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06/06 2025
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SAMU PSY 93: L'AMORCE DU LIEN AVEC LES FAMILLES, L'UNE DES PLUS-VALUES

PARIS, 6 juin 2025 (APMnews) - Parmi les bénéfices du Samu-service d'accès aux soins (SAS) psychiatrique de Seine-Saint-Denis, le Samu Psy 93, le lien avec les familles de patients permet d'engager des soins extra-hospitaliers dans des situations qui nécessitaient des prises en charge parfois depuis plusieurs années, a expliqué jeudi Kévin Peiro, infirmier en psychiatrie, lors d'une présentation au congrès Urgences.

Au sein du Samu de Seine-Saint-Denis, basé à l'hôpital Avicenne (AP-HP), le Samu Psy 93 a été lancé en mai 2024 avec l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard (Neuilly-sur-Marne), qui a mis en place une équipe spécialisée pour répondre aux appels d'urgence en psychiatrie.

Il comprend huit infirmiers recrutés en 12h (partagés entre le service des urgences d'Avicenne et le Samu Psy) et fonctionne 7j/7 de 8h à 20h. En plus d'un infirmier en régulation chaque jour, un deuxième infirmier spécialisé est présent une fois par semaine pour assurer des interventions à domicile programmées. Un temps de psychiatre est également partagé avec le service des urgences.

Les objectifs du Samu Psy sont "la prévention et la gestion des situations de crise, la limitation des soins sans consentement" et "du nombre d'hospitalisations via les services d'urgence" (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45), a rappelé Kevin Peiro, infirmier en psychiatrie de l'EPS de Ville-Evrard, membre de l'équipe. Il s'agit aussi de "faire gagner du temps de régulation au médecin régulateur".

Il a souligné les caractéristiques de la population du territoire, "très jeune, très pauvre", en croissance d'environ 1% par an, et la saturation des lits d'hospitalisation en psychiatrie, avec environ "30.000 patients par an sur 412 lits" à l'EPS de Ville-Evrard, qui représente la majorité de cette offre de soin. Cette saturation entraîne des "délais d'attente aux urgences qui ne sont plus acceptables aujourd'hui".

L'enjeu est surtout "de réintégrer la part de l'extra-hospitalier dans la prise en charge des patients souffrant de pathologies mentales".

La régulation du Samu Psy 93 traite "en moyenne 9 appels par jour", avec une "durée moyenne d'appel de 20 minutes", a-t-il précisé.

"Ce que l'on peut déjà mesurer, c'est que l'on est passés de 42% de maintien à domicile contre 22% avant notre arrivée."

Le premier contact des appelants est l'agent de régulation médicale (ARM) du Samu centre 15, qui fait une première évaluation du motif et de l'urgence de l'appel, avant de transmettre celui-ci à un médecin régulateur.

Ce dernier fait un "diagnostic différentiel" et peut décider "d'un envoi de moyens immédiat" si nécessaire. Surtout quand l'infirmier du Samu Psy est déjà en ligne ou est en train de maintenir le contact avec un patient jusqu'à l'arrivée des secours "en cas de risque de passage à l'acte imminent", a-t-il expliqué.

Une fois que le médecin régulateur transmet l'appel au Samu Psy, "on fait une évaluation et une orientation", qui peut être un envoi de moyens (ambulance, Smur, pompiers…).

La double casquette d'infirmier en psychiatrie aux urgences et au Samu "nous permet d'acquérir beaucoup plus d'expérience et de diversifier nos pratiques", a pointé Kevin Peiro.

Accès au dossier patient

"A peu près 50% des appels sont passés par les familles", a-t-il souligné. Le travail peut alors s'engager avec elles, alors "qu'aux urgences, on n'a pas forcément le temps de [les] prendre en charge". En régulation, ce lien est d'autant plus "intéressant qu'une spécificité de notre territoire est que les personnes sont très résilientes, avec des cultures où l'on garde les patients à la maison et on essaie de gérer [la situation] au sein des familles", a-t-il décrit.

Certaines "nous appellent parce que le patient est en crise, et quand on demande depuis combien de temps, la réponse peut être 'depuis 20 ans'. Quand on creuse, on voit que la personne qui s'occupe du malade habituellement n'est pas disponible à ce moment-là", par exemple quand "la maman est hospitalisée ou la sœur a quitté le domicile".

Il appartient alors à l'équipe "d'organiser la prise en charge" et il arrive que "des familles nous appellent plusieurs fois" avant que soit trouvée la prise en charge adaptée.

En régulation, "nous prenons ce temps, également avec les patients, pour essayer de trouver avec eux la meilleure prise en charge, en coopération".

En cas d'attaque de panique, "on peut rester avec le patient [au téléphone] le temps de la crise, l'accompagner, lui faire faire des exercices de respiration, faire de la réassurance", et ainsi éviter un passage aux urgences, a également décrit Kevin Peiro.

Il a aussi rapporté les cas de patients qui "appellent avec une demande d'hospitalisation". Or "lorsque l'on regarde dans le dossier, on trouve un rendez-vous pris pour le lendemain". Là encore, la "réassurance" du patient permet d'éviter le transfert vers l'hôpital.

Dans de nombreux cas en effet, la possibilité d'accéder directement au dossier patient permet à l'équipe de connaître "les passages aux urgences, les rendez-vous au CMP [centre médico-psychologique], les prescriptions", a-t-il également fait valoir.

Le psychiatre qui suit le patient est également informé "de toutes les actions qui ont été faites" depuis la régulation.

S'agissant des interventions à domicile programmées, "on n'en a pas encore fait beaucoup, mais les premiers retours sont positifs sur le fait de commencer directement une prise en charge avec des soins de proximité."

Le Samu Psy 93 régule "à partir de l'âge de 16 ans", a précisé Kevin Peiro. Mais "on est en train de voir avec le service de pédopsychiatrie de l'hôpital d'Avicenne s'il ne pourrait pas y avoir un numéro d'appel pour les médecins régulateurs".

Interrogé aussi dans la salle sur le fait que le dispositif ne soit pas ouvert jusqu'à minuit, il a expliqué que les horaires avaient été initialement fondés sur les "appels fléchés psy" au 15. "A partir de 20 heures, il y avait une baisse drastique" de ces appels, ce "qui ne veut pas dire qu'il y a moins d'appels psy, en tout ils n'ont pas été identifiés" comme tels, a-t-il relaté.

"Il est vrai que les ARM font remonter qu'ils aimeraient aussi une équipe de nuit", mais "il y a aussi une question de budgétisation et de projet", a-t-il relevé.

"Aucun SAS ne se ressemble, certains font des interventions, d'autres non, certains font du contre-appel, on en fait rarement", a-t-il mentionné notamment.

mlb/san/APMnews

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PARIS, 6 juin 2025 (APMnews) - Parmi les bénéfices du Samu-service d'accès aux soins (SAS) psychiatrique de Seine-Saint-Denis, le Samu Psy 93, le lien avec les familles de patients permet d'engager des soins extra-hospitaliers dans des situations qui nécessitaient des prises en charge parfois depuis plusieurs années, a expliqué jeudi Kévin Peiro, infirmier en psychiatrie, lors d'une présentation au congrès Urgences.

Au sein du Samu de Seine-Saint-Denis, basé à l'hôpital Avicenne (AP-HP), le Samu Psy 93 a été lancé en mai 2024 avec l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard (Neuilly-sur-Marne), qui a mis en place une équipe spécialisée pour répondre aux appels d'urgence en psychiatrie.

Il comprend huit infirmiers recrutés en 12h (partagés entre le service des urgences d'Avicenne et le Samu Psy) et fonctionne 7j/7 de 8h à 20h. En plus d'un infirmier en régulation chaque jour, un deuxième infirmier spécialisé est présent une fois par semaine pour assurer des interventions à domicile programmées. Un temps de psychiatre est également partagé avec le service des urgences.

Les objectifs du Samu Psy sont "la prévention et la gestion des situations de crise, la limitation des soins sans consentement" et "du nombre d'hospitalisations via les services d'urgence" (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45), a rappelé Kevin Peiro, infirmier en psychiatrie de l'EPS de Ville-Evrard, membre de l'équipe. Il s'agit aussi de "faire gagner du temps de régulation au médecin régulateur".

Il a souligné les caractéristiques de la population du territoire, "très jeune, très pauvre", en croissance d'environ 1% par an, et la saturation des lits d'hospitalisation en psychiatrie, avec environ "30.000 patients par an sur 412 lits" à l'EPS de Ville-Evrard, qui représente la majorité de cette offre de soin. Cette saturation entraîne des "délais d'attente aux urgences qui ne sont plus acceptables aujourd'hui".

L'enjeu est surtout "de réintégrer la part de l'extra-hospitalier dans la prise en charge des patients souffrant de pathologies mentales".

La régulation du Samu Psy 93 traite "en moyenne 9 appels par jour", avec une "durée moyenne d'appel de 20 minutes", a-t-il précisé.

"Ce que l'on peut déjà mesurer, c'est que l'on est passés de 42% de maintien à domicile contre 22% avant notre arrivée."

Le premier contact des appelants est l'agent de régulation médicale (ARM) du Samu centre 15, qui fait une première évaluation du motif et de l'urgence de l'appel, avant de transmettre celui-ci à un médecin régulateur.

Ce dernier fait un "diagnostic différentiel" et peut décider "d'un envoi de moyens immédiat" si nécessaire. Surtout quand l'infirmier du Samu Psy est déjà en ligne ou est en train de maintenir le contact avec un patient jusqu'à l'arrivée des secours "en cas de risque de passage à l'acte imminent", a-t-il expliqué.

Une fois que le médecin régulateur transmet l'appel au Samu Psy, "on fait une évaluation et une orientation", qui peut être un envoi de moyens (ambulance, Smur, pompiers…).

La double casquette d'infirmier en psychiatrie aux urgences et au Samu "nous permet d'acquérir beaucoup plus d'expérience et de diversifier nos pratiques", a pointé Kevin Peiro.

Accès au dossier patient

"A peu près 50% des appels sont passés par les familles", a-t-il souligné. Le travail peut alors s'engager avec elles, alors "qu'aux urgences, on n'a pas forcément le temps de [les] prendre en charge". En régulation, ce lien est d'autant plus "intéressant qu'une spécificité de notre territoire est que les personnes sont très résilientes, avec des cultures où l'on garde les patients à la maison et on essaie de gérer [la situation] au sein des familles", a-t-il décrit.

Certaines "nous appellent parce que le patient est en crise, et quand on demande depuis combien de temps, la réponse peut être 'depuis 20 ans'. Quand on creuse, on voit que la personne qui s'occupe du malade habituellement n'est pas disponible à ce moment-là", par exemple quand "la maman est hospitalisée ou la sœur a quitté le domicile".

Il appartient alors à l'équipe "d'organiser la prise en charge" et il arrive que "des familles nous appellent plusieurs fois" avant que soit trouvée la prise en charge adaptée.

En régulation, "nous prenons ce temps, également avec les patients, pour essayer de trouver avec eux la meilleure prise en charge, en coopération".

En cas d'attaque de panique, "on peut rester avec le patient [au téléphone] le temps de la crise, l'accompagner, lui faire faire des exercices de respiration, faire de la réassurance", et ainsi éviter un passage aux urgences, a également décrit Kevin Peiro.

Il a aussi rapporté les cas de patients qui "appellent avec une demande d'hospitalisation". Or "lorsque l'on regarde dans le dossier, on trouve un rendez-vous pris pour le lendemain". Là encore, la "réassurance" du patient permet d'éviter le transfert vers l'hôpital.

Dans de nombreux cas en effet, la possibilité d'accéder directement au dossier patient permet à l'équipe de connaître "les passages aux urgences, les rendez-vous au CMP [centre médico-psychologique], les prescriptions", a-t-il également fait valoir.

Le psychiatre qui suit le patient est également informé "de toutes les actions qui ont été faites" depuis la régulation.

S'agissant des interventions à domicile programmées, "on n'en a pas encore fait beaucoup, mais les premiers retours sont positifs sur le fait de commencer directement une prise en charge avec des soins de proximité."

Le Samu Psy 93 régule "à partir de l'âge de 16 ans", a précisé Kevin Peiro. Mais "on est en train de voir avec le service de pédopsychiatrie de l'hôpital d'Avicenne s'il ne pourrait pas y avoir un numéro d'appel pour les médecins régulateurs".

Interrogé aussi dans la salle sur le fait que le dispositif ne soit pas ouvert jusqu'à minuit, il a expliqué que les horaires avaient été initialement fondés sur les "appels fléchés psy" au 15. "A partir de 20 heures, il y avait une baisse drastique" de ces appels, ce "qui ne veut pas dire qu'il y a moins d'appels psy, en tout ils n'ont pas été identifiés" comme tels, a-t-il relaté.

"Il est vrai que les ARM font remonter qu'ils aimeraient aussi une équipe de nuit", mais "il y a aussi une question de budgétisation et de projet", a-t-il relevé.

"Aucun SAS ne se ressemble, certains font des interventions, d'autres non, certains font du contre-appel, on en fait rarement", a-t-il mentionné notamment.

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