Actualités de l'Urgence - APM

03/11 2016
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TÉLÉMÉDECINE ENTRE EHPAD ET SAMU: DÉBUTS ENCOURAGEANTS D'UN TEST EN MEURTHE-ET-MOSELLE

NANCY, 2 novembre 2016 (APM) - L'expérimentation de liaison vidéo entre le Samu du CHU de Nancy et des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) n'a encore bénéficié qu'à une dizaine de résidents, mais elle a permis d'éviter leur transport aux urgences, ont indiqué à l'APM des porteurs du projet.

Le CHU avait annoncé en décembre 2015 que ce dispositif de télémédecine serait mis en place dans 12 Ehpad de Meurthe-et-Moselle, avec la collaboration du groupement de coopération sanitaire (GCS) Télésanté Lorraine et l'appui de l'agence régionale de santé (ARS).

Le constat de départ est que les appels venant des Ehpad posent fréquemment problème aux régulateurs, ont expliqué à l'APM Corinne Roldo, directrice adjointe et référente télémédecine au CHU, et le Dr Caroline Lejeune, médecin aux urgences et au centre 15.

Souvent, le soignant "n'arrive pas à nous dire si la personne est consciente ou pas", a constaté cette dernière. Les infirmières sont bien formées pour le faire, mais quand elles ne sont pas présentes, c'est en général une aide-soignante ou une "veilleuse de nuit" qui appelle le 15.

Il arrive donc que, "dans le doute", le résident soit conduit aux urgences... où il s'avère une fois sur deux que son état de santé ne nécessite pas une hospitalisation. Or, le transfert aux urgences et l'attente dans des conditions inconfortables peuvent être très déstabilisants pour une personne âgée "très fragile".

A l'inverse, l'imprécision des transmissions au centre 15 peut retarder l'intervention du Smur, si les signes de gravité ne sont pas immédiatement reconnus par le professionnel de l'Ehpad.

L'expérimentation de télémédecine permet, via une application sur tablette, d'associer l'image et le son afin d'améliorer l'évaluation par le médecin régulateur, et faciliter les interactions avec le résident s'il peut s'exprimer. L'image a une définition suffisante pour que le médecin puisse voir précisément le patient.

L'application permet aussi au régulateur de disposer d'un dossier de liaison d'urgence (DLU) réalisé par l'Ehpad. Il décrit les antécédents, les traitements, l'état de dépendance du résident, ou encore ses éventuelles directives anticipées.

Les 12 Ehpad sélectionnés sont ceux qui appellent le plus fréquemment le centre 15 nancéien. Le test a été lancé en mars auprès de cinq d'entre eux qui bénéficiaient déjà depuis 2014 de téléconsultations avec des gériatres du CHU, dans le cadre du dispositif Paerpa (parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d'autonomie) du Grand Nancy.

De nouveaux établissements les ont rejoints depuis, portant le total à 10 pour le moment. Il s'agit d'établissements publics comme privés, situés en zone rurale ou urbaine, du Nord au Sud du département, a constaté Corinne Roldo.

L'application n'a encore été utilisée que dans une dizaine d'appels au centre 15, mais dans tous ces cas, elle a permis de lever le doute et de ne pas transférer la personne aux urgences.

De plus, "certains régulateurs nous disent: 'dans tel Ehpad, c'est dommage qu'il n'y ait pas [la liaison vidéo], j'en aurais eu besoin'", a rapporté le Dr Lejeune.

De nouvelles formations vont être organisées pour rappeler aux médecins du Samu comment le système fonctionne et quels Ehpad l'utilisent, pour qu'ils aient le réflexe de déclencher la télémédecine. De même, l'entraînement des soignants des Ehpad va continuer. Il inclut par exemple des visites dans les locaux du centre 15 et les formations sur les signes cliniques à repérer.

===Gain de temps

Jusqu'ici, l'application n'a pas connu de problèmes techniques notables, mais il est arrivé qu'un régulateur ou un soignant oublie son mot de passe, a indiqué Corinne Roldo. Dans ces cas, il a fallu se contenter de la liaison téléphonique classique.

Caroline Lejeune a souligné que le dispositif permet de gagner du temps: "Plutôt que de passer plusieurs minutes à poser des questions au téléphone, le médecin régulateur voit en quelques secondes s'il y a une urgence, avec la vidéo. Dans quelques années, on se demandera comment on faisait sans l'image!"

L'application est lancée par le régulateur lorsqu'il commence sa journée. A l'Ehpad, la tablette reste dans le chariot d'urgence. En cas de besoin, se connecter prend une trentaine de secondes.

Pour que la liaison fonctionne, l'idéal est que l'Ehpad dispose d'une bonne connexion internet et d'un réseau wifi couvrant la structure. Mais cela peut également fonctionner avec un réseau de données mobile (3G ou 4G), a noté Corinne Roldo.

En résumé, elle a décrit un dispositif "simple et pratique", et peu "coûteux", conditions nécessaires pour envisager un déploiement dans tous les Ehpad de Meurthe-et-Moselle.

D'autres établissements demandent à participer au test, mais pour l'heure, seuls les 12 prévus seront inclus. Les porteurs de projet referont le point mi-2017 sur l'évolution du projet.

L'expérimentation est financée par l'ARS et la maîtrise d'ouvrage est assurée par le GCS Télésanté Lorraine, a indiqué à l'APM Arnaud Vezain, chef de projets et responsable qualité au sein du groupement.

Le coût est d'environ 35.000 euros d'investissement et 3.500 euros par an de maintenance (hors taxes) pour équiper le Samu et la douzaine d'Ehpad. Equiper un Ehpad supplémentaire coûte un peu moins de 2.000 euros.

Le logiciel de la tablette s'appuie sur Odys, un service de télémédecine porté par le GCS Télésanté Lorraine. Il est utilisé "en routine" depuis 2013 dans divers domaines (accident vasculaire cérébral -AVC, milieu pénitentiaire, insuffisance rénale, gériatrie...), a poursuivi Arnaud Vezain.

La version mobile de ce service, adaptée aux demandes du Samu, a été développée par l'entreprise Covalia.

En parallèle, le GCS mène depuis février une expérimentation sur le même principe avec le Samu des Vosges et six Ehpad.

Les porteurs du projets ont dit ne pas avoir connaissance d'autres projets identiques (tablette et liaison en temps réel). Des dispositifs "plus compliqués" ont pu être mis en place, incluant par exemple l'affichage de la prise de tension ou d'un électrocardiogramme, mais ces fonctionnalités ne sont pas indispensables, a estimé Caroline Lejeune.

nc/sl/APM polsan

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NANCY, 2 novembre 2016 (APM) - L'expérimentation de liaison vidéo entre le Samu du CHU de Nancy et des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) n'a encore bénéficié qu'à une dizaine de résidents, mais elle a permis d'éviter leur transport aux urgences, ont indiqué à l'APM des porteurs du projet.

Le CHU avait annoncé en décembre 2015 que ce dispositif de télémédecine serait mis en place dans 12 Ehpad de Meurthe-et-Moselle, avec la collaboration du groupement de coopération sanitaire (GCS) Télésanté Lorraine et l'appui de l'agence régionale de santé (ARS).

Le constat de départ est que les appels venant des Ehpad posent fréquemment problème aux régulateurs, ont expliqué à l'APM Corinne Roldo, directrice adjointe et référente télémédecine au CHU, et le Dr Caroline Lejeune, médecin aux urgences et au centre 15.

Souvent, le soignant "n'arrive pas à nous dire si la personne est consciente ou pas", a constaté cette dernière. Les infirmières sont bien formées pour le faire, mais quand elles ne sont pas présentes, c'est en général une aide-soignante ou une "veilleuse de nuit" qui appelle le 15.

Il arrive donc que, "dans le doute", le résident soit conduit aux urgences... où il s'avère une fois sur deux que son état de santé ne nécessite pas une hospitalisation. Or, le transfert aux urgences et l'attente dans des conditions inconfortables peuvent être très déstabilisants pour une personne âgée "très fragile".

A l'inverse, l'imprécision des transmissions au centre 15 peut retarder l'intervention du Smur, si les signes de gravité ne sont pas immédiatement reconnus par le professionnel de l'Ehpad.

L'expérimentation de télémédecine permet, via une application sur tablette, d'associer l'image et le son afin d'améliorer l'évaluation par le médecin régulateur, et faciliter les interactions avec le résident s'il peut s'exprimer. L'image a une définition suffisante pour que le médecin puisse voir précisément le patient.

L'application permet aussi au régulateur de disposer d'un dossier de liaison d'urgence (DLU) réalisé par l'Ehpad. Il décrit les antécédents, les traitements, l'état de dépendance du résident, ou encore ses éventuelles directives anticipées.

Les 12 Ehpad sélectionnés sont ceux qui appellent le plus fréquemment le centre 15 nancéien. Le test a été lancé en mars auprès de cinq d'entre eux qui bénéficiaient déjà depuis 2014 de téléconsultations avec des gériatres du CHU, dans le cadre du dispositif Paerpa (parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d'autonomie) du Grand Nancy.

De nouveaux établissements les ont rejoints depuis, portant le total à 10 pour le moment. Il s'agit d'établissements publics comme privés, situés en zone rurale ou urbaine, du Nord au Sud du département, a constaté Corinne Roldo.

L'application n'a encore été utilisée que dans une dizaine d'appels au centre 15, mais dans tous ces cas, elle a permis de lever le doute et de ne pas transférer la personne aux urgences.

De plus, "certains régulateurs nous disent: 'dans tel Ehpad, c'est dommage qu'il n'y ait pas [la liaison vidéo], j'en aurais eu besoin'", a rapporté le Dr Lejeune.

De nouvelles formations vont être organisées pour rappeler aux médecins du Samu comment le système fonctionne et quels Ehpad l'utilisent, pour qu'ils aient le réflexe de déclencher la télémédecine. De même, l'entraînement des soignants des Ehpad va continuer. Il inclut par exemple des visites dans les locaux du centre 15 et les formations sur les signes cliniques à repérer.

===Gain de temps

Jusqu'ici, l'application n'a pas connu de problèmes techniques notables, mais il est arrivé qu'un régulateur ou un soignant oublie son mot de passe, a indiqué Corinne Roldo. Dans ces cas, il a fallu se contenter de la liaison téléphonique classique.

Caroline Lejeune a souligné que le dispositif permet de gagner du temps: "Plutôt que de passer plusieurs minutes à poser des questions au téléphone, le médecin régulateur voit en quelques secondes s'il y a une urgence, avec la vidéo. Dans quelques années, on se demandera comment on faisait sans l'image!"

L'application est lancée par le régulateur lorsqu'il commence sa journée. A l'Ehpad, la tablette reste dans le chariot d'urgence. En cas de besoin, se connecter prend une trentaine de secondes.

Pour que la liaison fonctionne, l'idéal est que l'Ehpad dispose d'une bonne connexion internet et d'un réseau wifi couvrant la structure. Mais cela peut également fonctionner avec un réseau de données mobile (3G ou 4G), a noté Corinne Roldo.

En résumé, elle a décrit un dispositif "simple et pratique", et peu "coûteux", conditions nécessaires pour envisager un déploiement dans tous les Ehpad de Meurthe-et-Moselle.

D'autres établissements demandent à participer au test, mais pour l'heure, seuls les 12 prévus seront inclus. Les porteurs de projet referont le point mi-2017 sur l'évolution du projet.

L'expérimentation est financée par l'ARS et la maîtrise d'ouvrage est assurée par le GCS Télésanté Lorraine, a indiqué à l'APM Arnaud Vezain, chef de projets et responsable qualité au sein du groupement.

Le coût est d'environ 35.000 euros d'investissement et 3.500 euros par an de maintenance (hors taxes) pour équiper le Samu et la douzaine d'Ehpad. Equiper un Ehpad supplémentaire coûte un peu moins de 2.000 euros.

Le logiciel de la tablette s'appuie sur Odys, un service de télémédecine porté par le GCS Télésanté Lorraine. Il est utilisé "en routine" depuis 2013 dans divers domaines (accident vasculaire cérébral -AVC, milieu pénitentiaire, insuffisance rénale, gériatrie...), a poursuivi Arnaud Vezain.

La version mobile de ce service, adaptée aux demandes du Samu, a été développée par l'entreprise Covalia.

En parallèle, le GCS mène depuis février une expérimentation sur le même principe avec le Samu des Vosges et six Ehpad.

Les porteurs du projets ont dit ne pas avoir connaissance d'autres projets identiques (tablette et liaison en temps réel). Des dispositifs "plus compliqués" ont pu être mis en place, incluant par exemple l'affichage de la prise de tension ou d'un électrocardiogramme, mais ces fonctionnalités ne sont pas indispensables, a estimé Caroline Lejeune.

nc/sl/APM polsan

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