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24/02 2021
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PSYCHIATRIE: L'IGAS PRÉCONISE LA DÉSIGNATION DE "CHEFS DE FILE" SUR LE TERRITOIRE POUR "COORDONNER LE FONCTIONNEMENT DES CMP"

PARIS, 24 février 2021 (APMnews) - L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) recommande de désigner des "chefs de file" pour coordonner le fonctionnement des CMP "entre eux et avec le reste des structures participant aux soins psychiques", notamment pour la prise en charge des urgences dans un rapport mis en ligne mardi soir.

Ce rapport, remis en juillet 2020 par les membres de l'Igas, Stéphanie Dupays et le Dr Julien Emmanuelli, était attendu (cf dépêche du 22/04/2020 à 12:47). La semaine dernière, un rapport de la Cour des comptes, qui recommandait de rendre plus accessibles les psychologues libéraux et de "filtrer" l'accès aux CMP, l'a cité à plusieurs reprises, rappelle-t-on (cf dépêche du 16/02/2021 à 10:00).

L'Igas, dans ce rapport de 132 pages intitulé "Les [CMP] de psychiatrie générale et leur place dans le parcours du patient", constate que "déjà larges à l'origine, les missions du CMP se sont complexifiées au cours du temps".

Selon les rapporteurs, "la vision qui prévalait initialement reposait sur une conception holistique du CMP, appelé à proposer un large spectre de réponses allant de la prévention, du repérage et du dépistage à l’accompagnement médico-psychosocial en passant par les soins".

Or, "au fil du temps, les autorités sanitaires ont mis l’accent sur certaines de ces missions" et "dans les textes, les missions de service public se sont multipliées".

Ainsi, "depuis une vingtaine d’années, des périmètres d’intervention particuliers [ont] été signalés ou réaffirmés comme pouvant impliquer les CMP d'amont en aval (soins aux détenus, développement de 'l’aller-vers', gériatrie, détection des psychoses débutantes...) sans qu’on puisse établir dans quelle mesure cette extension des missions est effective".

Selon les rapporteurs, aujourd'hui, "deux conceptions plus ou moins marquées du CMP coexistent". Il y a d'un côté, "des CMP qui tentent d’assurer l’ensemble des missions qui leur sont originellement confiées, intégrant de surcroît les nouveaux publics qui se présentent à leur accueil sans tous relever d’une prise en charge pluridisciplinaire", et, de l'autre, "des CMP qui se recentrent tant que possible sur le noyau dur des patients les plus en souffrance".

Un certain nombre de fonctions "doivent être a minima assurées

"En termes d’organisation et de fonctionnement, certaines actions s’imposent pour réduire l’hétérogénéité de l’offre et améliorer la qualité des prises en charge", constatent les auteurs.

"Il faut, sur le plan du fonctionnement des CMP, s'entendre sur un minimum commun avec des missions précises et réalistes (les priorités en termes de besoin et les obligations en termes d’accessibilité d’offre)", ajoutent-ils.

Ainsi, "un certain nombre de fonctions doivent être a minima assurées, d’autres pouvant faire l’objet d’une délégation (typiquement, et dans la mesure du possible, la prévention dans son ensemble et une partie des soins légers) ou d’un appui coordonné (typiquement, les urgences et les soins non programmés que les structures ne peuvent gérer elles-mêmes)".

Il faut donc "que les acteurs puissent s’adosser à une doctrine d’organisation partagée (qui fait quoi, dans quelles conditions, avec quels moyens)", ajoutent-ils.

Un "chef de file", notamment pour l'organisation des urgences

Pour ce faire, c'est-à-dire "pour coordonner le fonctionnement des CMP entre eux et avec le reste des structures participant aux soins psychiques", il faudrait, selon les rapporteurs, au niveau des territoires, "dans l’idéal désigner un chef de file suffisamment doté en moyens (CMP référent ou dispositif avancé issu de mutualisations intersectorielles)".

Ce chef de file pourrait "assurer l'accueil et l'orientation des demandes qui ne trouvent pas de solutions (urgences, soins non programmés, prise en charge des troubles légers à modérés ne relevant pas d’une prise pluridisciplinaire)". "Cela pourrait prendre la forme d’un portail ou d’une plateforme d’évaluation et d’orientation physique", complètent les auteurs.

Les auteurs recommandent l'utilisation de ces "plateformes de coordination à un niveau intersectoriel (dispositif intersectoriel avancé type Cesam [Centre de santé mentale] ou Secop [service d'évaluation de crise et d'orientation psychiatrique], CMP référent)" pour la "gestion coordonnée des urgences".

Ils formulent d'ailleurs une recommandation visant à "organiser la participation de chacun (CMP, équipes mobiles, autres acteurs du soin psychique incluant secteur privé)" à cette gestion coordonnée par le biais de ces plateformes.

Ce chef de file pourrait également "informer et renseigner téléphoniquement les demandes de professionnels, de patients et de leurs proches sur l’offre territoriale".

Il pourrait enfin "constituer et animer un réseau sentinelle d’amont pour contribuer au repérage et à l’orientation précoce des pathologies émergentes potentiellement graves et chroniques".

Pour résumer, ce chef de file "serait le garant que les grandes fonctions susceptibles d’être assurées par le CMP le sont au moins à un niveau territorial (intersecteur, département)".

"Ce chef de file pourrait être une émanation des CMP (dispositif avancé issu de mutualisations intersectorielles de moyens tels que le Cesam) ou du dispositif hospitalier (sur le modèle du CPOA [centre psychiatrique d'orientation et d'accueil] ou du Secop)", précisent les auteurs.

L'Igas recommande que les agences régionales de santé (ARS) désignent ces chefs de file d'ici 2022, en lien avec les projets territoriaux de santé mentale (PTSM).

Une organisation insuffisante sans ressources

Selon les auteurs, "il y a cependant des limites plus ou moins surmontables" à la mise en oeuvre du schéma prévoyant un chef de file.

"Les écarts de ressources humaines (rapport moyens/population) entre Paris et les gros centres urbains d’une part, et le reste de la France, d’autre part, sont tels que, même la création des dispositifs d’appui […] pour assurer l’ensemble des missions de manière la plus équitable sur l’ensemble du territoire ne peut suffire".

"Pour pallier l’insuffisance de la ressource, il faut aller plus loin", affirment les auteurs.

"Cela suppose de créer de la ressource", notamment en "autorisant les psychologues cliniciens à entrer dans les parcours de soins" (cf dépêche du 10/02/2020 à 15:19), "mais également en mobilisant la ressource psychiatrique privée pour mieux 'répartir le fardeau'".

Par ailleurs, "compte tenu des questions d’attractivité inégale des territoires, et même en revalorisant/aménageant les conditions d’exercice des psychiatres, des infirmiers et des psychologues comme cela paraît nécessaire, le déploiement de la téléconsultation à partir de centres urbains semble inévitable dans certaines zones semi-urbaines ou rurales", constatent-ils.

"Pour certains cas complexes nécessitant une prise en charge très spécialisée que les CMP locaux ne peuvent pas fournir, on ne peut pas exclure, au-delà de la téléconsultation, un suivi partiellement délocalisé dans des lieux mieux pourvus", soulignent enfin les auteurs.

Dans les zones les moins dotées, soit "un quart des départements", "on pourrait imaginer en dernier ressort une répartition de la charge au niveau régional: le département le mieux doté de la région fournirait un appui au département très démuni".

Dans leur rapport, les auteurs recommandent de "proposer une définition administrative, juridique et organisationnelle des CMP" (cf dépêche du 24/02/2021 à 19:07).

Les centres médico-psychologiques de psychiatrie générale et leur place dans le parcours du patient - Igas - juillet 2020

af/ab/APMnews

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PARIS, 24 février 2021 (APMnews) - L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) recommande de désigner des "chefs de file" pour coordonner le fonctionnement des CMP "entre eux et avec le reste des structures participant aux soins psychiques", notamment pour la prise en charge des urgences dans un rapport mis en ligne mardi soir.

Ce rapport, remis en juillet 2020 par les membres de l'Igas, Stéphanie Dupays et le Dr Julien Emmanuelli, était attendu (cf dépêche du 22/04/2020 à 12:47). La semaine dernière, un rapport de la Cour des comptes, qui recommandait de rendre plus accessibles les psychologues libéraux et de "filtrer" l'accès aux CMP, l'a cité à plusieurs reprises, rappelle-t-on (cf dépêche du 16/02/2021 à 10:00).

L'Igas, dans ce rapport de 132 pages intitulé "Les [CMP] de psychiatrie générale et leur place dans le parcours du patient", constate que "déjà larges à l'origine, les missions du CMP se sont complexifiées au cours du temps".

Selon les rapporteurs, "la vision qui prévalait initialement reposait sur une conception holistique du CMP, appelé à proposer un large spectre de réponses allant de la prévention, du repérage et du dépistage à l’accompagnement médico-psychosocial en passant par les soins".

Or, "au fil du temps, les autorités sanitaires ont mis l’accent sur certaines de ces missions" et "dans les textes, les missions de service public se sont multipliées".

Ainsi, "depuis une vingtaine d’années, des périmètres d’intervention particuliers [ont] été signalés ou réaffirmés comme pouvant impliquer les CMP d'amont en aval (soins aux détenus, développement de 'l’aller-vers', gériatrie, détection des psychoses débutantes...) sans qu’on puisse établir dans quelle mesure cette extension des missions est effective".

Selon les rapporteurs, aujourd'hui, "deux conceptions plus ou moins marquées du CMP coexistent". Il y a d'un côté, "des CMP qui tentent d’assurer l’ensemble des missions qui leur sont originellement confiées, intégrant de surcroît les nouveaux publics qui se présentent à leur accueil sans tous relever d’une prise en charge pluridisciplinaire", et, de l'autre, "des CMP qui se recentrent tant que possible sur le noyau dur des patients les plus en souffrance".

Un certain nombre de fonctions "doivent être a minima assurées

"En termes d’organisation et de fonctionnement, certaines actions s’imposent pour réduire l’hétérogénéité de l’offre et améliorer la qualité des prises en charge", constatent les auteurs.

"Il faut, sur le plan du fonctionnement des CMP, s'entendre sur un minimum commun avec des missions précises et réalistes (les priorités en termes de besoin et les obligations en termes d’accessibilité d’offre)", ajoutent-ils.

Ainsi, "un certain nombre de fonctions doivent être a minima assurées, d’autres pouvant faire l’objet d’une délégation (typiquement, et dans la mesure du possible, la prévention dans son ensemble et une partie des soins légers) ou d’un appui coordonné (typiquement, les urgences et les soins non programmés que les structures ne peuvent gérer elles-mêmes)".

Il faut donc "que les acteurs puissent s’adosser à une doctrine d’organisation partagée (qui fait quoi, dans quelles conditions, avec quels moyens)", ajoutent-ils.

Un "chef de file", notamment pour l'organisation des urgences

Pour ce faire, c'est-à-dire "pour coordonner le fonctionnement des CMP entre eux et avec le reste des structures participant aux soins psychiques", il faudrait, selon les rapporteurs, au niveau des territoires, "dans l’idéal désigner un chef de file suffisamment doté en moyens (CMP référent ou dispositif avancé issu de mutualisations intersectorielles)".

Ce chef de file pourrait "assurer l'accueil et l'orientation des demandes qui ne trouvent pas de solutions (urgences, soins non programmés, prise en charge des troubles légers à modérés ne relevant pas d’une prise pluridisciplinaire)". "Cela pourrait prendre la forme d’un portail ou d’une plateforme d’évaluation et d’orientation physique", complètent les auteurs.

Les auteurs recommandent l'utilisation de ces "plateformes de coordination à un niveau intersectoriel (dispositif intersectoriel avancé type Cesam [Centre de santé mentale] ou Secop [service d'évaluation de crise et d'orientation psychiatrique], CMP référent)" pour la "gestion coordonnée des urgences".

Ils formulent d'ailleurs une recommandation visant à "organiser la participation de chacun (CMP, équipes mobiles, autres acteurs du soin psychique incluant secteur privé)" à cette gestion coordonnée par le biais de ces plateformes.

Ce chef de file pourrait également "informer et renseigner téléphoniquement les demandes de professionnels, de patients et de leurs proches sur l’offre territoriale".

Il pourrait enfin "constituer et animer un réseau sentinelle d’amont pour contribuer au repérage et à l’orientation précoce des pathologies émergentes potentiellement graves et chroniques".

Pour résumer, ce chef de file "serait le garant que les grandes fonctions susceptibles d’être assurées par le CMP le sont au moins à un niveau territorial (intersecteur, département)".

"Ce chef de file pourrait être une émanation des CMP (dispositif avancé issu de mutualisations intersectorielles de moyens tels que le Cesam) ou du dispositif hospitalier (sur le modèle du CPOA [centre psychiatrique d'orientation et d'accueil] ou du Secop)", précisent les auteurs.

L'Igas recommande que les agences régionales de santé (ARS) désignent ces chefs de file d'ici 2022, en lien avec les projets territoriaux de santé mentale (PTSM).

Une organisation insuffisante sans ressources

Selon les auteurs, "il y a cependant des limites plus ou moins surmontables" à la mise en oeuvre du schéma prévoyant un chef de file.

"Les écarts de ressources humaines (rapport moyens/population) entre Paris et les gros centres urbains d’une part, et le reste de la France, d’autre part, sont tels que, même la création des dispositifs d’appui […] pour assurer l’ensemble des missions de manière la plus équitable sur l’ensemble du territoire ne peut suffire".

"Pour pallier l’insuffisance de la ressource, il faut aller plus loin", affirment les auteurs.

"Cela suppose de créer de la ressource", notamment en "autorisant les psychologues cliniciens à entrer dans les parcours de soins" (cf dépêche du 10/02/2020 à 15:19), "mais également en mobilisant la ressource psychiatrique privée pour mieux 'répartir le fardeau'".

Par ailleurs, "compte tenu des questions d’attractivité inégale des territoires, et même en revalorisant/aménageant les conditions d’exercice des psychiatres, des infirmiers et des psychologues comme cela paraît nécessaire, le déploiement de la téléconsultation à partir de centres urbains semble inévitable dans certaines zones semi-urbaines ou rurales", constatent-ils.

"Pour certains cas complexes nécessitant une prise en charge très spécialisée que les CMP locaux ne peuvent pas fournir, on ne peut pas exclure, au-delà de la téléconsultation, un suivi partiellement délocalisé dans des lieux mieux pourvus", soulignent enfin les auteurs.

Dans les zones les moins dotées, soit "un quart des départements", "on pourrait imaginer en dernier ressort une répartition de la charge au niveau régional: le département le mieux doté de la région fournirait un appui au département très démuni".

Dans leur rapport, les auteurs recommandent de "proposer une définition administrative, juridique et organisationnelle des CMP" (cf dépêche du 24/02/2021 à 19:07).

Les centres médico-psychologiques de psychiatrie générale et leur place dans le parcours du patient - Igas - juillet 2020

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