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RENDEZ-VOUS EN OPHTALMOLOGIE: LES SECRÉTAIRES MÉDICALES ACCEPTENT SEULEMENT 50% DES PATIENTS AVEC SUSPICION DE DMLA
PARIS, 9 mai 2017 (APMnews) - Les secrétaires médicales d'ophtalmologie donnent un rendez-vous en urgence à seulement 50% des patients qui appellent pour une suspicion de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), montre une enquête menée en France auprès d'hôpitaux et de cabinets privés présentée dimanche à Paris lors du congrès de la Société française d'ophtalmologie (SFO).
"En termes de délais, une DMLA doit être prise en charge en moins de 10 jours, selon la Haute autorité de santé (HAS). On sait que dans la vraie vie c'est plus, et on sait aussi que plus on met de temps [à initier un traitement], moins l'acuité visuelle résiduelle sera bonne", a rappelé le Dr Jean-Bernard Rottier, ophtalmologiste au Mans, ancien président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof).
"Dans cette course contre la montre, il existe différents paramètres", a noté ce professionnel très impliqué dans le développement de la délégation de tâches pour faire face à la pénurie d'ophtalmologistes.
Il a évalué le rôle des secrétaires médicales en utilisant une enquête téléphonique faite sur les délais de rendez-vous en ophtalmologie, tous les ans depuis 2011 avec la société Kantar Health, Novartis et le Snof pour l'établissement des scénarios simulés.
L'enquête a été menée sur le principe d'appels mystère réalisés en juin 2016 auprès de 100 centres recrutés aléatoirement dans différentes régions (hospitaliers et libéraux). Cinq situations ont été simulées: une baisse d'acuité visuelle brutale, un supposé patient atteint d'une DMLA sur un oeil pensant avoir le deuxième oeil atteint, un strabisme chez l'enfant, un diabète et un groupe témoin formé par un supposé patient souhaitant un rendez-vous de bilan, sans urgence.
"Pour le nouveau patient qui appelait un secrétariat pour avoir un rendez-vous en raison d'une baisse brutale de la vision, 42% seulement obtenaient un rendez-vous", a rapporté le Dr Rottier.
Pour la DMLA, 50% obtenaient un rendez-vous. "C'est un vrai problème", a-t-il commenté. De plus, seuls 21% (environ la moitié de ceux qui n'avaient pas de rendez-vous) étaient référés vers un autre centre.
Le rendez-vous, quand il était obtenu, était donné dans une médiane de 4 jours (avec un maximum de 170 jours).
Pour la baisse visuelle brutale, la médiane était de 2 jours avec un maximum de 65 jours. "Cela veut dire que non seulement la moitié ne sont pas pris en urgence mais que pour l'autre moitié, seule la moitié -soit un quart- est prise en 2 jours", a-t-il souligné.
Pour le diabète, 69% des patients simulés obtenaient un rendez-vous dans un délai médian de 36 jours et pour les enfants avec suspicion de strabisme, seulement 38%. "De moins en moins de centres acceptent des enfants comme nouveaux patients", a déploré le Dr Rottier.
Pour les patients qui demandaient une visite de contrôle (sans urgence), l'appel débouchait sur un rendez-vous dans 79% des cas dans un délai médian de 58 jours. "En 2011, 100% des patients obtenaient en rendez-vous pour des lunettes", a-t-il noté.
"Ces résultats posent question sur la pertinence des soins aujourd'hui et sur la formation des secrétaires médicales. C'est un échec global pour la profession quand la moitié des patients n'ont pas accès au médecin, même si l'on connaît les raisons", a-t-il ajouté.
"Depuis 2011, on a vu une amélioration constante de la réponse des secrétaires à dépister l'urgence. Elles donnent de meilleurs rendez-vous, mais cela se fait au prix d'un plus grand nombre de renvois", du fait du manque de rendez-vous disponibles, a-t-il commenté.
"En tant qu'ophtalmologistes, nous devons lever le nez de notre lampe à fente: il faut gérer l'ensemble de la structure de telle sorte que les patients puissent arriver jusqu'à nous. Il faut favoriser la formation des secrétaires médicales et déléguer aux orthoptistes pour libérer du temps médical et permettre aux patients qui ont besoin de nous de profiter de ces plages libérées", a-t-il estimé.
===La situation se durcit
Cependant, il n'a pas caché que "dans la période d'extrême pénurie" actuelle concernant les ophtalmologistes, mais aussi les orthoptistes (on en forme plus mais c'est loin d'être assez), c'est de plus en plus difficile. "Une secrétaire reçoit environ 100 appels par jour, en plus de s'occuper de l'accueil des patients au cabinet", a-t-il illustré.
Dans sa région, où beaucoup d'ophtalmologistes sont partis à la retraite, à chaque fois, "c'est aussi une secrétaire de moins pour répondre et les autres ne peuvent pas absorber les appels". Dans son département de la Sarthe, un projet de plateforme départementale est à l'étude avec l'aide de l'agence régionale de santé (ARS) pour répondre à ces patients demandeurs des soins.
"Même pour les formations en ligne à faire au cabinet, les secrétaires -bien que sensibilisées- n'arrivent pas à se dégager du temps pour les suivre", a-t-il témoigné.
"Aujourd'hui, ça craque complètement. La période va être très difficile à vivre", a-t-il estimé. "Il va falloir construire une nouvelle organisation", a-t-il suggéré.
sl/gb/APMnews
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RENDEZ-VOUS EN OPHTALMOLOGIE: LES SECRÉTAIRES MÉDICALES ACCEPTENT SEULEMENT 50% DES PATIENTS AVEC SUSPICION DE DMLA
PARIS, 9 mai 2017 (APMnews) - Les secrétaires médicales d'ophtalmologie donnent un rendez-vous en urgence à seulement 50% des patients qui appellent pour une suspicion de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), montre une enquête menée en France auprès d'hôpitaux et de cabinets privés présentée dimanche à Paris lors du congrès de la Société française d'ophtalmologie (SFO).
"En termes de délais, une DMLA doit être prise en charge en moins de 10 jours, selon la Haute autorité de santé (HAS). On sait que dans la vraie vie c'est plus, et on sait aussi que plus on met de temps [à initier un traitement], moins l'acuité visuelle résiduelle sera bonne", a rappelé le Dr Jean-Bernard Rottier, ophtalmologiste au Mans, ancien président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof).
"Dans cette course contre la montre, il existe différents paramètres", a noté ce professionnel très impliqué dans le développement de la délégation de tâches pour faire face à la pénurie d'ophtalmologistes.
Il a évalué le rôle des secrétaires médicales en utilisant une enquête téléphonique faite sur les délais de rendez-vous en ophtalmologie, tous les ans depuis 2011 avec la société Kantar Health, Novartis et le Snof pour l'établissement des scénarios simulés.
L'enquête a été menée sur le principe d'appels mystère réalisés en juin 2016 auprès de 100 centres recrutés aléatoirement dans différentes régions (hospitaliers et libéraux). Cinq situations ont été simulées: une baisse d'acuité visuelle brutale, un supposé patient atteint d'une DMLA sur un oeil pensant avoir le deuxième oeil atteint, un strabisme chez l'enfant, un diabète et un groupe témoin formé par un supposé patient souhaitant un rendez-vous de bilan, sans urgence.
"Pour le nouveau patient qui appelait un secrétariat pour avoir un rendez-vous en raison d'une baisse brutale de la vision, 42% seulement obtenaient un rendez-vous", a rapporté le Dr Rottier.
Pour la DMLA, 50% obtenaient un rendez-vous. "C'est un vrai problème", a-t-il commenté. De plus, seuls 21% (environ la moitié de ceux qui n'avaient pas de rendez-vous) étaient référés vers un autre centre.
Le rendez-vous, quand il était obtenu, était donné dans une médiane de 4 jours (avec un maximum de 170 jours).
Pour la baisse visuelle brutale, la médiane était de 2 jours avec un maximum de 65 jours. "Cela veut dire que non seulement la moitié ne sont pas pris en urgence mais que pour l'autre moitié, seule la moitié -soit un quart- est prise en 2 jours", a-t-il souligné.
Pour le diabète, 69% des patients simulés obtenaient un rendez-vous dans un délai médian de 36 jours et pour les enfants avec suspicion de strabisme, seulement 38%. "De moins en moins de centres acceptent des enfants comme nouveaux patients", a déploré le Dr Rottier.
Pour les patients qui demandaient une visite de contrôle (sans urgence), l'appel débouchait sur un rendez-vous dans 79% des cas dans un délai médian de 58 jours. "En 2011, 100% des patients obtenaient en rendez-vous pour des lunettes", a-t-il noté.
"Ces résultats posent question sur la pertinence des soins aujourd'hui et sur la formation des secrétaires médicales. C'est un échec global pour la profession quand la moitié des patients n'ont pas accès au médecin, même si l'on connaît les raisons", a-t-il ajouté.
"Depuis 2011, on a vu une amélioration constante de la réponse des secrétaires à dépister l'urgence. Elles donnent de meilleurs rendez-vous, mais cela se fait au prix d'un plus grand nombre de renvois", du fait du manque de rendez-vous disponibles, a-t-il commenté.
"En tant qu'ophtalmologistes, nous devons lever le nez de notre lampe à fente: il faut gérer l'ensemble de la structure de telle sorte que les patients puissent arriver jusqu'à nous. Il faut favoriser la formation des secrétaires médicales et déléguer aux orthoptistes pour libérer du temps médical et permettre aux patients qui ont besoin de nous de profiter de ces plages libérées", a-t-il estimé.
===La situation se durcit
Cependant, il n'a pas caché que "dans la période d'extrême pénurie" actuelle concernant les ophtalmologistes, mais aussi les orthoptistes (on en forme plus mais c'est loin d'être assez), c'est de plus en plus difficile. "Une secrétaire reçoit environ 100 appels par jour, en plus de s'occuper de l'accueil des patients au cabinet", a-t-il illustré.
Dans sa région, où beaucoup d'ophtalmologistes sont partis à la retraite, à chaque fois, "c'est aussi une secrétaire de moins pour répondre et les autres ne peuvent pas absorber les appels". Dans son département de la Sarthe, un projet de plateforme départementale est à l'étude avec l'aide de l'agence régionale de santé (ARS) pour répondre à ces patients demandeurs des soins.
"Même pour les formations en ligne à faire au cabinet, les secrétaires -bien que sensibilisées- n'arrivent pas à se dégager du temps pour les suivre", a-t-il témoigné.
"Aujourd'hui, ça craque complètement. La période va être très difficile à vivre", a-t-il estimé. "Il va falloir construire une nouvelle organisation", a-t-il suggéré.
sl/gb/APMnews