Actualités de l'Urgence - APM

24/05 2022
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SEULE UNE INFIRMIÈRE N'EST PAS EN ARRÊT MALADIE AUX URGENCES DU CH DU CHINONAIS

CHINON (Indre-et-Loire), 24 mai 2022 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) du Chinonais a dû arrêter le mercredi 18 mai la prise en charge des urgences et des accouchements pour une durée indéterminée compte tenu d'un absentéisme record, une seule infirmière du service des urgences n'étant pas en arrêt maladie.

L'établissement, en direction commune avec le CHU de Tours, compte 70 lits et places de médecine, 17 lits d'obstétrique, 192 lits et places en psychiatrie et un secteur médico-social étoffé (177 places en Ehpad, 124 places en unités de soins de longue durée- USLD), selon la Fédération hospitalière de France (FHF).

Il est touché depuis le 16 mai par une vague massive d'arrêts maladie de la part du personnel paramédical des urgences.

Lors d'une conférence de presse organisée mardi matin, la directrice déléguée du CH, Dominique Osu, a expliqué ces arrêts maladie à la fois par l'épuisement du personnel après deux ans de crise sanitaire ayant exigé un fort niveau d'adaptation et par un mouvement de protestation contre les nouvelles maquettes d'équipes établies par le CH ces derniers mois.

Le service des urgences, qui fonctionne en temps normal avec 18 infirmiers et 12 aides-soignants, a tenté le 16 mai de maintenir une de ses deux lignes de garde en s'appuyant sur un aide-soignant, l'ultime infirmière et un urgentiste, mais a dû rapidement y renoncer.

Le service maintient depuis une ligne de Smur (notamment composée d'un infirmier anesthésiste diplômé d'Etat -Iade) en continu et une "orientation" vers la ville ou d'autres établissements, pour les patients qui se présenteraient aux urgences.

Par ricochet, la maternité a dû arrêter les accouchements, faute de personnel infirmier apte à participer à d'éventuelles césariennes, d'ordinaire réalisées par celui des urgences (le CH n'a pas de service de chirurgie).

Dominique Osu explique ne pas avoir de visibilité sur la reprise de ces activités, mais espère y voir plus clair à compter du lundi 30 mai, les arrêts maladie courant sur 8 ou 15 jours. Le CH ne souffre par ailleurs d'aucune difficulté de solution d'aval, assure-t-elle.

La redéfinition des maquettes est conséquente au passage de 8 heures à 7h36 de travail quotidien réalisé en 2021, affirme-t-elle, insistant sur la création de 0,5 poste supplémentaire aux urgences.

Une évolution suffisante pour la directrice, qui note que le nombre de passages aux urgences est stable depuis plusieurs années (16.600 annuels hors Covid), tout comme le nombre d'hospitalisations en unité de soins de courte durée (2.000 annuels).

Les syndicats FO, CGT et le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH-FO) y voient les conséquences de restrictions budgétaires imposées par la tutelle de l'établissement, et demandent un renforcement des effectifs paramédicaux bien supérieur aux maquettes prévues par la direction.

Dominique Osu considère plutôt qu'il faut s'éloigner du modèle "couteau suisse" appliqué aux personnels paramédicaux de l'établissement, qui naviguent notamment entre urgences et maternité, et dégager du temps administratif pour qu'ils puissent se concentrer sur leur fonction première.

Elle admet que le CH connaît un déficit structurel hors aides situé entre 4 millions et 6 millions d'euros (M€) annuels (8,5 M€ attendus en 2022), mais ajoute que celui-ci est dû au coût que représente la maternité, à l'activité croissante (621 accouchements en 2021). L'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire comble entre 3 et 4 M€ de ce déficit chaque année, évoque-t-elle.

L'ARS a ainsi versé 3,3 M€ au CH en 2021 dont 2 M€ d'aide en trésorerie et 1 M€ en soutien à la maternité. Le CH bénéficie par ailleurs de 10,4 M€ d'aide à la restauration de ses capacités financières entre 2021 et 2029, au titre du Ségur de la santé (contre 5,5 M€ initialement annoncés).

Des suppressions de postes qui concernent surtout la psychiatrie et le médico-social

Les nouvelles maquettes présentées fin mars aux représentants du personnel, et dont APMnews a eu copie, induisent au total la suppression de 14,8 équivalents temps plein (ETP) tous services confondus, et la création de 5,4 autres, soit un différentiel de -9,4 représentant 3,76% des effectifs du CH.

Parmi les services les plus touchés figure la psychiatrie, avec la suppression de 3,6 ETP infirmiers et de 1,8 ETP d'agents de services hospitaliers (ASH), remplacés par autant d'ETP d'aides-soignants, dans chacun des deux services de psychiatrie du CH (45 lits pour 600 patients adultes accueillis annuellement en soins libres ou sans consentement).

Les effectifs infirmiers en psychiatrie passeraient ainsi de quatre à trois matin et soir tout le long de la semaine, et ceux d'aides-soignants de 0 à 1 en journée.

La qualité de sa prise en charge en psychiatrie des soins sans consentement a été récemment mise en lumière par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui alertait toutefois sur les conséquences éventuelles sur la qualité de la prise en charge du projet de réduction des effectifs porté par la direction, rappelle-t-on (cf dépêche du 13/04/2022 à 18:45).

Dans le même temps, l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) perdrait 0,7 ETP infirmier et gagnerait 1,2 ETP d'aides-soignants, l'USLD perdrait 3,4 ETP d'aides-soignants et les urgences verraient leurs effectifs infirmiers croître de 0,5 ETP.

Alexandre Robert, secrétaire du syndicat FO au sein du CH, joint par APMnews vendredi, reproche à la direction de privilégier l'équilibre économique sur la qualité des soins et sur la qualité de vie au travail des professionnels de santé, épuisés par la crise sanitaire et les changements de planning et remises en cause des congés pour raison de service.

Il fait valoir une enquête menée par son syndicat en interne en début d'année, affirmant que 52,1% des 357 répondants (sur 1.000) envisagent de quitter l'établissement, et que 81,8% estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et psychologique.

"La direction de l'hôpital a reçu depuis les revendications des professionnels du service des urgences, elle a entamé un processus de dialogue social et un CHSCT [comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail] extraordinaire a eu lieu [lundi] 23 mai 2022", précise la direction du CH dans un communiqué transmis mardi après-midi.

bd/ab/APMnews

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CHINON (Indre-et-Loire), 24 mai 2022 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) du Chinonais a dû arrêter le mercredi 18 mai la prise en charge des urgences et des accouchements pour une durée indéterminée compte tenu d'un absentéisme record, une seule infirmière du service des urgences n'étant pas en arrêt maladie.

L'établissement, en direction commune avec le CHU de Tours, compte 70 lits et places de médecine, 17 lits d'obstétrique, 192 lits et places en psychiatrie et un secteur médico-social étoffé (177 places en Ehpad, 124 places en unités de soins de longue durée- USLD), selon la Fédération hospitalière de France (FHF).

Il est touché depuis le 16 mai par une vague massive d'arrêts maladie de la part du personnel paramédical des urgences.

Lors d'une conférence de presse organisée mardi matin, la directrice déléguée du CH, Dominique Osu, a expliqué ces arrêts maladie à la fois par l'épuisement du personnel après deux ans de crise sanitaire ayant exigé un fort niveau d'adaptation et par un mouvement de protestation contre les nouvelles maquettes d'équipes établies par le CH ces derniers mois.

Le service des urgences, qui fonctionne en temps normal avec 18 infirmiers et 12 aides-soignants, a tenté le 16 mai de maintenir une de ses deux lignes de garde en s'appuyant sur un aide-soignant, l'ultime infirmière et un urgentiste, mais a dû rapidement y renoncer.

Le service maintient depuis une ligne de Smur (notamment composée d'un infirmier anesthésiste diplômé d'Etat -Iade) en continu et une "orientation" vers la ville ou d'autres établissements, pour les patients qui se présenteraient aux urgences.

Par ricochet, la maternité a dû arrêter les accouchements, faute de personnel infirmier apte à participer à d'éventuelles césariennes, d'ordinaire réalisées par celui des urgences (le CH n'a pas de service de chirurgie).

Dominique Osu explique ne pas avoir de visibilité sur la reprise de ces activités, mais espère y voir plus clair à compter du lundi 30 mai, les arrêts maladie courant sur 8 ou 15 jours. Le CH ne souffre par ailleurs d'aucune difficulté de solution d'aval, assure-t-elle.

La redéfinition des maquettes est conséquente au passage de 8 heures à 7h36 de travail quotidien réalisé en 2021, affirme-t-elle, insistant sur la création de 0,5 poste supplémentaire aux urgences.

Une évolution suffisante pour la directrice, qui note que le nombre de passages aux urgences est stable depuis plusieurs années (16.600 annuels hors Covid), tout comme le nombre d'hospitalisations en unité de soins de courte durée (2.000 annuels).

Les syndicats FO, CGT et le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH-FO) y voient les conséquences de restrictions budgétaires imposées par la tutelle de l'établissement, et demandent un renforcement des effectifs paramédicaux bien supérieur aux maquettes prévues par la direction.

Dominique Osu considère plutôt qu'il faut s'éloigner du modèle "couteau suisse" appliqué aux personnels paramédicaux de l'établissement, qui naviguent notamment entre urgences et maternité, et dégager du temps administratif pour qu'ils puissent se concentrer sur leur fonction première.

Elle admet que le CH connaît un déficit structurel hors aides situé entre 4 millions et 6 millions d'euros (M€) annuels (8,5 M€ attendus en 2022), mais ajoute que celui-ci est dû au coût que représente la maternité, à l'activité croissante (621 accouchements en 2021). L'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire comble entre 3 et 4 M€ de ce déficit chaque année, évoque-t-elle.

L'ARS a ainsi versé 3,3 M€ au CH en 2021 dont 2 M€ d'aide en trésorerie et 1 M€ en soutien à la maternité. Le CH bénéficie par ailleurs de 10,4 M€ d'aide à la restauration de ses capacités financières entre 2021 et 2029, au titre du Ségur de la santé (contre 5,5 M€ initialement annoncés).

Des suppressions de postes qui concernent surtout la psychiatrie et le médico-social

Les nouvelles maquettes présentées fin mars aux représentants du personnel, et dont APMnews a eu copie, induisent au total la suppression de 14,8 équivalents temps plein (ETP) tous services confondus, et la création de 5,4 autres, soit un différentiel de -9,4 représentant 3,76% des effectifs du CH.

Parmi les services les plus touchés figure la psychiatrie, avec la suppression de 3,6 ETP infirmiers et de 1,8 ETP d'agents de services hospitaliers (ASH), remplacés par autant d'ETP d'aides-soignants, dans chacun des deux services de psychiatrie du CH (45 lits pour 600 patients adultes accueillis annuellement en soins libres ou sans consentement).

Les effectifs infirmiers en psychiatrie passeraient ainsi de quatre à trois matin et soir tout le long de la semaine, et ceux d'aides-soignants de 0 à 1 en journée.

La qualité de sa prise en charge en psychiatrie des soins sans consentement a été récemment mise en lumière par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui alertait toutefois sur les conséquences éventuelles sur la qualité de la prise en charge du projet de réduction des effectifs porté par la direction, rappelle-t-on (cf dépêche du 13/04/2022 à 18:45).

Dans le même temps, l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) perdrait 0,7 ETP infirmier et gagnerait 1,2 ETP d'aides-soignants, l'USLD perdrait 3,4 ETP d'aides-soignants et les urgences verraient leurs effectifs infirmiers croître de 0,5 ETP.

Alexandre Robert, secrétaire du syndicat FO au sein du CH, joint par APMnews vendredi, reproche à la direction de privilégier l'équilibre économique sur la qualité des soins et sur la qualité de vie au travail des professionnels de santé, épuisés par la crise sanitaire et les changements de planning et remises en cause des congés pour raison de service.

Il fait valoir une enquête menée par son syndicat en interne en début d'année, affirmant que 52,1% des 357 répondants (sur 1.000) envisagent de quitter l'établissement, et que 81,8% estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et psychologique.

"La direction de l'hôpital a reçu depuis les revendications des professionnels du service des urgences, elle a entamé un processus de dialogue social et un CHSCT [comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail] extraordinaire a eu lieu [lundi] 23 mai 2022", précise la direction du CH dans un communiqué transmis mardi après-midi.

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