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20/12 2017
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RÉFORME DU TROISIÈME CYCLE DES ÉTUDES MÉDICALES: LES CHIRURGIENS DE LA MAIN INQUIETS

PARIS, 20 décembre 2017 (APMnews) - Les spécialistes de la chirurgie de la main, qui tiennent cette semaine leur congrès annuel à Paris, ont fait part lors d'une conférence de presse de leurs inquiétudes sur le risque de baisse de compétences des nouveaux chirurgiens de la main en raison de la réduction du temps de formation décidée dans la réforme troisième cycle des études médicales.

Cette réforme discutée durant plusieurs années (et sur laquelle plusieurs autres spécialités ont émis des critiques, cf notamment dépêche du 09/02/2017 à 15:25, dépêche du 04/01/2017 à 18:46), est entrée en vigueur et concerne les nouveaux internes arrivés dans les établissements en novembre.

Au vu de ce qui est proposé en termes de formation à la chirurgie de la main, "nous avons l'impression de nous être fait berner", a déclaré le Pr Philippe Liverneaux des hôpitaux universitaires de Strasbourg.

La chirurgie de la main n'étant pas une spécialité reconnue par l'université (elle est en revanche reconnue par l'ordre des médecins), la Société française de chirurgie de la main (SFCM) n'a pas été entendue par les auteurs de la réforme du 3e cycle. Ce sont les collègues de chirurgie orthopédique et de chirurgie plastique qui ont été entendus. La SFCM a été sollicitée tardivement pour construire la maquette de la formation, mais selon les responsables de la société savante, un point crucial de leurs propositions a disparu dans la version finalement publiée, qui les inquiète.

Auparavant, la formation des chirurgiens de la main se faisait en 7 ans: 5 ans d'internat et 2 ans de post-internat, et cela incluait la validation d'un diplôme universitaire de microchirurgie et d'un diplôme interuniversitaire de chirurgie de la main. C'est particulièrement important car la chirurgie de la main, chirurgie complexe qui intervient sur les os, les articulations, les vaisseaux, les tissus mous... nécessite un long apprentissage.

Avec la réforme, la formation durera 6 ans, soit un an de moins, avec "seulement 2 semestres de stage". On obtiendra alors une formation spécialisée transversale (FST) en chirurgie de la main. Etant validée par l'université, cette formation plus courte qu'auparavant sera considérée comme suffisante pour avoir le titre de chirurgien de la main.

Cette "formation au rabais" risque de conduire à une baisse de la qualité de la prise en charge des urgences de la main en France, mettent en garde les membres de la SFCM. Dans 6 ans avec la sortie des premiers internes issus de cette nouvelle formation, "la France aura des chirurgiens de la main dont la formation aura été tellement dégradée qu'elle ne permettra pas une prise en charge spécialisée à la hauteur des autres pays d'Europe".

Ils ont cité en exemple, à l'approche des fêtes, les blessures par explosion de pétards artisanaux, qui sont parfois très graves. A Strasbourg notamment, où les pétards sont une tradition, ce sont "50 interventions dans la nuit" du Nouvel an pour des mains détruites, a souligné Philippe Liverneaux. Après la réforme, avec la baisse de capacités des nouveaux chirurgiens, "tous les blessés par pétards seront amputés" au lieu d'avoir une chirurgie réparatrice, a mis en garde Philippe Bellemère de Nantes, président de la SFCM.

De même, sans le "compagnonnage" permis par la formation actuelle, "qui saura réimplanter un doigt ? L’interne qui n'aura fait que 2 semestres ?", a-t-il ajouté.

Il a souligné le fait que les blessures de la main mal opérées "coûtent cher en termes de séquelles, d'indemnités journalières et de taux d'invalidité".

"Nous n'avons pas de revendication catégorielle", a souligné Philippe Liverneaux. "Nous voulons seulement une formation au moins égale à l'existant".

Les chirurgiens de la main font plusieurs propositions. Celle qui a leur préférence, car elle serait plus simple, serait de garder le nouveau système mais en établissant que le FST obtenu au bout des 6 ans ne soit qu'"un préalable à l'obtention du droit au titre en chirurgie de la main".

Le titre n'étant effectivement obtenu qu'après avoir rempli plusieurs prérequis: avoir une formation théorique validée par le diplôme européen de chirurgie de la main; avoir une formation pratique en plus des 2 semestres prévus dans le FST; avoir une formation en microchirurgie validée par l'obtention d'un diplôme universitaire ou interuniversitaire; avoir eu une mise en situation pratique par un stage de 2 ans dans une ou plusieurs unités de chirurgie de la main agréées.

"Cela ne coûterait pas un sou de plus", ont-ils souligné.

Actuellement, il y a en France 508 titulaires du titre de chirurgien de la main. Il y a 65 centres d'urgence de la main labellisés (23 publics, 42 privés), avec au moins 3 chirurgiens par centre, répartis sur tout le territoire.

Chaque année, on compte 1,5 million de blessés de la main, les 2/3 des blessures étant survenues dans un contexte de vie courante (la prévention a permis de faire diminuer les accidents du travail). Parmi eux, 640.000 accidents donnent lieu à des séquelles, a indiqué Guy Raimbeau d'Angers, président de la Fédération des services d'urgence de la main (Fesum).

fb/ab/APMnews

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PARIS, 20 décembre 2017 (APMnews) - Les spécialistes de la chirurgie de la main, qui tiennent cette semaine leur congrès annuel à Paris, ont fait part lors d'une conférence de presse de leurs inquiétudes sur le risque de baisse de compétences des nouveaux chirurgiens de la main en raison de la réduction du temps de formation décidée dans la réforme troisième cycle des études médicales.

Cette réforme discutée durant plusieurs années (et sur laquelle plusieurs autres spécialités ont émis des critiques, cf notamment dépêche du 09/02/2017 à 15:25, dépêche du 04/01/2017 à 18:46), est entrée en vigueur et concerne les nouveaux internes arrivés dans les établissements en novembre.

Au vu de ce qui est proposé en termes de formation à la chirurgie de la main, "nous avons l'impression de nous être fait berner", a déclaré le Pr Philippe Liverneaux des hôpitaux universitaires de Strasbourg.

La chirurgie de la main n'étant pas une spécialité reconnue par l'université (elle est en revanche reconnue par l'ordre des médecins), la Société française de chirurgie de la main (SFCM) n'a pas été entendue par les auteurs de la réforme du 3e cycle. Ce sont les collègues de chirurgie orthopédique et de chirurgie plastique qui ont été entendus. La SFCM a été sollicitée tardivement pour construire la maquette de la formation, mais selon les responsables de la société savante, un point crucial de leurs propositions a disparu dans la version finalement publiée, qui les inquiète.

Auparavant, la formation des chirurgiens de la main se faisait en 7 ans: 5 ans d'internat et 2 ans de post-internat, et cela incluait la validation d'un diplôme universitaire de microchirurgie et d'un diplôme interuniversitaire de chirurgie de la main. C'est particulièrement important car la chirurgie de la main, chirurgie complexe qui intervient sur les os, les articulations, les vaisseaux, les tissus mous... nécessite un long apprentissage.

Avec la réforme, la formation durera 6 ans, soit un an de moins, avec "seulement 2 semestres de stage". On obtiendra alors une formation spécialisée transversale (FST) en chirurgie de la main. Etant validée par l'université, cette formation plus courte qu'auparavant sera considérée comme suffisante pour avoir le titre de chirurgien de la main.

Cette "formation au rabais" risque de conduire à une baisse de la qualité de la prise en charge des urgences de la main en France, mettent en garde les membres de la SFCM. Dans 6 ans avec la sortie des premiers internes issus de cette nouvelle formation, "la France aura des chirurgiens de la main dont la formation aura été tellement dégradée qu'elle ne permettra pas une prise en charge spécialisée à la hauteur des autres pays d'Europe".

Ils ont cité en exemple, à l'approche des fêtes, les blessures par explosion de pétards artisanaux, qui sont parfois très graves. A Strasbourg notamment, où les pétards sont une tradition, ce sont "50 interventions dans la nuit" du Nouvel an pour des mains détruites, a souligné Philippe Liverneaux. Après la réforme, avec la baisse de capacités des nouveaux chirurgiens, "tous les blessés par pétards seront amputés" au lieu d'avoir une chirurgie réparatrice, a mis en garde Philippe Bellemère de Nantes, président de la SFCM.

De même, sans le "compagnonnage" permis par la formation actuelle, "qui saura réimplanter un doigt ? L’interne qui n'aura fait que 2 semestres ?", a-t-il ajouté.

Il a souligné le fait que les blessures de la main mal opérées "coûtent cher en termes de séquelles, d'indemnités journalières et de taux d'invalidité".

"Nous n'avons pas de revendication catégorielle", a souligné Philippe Liverneaux. "Nous voulons seulement une formation au moins égale à l'existant".

Les chirurgiens de la main font plusieurs propositions. Celle qui a leur préférence, car elle serait plus simple, serait de garder le nouveau système mais en établissant que le FST obtenu au bout des 6 ans ne soit qu'"un préalable à l'obtention du droit au titre en chirurgie de la main".

Le titre n'étant effectivement obtenu qu'après avoir rempli plusieurs prérequis: avoir une formation théorique validée par le diplôme européen de chirurgie de la main; avoir une formation pratique en plus des 2 semestres prévus dans le FST; avoir une formation en microchirurgie validée par l'obtention d'un diplôme universitaire ou interuniversitaire; avoir eu une mise en situation pratique par un stage de 2 ans dans une ou plusieurs unités de chirurgie de la main agréées.

"Cela ne coûterait pas un sou de plus", ont-ils souligné.

Actuellement, il y a en France 508 titulaires du titre de chirurgien de la main. Il y a 65 centres d'urgence de la main labellisés (23 publics, 42 privés), avec au moins 3 chirurgiens par centre, répartis sur tout le territoire.

Chaque année, on compte 1,5 million de blessés de la main, les 2/3 des blessures étant survenues dans un contexte de vie courante (la prévention a permis de faire diminuer les accidents du travail). Parmi eux, 640.000 accidents donnent lieu à des séquelles, a indiqué Guy Raimbeau d'Angers, président de la Fédération des services d'urgence de la main (Fesum).

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