à 15 ans à 56% des passages pour les 75 ans et plus".

    Néanmoins, chez les 75 ans et plus, les CCMU 1 ne représentent que 7% contre 17% tous âges confondus, tandis que cette population présente deux fois plus de CCMU 4 et 5 (4% contre 2% globalement).

    "La CCMU n'a pas été développée dans une finalité d'estimation de la transférabilité des passages", fait remarquer la Cnam. "Lorsqu'une exploitation dans ce sens est envisagée, les passages 'transférables' en ville sont parfois définis par les CCMU 1 et une partie des CCMU 2."

    La caisse reconnaît que "la part des CCMU 2 transférables en ville n'est pas qualifiable, ce qui fait de l'exploitation de cette classification une limite majeure", en faisant également état "d'autres limites à l'exploitation de la CCMU" telles que des "pratiques de codage hétérogènes entre les services d'urgence, un taux d'exploitabilité incomplet pour cette variable et l'adaptation des pratiques de codage depuis l'intégration de la CCMU dans le financement".

    "En outre, environ un tiers des hospitalisations depuis les structures des urgences sont codées CCMU 1 ou 2", ajoute la Cnam.

    Pour estimer la part de l'activité des services d'urgence pouvant être prise en charge par la médecine de ville, l'assurance maladie mentionne les "passages aux urgences relevant potentiellement de la ville" (PRPV), un indicateur élaboré par l'observatoire régional de la santé (ORS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca).

    Les travaux de l'ORS Paca font apparaître que ces PRPV représentaient 41% des passages aux urgences en 2023, avec plusieurs nuances:

  • des disparités territoriales, une analyse territoriale ne permettant pas d'établir de corrélation entre, d'une part, la densité médicale et l'accessibilité potentielle localisée (APL) au médecin généraliste, et d'autre part le taux de PRPV sur les territoires (cf dépêche du 24/03/2025 à 11:34)
  • un taux de PRPV plus élevé (43,5%) aux horaires de permanence des soins ambulatoires (PDSA) que lorsque les cabinets médicaux sont ouverts (38,8%)
  • une surreprésentation pédiatrique (35% de moins de 18 ans parmi les PRPV contre 25% dans l'ensemble des passages), et une faible part de personnes âgés (5% des PRPV concernent les plus de 75 ans contre 14% de l'ensemble des passages).

    Lors de la journée nationale de la Fédération des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) en mars, le sous-directeur de l'accès aux soins et du premier recours à la direction générale de l'offre de soins (DGOS), Mickaël Benzaqui, avait ainsi estimé que les PRPV comme la CCMU présentaient tous deux des limites "pour déterminer la part des passages qui relèvent bien de la médecine d'urgence" (cf dépêche du 20/03/2025 à 14:00)

Rapport "charges et produits" de l'assurance maladie pour 2026

gl/nc/APMnews

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PRÈS DE 800 M€ DE SURCOÛT ANNUEL POUR LES PASSAGES ÉVITABLES AUX URGENCES (CNAM)

PARIS, 25 juin 2025 (APMnews) - Le surcoût global des passages aux urgences hospitalières qui pourraient être pris en charge en ville s'élèverait à près de 800 millions d'euros (M€) par an, selon les éléments rapportés par le projet de rapport sur les charges et produits de la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) pour 2026, publié mardi.

Dans ce document de 250 pages, qui doit être adopté par son conseil jeudi 3 juillet, la Cnam entend contribuer à hauteur de 3,9 milliards d'euros (Md€) au respect de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) en vue du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 (cf dépêche du 24/06/2025 à 18:31). Elle formule une soixantaine de propositions pour assurer l'équilibre de la branche à horizon 2030 (cf dépêche du 24/06/2025 à 19:23).

"En 2023, les urgences ont enregistré près de 20,9 millions de passages, concernant 13,6 millions de patients", expose le projet de rapport en se fondant sur des chiffres estimés à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).

"C'est près d'une personne sur cinq qui s'est rendue aux urgences dans l'année", constate la Cnam, avant de rappeler que ces chiffres s'inscrivent dans une dynamique de hausse continue des passages aux urgences, dont le volume annuel a doublé entre 1996 et 2019.

La grande majorité de ces passages (83%) se font dans des établissements publics; viennent ensuite les établissements privés à but lucratif (12%) et établissements privés d'intérêt collectif (Espic, 4%).

En 2023, le coût global des passages aux urgences estimé par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) s'élève à 5,6 Md€, "dont 3,2 Md€ versés aux établissements sous forme de dotation populationnelle en sus de la rémunération liée à l'activité (dotation vouée à couvrir les frais fixes des structures des structures des urgences et Smur au regard des besoins de la population du territoire)".

En rappelant que "le recours aux urgences pour des soins ne relevant pas du plateau technique ou de l'expertise médicale d'une structure d'urgence peut être le reflet d'une organisation non optimale des soins primaires", la Cnam souligne que "ce type de recours contribue à l'engorgement des structures de médecine d'urgence et pèse sur les dépenses de santé".

"Afin de renforcer la pertinence du recours aux services d'urgence et de recentrer l'activité de ces structures sur leur cœur de métier, la question de la transférabilité de certains passages vers une offre ambulatoire de médecine générale est un enjeu majeur", enchaîne-t-elle.

A l'échelle des établissements publics et privés non lucratifs (87% des passages), la Cnam fait état de "10,5 millions de passages aux urgences de 'moindre gravité'", soit des passages non suivis d'hospitalisation et sans suppléments liés à une classification clinique des malades aux urgences (CCMU, voir encadré) égale ou inférieure à 3, dont 43,5% [près de 4,57 millions de passages] n'avaient pas nécessité d'acte complémentaire en sus du passage (supplément biologie, imagerie ou avis spécialisé).

174 € de surcoût pour un passage évitable aux urgences

"Ces passages de moindre gravité sans examen complémentaire présentent alors un coût global de 215 € par passage, dont 50 € de forfaits liés à l'activité pris en charge à 100% par l'assurance maladie et 165 € liés à la dotation populationnelle", note la caisse nationale. "En comparaison, le coût moyen d'un PRPV [passage relevant potentiellement de la ville, voir encadré] rebasculé en ville (hors examens de biologie et d'imagerie) est estimé à 41."

En estimant ainsi à 174 € le surcoût pour l'assurance maladie d'un passage aux urgences pouvant être pris en charge en ville, les 4,57 millions de passages avec un score CCMU inférieur ou égal à 3 et n'ayant pas nécessité d'acte complémentaire en sus représenteraient ainsi un surcoût global de près de 800 M€ (795,18 M€).

"Au regard de ces constats, de la nécessité de désengorger les urgences et des économies potentielles que représentent ces PRPV, il est indispensable de réorienter ces patients vers des professionnels de santé de ville", en conclut la Cnam. Elle prône "un important travail de communication à l'égard des usagers pour faire connaître l'offre de soins non hospitalière" et rappelle "le triptyque" appel au médecin traitant, appel au régulateur des centres 15 et services d'accès aux soins (SAS) et accès aux médecins participant au SAS et à la PDSA.

Le projet de rapport note cependant que plusieurs mesures ont déjà été engagées pour "permettre aux médecins traitants d'accueillir plus de patients et notamment pouvoir prendre en charge [la] patientèle urgente dans les 48 heures", avec le déploiement des assistants médicaux ou l'augmentation, dans la convention médicale de 2024, de la majoration quand le médecin ferme son cabinet plus tard pour prendre des patients urgents (cf dépêche du 04/06/2024 à 18:24).

"Dans le même sens, les négociations en cours avec les maisons de santé pluridisciplinaires ont vocation à les accompagner et inciter à s'organiser pour accueillir des patients non programmés de leur patientèle ou de leur territoire dans un délai court", ajoute la Cnam.

Des usagers "fréquents" représentant plus d'un quart des passages

En amont, la Cnam propose une analyse de l'activité des urgences en 2023 en fonction du profil des usagers et la fréquence de leur venue: 71% des usagers des urgences s'y sont rendus une seule fois dans l'année tandis que 10,6% d'usagers "fréquents" (trois passages ou plus dans l'année) représentent 28,3% des passages.

"On trouve davantage de recours fréquents dans les populations les plus vulnérables, notamment aux âges extrêmes de la vie (moins de 2 ans et plus de 75 ans)", note la caisse nationale.

En se référant aux constats du rapport "charges et produits" pour 2024 sur les recours fréquents, elle rappelle que ces derniers concernent "davantage les personnes en situation de précarité (bénéficiaires de la C2S ou résidant dans les communes les plus défavorisées), les patients sans médecin traitant […], certaines catégories démographiques comme les femmes de 15 à 34 ans, et les personnes atteintes de certaines pathologies, avec un gradient selon la fréquence de recours pour toutes ces caractéristiques".

Elle observe "notamment une surreprésentation des patients présentant des maladies psychiatriques, des maladies cardio-vasculaires et des affections respiratoires chroniques parmi les usagers fréquents des urgences."

L'épineuse qualification de la gravité des patients aux urgences

La classification clinique des malades aux urgences (CCMU) est une codification de l'activité des services d'urgences permettant d'objectiver l'état des patients lors de leur prise en charge (gravité clinique et pronostic médical):
  • CCMU 1: "état lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés stables; abstention d'acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique à réaliser par le Smur ou un service d'urgences"
  • CCMU 2: "état lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés stables; décision d'acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique à réaliser par le Smur ou un service d'urgences"
  • CCMU 3: "état lésionnel et/ou pronostic fonctionnel jugés susceptibles de s'aggraver aux urgences ou durant l'intervention Smur, sans mise en jeu du pronostic vital"
  • CCMU 4: "situation pathologique engageant le pronostic vital; prise en charge ne comportant pas de manœuvres de réanimation immédiate"
  • CCMU 5: "situation pathologique engageant le pronostic vital; prise en charge comportant la pratique immédiate de manœuvres de réanimation".

    Depuis 2016, la CCMU a été introduite par la convention médicale dans la rémunération des urgentistes libéraux des structures des urgences des établissements privés avant d'être prise en compte dans le financement de l'ensemble des structures d'urgence: les passages CCMU ≥ 3 entraînent le déclenchement d'un supplément, tout comme certains passages CCMU 2 nécessitant la réalisation d'un acte rarement ou non réalisable en cabinet de ville.

    "Ce dernier supplément ne s'applique qu'à une liste d'actes fixée par arrêté et ne concerne qu'une minorité des passages CCMU2", rappelle la Cnam (cf dépêche du 04/04/2023 à 14:13).

    "En 2023, les passages aux urgences classés CCMU 1 et 2 représentent les trois quarts des passages (76%)", note la Cnam dans son projet de rapport, en ajoutant que "cette proportion varie selon les âges, de 89% pour les 2 à 15 ans à 56% des passages pour les 75 ans et plus".

    Néanmoins, chez les 75 ans et plus, les CCMU 1 ne représentent que 7% contre 17% tous âges confondus, tandis que cette population présente deux fois plus de CCMU 4 et 5 (4% contre 2% globalement).

    "La CCMU n'a pas été développée dans une finalité d'estimation de la transférabilité des passages", fait remarquer la Cnam. "Lorsqu'une exploitation dans ce sens est envisagée, les passages 'transférables' en ville sont parfois définis par les CCMU 1 et une partie des CCMU 2."

    La caisse reconnaît que "la part des CCMU 2 transférables en ville n'est pas qualifiable, ce qui fait de l'exploitation de cette classification une limite majeure", en faisant également état "d'autres limites à l'exploitation de la CCMU" telles que des "pratiques de codage hétérogènes entre les services d'urgence, un taux d'exploitabilité incomplet pour cette variable et l'adaptation des pratiques de codage depuis l'intégration de la CCMU dans le financement".

    "En outre, environ un tiers des hospitalisations depuis les structures des urgences sont codées CCMU 1 ou 2", ajoute la Cnam.

    Pour estimer la part de l'activité des services d'urgence pouvant être prise en charge par la médecine de ville, l'assurance maladie mentionne les "passages aux urgences relevant potentiellement de la ville" (PRPV), un indicateur élaboré par l'observatoire régional de la santé (ORS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca).

    Les travaux de l'ORS Paca font apparaître que ces PRPV représentaient 41% des passages aux urgences en 2023, avec plusieurs nuances:

  • des disparités territoriales, une analyse territoriale ne permettant pas d'établir de corrélation entre, d'une part, la densité médicale et l'accessibilité potentielle localisée (APL) au médecin généraliste, et d'autre part le taux de PRPV sur les territoires (cf dépêche du 24/03/2025 à 11:34)
  • un taux de PRPV plus élevé (43,5%) aux horaires de permanence des soins ambulatoires (PDSA) que lorsque les cabinets médicaux sont ouverts (38,8%)
  • une surreprésentation pédiatrique (35% de moins de 18 ans parmi les PRPV contre 25% dans l'ensemble des passages), et une faible part de personnes âgés (5% des PRPV concernent les plus de 75 ans contre 14% de l'ensemble des passages).

    Lors de la journée nationale de la Fédération des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) en mars, le sous-directeur de l'accès aux soins et du premier recours à la direction générale de l'offre de soins (DGOS), Mickaël Benzaqui, avait ainsi estimé que les PRPV comme la CCMU présentaient tous deux des limites "pour déterminer la part des passages qui relèvent bien de la médecine d'urgence" (cf dépêche du 20/03/2025 à 14:00)

Rapport "charges et produits" de l'assurance maladie pour 2026

gl/nc/APMnews

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