Actualités de l'Urgence - APM

10/04 2018
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RENFORCER LE RECOURS AU 15 ET LES SOINS D'AVAL POUR PRÉVENIR LES DÉCÈS PAR ASTHME

PARIS, 10 avril 2018 (APMnews) - La mortalité par asthme stagne en France et pour infléchir cette tendance, il est nécessaire à la fois que les patients aient le réflexe d'appeler le 15 en cas de crise et que les établissements de santé mettent en place une filière d'aval pour prévenir les récidives, ont expliqué la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et la Société française de médecine d'urgence (SFMU), mardi lors d'une conférence de presse.

"L'asthme est une maladie fréquente, chronique mais globalement bénigne mais nous constatons encore 200.000 passages aux urgences par an pour asthme, 100.000 hospitalisation et 1.000 morts. Dans un pays développé, c'est inacceptable !", a indiqué le Pr Nicolas Roche de l'hôpital Cochin à Paris (AP-HP), président de la SPLF, lors de cette conférence de présentation de la journée mondiale de l'asthme, le mardi 1er mai.

Selon les dernières données françaises publiées, la mortalité par asthme a diminué entre 2000 et 2014 mais semble stagner depuis 2011 (cf dépêche du 21/01/2015 à 12:49). Cette tendance s'observe aussi au plan mondial (cf dépêche du 17/08/2017 à 12:16).

Pour améliorer la situation, il faut à la fois agir au moment de la crise d'asthme mais aussi avant, et il vaut mieux "apprendre à réagir par excès que par défaut", et après en agissant en particulier sur la coordination des soins.

En amont, il convient d'identifier les facteurs de risque de crise d'asthme aigu sur lesquels il est possible d'agir en prévention.

"Il existe des asthmes non diagnostiqués, des cas sous-évalués, mal contrôlés, une banalisation des symptômes par les patients et aussi par les médecins, un retard de réaction en cas de crise également qui peut entraîner une aggravation rapide et inattendue, une mauvaise technique d'utilisation des dispositifs d'inhalation, des comorbidités mal traitées (rhinite, obésité, allergies), des facteurs environnementaux (tabac, pollution, allergènes...)."

SPLF SFMU


Au moment de la crise, des symptômes inhabituels doivent alerter, comme une difficulté à parler ou une résistance au traitement, a ajouté le Dr Gilles Mangiapan du centre hospitalier intercommunal (CHI) de Créteil. "Il faut faire le 15 !", a insisté le Pr Patrick Plaisance de l'hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP) de la SFMU.

Une maman a témoigné de la dégradation très rapide de l'état de son fils, décédé à 27 ans d'une crise d'asthme. "Il n'avait jamais fait ce type de crise avant. Il était en train de faire son déménagement, il faisait très chaud, l'air était pollué. Il a appelé SOS Médecins, où on lui a dit d'augmenter la dose de bronchodilatateur."

Face à la situation qui empire, la mère décide de rentrer de son travail en voiture pour emmener son fils à l'hôpital mais les embouteillages les retardent. Ils s'arrêtent devant les pompiers mais ceux-ci n'ont pas de réanimateur. Le Samu est appelé... trop tard.

Ce témoignage montre aussi que des professionnels de santé peuvent eux-aussi ne pas avoir les bons réflexes. Il existe des recommandations pour la prise en charge en urgence de la crise d'asthme aigu, qui peut être encore optimisée, a souligné le Dr Mangiapan.

"Devant un asthme aigu grave, il n'y a pas à réfléchir. Les protocoles existent depuis la conférence de consensus de 1988. Il faut associer systématiquement un aérosol de bêta-2 mimétique, de l'oxygène et des corticoïdes par voie orale ou intraveineuse."

"Il n'y a pas de risque à surtraiter un asthme mais un risque majeur à sous-traiter un asthme qui s'aggrave."

Une fois le patient stabilisé, c'est après la sortie des urgences que survient "la zone grise", a pointé le Pr Plaisance. "La priorité ensuite est de remettre le patient dans le circuit pour éviter les récidives", a ajouté le Dr Mangiapan.

Il faut établir "une prise en charge protocolisée", avec par exemple l'impression automatique des ordonnances et d'un plan d'action d'urgence personnalisé, organiser l'articulation entre le SAU et le service de pneumologie, mettre en place une filière de soins entre l'hôpital et les médecins libéraux, le généraliste et/ou le pneumologue de référence.

Un suivi et une réévaluation du patient doivent être organisés, a ajouté le pneumologue, citant l'exemple des consultations post-urgences proposées au CHI de Créteil, sept jours après la sortie de l'hôpital. "Le patient a un arrêt de travail et un traitement, il est rappelé s'il ne vient pas à son rendez-vous et le cas échéant, le traitement est modifié."

Les professionnels à l'hôpital et en ville doivent prendre des initiatives localement, selon les besoins, avec parfois le soutien de la direction d'établissement et/ou de l'agence régionale de santé (ARS), pour en particulier mettre en place une coordination, a souligné le Pr Roche.

"A Cochin, on a mis plus de trois ans pour obtenir le financement d'un équivalent temps plein d'infirmière de coordination mais avec une seule personne dédiée, formée, quel confort et quelle efficacité dans l'organisation des soins post-urgences !"

Les recommandations doivent souvent être appliquées à moyens constants, cependant il faut d'abord une prise de conscience, ce qui va permettre de stimuler les imaginations des professionnels sur le terrain. Différentes organisations sont possibles: les infirmières de coordination, les maisons de santé, les plateformes territoriales d'appui... Le pharmacien d'officine, en tant que professionnel de santé qui voit le plus le patient, a aussi un rôle important à jouer.

Outre le simple téléphone (cf dépêche du 10/04/2018 à 17:56), il existe différents outils pour suivre les patients et assurer leur éducation thérapeutique, comme les vidéos de démonstration des différents dispositifs d'inhalation réalisées par la SPLF et l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris VI) ou par l'université de Bordeaux, le service d'accompagnement Sophia de l'assurance maladie, la carte de la crise d'asthme de l'association Asthme & allergies pour connaître les 5 règles à suivre...

A l'occasion de la journée mondiale de l'asthme, la SPLF, la SFMU et Asthme & allergies organiseront des actions de sensibilisation du grand public et des professionnels de santé pendant une semaine,

Maintenir le traitement anti-asthmatique chez la femme enceinte

Le Crat

Le Dr Mangiapan a insisté sur l'importance pour les jeunes femmes asthmatiques de ne pas arrêter leur traitement en cas de grossesse car la majorité des médicaments sont sans risque pendant cette période alors que l'asthme peut compliquer la grossesse et inversement, la grossesse peut aggraver l'asthme.

Il a pointé le risque d'arrêt de traitement avec la mise en place de pictogrammes d'avertissement sur certains médicaments anti-asthmatiques, signalant l'opposition du centre de référence sur les agents tératogènes (Crat). Le recours trop large de ces logos a été critiqué par plusieurs organisations, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/02/2018 à 11:17)

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PARIS, 10 avril 2018 (APMnews) - La mortalité par asthme stagne en France et pour infléchir cette tendance, il est nécessaire à la fois que les patients aient le réflexe d'appeler le 15 en cas de crise et que les établissements de santé mettent en place une filière d'aval pour prévenir les récidives, ont expliqué la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et la Société française de médecine d'urgence (SFMU), mardi lors d'une conférence de presse.

"L'asthme est une maladie fréquente, chronique mais globalement bénigne mais nous constatons encore 200.000 passages aux urgences par an pour asthme, 100.000 hospitalisation et 1.000 morts. Dans un pays développé, c'est inacceptable !", a indiqué le Pr Nicolas Roche de l'hôpital Cochin à Paris (AP-HP), président de la SPLF, lors de cette conférence de présentation de la journée mondiale de l'asthme, le mardi 1er mai.

Selon les dernières données françaises publiées, la mortalité par asthme a diminué entre 2000 et 2014 mais semble stagner depuis 2011 (cf dépêche du 21/01/2015 à 12:49). Cette tendance s'observe aussi au plan mondial (cf dépêche du 17/08/2017 à 12:16).

Pour améliorer la situation, il faut à la fois agir au moment de la crise d'asthme mais aussi avant, et il vaut mieux "apprendre à réagir par excès que par défaut", et après en agissant en particulier sur la coordination des soins.

En amont, il convient d'identifier les facteurs de risque de crise d'asthme aigu sur lesquels il est possible d'agir en prévention.

"Il existe des asthmes non diagnostiqués, des cas sous-évalués, mal contrôlés, une banalisation des symptômes par les patients et aussi par les médecins, un retard de réaction en cas de crise également qui peut entraîner une aggravation rapide et inattendue, une mauvaise technique d'utilisation des dispositifs d'inhalation, des comorbidités mal traitées (rhinite, obésité, allergies), des facteurs environnementaux (tabac, pollution, allergènes...)."

SPLF SFMU


Au moment de la crise, des symptômes inhabituels doivent alerter, comme une difficulté à parler ou une résistance au traitement, a ajouté le Dr Gilles Mangiapan du centre hospitalier intercommunal (CHI) de Créteil. "Il faut faire le 15 !", a insisté le Pr Patrick Plaisance de l'hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP) de la SFMU.

Une maman a témoigné de la dégradation très rapide de l'état de son fils, décédé à 27 ans d'une crise d'asthme. "Il n'avait jamais fait ce type de crise avant. Il était en train de faire son déménagement, il faisait très chaud, l'air était pollué. Il a appelé SOS Médecins, où on lui a dit d'augmenter la dose de bronchodilatateur."

Face à la situation qui empire, la mère décide de rentrer de son travail en voiture pour emmener son fils à l'hôpital mais les embouteillages les retardent. Ils s'arrêtent devant les pompiers mais ceux-ci n'ont pas de réanimateur. Le Samu est appelé... trop tard.

Ce témoignage montre aussi que des professionnels de santé peuvent eux-aussi ne pas avoir les bons réflexes. Il existe des recommandations pour la prise en charge en urgence de la crise d'asthme aigu, qui peut être encore optimisée, a souligné le Dr Mangiapan.

"Devant un asthme aigu grave, il n'y a pas à réfléchir. Les protocoles existent depuis la conférence de consensus de 1988. Il faut associer systématiquement un aérosol de bêta-2 mimétique, de l'oxygène et des corticoïdes par voie orale ou intraveineuse."

"Il n'y a pas de risque à surtraiter un asthme mais un risque majeur à sous-traiter un asthme qui s'aggrave."

Une fois le patient stabilisé, c'est après la sortie des urgences que survient "la zone grise", a pointé le Pr Plaisance. "La priorité ensuite est de remettre le patient dans le circuit pour éviter les récidives", a ajouté le Dr Mangiapan.

Il faut établir "une prise en charge protocolisée", avec par exemple l'impression automatique des ordonnances et d'un plan d'action d'urgence personnalisé, organiser l'articulation entre le SAU et le service de pneumologie, mettre en place une filière de soins entre l'hôpital et les médecins libéraux, le généraliste et/ou le pneumologue de référence.

Un suivi et une réévaluation du patient doivent être organisés, a ajouté le pneumologue, citant l'exemple des consultations post-urgences proposées au CHI de Créteil, sept jours après la sortie de l'hôpital. "Le patient a un arrêt de travail et un traitement, il est rappelé s'il ne vient pas à son rendez-vous et le cas échéant, le traitement est modifié."

Les professionnels à l'hôpital et en ville doivent prendre des initiatives localement, selon les besoins, avec parfois le soutien de la direction d'établissement et/ou de l'agence régionale de santé (ARS), pour en particulier mettre en place une coordination, a souligné le Pr Roche.

"A Cochin, on a mis plus de trois ans pour obtenir le financement d'un équivalent temps plein d'infirmière de coordination mais avec une seule personne dédiée, formée, quel confort et quelle efficacité dans l'organisation des soins post-urgences !"

Les recommandations doivent souvent être appliquées à moyens constants, cependant il faut d'abord une prise de conscience, ce qui va permettre de stimuler les imaginations des professionnels sur le terrain. Différentes organisations sont possibles: les infirmières de coordination, les maisons de santé, les plateformes territoriales d'appui... Le pharmacien d'officine, en tant que professionnel de santé qui voit le plus le patient, a aussi un rôle important à jouer.

Outre le simple téléphone (cf dépêche du 10/04/2018 à 17:56), il existe différents outils pour suivre les patients et assurer leur éducation thérapeutique, comme les vidéos de démonstration des différents dispositifs d'inhalation réalisées par la SPLF et l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris VI) ou par l'université de Bordeaux, le service d'accompagnement Sophia de l'assurance maladie, la carte de la crise d'asthme de l'association Asthme & allergies pour connaître les 5 règles à suivre...

A l'occasion de la journée mondiale de l'asthme, la SPLF, la SFMU et Asthme & allergies organiseront des actions de sensibilisation du grand public et des professionnels de santé pendant une semaine,

Maintenir le traitement anti-asthmatique chez la femme enceinte

Le Crat

Le Dr Mangiapan a insisté sur l'importance pour les jeunes femmes asthmatiques de ne pas arrêter leur traitement en cas de grossesse car la majorité des médicaments sont sans risque pendant cette période alors que l'asthme peut compliquer la grossesse et inversement, la grossesse peut aggraver l'asthme.

Il a pointé le risque d'arrêt de traitement avec la mise en place de pictogrammes d'avertissement sur certains médicaments anti-asthmatiques, signalant l'opposition du centre de référence sur les agents tératogènes (Crat). Le recours trop large de ces logos a été critiqué par plusieurs organisations, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/02/2018 à 11:17)

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