Actualités de l'Urgence - APM

26/05 2025
Retour

PROJETS IMMOBILIERS: LES HÔPITAUX NE DOIVENT PAS ÊTRE "L'IDIOT UTILE" DE L'AMÉNAGEMENT URBAIN

(Par Maxime GRAVIER)

PARIS, 26 mai 2025 (APMnews) - Les grands chantiers immobiliers portés par les établissements de santé doivent s'appuyer sur le projet médical et être intégrés à la stratégie de développement de la ville, afin d'éviter que l'hôpital soit "l'idiot utile" de l'aménagement urbain, ont avancé jeudi plusieurs intervenants au cours d'une table ronde à Santexpo.

Au cours de la table ronde intitulée "Grands projets immobiliers: une dimension incontournable de l'accès aux soins", le directeur des services techniques et du patrimoine du CHU de Tours, Ivy Mouchel, s'est plaint d'une mauvaise synergie entre hôpital et ville concernant l'immobilier.

"Pour la réglementation d'urbanisme, [l'hôpital] n'est qu'un lieu de soin qui vise à regarder la qualité de l'air, de l'eau, [mais] presque pas le parcours de soins de prise en charge du patient", a-t-il fustigé.

"Ce qui est assez illustratif de mon propos, c'est l'article L132 du code de l'urbanisme qui ne fait pas des établissements de santé […] une personne publique associée aux évolutions des règles d'urbanisme", a-t-il pointé.

Or, le CHU polarise de nombreuses activités de la ville. "C'est un aimant pour les voitures, les transports en commun, pour des pratiques qui relèvent de l'urgence et nécessitent une prise en charge particulière", par exemple liée au stationnement, a-t-il plaidé.

A Tours, il a jugé que le projet de seconde ligne de tramway, dont le slogan vantait le fait de "reli[er] les hôpitaux", passe par exemple "relativement loin du CHU […] notamment pour des usagers hospitaliers".

"Les hôpitaux ne doivent pas être l'idiot utile de l'aménagement urbain", a souligné Ivy Mouchel, regrettant également que le mot "hôpital" n'apparaisse pas dans le projet métropolitain de Tours.

Le directeur des services techniques et du patrimoine du CHU a aussi mis en avant la question de la densité de population autour des établissements de santé, faisant le constat que de nombreux pavillons s'étaient construits autour de l'hôpital tourangeau et dont la population pouvait souffrir des nuisances liées par exemple aux urgences.

"Construire des hôpitaux, ce sont d'abord des questions d'aménagement avant des questions d'urbanisme opérationnel", a-t-il conclu.

Séparer les flux

Détaillant le projet de reconstruction de l'hôpital Michallon à Grenoble (cf dépêche du 07/04/2025 à 15:03), la Pr Marie-Thérèse Leccia, présidente de la commission médicale d'établissement (PCME) de l'hôpital, a insisté sur l'importance de la prise en compte du projet médical et de l'évolution des pratiques.

Le bâtiment actuel, construit en 1972 et haut de 14 étages, ne répond plus aux besoins actuels des plateaux techniques ou du virage ambulatoire. "Certaines activités sont émiettées dans le bâtiment, comme la néphrologie, qui est sur trois étages différents", a-t-elle décrit.

L'architecture d'après-guerre fait que le bâtiment est "monofonctionnel et centralisé". "La majorité des chambres n'ont pas de douche […] le site est en non-conformité sur la sécurité incendie" depuis sa création, a-t-elle fait valoir.

Pour repenser le site, "le socle, c'est le projet médical", a assuré la PCME. La direction a ainsi mobilisé la communauté médicale du CHU, écoutant spécialité par spécialité les besoins de chacun.

A Toulouse, le projet de Grand hôpital régional des enfants (GHRE, cf dépêche du 13/09/2024 à 15:35) fait aussi face à plusieurs défis.

"On va doubler la surface de l'actuel hôpital pédiatrique", ce qui va engendrer "des problèmes d'accessibilité", a résumé Abdelaali Gaidi, directeur de la construction et du patrimoine du CHU toulousain.

Le projet a ainsi été pensé afin de favoriser l'accès aux transports en commun, avec un nouveau bâtiment tourné vers l'accès au tramway "qui dépose au pied des bâtiments".

"On a essayé de séparer les flux afin de ne pas concentrer les tensions sur l'entrée principale du GHRE et on a délesté la voie principale", a-t-il poursuivi.

L'axe d'urgences a, lui, été placé à l'arrière du bâtiment avec une voie spécifique, elle-même séparée de l'accès au parking souterrain. Même chose pour la voie logistique, placée derrière l'hôpital.

Interrogée sur la reconstruction du CHU de Nantes (Cf dépêche du 04/02/2025 à 15:42), la directrice générale adjointe de l'hôpital, Laurence Jay-Passot, a mis en exergue un bâtiment situé "au cœur du futur quartier de la santé" de la ville.

Des synergies "soin-recherche-innovation" seraient ainsi permises par cette localisation, avec notamment un projet de station d'innovation attendu pour cette année, le nouvel hôpital ainsi que des instituts de recherche et de santé en 2027 et la nouvelle faculté de santé en 2031.

mg/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

26/05 2025
Retour

PROJETS IMMOBILIERS: LES HÔPITAUX NE DOIVENT PAS ÊTRE "L'IDIOT UTILE" DE L'AMÉNAGEMENT URBAIN

(Par Maxime GRAVIER)

PARIS, 26 mai 2025 (APMnews) - Les grands chantiers immobiliers portés par les établissements de santé doivent s'appuyer sur le projet médical et être intégrés à la stratégie de développement de la ville, afin d'éviter que l'hôpital soit "l'idiot utile" de l'aménagement urbain, ont avancé jeudi plusieurs intervenants au cours d'une table ronde à Santexpo.

Au cours de la table ronde intitulée "Grands projets immobiliers: une dimension incontournable de l'accès aux soins", le directeur des services techniques et du patrimoine du CHU de Tours, Ivy Mouchel, s'est plaint d'une mauvaise synergie entre hôpital et ville concernant l'immobilier.

"Pour la réglementation d'urbanisme, [l'hôpital] n'est qu'un lieu de soin qui vise à regarder la qualité de l'air, de l'eau, [mais] presque pas le parcours de soins de prise en charge du patient", a-t-il fustigé.

"Ce qui est assez illustratif de mon propos, c'est l'article L132 du code de l'urbanisme qui ne fait pas des établissements de santé […] une personne publique associée aux évolutions des règles d'urbanisme", a-t-il pointé.

Or, le CHU polarise de nombreuses activités de la ville. "C'est un aimant pour les voitures, les transports en commun, pour des pratiques qui relèvent de l'urgence et nécessitent une prise en charge particulière", par exemple liée au stationnement, a-t-il plaidé.

A Tours, il a jugé que le projet de seconde ligne de tramway, dont le slogan vantait le fait de "reli[er] les hôpitaux", passe par exemple "relativement loin du CHU […] notamment pour des usagers hospitaliers".

"Les hôpitaux ne doivent pas être l'idiot utile de l'aménagement urbain", a souligné Ivy Mouchel, regrettant également que le mot "hôpital" n'apparaisse pas dans le projet métropolitain de Tours.

Le directeur des services techniques et du patrimoine du CHU a aussi mis en avant la question de la densité de population autour des établissements de santé, faisant le constat que de nombreux pavillons s'étaient construits autour de l'hôpital tourangeau et dont la population pouvait souffrir des nuisances liées par exemple aux urgences.

"Construire des hôpitaux, ce sont d'abord des questions d'aménagement avant des questions d'urbanisme opérationnel", a-t-il conclu.

Séparer les flux

Détaillant le projet de reconstruction de l'hôpital Michallon à Grenoble (cf dépêche du 07/04/2025 à 15:03), la Pr Marie-Thérèse Leccia, présidente de la commission médicale d'établissement (PCME) de l'hôpital, a insisté sur l'importance de la prise en compte du projet médical et de l'évolution des pratiques.

Le bâtiment actuel, construit en 1972 et haut de 14 étages, ne répond plus aux besoins actuels des plateaux techniques ou du virage ambulatoire. "Certaines activités sont émiettées dans le bâtiment, comme la néphrologie, qui est sur trois étages différents", a-t-elle décrit.

L'architecture d'après-guerre fait que le bâtiment est "monofonctionnel et centralisé". "La majorité des chambres n'ont pas de douche […] le site est en non-conformité sur la sécurité incendie" depuis sa création, a-t-elle fait valoir.

Pour repenser le site, "le socle, c'est le projet médical", a assuré la PCME. La direction a ainsi mobilisé la communauté médicale du CHU, écoutant spécialité par spécialité les besoins de chacun.

A Toulouse, le projet de Grand hôpital régional des enfants (GHRE, cf dépêche du 13/09/2024 à 15:35) fait aussi face à plusieurs défis.

"On va doubler la surface de l'actuel hôpital pédiatrique", ce qui va engendrer "des problèmes d'accessibilité", a résumé Abdelaali Gaidi, directeur de la construction et du patrimoine du CHU toulousain.

Le projet a ainsi été pensé afin de favoriser l'accès aux transports en commun, avec un nouveau bâtiment tourné vers l'accès au tramway "qui dépose au pied des bâtiments".

"On a essayé de séparer les flux afin de ne pas concentrer les tensions sur l'entrée principale du GHRE et on a délesté la voie principale", a-t-il poursuivi.

L'axe d'urgences a, lui, été placé à l'arrière du bâtiment avec une voie spécifique, elle-même séparée de l'accès au parking souterrain. Même chose pour la voie logistique, placée derrière l'hôpital.

Interrogée sur la reconstruction du CHU de Nantes (Cf dépêche du 04/02/2025 à 15:42), la directrice générale adjointe de l'hôpital, Laurence Jay-Passot, a mis en exergue un bâtiment situé "au cœur du futur quartier de la santé" de la ville.

Des synergies "soin-recherche-innovation" seraient ainsi permises par cette localisation, avec notamment un projet de station d'innovation attendu pour cette année, le nouvel hôpital ainsi que des instituts de recherche et de santé en 2027 et la nouvelle faculté de santé en 2031.

mg/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.