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15/04 2025
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RHÔNE: L'HÔPITAL DE GIVORS COMPTE SUR LES DÉVELOPPEMENTS D'ACTIVITÉS EN 2025, EN DIRECTION COMMUNE AVEC LES HCL

(Par Sabine NEULAT-ISARD)

GIVORS (Rhône), 15 avril 2025 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) de Givors qui a rencontré différentes difficultés au cours des dernières années, a bien développé son activité en 2024 et entend poursuivre sur cette lancée en 2025, dans le cadre d'une direction commune avec les Hospices civils de Lyon (HCL), a annoncé à APMnews sa directrice par intérim, Corinne Joséphine, en fin de semaine dernière.

Lors de cet entretien avec APMnews, Corinne Joséphine, qui assure la direction par intérim depuis janvier 2024, en étant mise à disposition par les HCL, et achèvera sa mission fin mai, a répondu aux remarques de la chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes, émises en mars dans un rapport d'observations définitives.

Dans ce rapport qui porte sur les exercices 2017 à 2023, la CRC constate que l'établissement (plus de 320 lits et places en 2022 dont plus de 130 de sanitaire et 188 d'Ehpad) est "pénalisé par son déficit d'attractivité".

"Il ne capte ainsi qu'une part d'activité très limitée en médecine et obstétrique sur sa zone d'attractivité du fait de l'omniprésence des Hospices civils de Lyon", et est "concurrencé dans une moindre mesure par le CH de Vienne", souligne ainsi la chambre, relevant aussi que l'hôpital "peine globalement à renouer en médecine et obstétrique avec son niveau d'activité d'avant la crise sanitaire".

Soulignant ses "difficultés" à recruter, "surtout" du personnel médical, elle note que, "par manque de personnels, sa capacité en lits de soins médicaux de réadaptation (SMR) a été abaissée, ce qui a conduit à une diminution de cette activité".

Elle pointe également la faible importance de l'activité en chirurgie "en l'absence d'autorisation", avec des salles de bloc opératoire qui sont "toujours très faiblement utilisées". "La seule activité d'endoscopie et la petite chirurgie, notamment effectuées par les médecins mis à disposition par les HCL, ne permettent pas de remédier à la sous-activité chronique du bloc opératoire", met-elle en avant.

La CRC souligne aussi les difficultés du service d'urgences qui a dû, fin 2021, "fermer en soirée et la nuit […], faute de ressources médicales".

"Dans ces conditions, une réflexion sur une reconfiguration de son offre de soins, portant notamment sur le bloc opératoire et les urgences, doit être menée en liaison avec l'agence régionale de santé (ARS) et le nouveau GHT [groupement hospitalier de territoire], constitué autour des HCL. Celle-ci devra permettre de dégager une solution viable et pérenne répondant au besoin de santé local de manière compatible avec ses moyens d'intervention limités", recommande la CRC.

Dans son rapport, elle fait part aussi de la situation financière "préoccupante" de l'hôpital, avec des indicateurs de gestion de l'établissement "dégradés" et une marge brute d'exploitation "très nettement insuffisante".

Hausse de l'activité de 10% en 2024

Contactée par APMnews, la directrice par intérim a souligné l'absence d'"irrégularités".

Remarquant que le contrôle de la chambre n'a pas inclus 2024, année au cours de laquelle le CH a été certifié par la Haute autorité de santé (HAS) avec la mention "haute qualité des soins", elle a expliqué qu'un certain de nombre de mesures ont été prises pour améliorer la situation, tant sur le plan des activités, que managérial ou financier.

"En un an, on a augmenté l'activité de près de 10% en hospitalisation complète et hôpital de jour par rapport à 2023, à moyens constants, sans réduire les effectifs", a-t-elle annoncé.

Grâce à cette hausse de l'activité, l'hôpital est parvenu à "diviser quasiment par deux son déficit budgétaire", pour atteindre 1,9 million d'euros (M€) fin 2024 contre 3,9 M€ un an auparavant.

"J'ai mis tout le monde en tension avec des objectifs individuels et collectifs, et nous avons aplani tous les conflits internes et avons restauré un fonctionnement managérial 'normal'", a-t-elle assuré.

"Nous avons aussi ouvert l'hôpital sur la médecine de ville, noué des coopérations avec d'autres acteurs de santé locaux, dont la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) des Coteaux du Lyonnais, et d'autres qui sont moins locaux."

Finalement, le CH de Givors constitue "un petit hôpital de proximité" qui se situe "entre la ville et le CHU, et avec un rôle qui consiste à assurer les besoins de santé primaires en lien avec les médecins de ville et dans une logique de désengorgement des plateaux techniques du CHU", notamment ceux de l'hôpital Lyon Sud (situé à environ 25 km), a expliqué Corinne Joséphine.

Pour relancer son activité en interne, l'établissement a élargi son offre de consultations, avec l'ouverture d'une consultation de médecine générale, le renforcement de celles de pédiatrie et le développement du suivi de grossesse, "nonobstant les consultations préexistantes dans différentes spécialités".

L'hôpital, qui n'a plus d'autorisation de chirurgie depuis 2007, a développé de la "petite chirurgie ambulatoire". "Actuellement on occupe tous les créneaux", a affirmé la directrice.

Une offre de chirurgie gynécologique est également proposée en complément d'autres actes de médecine interventionnelle (endoscopie, chirurgie dentaire, dermatologique etc..), dans le cadre de ce qu'il est communément appelé la chirurgie "hors bloc".

La prise de rendez-vous en ligne sera opérationnelle fin avril et s'appliquera à l'ensemble des activités de l'établissement.

"Nous venons également de rouvrir notre scanner dans le cadre d'un renouvellement d'appareil", "ce qui nous a permis aussi de remettre un coup de propre aux locaux, mais également d'élargir les plages horaires de fonctionnement". Le scanner fonctionne maintenant neuf heures par jour, contre huit précédemment, ce qui représente "1.000 examens de plus sur l'année", s'est réjoui Corinne Joséphine.

L'établissement a également "beaucoup travaillé" sur l'attractivité médicale. "Un certain nombre de médecins sont venus des HCL ou de cliniques privées et ont eux-mêmes fait venir d'autres médecins qu'ils connaissaient."

Il permet aussi à des infirmières expérimentées de développer leurs compétences et devenir infirmières en pratique avancée (IPA), sur des spécialités comme la prise en charge des maladies chroniques (à partir de juillet pour l'endocrinologie), en Ehpad à partir de 2026, et dans le service des urgences (formation en cours).

Projet de constituer le service d'urgences en antenne du CHU de Lyon

Interrogée sur le service d'urgences, la directrice a souligné qu'une équipe médicale a été reconstituée à l'automne 2024 "autour de médecins seniors aguerris et formés dans des services plus conséquents".

Celui de Givors enregistre 15.000 passages par an et a "vraiment toute son utilité au niveau local", mais "ne peut pas vivre isolé", a poursuivi Corinne Joséphine. C'est pourquoi il mène une réflexion sur l'organisation de consultations non programmées, parallèlement au maintien d'une ligne d'urgence sous forme d'antenne du service du CHU de Lyon, conformément au décret du 30 décembre 2023 qui permet à un service d'urgence de devenir une antenne (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27).

Ce projet n'est pas encore formalisé officiellement "mais il n'y a pas de souci pour une telle coopération" afin de "gérer nos flux de patients en toute cohérence", a assuré Corinne Joséphine.

Concernant le service de SMR, si l'hôpital ne rencontre pas de difficultés de recrutement de personnels paramédicaux ou de rééducation, il a en revanche des difficultés pour trouver des médecins, ce qui le contraint à fermer des lits. Ainsi, comme il manque un médecin senior, il ne peut pas ouvrir la totalité des cinq lits d'AVC, destinés aux patients en coma chronique et pour lesquels il a une autorisation. "Aujourd'hui, nous sommes obligés de limiter l'ouverture à deux lits", a-t-elle émis.

Tous les projets en cours au CH de Givors seront inscrits dans le projet médical qui est en cours d'écriture.

Une direction commune créée avec les HCL au 1er juin

Ces projets se poursuivront dans le cadre d'une direction commune qui sera créée, en principe au 1er juin, avec les HCL.

Le principe d'une direction commune a déjà été votée favorablement par les instances du CH de Givors en mars. Il doit maintenant l'être par celles des HCL, ce qui semble acquis, d'autant que les deux établissements font partie, depuis mars 2023, du même GHT (cf dépêche du 03/02/2023 à 09:48).

"Il nous reste plein de choses à faire", a encouragé Corinne Joséphine, mentionnant le développement de nouvelles activités, mais aussi d'outils de gestion pour, in fine, "retrouver une capacité d'investissement et une capacité d'autofinancement".

san/vl/APMnews

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(Par Sabine NEULAT-ISARD)

GIVORS (Rhône), 15 avril 2025 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) de Givors qui a rencontré différentes difficultés au cours des dernières années, a bien développé son activité en 2024 et entend poursuivre sur cette lancée en 2025, dans le cadre d'une direction commune avec les Hospices civils de Lyon (HCL), a annoncé à APMnews sa directrice par intérim, Corinne Joséphine, en fin de semaine dernière.

Lors de cet entretien avec APMnews, Corinne Joséphine, qui assure la direction par intérim depuis janvier 2024, en étant mise à disposition par les HCL, et achèvera sa mission fin mai, a répondu aux remarques de la chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes, émises en mars dans un rapport d'observations définitives.

Dans ce rapport qui porte sur les exercices 2017 à 2023, la CRC constate que l'établissement (plus de 320 lits et places en 2022 dont plus de 130 de sanitaire et 188 d'Ehpad) est "pénalisé par son déficit d'attractivité".

"Il ne capte ainsi qu'une part d'activité très limitée en médecine et obstétrique sur sa zone d'attractivité du fait de l'omniprésence des Hospices civils de Lyon", et est "concurrencé dans une moindre mesure par le CH de Vienne", souligne ainsi la chambre, relevant aussi que l'hôpital "peine globalement à renouer en médecine et obstétrique avec son niveau d'activité d'avant la crise sanitaire".

Soulignant ses "difficultés" à recruter, "surtout" du personnel médical, elle note que, "par manque de personnels, sa capacité en lits de soins médicaux de réadaptation (SMR) a été abaissée, ce qui a conduit à une diminution de cette activité".

Elle pointe également la faible importance de l'activité en chirurgie "en l'absence d'autorisation", avec des salles de bloc opératoire qui sont "toujours très faiblement utilisées". "La seule activité d'endoscopie et la petite chirurgie, notamment effectuées par les médecins mis à disposition par les HCL, ne permettent pas de remédier à la sous-activité chronique du bloc opératoire", met-elle en avant.

La CRC souligne aussi les difficultés du service d'urgences qui a dû, fin 2021, "fermer en soirée et la nuit […], faute de ressources médicales".

"Dans ces conditions, une réflexion sur une reconfiguration de son offre de soins, portant notamment sur le bloc opératoire et les urgences, doit être menée en liaison avec l'agence régionale de santé (ARS) et le nouveau GHT [groupement hospitalier de territoire], constitué autour des HCL. Celle-ci devra permettre de dégager une solution viable et pérenne répondant au besoin de santé local de manière compatible avec ses moyens d'intervention limités", recommande la CRC.

Dans son rapport, elle fait part aussi de la situation financière "préoccupante" de l'hôpital, avec des indicateurs de gestion de l'établissement "dégradés" et une marge brute d'exploitation "très nettement insuffisante".

Hausse de l'activité de 10% en 2024

Contactée par APMnews, la directrice par intérim a souligné l'absence d'"irrégularités".

Remarquant que le contrôle de la chambre n'a pas inclus 2024, année au cours de laquelle le CH a été certifié par la Haute autorité de santé (HAS) avec la mention "haute qualité des soins", elle a expliqué qu'un certain de nombre de mesures ont été prises pour améliorer la situation, tant sur le plan des activités, que managérial ou financier.

"En un an, on a augmenté l'activité de près de 10% en hospitalisation complète et hôpital de jour par rapport à 2023, à moyens constants, sans réduire les effectifs", a-t-elle annoncé.

Grâce à cette hausse de l'activité, l'hôpital est parvenu à "diviser quasiment par deux son déficit budgétaire", pour atteindre 1,9 million d'euros (M€) fin 2024 contre 3,9 M€ un an auparavant.

"J'ai mis tout le monde en tension avec des objectifs individuels et collectifs, et nous avons aplani tous les conflits internes et avons restauré un fonctionnement managérial 'normal'", a-t-elle assuré.

"Nous avons aussi ouvert l'hôpital sur la médecine de ville, noué des coopérations avec d'autres acteurs de santé locaux, dont la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) des Coteaux du Lyonnais, et d'autres qui sont moins locaux."

Finalement, le CH de Givors constitue "un petit hôpital de proximité" qui se situe "entre la ville et le CHU, et avec un rôle qui consiste à assurer les besoins de santé primaires en lien avec les médecins de ville et dans une logique de désengorgement des plateaux techniques du CHU", notamment ceux de l'hôpital Lyon Sud (situé à environ 25 km), a expliqué Corinne Joséphine.

Pour relancer son activité en interne, l'établissement a élargi son offre de consultations, avec l'ouverture d'une consultation de médecine générale, le renforcement de celles de pédiatrie et le développement du suivi de grossesse, "nonobstant les consultations préexistantes dans différentes spécialités".

L'hôpital, qui n'a plus d'autorisation de chirurgie depuis 2007, a développé de la "petite chirurgie ambulatoire". "Actuellement on occupe tous les créneaux", a affirmé la directrice.

Une offre de chirurgie gynécologique est également proposée en complément d'autres actes de médecine interventionnelle (endoscopie, chirurgie dentaire, dermatologique etc..), dans le cadre de ce qu'il est communément appelé la chirurgie "hors bloc".

La prise de rendez-vous en ligne sera opérationnelle fin avril et s'appliquera à l'ensemble des activités de l'établissement.

"Nous venons également de rouvrir notre scanner dans le cadre d'un renouvellement d'appareil", "ce qui nous a permis aussi de remettre un coup de propre aux locaux, mais également d'élargir les plages horaires de fonctionnement". Le scanner fonctionne maintenant neuf heures par jour, contre huit précédemment, ce qui représente "1.000 examens de plus sur l'année", s'est réjoui Corinne Joséphine.

L'établissement a également "beaucoup travaillé" sur l'attractivité médicale. "Un certain nombre de médecins sont venus des HCL ou de cliniques privées et ont eux-mêmes fait venir d'autres médecins qu'ils connaissaient."

Il permet aussi à des infirmières expérimentées de développer leurs compétences et devenir infirmières en pratique avancée (IPA), sur des spécialités comme la prise en charge des maladies chroniques (à partir de juillet pour l'endocrinologie), en Ehpad à partir de 2026, et dans le service des urgences (formation en cours).

Projet de constituer le service d'urgences en antenne du CHU de Lyon

Interrogée sur le service d'urgences, la directrice a souligné qu'une équipe médicale a été reconstituée à l'automne 2024 "autour de médecins seniors aguerris et formés dans des services plus conséquents".

Celui de Givors enregistre 15.000 passages par an et a "vraiment toute son utilité au niveau local", mais "ne peut pas vivre isolé", a poursuivi Corinne Joséphine. C'est pourquoi il mène une réflexion sur l'organisation de consultations non programmées, parallèlement au maintien d'une ligne d'urgence sous forme d'antenne du service du CHU de Lyon, conformément au décret du 30 décembre 2023 qui permet à un service d'urgence de devenir une antenne (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27).

Ce projet n'est pas encore formalisé officiellement "mais il n'y a pas de souci pour une telle coopération" afin de "gérer nos flux de patients en toute cohérence", a assuré Corinne Joséphine.

Concernant le service de SMR, si l'hôpital ne rencontre pas de difficultés de recrutement de personnels paramédicaux ou de rééducation, il a en revanche des difficultés pour trouver des médecins, ce qui le contraint à fermer des lits. Ainsi, comme il manque un médecin senior, il ne peut pas ouvrir la totalité des cinq lits d'AVC, destinés aux patients en coma chronique et pour lesquels il a une autorisation. "Aujourd'hui, nous sommes obligés de limiter l'ouverture à deux lits", a-t-elle émis.

Tous les projets en cours au CH de Givors seront inscrits dans le projet médical qui est en cours d'écriture.

Une direction commune créée avec les HCL au 1er juin

Ces projets se poursuivront dans le cadre d'une direction commune qui sera créée, en principe au 1er juin, avec les HCL.

Le principe d'une direction commune a déjà été votée favorablement par les instances du CH de Givors en mars. Il doit maintenant l'être par celles des HCL, ce qui semble acquis, d'autant que les deux établissements font partie, depuis mars 2023, du même GHT (cf dépêche du 03/02/2023 à 09:48).

"Il nous reste plein de choses à faire", a encouragé Corinne Joséphine, mentionnant le développement de nouvelles activités, mais aussi d'outils de gestion pour, in fine, "retrouver une capacité d'investissement et une capacité d'autofinancement".

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