Actualités de l'Urgence - APM

PRS CORSE: UN PREMIER AJUSTEMENT SUR LES URGENCES, MAIS LA "BOUSSOLE RESTE BONNE" (DG DE L'ARS)
AJACCIO, 25 août 2025 (APMnews) - L'agence régionale de santé (ARS) Corse a procédé à un premier ajustement du projet régional de santé (PRS) en intégrant les nouveaux outils pour la médecine d'urgence et elle procédera dans les prochains mois à une évaluation du PRS à mi-parcours, mais globalement, "la boussole reste bonne", a observé sa directrice générale, Marie-Hélène Lecenne, lors d'un entretien jeudi à APMnews.
APMnews: Avez-vous déjà procédé à des ajustements de votre schéma régional de santé (SRS) 2023-2028, au sein du PRS actualisé, adopté en octobre 2023 (cf dépêche du 21/11/2023 à 16:56)?
Marie-Hélène Lecenne: Le principal ajustement a porté sur l'intégration de la médecine d'urgence à la suite de la parution des nouveaux décrets (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27). La révision a été finalisée début juillet. Le PRS avait déjà anticipé des évolutions mais les décrets nous ont conduits à intégrer la régulation avant accès aux urgences, mise en place à Bastia, et la création d'équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU). Une telle équipe a été créée début août à Bastia. On a finalement déjà utilisé la nouvelle boîte à outils.
Par ailleurs, il reste à construire un pôle territorial des urgences en Corse-du-Sud, après la mise en place d'un tel pôle en Haute-Corse. L'enjeu est donc de progresser avec le CH d'Ajaccio sur le pilotage de l'ensemble des implantations. La particularité est d'avoir deux accueils médicaux non programmés qui ne sont pas des SAU [services d'accueil des urgences] mais des premiers niveaux de réponse armés par des "smuristes" à Sartène et Bonifacio. De plus, les urgences dans l'extrême Sud sont assurées par la clinique de Porto-Vecchio. On doit donc travailler sur un partenariat public-privé.
Il faudra aussi créer une antenne de SAU à Corte. La fenêtre d'autorisation a été ouverte et on attend pour la fin de l'année des demandes intégrant cette antenne.
Quant au schéma de permanence des soins en établissement de santé (PDSES), on a reconduit notre schéma antérieur. On va communiquer nos propositions aux deux fédérations [la Fédération hospitalière de France -FHF- et la Fédération de l'hospitalisation privée -FHP] pour y travailler en septembre et en octobre et finaliser un schéma cible. Sur certaines activités, on souhaiterait une réponse territoriale et mutualisée entre le public et le privé.
Sinon, on est en train de préparer l'évaluation à mi-parcours du PRS, pour un rendez-vous avec la CRSA [conférence régionale de la santé et de l'autonomie] fin 2025 ou début 2026.
Pour l'instant, la boussole reste bonne. On est sur une feuille de route qui paraît avoir été assez bien pensée pour nos enjeux.
S'agissant des déserts médicaux, deux zones rouges ont été identifiées en Haute-Corse. Comment l'ARS va-t-elle accompagner la mise en place des missions de solidarité obligatoire des médecins libéraux dans ces zones (cf dépêche du 30/06/2025 à 17:46)?
Pour le moment, on a identifié la manière dont les présidents des deux communautés de communes de Haute-Corse voient les choses. On réunira les professionnels de santé en septembre même si les têtes de réseau (l'ordre, l'union régionale de professionnels de santé -URPS- médecins libéraux, la Fédération corse pour la coordination et l'innovation en santé -FCCIS) sont bien sûr déjà sensibilisées.
Sur le principe de solidarité, il n'y a pas tellement d'objections parce que des solidarités territoriales se sont déjà exercées ailleurs, mais de manière très ponctuelle, pour une commune. Par exemple, en Corse-du-Sud, la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) de Cargèse a un point de consultations à Porto et la MSP de Pianottoli va ouvrir une antenne à Bonifacio avant la fin de l'année.
Toutefois, pour les deux EPCI [établissements publics de coopération intercommunale] ciblés comme étant les plus en difficultés, il y a un enjeu supplémentaire car ce sont des zones de montagne. Organiser un accès aux soins en zone de montagne à partir de lieux de consultation armés par la solidarité territoriale nécessite toute une réflexion: il faut trouver les lieux et il faut construire les solidarités. On y travaille et on attend le cadre national pour pouvoir finaliser.
Combien de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) avez-vous en Corse et que reste-t-il à faire pour dynamiser ces structures?
On en a deux: une en Balagne et une deuxième dans l'extrême Sud de la Corse, pour laquelle le projet de santé a été labellisé et la signature de l'acte conventionnel interprofessionnel (ACI) sera engagée en septembre.
Sur d'autres territoires, on a une accélération des projets de CPTS, qu'on doit encore accompagner.
Mais plusieurs territoires ne remplissent pas encore les conditions car ils ont une démographie médicale de premier recours vieillissante, ce qui complique l'émergence d'un leader pour construire un projet de santé de CPTS. On attend donc l'arrivée de nouveaux médecins pour engager ces travaux. Les médecins généralistes vieillissants sont néanmoins très précieux parce que beaucoup continuent à avoir une activité, même à la retraite.
Médico-social: un développement de l'offre moins rapide que prévu
S'agissant du secteur médico-social, vous aviez présenté en 2023 une stratégie de développement de l'offre pour personnes âgées (cf dépêche du 04/04/2023 à 20:45). A-t-elle déjà permis d'atteindre les objectifs attendus?
Notre approche était très microterritoriale, avec l'objectif de doter les neuf territoires ou bassins de vie de la Corse de toute la palette de l'offre, avec une forme de gradation, notamment des centres ressources territoriaux, des plateformes de répit, des pôles d'activités et de soins adaptés (Pasa) et des unités de vie adaptées (UVA).
Deux éléments nous freinent dans le déroulement de la feuille de route.
Parfois, nous avons été obligés de déclarer infructueux les appels à projets ou les appels à manifestation d'intérêt (AMI) parce que la compréhension et l'appropriation de ces nouvelles approches territoriales restent à parfaire du côté des acteurs médico-sociaux. On veut être un peu exigeants et ne pas oublier le dernier kilomètre car, par rapport à l'enjeu du vieillissement, il faut que l'on sécurise les offres sur chacun de ces microterritoires.
Par ailleurs, sur plusieurs sujets, ces évolutions impliquent un programme immobilier et il faut donc faire coïncider ce programme immobilier avec la nouvelle autorisation, ce qui peut prendre un peu de temps. Par exemple, construire une UVA, cela veut dire soit aménager des locaux, soit envisager une reconstruction, impliquant un accompagnement de l'investissement.
Finalement, notre progression est positive mais elle est un peu plus lente que ce que l'on espérait. On prend des engagements vis-à-vis des acteurs, on positionne, on impulse.
On a refait un tour de Corse pour sensibiliser les acteurs et les élus des microterritoires. L'écosystème médico-social est souvent considéré comme secondaire. Or, quand on veut créer des conditions d'attractivité pour un médecin généraliste qui doit s'installer auprès d'une population vieillissante, il y a les liens à nouer avec l'hôpital, mais aussi avec l'environnement médico-social et de prévention. C'est le médico-social qui permet un aval sécurisé, un maintien à domicile.
On sait bien que l'appropriation est peut-être un petit peu en deçà de notre ambition, mais si demain, on veut être très ambitieux sur le service public départemental de l'autonomie (SPDA), il faut qu'il ait des effecteurs. Les médecins généralistes, qui garantissent cette première approche du vieillissement, doivent avoir des recours (hébergement temporaire, capacités d'accueil pour les maladies neurodégénératives, consultations mémoire, activité physique adaptée…).
Si tout cela n'est pas en proximité, compte tenu de la géographie de la Corse, on sera à côté de la cible.
Pour nous, c'est important d'avoir un écosystème global qui favorise la qualité de travail pour les professionnels et permet de faire des liens de la prévention jusqu'à l'aval.
Où en est justement la mise en œuvre du SPDA en Corse?
La méthode a été posée par la collectivité de Corse, qui est cheffe de projet sur le sujet. L'ARS est en appui. On a en commun le souci de valider ce qui existe déjà: les centres locaux d'information et de coordination (Clic) qui maillent le territoire et un dispositif d'appui à la coordination des parcours complexes (DAC) organisé avec des antennes territoriales qui jouent un rôle important auprès du premier recours.
Dans le cahier des charges (cf dépêche du 04/06/2025 à 12:06), il y a notamment un gros enjeu sur l'articulation entre le SPDA et le premier recours (les généralistes). On est dans cette logique à la fois de porte d'entrée SPDA pour les usagers et pour les professionnels, avec déjà du capital que l'on veut valoriser.
A la rentrée, on lance les travaux de mobilisation en sachant que l'on part déjà d'un maillage et d'une organisation qui figurent dans le schéma autonomie de la collectivité. Du côté du DAC, on a aussi maillé le territoire, donc on a quand même des points d'appui dans chacun des neuf territoires de projet qui vont permettre très vite au SPDA d'avoir une lisibilité.
Enfin, s'agissant du chikungunya, le dernier bulletin de Santé publique France (SPF) faisait état de 19 cas autochtones en Corse au 20 août (cf dépêche du 20/08/2025 à 16:50). Est-ce que cela a changé la stratégie de l'ARS?
Comme j'ai eu une expérience ultramarine, on a vraiment mis l'accent là-dessus dans le plan estival de la Corse, en anticipation, compte tenu de la circulation observée dans l'océan Indien.
Mais c'est quand même une surprise d'avoir plusieurs foyers de cas autochtones, même si nous savions que nous étions exposés à ce risque.
On articule nos actions avec la Collectivité de Corse, qui gère la lutte antivectorielle pour la prévention (éviter de se faire piquer ou éliminer les gîtes).
Grâce à un laboratoire ajaccien, on a pu bénéficier d'une offre de PCR pour obtenir rapidement les résultats d'identification des cas et déclencher une action de traitement des zones infestées. Bien sûr, on envoie au CNR [Centre national de référence des arboviroses] pour confirmation, mais cela est plus long en raison de l'insularité. Cette organisation permet d'avoir un délai très réduit, puis la lutte de la Collectivité est extrêmement rapide, intervenant même les week-ends, très tôt le matin ou tard le soir.
L'exposition au risque a été concrétisée cet été par le nombre de cas et on peut tirer des enseignements de la période estivale. Objectivement, on va devoir améliorer la prévention et agir autrement, car on a découvert des endroits avec un nombre de gîtes important. On va peut-être mener un travail plus fin avec les mairies pour anticiper au printemps prochain une information plus en proximité de la population. On a une marge de progression importante dans la sensibilisation au risque.
cb/lb/APMnews
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PRS CORSE: UN PREMIER AJUSTEMENT SUR LES URGENCES, MAIS LA "BOUSSOLE RESTE BONNE" (DG DE L'ARS)
AJACCIO, 25 août 2025 (APMnews) - L'agence régionale de santé (ARS) Corse a procédé à un premier ajustement du projet régional de santé (PRS) en intégrant les nouveaux outils pour la médecine d'urgence et elle procédera dans les prochains mois à une évaluation du PRS à mi-parcours, mais globalement, "la boussole reste bonne", a observé sa directrice générale, Marie-Hélène Lecenne, lors d'un entretien jeudi à APMnews.
APMnews: Avez-vous déjà procédé à des ajustements de votre schéma régional de santé (SRS) 2023-2028, au sein du PRS actualisé, adopté en octobre 2023 (cf dépêche du 21/11/2023 à 16:56)?
Marie-Hélène Lecenne: Le principal ajustement a porté sur l'intégration de la médecine d'urgence à la suite de la parution des nouveaux décrets (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27). La révision a été finalisée début juillet. Le PRS avait déjà anticipé des évolutions mais les décrets nous ont conduits à intégrer la régulation avant accès aux urgences, mise en place à Bastia, et la création d'équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU). Une telle équipe a été créée début août à Bastia. On a finalement déjà utilisé la nouvelle boîte à outils.
Par ailleurs, il reste à construire un pôle territorial des urgences en Corse-du-Sud, après la mise en place d'un tel pôle en Haute-Corse. L'enjeu est donc de progresser avec le CH d'Ajaccio sur le pilotage de l'ensemble des implantations. La particularité est d'avoir deux accueils médicaux non programmés qui ne sont pas des SAU [services d'accueil des urgences] mais des premiers niveaux de réponse armés par des "smuristes" à Sartène et Bonifacio. De plus, les urgences dans l'extrême Sud sont assurées par la clinique de Porto-Vecchio. On doit donc travailler sur un partenariat public-privé.
Il faudra aussi créer une antenne de SAU à Corte. La fenêtre d'autorisation a été ouverte et on attend pour la fin de l'année des demandes intégrant cette antenne.
Quant au schéma de permanence des soins en établissement de santé (PDSES), on a reconduit notre schéma antérieur. On va communiquer nos propositions aux deux fédérations [la Fédération hospitalière de France -FHF- et la Fédération de l'hospitalisation privée -FHP] pour y travailler en septembre et en octobre et finaliser un schéma cible. Sur certaines activités, on souhaiterait une réponse territoriale et mutualisée entre le public et le privé.
Sinon, on est en train de préparer l'évaluation à mi-parcours du PRS, pour un rendez-vous avec la CRSA [conférence régionale de la santé et de l'autonomie] fin 2025 ou début 2026.
Pour l'instant, la boussole reste bonne. On est sur une feuille de route qui paraît avoir été assez bien pensée pour nos enjeux.
S'agissant des déserts médicaux, deux zones rouges ont été identifiées en Haute-Corse. Comment l'ARS va-t-elle accompagner la mise en place des missions de solidarité obligatoire des médecins libéraux dans ces zones (cf dépêche du 30/06/2025 à 17:46)?
Pour le moment, on a identifié la manière dont les présidents des deux communautés de communes de Haute-Corse voient les choses. On réunira les professionnels de santé en septembre même si les têtes de réseau (l'ordre, l'union régionale de professionnels de santé -URPS- médecins libéraux, la Fédération corse pour la coordination et l'innovation en santé -FCCIS) sont bien sûr déjà sensibilisées.
Sur le principe de solidarité, il n'y a pas tellement d'objections parce que des solidarités territoriales se sont déjà exercées ailleurs, mais de manière très ponctuelle, pour une commune. Par exemple, en Corse-du-Sud, la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) de Cargèse a un point de consultations à Porto et la MSP de Pianottoli va ouvrir une antenne à Bonifacio avant la fin de l'année.
Toutefois, pour les deux EPCI [établissements publics de coopération intercommunale] ciblés comme étant les plus en difficultés, il y a un enjeu supplémentaire car ce sont des zones de montagne. Organiser un accès aux soins en zone de montagne à partir de lieux de consultation armés par la solidarité territoriale nécessite toute une réflexion: il faut trouver les lieux et il faut construire les solidarités. On y travaille et on attend le cadre national pour pouvoir finaliser.
Combien de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) avez-vous en Corse et que reste-t-il à faire pour dynamiser ces structures?
On en a deux: une en Balagne et une deuxième dans l'extrême Sud de la Corse, pour laquelle le projet de santé a été labellisé et la signature de l'acte conventionnel interprofessionnel (ACI) sera engagée en septembre.
Sur d'autres territoires, on a une accélération des projets de CPTS, qu'on doit encore accompagner.
Mais plusieurs territoires ne remplissent pas encore les conditions car ils ont une démographie médicale de premier recours vieillissante, ce qui complique l'émergence d'un leader pour construire un projet de santé de CPTS. On attend donc l'arrivée de nouveaux médecins pour engager ces travaux. Les médecins généralistes vieillissants sont néanmoins très précieux parce que beaucoup continuent à avoir une activité, même à la retraite.
Médico-social: un développement de l'offre moins rapide que prévu
S'agissant du secteur médico-social, vous aviez présenté en 2023 une stratégie de développement de l'offre pour personnes âgées (cf dépêche du 04/04/2023 à 20:45). A-t-elle déjà permis d'atteindre les objectifs attendus?
Notre approche était très microterritoriale, avec l'objectif de doter les neuf territoires ou bassins de vie de la Corse de toute la palette de l'offre, avec une forme de gradation, notamment des centres ressources territoriaux, des plateformes de répit, des pôles d'activités et de soins adaptés (Pasa) et des unités de vie adaptées (UVA).
Deux éléments nous freinent dans le déroulement de la feuille de route.
Parfois, nous avons été obligés de déclarer infructueux les appels à projets ou les appels à manifestation d'intérêt (AMI) parce que la compréhension et l'appropriation de ces nouvelles approches territoriales restent à parfaire du côté des acteurs médico-sociaux. On veut être un peu exigeants et ne pas oublier le dernier kilomètre car, par rapport à l'enjeu du vieillissement, il faut que l'on sécurise les offres sur chacun de ces microterritoires.
Par ailleurs, sur plusieurs sujets, ces évolutions impliquent un programme immobilier et il faut donc faire coïncider ce programme immobilier avec la nouvelle autorisation, ce qui peut prendre un peu de temps. Par exemple, construire une UVA, cela veut dire soit aménager des locaux, soit envisager une reconstruction, impliquant un accompagnement de l'investissement.
Finalement, notre progression est positive mais elle est un peu plus lente que ce que l'on espérait. On prend des engagements vis-à-vis des acteurs, on positionne, on impulse.
On a refait un tour de Corse pour sensibiliser les acteurs et les élus des microterritoires. L'écosystème médico-social est souvent considéré comme secondaire. Or, quand on veut créer des conditions d'attractivité pour un médecin généraliste qui doit s'installer auprès d'une population vieillissante, il y a les liens à nouer avec l'hôpital, mais aussi avec l'environnement médico-social et de prévention. C'est le médico-social qui permet un aval sécurisé, un maintien à domicile.
On sait bien que l'appropriation est peut-être un petit peu en deçà de notre ambition, mais si demain, on veut être très ambitieux sur le service public départemental de l'autonomie (SPDA), il faut qu'il ait des effecteurs. Les médecins généralistes, qui garantissent cette première approche du vieillissement, doivent avoir des recours (hébergement temporaire, capacités d'accueil pour les maladies neurodégénératives, consultations mémoire, activité physique adaptée…).
Si tout cela n'est pas en proximité, compte tenu de la géographie de la Corse, on sera à côté de la cible.
Pour nous, c'est important d'avoir un écosystème global qui favorise la qualité de travail pour les professionnels et permet de faire des liens de la prévention jusqu'à l'aval.
Où en est justement la mise en œuvre du SPDA en Corse?
La méthode a été posée par la collectivité de Corse, qui est cheffe de projet sur le sujet. L'ARS est en appui. On a en commun le souci de valider ce qui existe déjà: les centres locaux d'information et de coordination (Clic) qui maillent le territoire et un dispositif d'appui à la coordination des parcours complexes (DAC) organisé avec des antennes territoriales qui jouent un rôle important auprès du premier recours.
Dans le cahier des charges (cf dépêche du 04/06/2025 à 12:06), il y a notamment un gros enjeu sur l'articulation entre le SPDA et le premier recours (les généralistes). On est dans cette logique à la fois de porte d'entrée SPDA pour les usagers et pour les professionnels, avec déjà du capital que l'on veut valoriser.
A la rentrée, on lance les travaux de mobilisation en sachant que l'on part déjà d'un maillage et d'une organisation qui figurent dans le schéma autonomie de la collectivité. Du côté du DAC, on a aussi maillé le territoire, donc on a quand même des points d'appui dans chacun des neuf territoires de projet qui vont permettre très vite au SPDA d'avoir une lisibilité.
Enfin, s'agissant du chikungunya, le dernier bulletin de Santé publique France (SPF) faisait état de 19 cas autochtones en Corse au 20 août (cf dépêche du 20/08/2025 à 16:50). Est-ce que cela a changé la stratégie de l'ARS?
Comme j'ai eu une expérience ultramarine, on a vraiment mis l'accent là-dessus dans le plan estival de la Corse, en anticipation, compte tenu de la circulation observée dans l'océan Indien.
Mais c'est quand même une surprise d'avoir plusieurs foyers de cas autochtones, même si nous savions que nous étions exposés à ce risque.
On articule nos actions avec la Collectivité de Corse, qui gère la lutte antivectorielle pour la prévention (éviter de se faire piquer ou éliminer les gîtes).
Grâce à un laboratoire ajaccien, on a pu bénéficier d'une offre de PCR pour obtenir rapidement les résultats d'identification des cas et déclencher une action de traitement des zones infestées. Bien sûr, on envoie au CNR [Centre national de référence des arboviroses] pour confirmation, mais cela est plus long en raison de l'insularité. Cette organisation permet d'avoir un délai très réduit, puis la lutte de la Collectivité est extrêmement rapide, intervenant même les week-ends, très tôt le matin ou tard le soir.
L'exposition au risque a été concrétisée cet été par le nombre de cas et on peut tirer des enseignements de la période estivale. Objectivement, on va devoir améliorer la prévention et agir autrement, car on a découvert des endroits avec un nombre de gîtes important. On va peut-être mener un travail plus fin avec les mairies pour anticiper au printemps prochain une information plus en proximité de la population. On a une marge de progression importante dans la sensibilisation au risque.
cb/lb/APMnews