Actualités de l'Urgence - APM

SOINS NON PROGRAMMÉS: L'ÉDUCATION DES PATIENTS POINTÉE DU DOIGT
LA BAULE (Loire-Atlantique), 7 septembre 2016 (APM) - Jean-Claude Etilé, médecin généraliste à Royère-de-Vassivière (Creuse), a pointé vendredi aux Rencontres de La Baule le manque d'éducation des patients pour expliquer l'explosion du nombre de demandes de soins non programmés (SNP).
Il a détaillé la prise en charge de ces soins non programmés en Creuse lors d'une table ronde des Rencontres de La Baule, organisées par la conférence nationale des unions régionales des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML).
Par soins non programmés, s'entendent des consultations et actes de médecine générale, sans rendez-vous et/ou associés à des actes techniques (pansements, sutures, immobilisations,...).
A Reims (Marne), ce sont les urgentistes des deux services d'urgence des cliniques du groupe Courlancy qui jouent le rôle de médecins régulateurs pour répondre aux demandes, a expliqué Jean-Louis Desphieux, le président du groupe, note-t-on.
A Royère-de-Vassivière (Creuse), commune rurale du Limousin située à 60 km de Limoges et 50 km de Guéret, médecin, infirmiers et kinésithérapeute se sont constitués en pôle de santé.
"Le centre 15 nous amène directement des patients au cabinet", a précisé le généraliste.
Depuis la publication d'une circulaire en juin 2015, l'agence régionale de santé (ARS), en lien avec les Samu et les services départementaux d'incendie et de secours (Sdis), peuvent identifier en amont les structures autres que les urgences acceptant d'accueillir des patients, rappelle-t-on.
Sur le territoire dans lequel exerce Jean-Claude Etilé, une messagerie instantanée a été mise en place, accessible aux pharmaciens, qui peuvent y demander des conseils.
Si le dispositif fonctionne bien, "on à l'impression que certains patients ont l'habitude qu'on dise oui à tout, est-ce qu'on ne pourrait pas se poser la question de l'éducation des patients", a-t-il questionné.
Il a également regretté le manque d'accès à des spécialistes sur le département. "Parfois on aurait besoin d'avis de spécialistes, faute de quoi on est obligé d'attendre la catastrophe pour envoyer le patient aux urgences", a-t-il déploré.
La Creuse dispose d'"un cardiologue et demi en libéral" pour 100.000 habitants, a-t-il rappelé.
Suite à son intervention, largement saluée par l'assemblée, plusieurs médecins libéraux dans le public ont cependant rappelé qu'il fallait tenir compte de l'inquiétude réelle des patients, tant face à la douleur qu'à l'organisation des soins.
=3 Les urgences embolisées
"Le patient est perdu dans un système complexe", a confirmé Philippe Juvin, le chef du service des urgences de l'hôpital Georges Pompidou (HEGP, Paris, AP-HP).
"Chez nous, un patient qui arrive aux urgences pour fracture du col est opéré huit à 10 jours plus tard, le système est embolisé", a-t-il remarqué. Les urgences de l'Hôpital européen Georges Pompidou reçoivent environ 50.000 patients par an, note-t-on.
"En définitive, les services d'urgence sont devenus la porte d'entrée de l'hôpital", a déploré Philippe Juvin.
Il a évoqué l'enquête nationale sur les structures des urgences hospitalières de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) réalisée en 2013, qui estime à "18 millions par an" le nombre d'admissions aux urgences, "avec une augmentation de 1 à 5% chaque année dans tous les services de France".
"Les patients viennent à 59% aux urgences car ils disent qu'ils ont un problème d'accessibilité aux soins; 21% viennent en expliquant ne pas avoir de contact médical en ville. Quand ils arrivent aux urgences, 59% disent être malades, mais un tiers souffre depuis un à trois jours du problème pour lequel ils viennent, 20% disent qu'ils ne savent pas s'il y a un médecin de garde, et 10% qu'ils savent qu'il existe, mais ignorent comment le joindre", a-t-il détaillé.
Pour Roland Rabeyrin, médecin en Haute-Loire (URPS-ML Auvergne-Rhône-Alpes), pour répondre aux demandes de soins non programmés, "il faut surtout mutualiser, en mettant en commun des outils souples, comme un secrétariat partagé, délocalisé, avec du personnel géré par la profession, mais aussi des outils de planning partagé".
"Il faut privilégier la direction des patients vers les médecins traitants en premier lieu, et si la solution médecin traitant n'est pas possible, une organisation entre médecins doit être trouvée", a-t-il assuré.
=3 5,4 demandes de soins non programmés par jour et par médecin
Une enquête réalisée par l'URPS Franche-Comté (http://www.claude-fremont.fr/topic/rapport-urps-franche-comte.pdf), sur la base d'un questionnaire adressé aux médecins libéraux franc-comtois en juin 2014, a estimé le nombre de demandes de consultations non programmées par médecin libéral à 5,4 par jour (6,6 pour les généralistes, 3,2 pour les spécialistes), a rapporté le médecin Christine Bertin-Belot (URPS-ML Bourgogne-Franche-Comté).
Elle a indiqué que d'après cette même étude, 99% des généralistes et 90% des spécialistes acceptaient les consultations non programmées, "41% des médecins, surtout les spécialistes, ne refusant aucune demande de SNP".
Pour répondre à ces demandes, 46% des médecins exerçant sur rendez-vous réservent des plages horaires spécifiques pour l'accueil des patients non programmés, et 92% rajoutent des SNP à leurs consultations du jour.
"Les médecins généralistes et spécialistes prennent donc en charge un nombre considérable de demandes de soins non programmés chaque jour, dont ils effectuent la régulation, donc qui ne sont pas comptabilisées dans les demandes reçues par les centres 15", conclut-elle.
Pierre-Henry Juan, le président de la fédération SOS Médecins France, a signalé que "les demandes d'intervention en journée de semaine augment[aient] tous les ans, passant de 36% en 2006 à 46% en 2014 avec plus d'1,6 million de dossiers ouverts".
"Pour quels motifs appelle-t-on SOS Médecins aux horaires d'ouverture des cabinets médicaux? D'abord, pour un tiers des appels, à cause de la douleur; ensuite, parce que soi-même ou son enfant a de la fièvre, parce qu'on ne se sent pas bien (malaises avec ou sans problème cardiaque) et enfin parce qu'on a des troubles digestifs, diarrhées ou vomissements", a-t-il détaillé.
"La prise en charge médico-psycho-sociale des patients est l'affaire de tous. Il y a une réelle complémentarité entre associations réalisant la médecine non programmée et les médecins libéraux exerçant en cabinet. C'est une réalité quotidienne qui doit être optimisée dans l'intérêt du patient et pour la facilitation de l'exercice médical", a-t-il commenté.
"Le médecin traitant est le pivot de la nouvelle convention; les médecins généralistes intervenant pour pallier les manques à la place des médecins traitants doivent être considérés comme tels et non ignorés dans les textes et les cotations", a-t-il conclu.
SOS Médecins reçoit 6 millions d'appels par an, et ouvre 4 millions de dossiers médicaux chaque année. Environ 60% des appels reçus le sont aux horaires de permanence des soins (PDS), les 40% restant ayant lieu aux heures d'ouverture des cabinets médicaux.
cdb/ab/APM polsan
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SOINS NON PROGRAMMÉS: L'ÉDUCATION DES PATIENTS POINTÉE DU DOIGT
LA BAULE (Loire-Atlantique), 7 septembre 2016 (APM) - Jean-Claude Etilé, médecin généraliste à Royère-de-Vassivière (Creuse), a pointé vendredi aux Rencontres de La Baule le manque d'éducation des patients pour expliquer l'explosion du nombre de demandes de soins non programmés (SNP).
Il a détaillé la prise en charge de ces soins non programmés en Creuse lors d'une table ronde des Rencontres de La Baule, organisées par la conférence nationale des unions régionales des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML).
Par soins non programmés, s'entendent des consultations et actes de médecine générale, sans rendez-vous et/ou associés à des actes techniques (pansements, sutures, immobilisations,...).
A Reims (Marne), ce sont les urgentistes des deux services d'urgence des cliniques du groupe Courlancy qui jouent le rôle de médecins régulateurs pour répondre aux demandes, a expliqué Jean-Louis Desphieux, le président du groupe, note-t-on.
A Royère-de-Vassivière (Creuse), commune rurale du Limousin située à 60 km de Limoges et 50 km de Guéret, médecin, infirmiers et kinésithérapeute se sont constitués en pôle de santé.
"Le centre 15 nous amène directement des patients au cabinet", a précisé le généraliste.
Depuis la publication d'une circulaire en juin 2015, l'agence régionale de santé (ARS), en lien avec les Samu et les services départementaux d'incendie et de secours (Sdis), peuvent identifier en amont les structures autres que les urgences acceptant d'accueillir des patients, rappelle-t-on.
Sur le territoire dans lequel exerce Jean-Claude Etilé, une messagerie instantanée a été mise en place, accessible aux pharmaciens, qui peuvent y demander des conseils.
Si le dispositif fonctionne bien, "on à l'impression que certains patients ont l'habitude qu'on dise oui à tout, est-ce qu'on ne pourrait pas se poser la question de l'éducation des patients", a-t-il questionné.
Il a également regretté le manque d'accès à des spécialistes sur le département. "Parfois on aurait besoin d'avis de spécialistes, faute de quoi on est obligé d'attendre la catastrophe pour envoyer le patient aux urgences", a-t-il déploré.
La Creuse dispose d'"un cardiologue et demi en libéral" pour 100.000 habitants, a-t-il rappelé.
Suite à son intervention, largement saluée par l'assemblée, plusieurs médecins libéraux dans le public ont cependant rappelé qu'il fallait tenir compte de l'inquiétude réelle des patients, tant face à la douleur qu'à l'organisation des soins.
=3 Les urgences embolisées
"Le patient est perdu dans un système complexe", a confirmé Philippe Juvin, le chef du service des urgences de l'hôpital Georges Pompidou (HEGP, Paris, AP-HP).
"Chez nous, un patient qui arrive aux urgences pour fracture du col est opéré huit à 10 jours plus tard, le système est embolisé", a-t-il remarqué. Les urgences de l'Hôpital européen Georges Pompidou reçoivent environ 50.000 patients par an, note-t-on.
"En définitive, les services d'urgence sont devenus la porte d'entrée de l'hôpital", a déploré Philippe Juvin.
Il a évoqué l'enquête nationale sur les structures des urgences hospitalières de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) réalisée en 2013, qui estime à "18 millions par an" le nombre d'admissions aux urgences, "avec une augmentation de 1 à 5% chaque année dans tous les services de France".
"Les patients viennent à 59% aux urgences car ils disent qu'ils ont un problème d'accessibilité aux soins; 21% viennent en expliquant ne pas avoir de contact médical en ville. Quand ils arrivent aux urgences, 59% disent être malades, mais un tiers souffre depuis un à trois jours du problème pour lequel ils viennent, 20% disent qu'ils ne savent pas s'il y a un médecin de garde, et 10% qu'ils savent qu'il existe, mais ignorent comment le joindre", a-t-il détaillé.
Pour Roland Rabeyrin, médecin en Haute-Loire (URPS-ML Auvergne-Rhône-Alpes), pour répondre aux demandes de soins non programmés, "il faut surtout mutualiser, en mettant en commun des outils souples, comme un secrétariat partagé, délocalisé, avec du personnel géré par la profession, mais aussi des outils de planning partagé".
"Il faut privilégier la direction des patients vers les médecins traitants en premier lieu, et si la solution médecin traitant n'est pas possible, une organisation entre médecins doit être trouvée", a-t-il assuré.
=3 5,4 demandes de soins non programmés par jour et par médecin
Une enquête réalisée par l'URPS Franche-Comté (http://www.claude-fremont.fr/topic/rapport-urps-franche-comte.pdf), sur la base d'un questionnaire adressé aux médecins libéraux franc-comtois en juin 2014, a estimé le nombre de demandes de consultations non programmées par médecin libéral à 5,4 par jour (6,6 pour les généralistes, 3,2 pour les spécialistes), a rapporté le médecin Christine Bertin-Belot (URPS-ML Bourgogne-Franche-Comté).
Elle a indiqué que d'après cette même étude, 99% des généralistes et 90% des spécialistes acceptaient les consultations non programmées, "41% des médecins, surtout les spécialistes, ne refusant aucune demande de SNP".
Pour répondre à ces demandes, 46% des médecins exerçant sur rendez-vous réservent des plages horaires spécifiques pour l'accueil des patients non programmés, et 92% rajoutent des SNP à leurs consultations du jour.
"Les médecins généralistes et spécialistes prennent donc en charge un nombre considérable de demandes de soins non programmés chaque jour, dont ils effectuent la régulation, donc qui ne sont pas comptabilisées dans les demandes reçues par les centres 15", conclut-elle.
Pierre-Henry Juan, le président de la fédération SOS Médecins France, a signalé que "les demandes d'intervention en journée de semaine augment[aient] tous les ans, passant de 36% en 2006 à 46% en 2014 avec plus d'1,6 million de dossiers ouverts".
"Pour quels motifs appelle-t-on SOS Médecins aux horaires d'ouverture des cabinets médicaux? D'abord, pour un tiers des appels, à cause de la douleur; ensuite, parce que soi-même ou son enfant a de la fièvre, parce qu'on ne se sent pas bien (malaises avec ou sans problème cardiaque) et enfin parce qu'on a des troubles digestifs, diarrhées ou vomissements", a-t-il détaillé.
"La prise en charge médico-psycho-sociale des patients est l'affaire de tous. Il y a une réelle complémentarité entre associations réalisant la médecine non programmée et les médecins libéraux exerçant en cabinet. C'est une réalité quotidienne qui doit être optimisée dans l'intérêt du patient et pour la facilitation de l'exercice médical", a-t-il commenté.
"Le médecin traitant est le pivot de la nouvelle convention; les médecins généralistes intervenant pour pallier les manques à la place des médecins traitants doivent être considérés comme tels et non ignorés dans les textes et les cotations", a-t-il conclu.
SOS Médecins reçoit 6 millions d'appels par an, et ouvre 4 millions de dossiers médicaux chaque année. Environ 60% des appels reçus le sont aux horaires de permanence des soins (PDS), les 40% restant ayant lieu aux heures d'ouverture des cabinets médicaux.
cdb/ab/APM polsan