Actualités de l'Urgence - APM

11/07 2025
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PRÉVENIR, RÉTABLIR, RESPECTER LES DROITS EN PSYCHIATRIE… LES MANTRAS DE L'UNAFAM

LEVALLOIS-PERRET (Hauts-de-Seine), 11 juillet 2025 (APMnews) - "Agir précocement", "promouvoir le rétablissement pour tous" et "rendre effectifs les droits" des patients et des proches sont les lignes directrices défendues par l'Union nationale des amis et familles de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) dans sa "note de positionnement" diffusée jeudi.

"L'Unafam ne peut que noter les difficultés d'accéder aux soins, les traitements aléatoires avec de grandes disparités selon le praticien consulté, la perte d'espérance de vie sans aucune amélioration depuis 20 ans, les établissements souvent vétustes, partout désertés par les soignants, une recherche sous-dotée… Autant d'obstacles qui, en plus de la stigmatisation, pénalisent le parcours de soins des personnes vivant avec des troubles psychiques ainsi que le parcours de leurs proches", relève l'association dans l'avant-propos de son plaidoyer (15 pages).

Néanmoins, "de réelles avancées existent: le repérage des troubles et les interventions précoces se développent, les équipes mobiles pratiquant le 'aller vers' sont de plus en plus nombreuses, la réhabilitation psycho-sociale se diffuse…", écrit-elle.

Mais, comme la présidente de l'Unafam, Emmanuelle Rémond, l'avait relevé lors d'un entretien avec APMnews (cf dépêche du 03/06/2025 à 17:40) dans le cadre de la série sur le secteur en psychiatrie, "la qualité des soins est extrêmement hétérogène: de rares services 'pépites' coexistent avec des endroits d'où tout espoir est absent".

Au-delà de la grande cause santé mentale qu'elle appelait de ses vœux, elle demande "un plan interministériel impliquant la santé, le handicap, l'enseignement supérieur et la recherche, l'éducation nationale, la ville, le logement et le travail".

Ce plan "se traduirait concrètement par des campagnes d'information et de déstigmatisation, le déploiement de dépistages précoces, un dispositif d'annonce élaboré, des soins de qualité partout sur le territoire et dans le respect des droits des personnes, une réorganisation de l'offre de soins, un accompagnement soutenu et approfondi de l'usager lors de son programme de rétablissement incluant le logement et le travail, un développement de la recherche", synthétise-t-elle.

Elle fait donc 48 propositions "pour une refondation de la psychiatrie française".

Développer le repérage précoce

"Aujourd'hui encore, les maladies psychiques restent mal diagnostiquées et mal soignées", se désole l'Unafam, relevant l'errance diagnostique de nombreux patients.

Pour développer le repérage précoce, l'association réclame "une formation en psychiatrie à la hauteur de l'enjeu, initiale et continue, pour tous les médecins et renforcée pour les médecins généralistes et les pédiatres", de même qu'"une formation des personnels de l'enseignement".

Outre "des campagnes grand public pour informer et déstigmatiser", elle demande notamment "le développement de soins collaboratifs avec une pluridisciplinarité des intervenants", "une organisation sanitaire qui veille à la couverture d'un accès au diagnostic précoce sur l'ensemble du territoire avec des centres spécialisés 'psychose émergente' et des équipes mobiles", une organisation des centres médico-psychologiques (CMP) "pour réduire le délai d'attente du premier rendez-vous, en particulier en pédopsychiatrie".

Afin d'améliorer l'annonce du diagnostic, elle souhaite tout bonnement que la recommandation de bonnes pratiques de la Haute autorité de santé (HAS) sur le "processus d'annonce d'un diagnostic psychiatrique sévère à un patient adulte" (cf dépêche du 07/10/2022 à 16:38) soit appliquée, mais aussi que "l'ensemble des soignants" soit formé à la démarche de rétablissement et participe à lutter contre la stigmatisation, que "la pair-aidance usagers", ainsi que l'accompagnement et la formation des aidants, notamment via le programme Bref (cf dépêche du 24/05/2023 à 15:48), soient développés.

Elle veut aussi "rendre systématique l'adressage vers des associations de patients et de familles".

"Améliorer la qualité des soins"

"Un rétablissement est possible pour chaque personne vivant avec des troubles psychiques", affirme l'Unafam, réclamant "la mise en place d'une psychiatrie se concentrant sur le rétablissement des personnes malades et leur (ré)intégration dans la société".

Vingt-huit propositions concernent la "qualité des soins" dans cette optique.

De manière globale, l'association veut "une prise en charge des troubles psychiques selon les connaissances scientifiques internationales avec l'élaboration, le suivi et l'évaluation de recommandations de bonnes pratiques comme il en existe dans la plupart des pays occidentaux".

Au-delà, il faut "réorganiser l'offre de soins avec un accès rapide à la première consultation spécialisée, des équipes de soins à domicile, une offre structurée de réhabilitation psycho-sociale" et "sortir de l'hospitalo-centrisme, séquelle de l'asile, pour une psychiatrie communautaire".

Il convient notamment aussi de "développer des offres intersectorielles quand le secteur n'est pas l'échelle adaptée (réhabilitation psycho-sociale, équipes de soins intensifs à domicile…)" et de "faciliter l'accès à un autre secteur quand le secteur n'apporte pas l'offre de soin adaptée ou ne convient pas à l'usager". Et pour cela, "respecter la loi qui est aujourd'hui très rarement respectée"…

De nombreuses préconisations tournent autour de la réhabilitation psycho-sociale, à toutes les étapes du parcours du patient.

L'Unafam réclame aussi "l'accès aux centres de niveau 3 pour les pathologies complexes", le renforcement des "coordinations de parcours dans les situations de rupture" en y associant l'entourage, ou encore l'amélioration des soins somatiques.

L'accueil de la crise et les urgences font également l'objet de recommandations. Dans ce cadre, les CMP, "pour rester le pivot des soins y compris dans les situations de crise, nécessiteraient pour certains une réorganisation offrant des accueils non programmés et des horaires plus adaptés". De plus, les "équipes de soins intensifs en ambulatoire à domicile ou équipes mobiles de crise, réalisant une prise en charge au domicile, d'abord intensive puis progressivement décroissante, sont à généraliser".

"Maltraitance, attention"

"Les personnes concernées et les familles se heurtent en permanence à la difficulté de faire respecter leurs droits", regrette l'Unafam.

Pour rappel, l'association a récemment publié un manifeste pour abolir la contention en psychiatrie (cf dépêche du 11/06/2025 à 15:18).

Avec cinq propositions, l'association appelle au respect des droits des patients et de leur entourage, et alerte sur la maltraitance pouvant potentiellement être engendrée par les soins sans consentement.

La note de position de l'Unafam

vl/nc/APMnews

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LEVALLOIS-PERRET (Hauts-de-Seine), 11 juillet 2025 (APMnews) - "Agir précocement", "promouvoir le rétablissement pour tous" et "rendre effectifs les droits" des patients et des proches sont les lignes directrices défendues par l'Union nationale des amis et familles de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) dans sa "note de positionnement" diffusée jeudi.

"L'Unafam ne peut que noter les difficultés d'accéder aux soins, les traitements aléatoires avec de grandes disparités selon le praticien consulté, la perte d'espérance de vie sans aucune amélioration depuis 20 ans, les établissements souvent vétustes, partout désertés par les soignants, une recherche sous-dotée… Autant d'obstacles qui, en plus de la stigmatisation, pénalisent le parcours de soins des personnes vivant avec des troubles psychiques ainsi que le parcours de leurs proches", relève l'association dans l'avant-propos de son plaidoyer (15 pages).

Néanmoins, "de réelles avancées existent: le repérage des troubles et les interventions précoces se développent, les équipes mobiles pratiquant le 'aller vers' sont de plus en plus nombreuses, la réhabilitation psycho-sociale se diffuse…", écrit-elle.

Mais, comme la présidente de l'Unafam, Emmanuelle Rémond, l'avait relevé lors d'un entretien avec APMnews (cf dépêche du 03/06/2025 à 17:40) dans le cadre de la série sur le secteur en psychiatrie, "la qualité des soins est extrêmement hétérogène: de rares services 'pépites' coexistent avec des endroits d'où tout espoir est absent".

Au-delà de la grande cause santé mentale qu'elle appelait de ses vœux, elle demande "un plan interministériel impliquant la santé, le handicap, l'enseignement supérieur et la recherche, l'éducation nationale, la ville, le logement et le travail".

Ce plan "se traduirait concrètement par des campagnes d'information et de déstigmatisation, le déploiement de dépistages précoces, un dispositif d'annonce élaboré, des soins de qualité partout sur le territoire et dans le respect des droits des personnes, une réorganisation de l'offre de soins, un accompagnement soutenu et approfondi de l'usager lors de son programme de rétablissement incluant le logement et le travail, un développement de la recherche", synthétise-t-elle.

Elle fait donc 48 propositions "pour une refondation de la psychiatrie française".

Développer le repérage précoce

"Aujourd'hui encore, les maladies psychiques restent mal diagnostiquées et mal soignées", se désole l'Unafam, relevant l'errance diagnostique de nombreux patients.

Pour développer le repérage précoce, l'association réclame "une formation en psychiatrie à la hauteur de l'enjeu, initiale et continue, pour tous les médecins et renforcée pour les médecins généralistes et les pédiatres", de même qu'"une formation des personnels de l'enseignement".

Outre "des campagnes grand public pour informer et déstigmatiser", elle demande notamment "le développement de soins collaboratifs avec une pluridisciplinarité des intervenants", "une organisation sanitaire qui veille à la couverture d'un accès au diagnostic précoce sur l'ensemble du territoire avec des centres spécialisés 'psychose émergente' et des équipes mobiles", une organisation des centres médico-psychologiques (CMP) "pour réduire le délai d'attente du premier rendez-vous, en particulier en pédopsychiatrie".

Afin d'améliorer l'annonce du diagnostic, elle souhaite tout bonnement que la recommandation de bonnes pratiques de la Haute autorité de santé (HAS) sur le "processus d'annonce d'un diagnostic psychiatrique sévère à un patient adulte" (cf dépêche du 07/10/2022 à 16:38) soit appliquée, mais aussi que "l'ensemble des soignants" soit formé à la démarche de rétablissement et participe à lutter contre la stigmatisation, que "la pair-aidance usagers", ainsi que l'accompagnement et la formation des aidants, notamment via le programme Bref (cf dépêche du 24/05/2023 à 15:48), soient développés.

Elle veut aussi "rendre systématique l'adressage vers des associations de patients et de familles".

"Améliorer la qualité des soins"

"Un rétablissement est possible pour chaque personne vivant avec des troubles psychiques", affirme l'Unafam, réclamant "la mise en place d'une psychiatrie se concentrant sur le rétablissement des personnes malades et leur (ré)intégration dans la société".

Vingt-huit propositions concernent la "qualité des soins" dans cette optique.

De manière globale, l'association veut "une prise en charge des troubles psychiques selon les connaissances scientifiques internationales avec l'élaboration, le suivi et l'évaluation de recommandations de bonnes pratiques comme il en existe dans la plupart des pays occidentaux".

Au-delà, il faut "réorganiser l'offre de soins avec un accès rapide à la première consultation spécialisée, des équipes de soins à domicile, une offre structurée de réhabilitation psycho-sociale" et "sortir de l'hospitalo-centrisme, séquelle de l'asile, pour une psychiatrie communautaire".

Il convient notamment aussi de "développer des offres intersectorielles quand le secteur n'est pas l'échelle adaptée (réhabilitation psycho-sociale, équipes de soins intensifs à domicile…)" et de "faciliter l'accès à un autre secteur quand le secteur n'apporte pas l'offre de soin adaptée ou ne convient pas à l'usager". Et pour cela, "respecter la loi qui est aujourd'hui très rarement respectée"…

De nombreuses préconisations tournent autour de la réhabilitation psycho-sociale, à toutes les étapes du parcours du patient.

L'Unafam réclame aussi "l'accès aux centres de niveau 3 pour les pathologies complexes", le renforcement des "coordinations de parcours dans les situations de rupture" en y associant l'entourage, ou encore l'amélioration des soins somatiques.

L'accueil de la crise et les urgences font également l'objet de recommandations. Dans ce cadre, les CMP, "pour rester le pivot des soins y compris dans les situations de crise, nécessiteraient pour certains une réorganisation offrant des accueils non programmés et des horaires plus adaptés". De plus, les "équipes de soins intensifs en ambulatoire à domicile ou équipes mobiles de crise, réalisant une prise en charge au domicile, d'abord intensive puis progressivement décroissante, sont à généraliser".

"Maltraitance, attention"

"Les personnes concernées et les familles se heurtent en permanence à la difficulté de faire respecter leurs droits", regrette l'Unafam.

Pour rappel, l'association a récemment publié un manifeste pour abolir la contention en psychiatrie (cf dépêche du 11/06/2025 à 15:18).

Avec cinq propositions, l'association appelle au respect des droits des patients et de leur entourage, et alerte sur la maltraitance pouvant potentiellement être engendrée par les soins sans consentement.

La note de position de l'Unafam

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