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19/05 2020
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PRIX DES MASQUES ET DES GELS HYDRO-ALCOOLIQUES: L'USPO DÉNONCE UN "HARCÈLEMENT" DE LA DGCCRF

PARIS, 19 mai 2020 (APMnews) - Plus de la moitié des officines françaises ont été contrôlées par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les prix de vente des masques de protection, gels et solutions hydro-alcooliques, selon les résultats d'un sondage de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine (Uspo) diffusés mardi, le syndicat dénonçant un "harcèlement" de la part des services de Bercy.

Selon le sondage réalisé auprès de 4.420 officines, 35% des répondants ont été contrôlés une fois par la DGCCRF depuis début mars, 13% ont été contrôlés deux fois, et 5,5% plus de deux fois.

Ces contrôles ont conduit à des avertissements de l'administration dans moins de 10% des cas, et à une sanction financière pour 17 officines (moins de 1% des répondants contrôlés).

Pour rappel, la DGCCRF effectue des contrôles sur le respect de l'encadrement de prix des gels et solutions hydro-alcooliques qui a débuté début mars et a plusieurs fois évolué depuis, et sur les prix des masques de protection encadrés depuis le 3 mai (cf dépêche du 27/04/2020 à 10:25 et dépêche du 04/05/2020 à 11:44).

Présentant ces résultats mardi lors d'une conférence de presse, le président de l'Uspo, Gilles Bonnefond, a déploré des contrôles "très ciblés sur la pharmacie d'officine" vécus "très mal" par les pharmaciens. Parmi les départements particulièrement visés par ces inspections des services de Bercy, il a cité la Seine-et-Marne, l'Oise, le Nord, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.

"On pousse le bouchon très loin à la fois sur le nombre de contrôles et sur la consommation de temps pour les pharmaciens", a-t-il appuyé, expliquant que ces inspections peuvent durer "jusqu'à 1h30" dans un contexte où les pharmaciens sont "fortement mobilisés" pour répondre aux besoins des patients et des professionnels de santé face au Covid-19.

Il a noté la "très faible" proportion de pharmacies sanctionnées, alors que des "erreurs d'interprétation" des grilles tarifaires pouvaient avoir lieu, notamment du fait des différences de prix entre les volumes, entre les produits préparés en officine et ceux achetés à des grossistes, et du caractère "extrêmement changeant" au fil du temps de cet encadrement des prix. "La profession a respecté les règles et les a appliquées au mieux dans des conditions qui ne sont pas faciles", a-t-il insisté.

Il a regretté que Bercy considère les pharmaciens "d'abord comme des commerçants" et jugé que ces contrôles "insupportables" pouvaient "décourager" certains d'entre eux. "Les contrôles sont-ils aussi intensifs chez les buralistes ? Dans la grande distribution qui vend 10 fois plus de gels hydro-alcooliques que nous ?", a-t-il interrogé.

Il a indiqué avoir transmis les résultats du sondage au ministère des solidarités et de la santé, en pointant le risque d'"épuiser" les officinaux.

Difficultés de facturation des masques chirurgicaux

Le président de l'Uspo a par ailleurs commenté les dernières dispositions prises pour faire face à la pandémie, publiées mardi au Journal officiel, avec notamment la prolongation des autorisations de délivrance de certains médicaments sur ordonnance expirée, et l'élargissement du télésoin (cf dépêche du 19/05/2020 à 16:28 et dépêche du 19/05/2020 à 15:47).

Les mesures sur le télésoin vont permettre de terminer les entretiens pharmaceutiques et les bilans de médication qui ont déjà démarré mais ne permettent pas d'en commencer de nouveaux, du fait du maintien de l'impératif d'une première réunion physique, a-t-il noté.

Gilles Bonnefond a aussi fait part d'un "petit regret" sur le fait que la délivrance de médicaments et dispositifs médicaux pour malades chroniques, d'hypnotiques et d'anxiolytiques ne soit prolongée que jusqu'au 11 juin, et non pas jusqu'à la fin de l'état d'urgence sanitaire, soit le 10 juillet.

Parmi les demandes syndicales en cours d'examen, "on ne lâche pas la question du versement d'un forfait pour la dispensation à domicile" de médicaments, a-t-il averti. "Je ne comprends pas qu'on n'avance pas sur ce dossier qui est une demande légitime car elle répond à un nouveau travail effectué pour des patients qui restent à domicile sur consigne des pouvoirs publics", a-t-il souligné.

S'agissant de la facturation des masques de protection délivrés aux patients "contact Covid" et aux professionnels de santé, préconisée par la direction générale de la santé (DGS) mais complexe à l'officine du fait de l'absence de prescripteur, il a pointé des points qui n'ont "pas été clairement arbitrés".

Pour les patients, il a préconisé de mentionner le nom du médecin traitant ou, s'il n'en a pas, d'"utiliser le numéro 'médecin fictif'" disponible à l'officine, sorte de "numéro passe-partout" qui permet la facturation. Pour les professionnels de santé, s'il s'agit d'un médecin, l'Uspo conseille d'utiliser le nom du médecin comme prescripteur, et le numéro fictif si c'est un autre professionnel.

"Le Trod Covid doit être traité comme le Trod angine"

Expliquant disposer à ce jour d'environ "40 à 45 millions" de masques chirurgicaux par semaine pour la distribution aux professionnels de santé, il a pointé la nécessité, avec l'élargissement des publics auxquels ces protections peuvent être délivrées, de disposer d'un "stock tampon" supplémentaire de 20 millions de masques hebdomadaires.

Le président de l'Uspo a également dit "attendre" la publication de l'arrêté sur la prise en charge des tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) du Covid-19, après les recommandations de la Haute autorité de santé formulées lundi sur leur place dans la lutte contre la pandémie (cf dépêche du 18/05/2020 à 18:30). Il a craint une "victoire à la Pyrrhus" avec le risque d'un "détournement de l'esprit de l'avis" de l'agence sanitaire et une possible prescription médicale obligatoire de ces dispositifs.

"Le Trod Covid doit être traité comme le Trod angine, et en aucun cas comme quelque chose de soumis au préalable à la prescription du médecin", a-t-il défendu, expliquant que son syndicat est "en train de monter au créneau très fort" sur cette question.

rm/ab/APMnews

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PARIS, 19 mai 2020 (APMnews) - Plus de la moitié des officines françaises ont été contrôlées par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les prix de vente des masques de protection, gels et solutions hydro-alcooliques, selon les résultats d'un sondage de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine (Uspo) diffusés mardi, le syndicat dénonçant un "harcèlement" de la part des services de Bercy.

Selon le sondage réalisé auprès de 4.420 officines, 35% des répondants ont été contrôlés une fois par la DGCCRF depuis début mars, 13% ont été contrôlés deux fois, et 5,5% plus de deux fois.

Ces contrôles ont conduit à des avertissements de l'administration dans moins de 10% des cas, et à une sanction financière pour 17 officines (moins de 1% des répondants contrôlés).

Pour rappel, la DGCCRF effectue des contrôles sur le respect de l'encadrement de prix des gels et solutions hydro-alcooliques qui a débuté début mars et a plusieurs fois évolué depuis, et sur les prix des masques de protection encadrés depuis le 3 mai (cf dépêche du 27/04/2020 à 10:25 et dépêche du 04/05/2020 à 11:44).

Présentant ces résultats mardi lors d'une conférence de presse, le président de l'Uspo, Gilles Bonnefond, a déploré des contrôles "très ciblés sur la pharmacie d'officine" vécus "très mal" par les pharmaciens. Parmi les départements particulièrement visés par ces inspections des services de Bercy, il a cité la Seine-et-Marne, l'Oise, le Nord, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.

"On pousse le bouchon très loin à la fois sur le nombre de contrôles et sur la consommation de temps pour les pharmaciens", a-t-il appuyé, expliquant que ces inspections peuvent durer "jusqu'à 1h30" dans un contexte où les pharmaciens sont "fortement mobilisés" pour répondre aux besoins des patients et des professionnels de santé face au Covid-19.

Il a noté la "très faible" proportion de pharmacies sanctionnées, alors que des "erreurs d'interprétation" des grilles tarifaires pouvaient avoir lieu, notamment du fait des différences de prix entre les volumes, entre les produits préparés en officine et ceux achetés à des grossistes, et du caractère "extrêmement changeant" au fil du temps de cet encadrement des prix. "La profession a respecté les règles et les a appliquées au mieux dans des conditions qui ne sont pas faciles", a-t-il insisté.

Il a regretté que Bercy considère les pharmaciens "d'abord comme des commerçants" et jugé que ces contrôles "insupportables" pouvaient "décourager" certains d'entre eux. "Les contrôles sont-ils aussi intensifs chez les buralistes ? Dans la grande distribution qui vend 10 fois plus de gels hydro-alcooliques que nous ?", a-t-il interrogé.

Il a indiqué avoir transmis les résultats du sondage au ministère des solidarités et de la santé, en pointant le risque d'"épuiser" les officinaux.

Difficultés de facturation des masques chirurgicaux

Le président de l'Uspo a par ailleurs commenté les dernières dispositions prises pour faire face à la pandémie, publiées mardi au Journal officiel, avec notamment la prolongation des autorisations de délivrance de certains médicaments sur ordonnance expirée, et l'élargissement du télésoin (cf dépêche du 19/05/2020 à 16:28 et dépêche du 19/05/2020 à 15:47).

Les mesures sur le télésoin vont permettre de terminer les entretiens pharmaceutiques et les bilans de médication qui ont déjà démarré mais ne permettent pas d'en commencer de nouveaux, du fait du maintien de l'impératif d'une première réunion physique, a-t-il noté.

Gilles Bonnefond a aussi fait part d'un "petit regret" sur le fait que la délivrance de médicaments et dispositifs médicaux pour malades chroniques, d'hypnotiques et d'anxiolytiques ne soit prolongée que jusqu'au 11 juin, et non pas jusqu'à la fin de l'état d'urgence sanitaire, soit le 10 juillet.

Parmi les demandes syndicales en cours d'examen, "on ne lâche pas la question du versement d'un forfait pour la dispensation à domicile" de médicaments, a-t-il averti. "Je ne comprends pas qu'on n'avance pas sur ce dossier qui est une demande légitime car elle répond à un nouveau travail effectué pour des patients qui restent à domicile sur consigne des pouvoirs publics", a-t-il souligné.

S'agissant de la facturation des masques de protection délivrés aux patients "contact Covid" et aux professionnels de santé, préconisée par la direction générale de la santé (DGS) mais complexe à l'officine du fait de l'absence de prescripteur, il a pointé des points qui n'ont "pas été clairement arbitrés".

Pour les patients, il a préconisé de mentionner le nom du médecin traitant ou, s'il n'en a pas, d'"utiliser le numéro 'médecin fictif'" disponible à l'officine, sorte de "numéro passe-partout" qui permet la facturation. Pour les professionnels de santé, s'il s'agit d'un médecin, l'Uspo conseille d'utiliser le nom du médecin comme prescripteur, et le numéro fictif si c'est un autre professionnel.

"Le Trod Covid doit être traité comme le Trod angine"

Expliquant disposer à ce jour d'environ "40 à 45 millions" de masques chirurgicaux par semaine pour la distribution aux professionnels de santé, il a pointé la nécessité, avec l'élargissement des publics auxquels ces protections peuvent être délivrées, de disposer d'un "stock tampon" supplémentaire de 20 millions de masques hebdomadaires.

Le président de l'Uspo a également dit "attendre" la publication de l'arrêté sur la prise en charge des tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) du Covid-19, après les recommandations de la Haute autorité de santé formulées lundi sur leur place dans la lutte contre la pandémie (cf dépêche du 18/05/2020 à 18:30). Il a craint une "victoire à la Pyrrhus" avec le risque d'un "détournement de l'esprit de l'avis" de l'agence sanitaire et une possible prescription médicale obligatoire de ces dispositifs.

"Le Trod Covid doit être traité comme le Trod angine, et en aucun cas comme quelque chose de soumis au préalable à la prescription du médecin", a-t-il défendu, expliquant que son syndicat est "en train de monter au créneau très fort" sur cette question.

rm/ab/APMnews

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