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09/02 2018
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PSYCHIATRIE: L'EPSM DE GOURMELEN PRÉSENTE SON NOUVEAU PROJET D'ÉTABLISSEMENT

QUIMPER, 9 février 2018 (APMnews) - L'établissement public de santé mentale (EPSM) Etienne-Gourmelen (731 lits et places) a élaboré en 2017 un vaste projet d'établissement, mais sa mise en oeuvre pourrait être restreinte en prévision d'une forte dégradation de sa situation financière, a annoncé jeudi à APMnews son directeur Yann Dubois en marge de la cérémonie des voeux.

Validé en interne le 30 juin 2017 par le conseil de surveillance, le nouveau projet d'établissement (2017-2020) de l'EPSM Etienne-Gourmelen n'a pas encore été approuvé par l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, a indiqué Yann Dubois, en poste dans l'établissement depuis janvier.

"Nous allons discuter prochainement de sa mise oeuvre avec l'ARS, notamment en ce qui concerne les priorités qui pourraient nécessiter des moyens supplémentaires", a poursuivi le directeur.

Le projet d'établissement 2017-2020 définit 9 priorités:

  • La prise en charge des adolescents avec notamment l'aménagement d'un hôpital de jour. "Déjà présent dans les précédents projets d'établissement, l'hôpital de jour a dû être plusieurs fois repoussé faute de moyens suffisants. Son objectif est de faire le lien entre l'hospitalisation continue et les consultations", explique Yann Dubois.

  • La prise en charge des patients âgés par la création d'une équipe mobile en géronto-psychiatrie. Il s'agit de mieux gérer et fluidifier les entrées et les sorties des sujets âgés, "sachant que l'établissement est confronté à d'importants problèmes de places et que les structures ne sont pas toujours adaptées", ajoute le directeur.

  • Permettre une meilleure prise en charge de la "crise suicidaire", c'est-à-dire de la période d'une durée de 48 heures à 72 heures durant laquelle le patient est particulièrement exposé au risque de suicide. "Actuellement, nos patients sont pris en charge aux urgences du centre hospitalier (CH) de Cornouaille (Quimper-Concarneau) par une équipe de notre établissement. L'idée est de renforcer cette équipe en disposant de lits identifiés", sachant que la Bretagne possède un taux de suicide (25,2%) largement supérieur à la moyenne nationale (17%).

  • Améliorer la "liberté de circulation". Cela fait référence au droit "d'aller et venir" dans les services de soins, mais également aux "conditions d'utilisation de la chambre d'isolement, voire des mécanismes de contention". Une série de protocoles et de procédures a ainsi été définie afin de mieux respecter le droit des patients.

  • Renforcer la détection psychiatrique périnatale et infanto-juvénile. L'objectif est de développer une équipe mobile d'infirmiers et de psychiatres capable d'intervenir dans les services pour enfants du CH de Cornouaille afin de détecter plus rapidement les problématiques psychiatriques. "Il s'agit de traiter les pathologies psychiques là où elles se révèlent", ajoute Yann Dubois.

  • La "prévention" et la "promotion" de la santé mentale. L'objectif est de "déstigmatiser" la santé mentale via l'organisation d'événements, de journées de formation et de conférences pour aller à la rencontre du public.

  • Améliorer la réhabilitation psychosociale. Il s'agit de travailler sur l'autonomie des patients hospitalisés sur de très longues périodes et qui nécessitent une prise en charge spécifique. Ces derniers doivent pouvoir conserver la possibilité d'être réinsérés dans la société.

  • Développer les consultations en addictologie, sachant que la "Bretagne et en particulier le Finistère" sont particulièrement "touchés par le problème des addictions", explique le directeur.

  • Garantir l'accès aux soins somatiques, c'est-à-dire "la capacité pour nos malades qui souffrent de problématiques psychiques" d'accéder à des soins qui concernent "le corps et pas uniquement l'esprit".

A noter que le projet d'établissement de l'EPSM Etienne-Gourmelen reprend plusieurs points du projet médical partagé (PMP) (approuvé en 2017 par l'ARS Bretagne) du groupement hospitalier de territoire (GHT) Union hospitalière de Cornouaille (dont il est établissement partie), en particulier concernant la question de la prise en charge psychiatrique en pédiatrie et aux urgences du CH de Cornouaille (établissement support).

L'EPSM de Gourmelen est par ailleurs chargé d'élaborer, dans le cadre du GHT, un projet de communauté psychiatrique de territoire (CPT) qui a pour but de définir un parcours de soins en psychiatrie à l'échelle du territoire (cf dépêche du 31/01/2017 à 18:52).

Yann Dubois indique à ce propos que le contenu de la CPT est toujours en cours "d'élaboration". Il devrait être dévoilé au cours du "premier semestre 2018".

800.000 € de déficit prévus en 2018 (sur un budget de 58 millions €)

Cependant, la mise en oeuvre de ce projet d'établissement est, par définition, intrinsèquement liée à la santé financière de l'EPSM.

Or celle-ci se dégrade avec un déficit prévisionnel de compte principal estimé à 100.000 € pour l'exercice 2017 sur un budget de 58 millions €, contre un excédent de 660.000 € pour l'exercice 2016.

Si le déficit 2017 ne représente que 0,17% des produits, les prévisions pour 2018 sont beaucoup plus alarmantes.

L'état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) 2018 prévoit un déficit de compte principal de 800.000 €, ce qui est plutôt "inquiétant", commente Yann Dubois.

"Toute la question qui se pose maintenant, c'est comment est-ce que l'on peut décliner notre nouveau projet d'établissement. Il y a sans doute certaines actions qui peuvent se faire par des redéploiements de moyens en interne, mais ce déficit de 800.000 € nous met dans une situation qui ne peut pas perdurer", poursuit-il.

"L'objectif 2018, c'est d'arriver à mettre en place ce projet tout en travaillant sur le retour à l'équilibre", ajoute le directeur.

Pourtant, l'activité de l'EPSM est pourtant en forte augmentation mais sans que cela ne se traduise financièrement. En 2017, la file active de l'établissement a progressé de 5,5%, faisant passer le nombre de patients suivis au-dessus du seuil des 10.000. La file active ambulatoire a augmenté de 5,3% et celle de la clinique 10 (bâtiment ouvert en 2008 qui héberge 6 unités d'admissions de psychiatrie adulte) de 18%. Enfin, le nombre d'hospitalisations de moins de 5 jours a augmenté de 30% par rapport à 2016.

"Cette situation s'explique par un effet ciseaux classique. Nos ressources, notamment la DAF [dotation annuelle de financement], n'augmentent pas et inversement nos dépenses s'accroissent de façon mécanique", explique Yann Dubois.

"Ce n'est pas lié à des recrutements supplémentaires mais à un ensemble de revalorisations salariales apparues ces dernières années, en particulier dans le cadre du PPCR [protocole parcours professionnels, carrières et rémunération]", poursuit-il.

Dans ces conditions, l'établissement attend beaucoup de la vente d'un terrain (actuellement occupé par des bâtiments historiques) sur son site principal. "Le compromis de vente a été signé, l'opération devrait se conclure dans l'année", indique le directeur, sans communiquer sur le montant de vente espéré.

syl/sl/APMnews

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QUIMPER, 9 février 2018 (APMnews) - L'établissement public de santé mentale (EPSM) Etienne-Gourmelen (731 lits et places) a élaboré en 2017 un vaste projet d'établissement, mais sa mise en oeuvre pourrait être restreinte en prévision d'une forte dégradation de sa situation financière, a annoncé jeudi à APMnews son directeur Yann Dubois en marge de la cérémonie des voeux.

Validé en interne le 30 juin 2017 par le conseil de surveillance, le nouveau projet d'établissement (2017-2020) de l'EPSM Etienne-Gourmelen n'a pas encore été approuvé par l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, a indiqué Yann Dubois, en poste dans l'établissement depuis janvier.

"Nous allons discuter prochainement de sa mise oeuvre avec l'ARS, notamment en ce qui concerne les priorités qui pourraient nécessiter des moyens supplémentaires", a poursuivi le directeur.

Le projet d'établissement 2017-2020 définit 9 priorités:

  • La prise en charge des adolescents avec notamment l'aménagement d'un hôpital de jour. "Déjà présent dans les précédents projets d'établissement, l'hôpital de jour a dû être plusieurs fois repoussé faute de moyens suffisants. Son objectif est de faire le lien entre l'hospitalisation continue et les consultations", explique Yann Dubois.

  • La prise en charge des patients âgés par la création d'une équipe mobile en géronto-psychiatrie. Il s'agit de mieux gérer et fluidifier les entrées et les sorties des sujets âgés, "sachant que l'établissement est confronté à d'importants problèmes de places et que les structures ne sont pas toujours adaptées", ajoute le directeur.

  • Permettre une meilleure prise en charge de la "crise suicidaire", c'est-à-dire de la période d'une durée de 48 heures à 72 heures durant laquelle le patient est particulièrement exposé au risque de suicide. "Actuellement, nos patients sont pris en charge aux urgences du centre hospitalier (CH) de Cornouaille (Quimper-Concarneau) par une équipe de notre établissement. L'idée est de renforcer cette équipe en disposant de lits identifiés", sachant que la Bretagne possède un taux de suicide (25,2%) largement supérieur à la moyenne nationale (17%).

  • Améliorer la "liberté de circulation". Cela fait référence au droit "d'aller et venir" dans les services de soins, mais également aux "conditions d'utilisation de la chambre d'isolement, voire des mécanismes de contention". Une série de protocoles et de procédures a ainsi été définie afin de mieux respecter le droit des patients.

  • Renforcer la détection psychiatrique périnatale et infanto-juvénile. L'objectif est de développer une équipe mobile d'infirmiers et de psychiatres capable d'intervenir dans les services pour enfants du CH de Cornouaille afin de détecter plus rapidement les problématiques psychiatriques. "Il s'agit de traiter les pathologies psychiques là où elles se révèlent", ajoute Yann Dubois.

  • La "prévention" et la "promotion" de la santé mentale. L'objectif est de "déstigmatiser" la santé mentale via l'organisation d'événements, de journées de formation et de conférences pour aller à la rencontre du public.

  • Améliorer la réhabilitation psychosociale. Il s'agit de travailler sur l'autonomie des patients hospitalisés sur de très longues périodes et qui nécessitent une prise en charge spécifique. Ces derniers doivent pouvoir conserver la possibilité d'être réinsérés dans la société.

  • Développer les consultations en addictologie, sachant que la "Bretagne et en particulier le Finistère" sont particulièrement "touchés par le problème des addictions", explique le directeur.

  • Garantir l'accès aux soins somatiques, c'est-à-dire "la capacité pour nos malades qui souffrent de problématiques psychiques" d'accéder à des soins qui concernent "le corps et pas uniquement l'esprit".

A noter que le projet d'établissement de l'EPSM Etienne-Gourmelen reprend plusieurs points du projet médical partagé (PMP) (approuvé en 2017 par l'ARS Bretagne) du groupement hospitalier de territoire (GHT) Union hospitalière de Cornouaille (dont il est établissement partie), en particulier concernant la question de la prise en charge psychiatrique en pédiatrie et aux urgences du CH de Cornouaille (établissement support).

L'EPSM de Gourmelen est par ailleurs chargé d'élaborer, dans le cadre du GHT, un projet de communauté psychiatrique de territoire (CPT) qui a pour but de définir un parcours de soins en psychiatrie à l'échelle du territoire (cf dépêche du 31/01/2017 à 18:52).

Yann Dubois indique à ce propos que le contenu de la CPT est toujours en cours "d'élaboration". Il devrait être dévoilé au cours du "premier semestre 2018".

800.000 € de déficit prévus en 2018 (sur un budget de 58 millions €)

Cependant, la mise en oeuvre de ce projet d'établissement est, par définition, intrinsèquement liée à la santé financière de l'EPSM.

Or celle-ci se dégrade avec un déficit prévisionnel de compte principal estimé à 100.000 € pour l'exercice 2017 sur un budget de 58 millions €, contre un excédent de 660.000 € pour l'exercice 2016.

Si le déficit 2017 ne représente que 0,17% des produits, les prévisions pour 2018 sont beaucoup plus alarmantes.

L'état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) 2018 prévoit un déficit de compte principal de 800.000 €, ce qui est plutôt "inquiétant", commente Yann Dubois.

"Toute la question qui se pose maintenant, c'est comment est-ce que l'on peut décliner notre nouveau projet d'établissement. Il y a sans doute certaines actions qui peuvent se faire par des redéploiements de moyens en interne, mais ce déficit de 800.000 € nous met dans une situation qui ne peut pas perdurer", poursuit-il.

"L'objectif 2018, c'est d'arriver à mettre en place ce projet tout en travaillant sur le retour à l'équilibre", ajoute le directeur.

Pourtant, l'activité de l'EPSM est pourtant en forte augmentation mais sans que cela ne se traduise financièrement. En 2017, la file active de l'établissement a progressé de 5,5%, faisant passer le nombre de patients suivis au-dessus du seuil des 10.000. La file active ambulatoire a augmenté de 5,3% et celle de la clinique 10 (bâtiment ouvert en 2008 qui héberge 6 unités d'admissions de psychiatrie adulte) de 18%. Enfin, le nombre d'hospitalisations de moins de 5 jours a augmenté de 30% par rapport à 2016.

"Cette situation s'explique par un effet ciseaux classique. Nos ressources, notamment la DAF [dotation annuelle de financement], n'augmentent pas et inversement nos dépenses s'accroissent de façon mécanique", explique Yann Dubois.

"Ce n'est pas lié à des recrutements supplémentaires mais à un ensemble de revalorisations salariales apparues ces dernières années, en particulier dans le cadre du PPCR [protocole parcours professionnels, carrières et rémunération]", poursuit-il.

Dans ces conditions, l'établissement attend beaucoup de la vente d'un terrain (actuellement occupé par des bâtiments historiques) sur son site principal. "Le compromis de vente a été signé, l'opération devrait se conclure dans l'année", indique le directeur, sans communiquer sur le montant de vente espéré.

syl/sl/APMnews

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