Actualités de l'Urgence - APM

SUICIDE: LE NOUVEAU NUMÉRO NATIONAL DOIT PERMETTRE DE "CASSER LA COURBE"
LILLE, 4 octobre 2021 (APMnews) - Le nouveau numéro national de prévention du suicide (2NPS, joignable au 3114) doit permettre de "casser la courbe" des 9.000 suicides annuels, a expliqué vendredi le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie du CHU de Lille et coordonnateur national du dispositif, qui l'a présenté lundi lors d'une conférence de presse.

L'établissement avait été sélectionné en mars 2021 pour mettre en place ce numéro national selon des modalités présentées dans une circulaire publiée mi-juillet (cf dépêche du 11/03/2021 à 17:46 et dépêche du 28/07/2021 à 16:40).
Le lancement était initialement prévu pour le 10 septembre, mais le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, l'avait finalement annoncé pour le 1er octobre (cf dépêche du 29/09/2021 à 10:37).
"Il restait un maillon très faible dans la stratégie de prévention du suicide" pour permettre aux personnes aux personnes en "très grande souffrance" de se tourner vers un dispositif d'écoute au moment nécessaire, constate Pierre Thomas, qui se félicite que le 2NPS vienne compléter la "stratégie globale" de prévention du suicide.
"L'ensemble de la stratégie globale de prévention du suicide [...] a pour objectif commun d'arriver à une cassure de la courbe des décès par suicide. Il y a encore plus de suicides en France que dans les autres pays européens, les stratégies mises en place jusqu'à maintenant n'étaient pas assez intégrées et territorialisées [...]. Il y a encore 9.000 décès par suicide par an, c'est énorme, c'est des morts évitables" poursuit-il.
Le 2NPS, disponible 24h/24 sur l'ensemble du territoire, doit y répondre, "en lien avec tous les dispositifs qui existent déjà, que ça soit sur le territoire national, ou régional, ou localement", précise le psychiatre. Il met en relief le travail de ses partenaires tels les CHU de Brest et Montpellier, ou encore le centre hospitalier spécialisé (CHS) du Vinatier (Bron, près de Lyon) pour la "postvention" (actions postérieures au suicide).
Il s'adresse tant aux personnes ayant des idées suicidaires émergentes qu'à celles sur le point de passer à l'acte, aux proches de ces personnes s'inquiétant pour elles ou endeuillés par un suicide.
Pas un numéro unique
Ce numéro national n'a pas vocation à se substituer à ces derniers, mais bien à compléter le panel des dispositifs existants, insiste Charles-Edouard Notredame, coordonnateur national adjoint.
"La grande différence avec la plupart des lignes d'écoute, c'est que c'est une ligne professionnelle alors que la plupart des lignes d'écoute sont associatives. L'autre grande différence, c'est qu'on a une logique d'intervention y compris dans le secours, notamment grâce à nos collaborations très étroites avec le Samu" complète-t-il.
Les appels n'ont donc pas vocation à être anonymes, bien que cela soit possible si l'appelant le désire. L'objectif est bien de pouvoir intervenir auprès des appelants en complément des lignes d'écoute, bien qu'une écoute soit possible au 2NPS ou via un basculement vers une ligne d'écoute traditionnelle.
Les lignes d'écoute associatives ont été consultées dans le montage du projet pour nourrir un référentiel de bonnes pratiques et la formation des répondants à l'"écoute empathique, au non-jugement, à l'accueil, au lien", relate le Dr Notredame.
"On a commencé notre travail par un diagnostic territorial, on a vu chacune des agences régionales de santé [ARS] pour discuter de ce qui était déployé dans leurs régions, de ce qui fonctionnait, de ce qui ne fonctionnait pas, de ce qu'étaient leurs attentes", assure-t-il.
A terme, 300 répondants sur le territoire national
A Lille, les locaux du 2NPS sont accueillis au sein de ceux du Samu du Nord. "Vous êtes ici chez vous!" réagit le Dr Patrick Goldstein, chef du pôle de l'urgence du CHU et du Samu du Nord.
"On se félicite, on est vraiment heureux de l'arrivée de ce dispositif parce que c'était une des pierres manquantes", commente-t-il.
"Aujourd'hui arrivent dans les 15 beaucoup d'appels de ce type-là [...]. On ne sait pas faire, et on n'a pas le temps. Ce dispositif-là, il manquait pour éviter le passage à l'acte. Ce que l'on veut, nous, c'est ne pas intervenir. Car lorsqu'on intervient, c'est trop tard, ça veut donc dire qu'on a manqué quelque chose. Et là, ce que nos collègues sont en train de mettre en place, c'est très clairement combler ce vide sur ces alertes auxquelles on répondait mal. C'est parfaitement complémentaire de VigilanS [prévention de la récidive]", ajoute-t-il.
Dans le même temps, quatre répondantes (infirmières ou psychologues de profession) prennent les premiers appels. Dès 9 heures en ce premier jour, le téléphone a commencé à sonner. Après deux heures, à l'issue de la conférence de presse, une dizaine d'appels ont déjà été reçus.
"L'idée, au départ, c'était de ne surtout pas créer une plateforme unique d'appel [...] mais au contraire d'essayer d'avoir une réponse territorialisée" afin que les services répondants connaissent la réalité des territoires qu'ils traitent, explique le Dr Christophe Debien, responsable du déploiement national.
Si, à terme, un centre sera installé par région pour les appels pris en journée, ils étaient 10 à démarrer vendredi (Lille, Brest, Montpellier, Nancy, Poitiers et Lyon de façon complète, Rouen, Angers, Bordeaux et Saint-Etienne de façon partielle). Paris, Tours, Besançon, Marseille, Ajaccio, Saint-Denis de La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane doivent suivre, entre courant décembre et le début de l'année 2022.
La nuit, les appels sont partagés entre Lille, Brest et Montpellier (4 étaient initialement prévus, rappelle-t-on).
"Chaque centre compte une équipe de non-répondants, avec un médecin, une assistance sociale, car la réponse à la crise sanitaire n'est pas uniquement sanitaire [...] et puis des répondants. Au total, à terme, il y aura un peu plus de 300 personnes qui répondront aux appels", précise Christophe Debien. Pour l'heure, le centre régional basé à Lille compte une vingtaine de postes, auxquels s'ajoutent une vingtaine de postes pour le pôle national.
La formation de l'ensemble des répondants, pilotée par le Dr Pierre Grandgenèvre, visait à "optimiser la prise en charge, quel que soit le motif de l'appel".
"Pour cela, on a fait un référentiel basé sur la littérature et des retours d'expérience du terrain (régulateurs du Samu, associations...). A partir de là, on a monté ses modules de formation qui ont pour premier objectif d'évaluer le patient, et en fonction de l'évaluation, de proposer une intervention et une orientation. On a mis l'accent sur la qualité du lien téléphonique, marqué par l'absence du paraverbal", détaille-t-il.
Un service de messagerie instantanée en ligne doit suivre courant 2022, ajoute Pierre Thomas, qui mentionne de futurs développements pour adapter l'outil aux personnes en situation de handicap ou encore en détention.
bd/nc/APMnews
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LILLE, 4 octobre 2021 (APMnews) - Le nouveau numéro national de prévention du suicide (2NPS, joignable au 3114) doit permettre de "casser la courbe" des 9.000 suicides annuels, a expliqué vendredi le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie du CHU de Lille et coordonnateur national du dispositif, qui l'a présenté lundi lors d'une conférence de presse.

L'établissement avait été sélectionné en mars 2021 pour mettre en place ce numéro national selon des modalités présentées dans une circulaire publiée mi-juillet (cf dépêche du 11/03/2021 à 17:46 et dépêche du 28/07/2021 à 16:40).
Le lancement était initialement prévu pour le 10 septembre, mais le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, l'avait finalement annoncé pour le 1er octobre (cf dépêche du 29/09/2021 à 10:37).
"Il restait un maillon très faible dans la stratégie de prévention du suicide" pour permettre aux personnes aux personnes en "très grande souffrance" de se tourner vers un dispositif d'écoute au moment nécessaire, constate Pierre Thomas, qui se félicite que le 2NPS vienne compléter la "stratégie globale" de prévention du suicide.
"L'ensemble de la stratégie globale de prévention du suicide [...] a pour objectif commun d'arriver à une cassure de la courbe des décès par suicide. Il y a encore plus de suicides en France que dans les autres pays européens, les stratégies mises en place jusqu'à maintenant n'étaient pas assez intégrées et territorialisées [...]. Il y a encore 9.000 décès par suicide par an, c'est énorme, c'est des morts évitables" poursuit-il.
Le 2NPS, disponible 24h/24 sur l'ensemble du territoire, doit y répondre, "en lien avec tous les dispositifs qui existent déjà, que ça soit sur le territoire national, ou régional, ou localement", précise le psychiatre. Il met en relief le travail de ses partenaires tels les CHU de Brest et Montpellier, ou encore le centre hospitalier spécialisé (CHS) du Vinatier (Bron, près de Lyon) pour la "postvention" (actions postérieures au suicide).
Il s'adresse tant aux personnes ayant des idées suicidaires émergentes qu'à celles sur le point de passer à l'acte, aux proches de ces personnes s'inquiétant pour elles ou endeuillés par un suicide.
Pas un numéro unique
Ce numéro national n'a pas vocation à se substituer à ces derniers, mais bien à compléter le panel des dispositifs existants, insiste Charles-Edouard Notredame, coordonnateur national adjoint.
"La grande différence avec la plupart des lignes d'écoute, c'est que c'est une ligne professionnelle alors que la plupart des lignes d'écoute sont associatives. L'autre grande différence, c'est qu'on a une logique d'intervention y compris dans le secours, notamment grâce à nos collaborations très étroites avec le Samu" complète-t-il.
Les appels n'ont donc pas vocation à être anonymes, bien que cela soit possible si l'appelant le désire. L'objectif est bien de pouvoir intervenir auprès des appelants en complément des lignes d'écoute, bien qu'une écoute soit possible au 2NPS ou via un basculement vers une ligne d'écoute traditionnelle.
Les lignes d'écoute associatives ont été consultées dans le montage du projet pour nourrir un référentiel de bonnes pratiques et la formation des répondants à l'"écoute empathique, au non-jugement, à l'accueil, au lien", relate le Dr Notredame.
"On a commencé notre travail par un diagnostic territorial, on a vu chacune des agences régionales de santé [ARS] pour discuter de ce qui était déployé dans leurs régions, de ce qui fonctionnait, de ce qui ne fonctionnait pas, de ce qu'étaient leurs attentes", assure-t-il.
A terme, 300 répondants sur le territoire national
A Lille, les locaux du 2NPS sont accueillis au sein de ceux du Samu du Nord. "Vous êtes ici chez vous!" réagit le Dr Patrick Goldstein, chef du pôle de l'urgence du CHU et du Samu du Nord.
"On se félicite, on est vraiment heureux de l'arrivée de ce dispositif parce que c'était une des pierres manquantes", commente-t-il.
"Aujourd'hui arrivent dans les 15 beaucoup d'appels de ce type-là [...]. On ne sait pas faire, et on n'a pas le temps. Ce dispositif-là, il manquait pour éviter le passage à l'acte. Ce que l'on veut, nous, c'est ne pas intervenir. Car lorsqu'on intervient, c'est trop tard, ça veut donc dire qu'on a manqué quelque chose. Et là, ce que nos collègues sont en train de mettre en place, c'est très clairement combler ce vide sur ces alertes auxquelles on répondait mal. C'est parfaitement complémentaire de VigilanS [prévention de la récidive]", ajoute-t-il.
Dans le même temps, quatre répondantes (infirmières ou psychologues de profession) prennent les premiers appels. Dès 9 heures en ce premier jour, le téléphone a commencé à sonner. Après deux heures, à l'issue de la conférence de presse, une dizaine d'appels ont déjà été reçus.
"L'idée, au départ, c'était de ne surtout pas créer une plateforme unique d'appel [...] mais au contraire d'essayer d'avoir une réponse territorialisée" afin que les services répondants connaissent la réalité des territoires qu'ils traitent, explique le Dr Christophe Debien, responsable du déploiement national.
Si, à terme, un centre sera installé par région pour les appels pris en journée, ils étaient 10 à démarrer vendredi (Lille, Brest, Montpellier, Nancy, Poitiers et Lyon de façon complète, Rouen, Angers, Bordeaux et Saint-Etienne de façon partielle). Paris, Tours, Besançon, Marseille, Ajaccio, Saint-Denis de La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane doivent suivre, entre courant décembre et le début de l'année 2022.
La nuit, les appels sont partagés entre Lille, Brest et Montpellier (4 étaient initialement prévus, rappelle-t-on).
"Chaque centre compte une équipe de non-répondants, avec un médecin, une assistance sociale, car la réponse à la crise sanitaire n'est pas uniquement sanitaire [...] et puis des répondants. Au total, à terme, il y aura un peu plus de 300 personnes qui répondront aux appels", précise Christophe Debien. Pour l'heure, le centre régional basé à Lille compte une vingtaine de postes, auxquels s'ajoutent une vingtaine de postes pour le pôle national.
La formation de l'ensemble des répondants, pilotée par le Dr Pierre Grandgenèvre, visait à "optimiser la prise en charge, quel que soit le motif de l'appel".
"Pour cela, on a fait un référentiel basé sur la littérature et des retours d'expérience du terrain (régulateurs du Samu, associations...). A partir de là, on a monté ses modules de formation qui ont pour premier objectif d'évaluer le patient, et en fonction de l'évaluation, de proposer une intervention et une orientation. On a mis l'accent sur la qualité du lien téléphonique, marqué par l'absence du paraverbal", détaille-t-il.
Un service de messagerie instantanée en ligne doit suivre courant 2022, ajoute Pierre Thomas, qui mentionne de futurs développements pour adapter l'outil aux personnes en situation de handicap ou encore en détention.
bd/nc/APMnews