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10/11 2022
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TENSIONS EN PÉDIATRIE EN ILE-DE-FRANCE: "NOUS AVONS TIRÉ LES ENSEIGNEMENTS" DE LA CRISE DE 2019 (AMÉLIE VERDIER) (ACTUALISATION)

(Avec précisions de l'ARS sur la déclinaison du plan Orsan)

PARIS, 10 novembre 2022 (APMnews) - Si les services de réanimation pédiatrique avaient déjà connu de fortes difficultés pendant l'hiver 2019, "nous avons tiré les enseignements" de cette crise, a défendu mercredi Amélie Verdier, la directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, mercredi lors d'une audition en séance plénière du conseil régional.

Notamment sollicitée sur l'anticipation de l'épidémie précoce -comme en 2020- de bronchiolite, Amélie Verdier a elle-même rappelé qu'il "y a[vait] déjà eu des tensions difficiles en 2019".

Il y a trois ans, plus de 20 nourrissons avaient été transférés d'Ile-de-France vers d'autres régions entre le 17 octobre et le 2 décembre, ce qui avait conduit à une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) demandée par l'ancienne ministre Agnès Buzyn (cf dépêche du 27/02/2020 à 15:48).

Dans son rapport, l'Igas portait quelques propositions pour faciliter le recrutement et stabiliser les équipes dans les services de soins critiques pédiatriques, mais recommandait surtout d'améliorer la préparation du plan hivernal et la gestion des alertes.

Réfutant l'idée selon laquelle cet épisode n'aurait pas permis une meilleure gestion de la crise actuelle, Amélie Verdier a pointé l'organisation d'une "vraie solidarité régionale" par rapport à ce qui avait pu être organisé il y a trois ans. "Non, il ne s'est pas rien passé depuis 2019", a-t-elle insisté.

"Le chiffre qui attire l'attention est celui des transferts interrégionaux, parce que c'est évidemment un crève-coeur que d'envoyer un nourrisson hors Ile-de-France", a-t-elle déclaré. Il y avait mercredi "38 transferts qui ont été réalisés à date hors Ile-de-France, mais il y a aussi tous les jours des transferts internes à la région", a-t-elle fait valoir.

"Personne ne peut se réjouir des transferts réalisés, nous les accompagnons, mais je ne peux pas laisser dire qu'on a attendu que ça se passe", a argué Amélie Verdier.

Outre "l'effet ciseaux" provoqué par le manque de personnels, "on observe aujourd'hui un recours plus élevé aux soins critiques dans la prise en charge des bronchiolites", a-t-elle relevé.

"En 2010, à peu près 9% des bronchiolites [nécessitant une hospitalisation] donnaient lieu à un recours en soins critiques, aujourd'hui c'est 40%", a-t-elle chiffré. "Donc même si on s'adapte en permanence, on ne peut pas imaginer [avoir] une réponse proportionnelle dans le contexte qui est le nôtre."

L'ARS va "intensifier [son] plan d'action régional en complément des mesures nationales", a mentionné Amélie Verdier, en référence aux annonces ministérielles sur la prolongation des mesures estivales, dont la majoration des indemnités de nuit, et sur l'extension de la prime de soins critiques.

"Nous avons agi en lien avec la médecine de ville", a aussi exposé Amélie Verdier, évoquant l'intervention de professionnels libéraux à côté de services d'urgence. C'est le cas "à Poissy [Yvelines] avec une maison médicale de garde pédiatrique dont l'agence finance une extension d'horaire pour faire face à la situation très difficile de régulation de l'accès aux urgences pédiatriques".

"La difficulté est qu'on manque aussi de professionnels de santé en ville et il faut qu'on optimise notre soutien à la médecine de ville autant que possible", a poursuivi Amélie Verdier. Parmi les mesures estivales renouvelées, elle a cité la mobilisation des possibilités de suivi à domicile, de la télémédecine, "des capacités d'adresser en régulation en soins non programmés avec une consultation majorée pour les médecins libéraux qui l'acceptent".

Sollicitée par APMnews sur la déclinaison du plan Orsan Epiclim au niveau national annoncé mardi par le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, dans le cadre de la gestion de l'épidémie de bronchiolite (cf dépêche du 09/11/2022 à 16:36), l'ARS a répondu jeudi soir avoir réuni dans la journée "l'ensemble des acteurs du système de soins francilien pour faire le point sur les mesures déjà mises en place et sur les actions complémentaires envisagées".

La réunion a "été l’occasion de constater la montée en puissance progressive du soutien de la médecine de ville aux hôpitaux avec le renforcement des permanences des soins ambulatoires", explique l'agence. Il s'agit de "développer des services d’accès aux soins (SAS) qui permettent d’organiser la coordination des acteurs de santé de l’hôpital et de la ville d’un même territoire pour accroître l’offre de soins non programmés" et de "développer la réorientation au sein des urgences vers la médecine de ville".

Mobilisation des associations de sécurité civile et de la PMI

La directrice générale de l'ARS "a demandé à chaque établissement de santé francilien de déclencher son plan de mobilisation interne (ex "plan hôpital en tensions") à ceux (minoritaires) qui ne l’avaient pas encore fait", ajoute l'agence. "Elle a également demandé à chacun de préparer des plans de montée en puissance capacitaire complémentaires pour être prêts si nécessaire le moment venu".

"Il a été indiqué qu’il est désormais possible de mobiliser, de manière proportionnée, les associations de sécurité civile en soutien des équipes hospitalières, ce qui est déjà effectif dans plusieurs départements, notamment au SAU. Les professionnels de la protection maternelle et infantile (PMI) vont aussi être mobilisés là où cela est possible pour venir en renfort des équipes pédiatriques."

Outre le renforcement de la "solidarité territoriale entre les établissements de santé franciliens", l'ARS insiste sur la nécessité de "communiquer largement auprès du grand public, des professionnels et des parents pour que le recours aux urgences pédiatriques soit réservé aux situations qui le requièrent".

Au lendemain de l'annonce du déclenchement du plan Orsan au niveau national, le Collectif de pédiatrie a de nouveau dénoncé dans un communiqué "la dégradation continue de la situation".

Le collectif qualifie cette décision de "contre-productive" car cette "priorité donnée à l'urgence du moment" va "obliger à de nouvelles annulations massives de soins, en chirurgie comme en médecine notamment pour les enfants porteurs de maladies chroniques".

Il pointe par ailleurs "la contrainte que va faire peser une nouvelle fois sur les soignants ce plan d'urgence", notant qu'après chaque plan blanc "il est observé une vague de départs de soignants".

"Les soignants en pédiatrie ne parvenaient déjà plus à faire face en octobre, ils sont désormais terrifiés à l'évocation du mois de décembre", souligne-t-il. Le collectif réitère sa demande d'un "engagement dès aujourd'hui de l'Etat dans la mise en place de mesures urgentes, structurelles et pérennes", notamment en matière de ratios de personnels, de formation et de reconnaissance de l'expertise pédiatrique.

S'agissant de l'évolution de l'épidémie de bronchiolite, "on a un très léger mieux avec une diminution en fin de semaine dernière du nombre de passages aux urgences", mais "cela reste une tendance sur quelques jours et on s'attend à un rebond post-rentrée scolaire", a noté Amélie Verdier pendant son audition au conseil régional.

Comme déjà évoqué par le ministre, elle a précisé qu'en "collaboration avec le conseil régional, l'Etat prend en charge pour les parents dont les enfants ont dû, en général pour quelques jours", être transférés dans une autre région, une aide "pour les transports et les nuitées".

La Région a annoncé proposer au vote, jeudi en commission permanente, une aide forfaitaire de 150 euros pour les familles "éloignées de plus d'une heure du lieu d'hospitalisation de leur enfant". Cette aide a vocation à être "étendue aux familles dont les enfants sont hospitalisés en Île-de-France mais éloignés de leur résidence principale".

mlb/ab/APMnews

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(Avec précisions de l'ARS sur la déclinaison du plan Orsan)

PARIS, 10 novembre 2022 (APMnews) - Si les services de réanimation pédiatrique avaient déjà connu de fortes difficultés pendant l'hiver 2019, "nous avons tiré les enseignements" de cette crise, a défendu mercredi Amélie Verdier, la directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, mercredi lors d'une audition en séance plénière du conseil régional.

Notamment sollicitée sur l'anticipation de l'épidémie précoce -comme en 2020- de bronchiolite, Amélie Verdier a elle-même rappelé qu'il "y a[vait] déjà eu des tensions difficiles en 2019".

Il y a trois ans, plus de 20 nourrissons avaient été transférés d'Ile-de-France vers d'autres régions entre le 17 octobre et le 2 décembre, ce qui avait conduit à une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) demandée par l'ancienne ministre Agnès Buzyn (cf dépêche du 27/02/2020 à 15:48).

Dans son rapport, l'Igas portait quelques propositions pour faciliter le recrutement et stabiliser les équipes dans les services de soins critiques pédiatriques, mais recommandait surtout d'améliorer la préparation du plan hivernal et la gestion des alertes.

Réfutant l'idée selon laquelle cet épisode n'aurait pas permis une meilleure gestion de la crise actuelle, Amélie Verdier a pointé l'organisation d'une "vraie solidarité régionale" par rapport à ce qui avait pu être organisé il y a trois ans. "Non, il ne s'est pas rien passé depuis 2019", a-t-elle insisté.

"Le chiffre qui attire l'attention est celui des transferts interrégionaux, parce que c'est évidemment un crève-coeur que d'envoyer un nourrisson hors Ile-de-France", a-t-elle déclaré. Il y avait mercredi "38 transferts qui ont été réalisés à date hors Ile-de-France, mais il y a aussi tous les jours des transferts internes à la région", a-t-elle fait valoir.

"Personne ne peut se réjouir des transferts réalisés, nous les accompagnons, mais je ne peux pas laisser dire qu'on a attendu que ça se passe", a argué Amélie Verdier.

Outre "l'effet ciseaux" provoqué par le manque de personnels, "on observe aujourd'hui un recours plus élevé aux soins critiques dans la prise en charge des bronchiolites", a-t-elle relevé.

"En 2010, à peu près 9% des bronchiolites [nécessitant une hospitalisation] donnaient lieu à un recours en soins critiques, aujourd'hui c'est 40%", a-t-elle chiffré. "Donc même si on s'adapte en permanence, on ne peut pas imaginer [avoir] une réponse proportionnelle dans le contexte qui est le nôtre."

L'ARS va "intensifier [son] plan d'action régional en complément des mesures nationales", a mentionné Amélie Verdier, en référence aux annonces ministérielles sur la prolongation des mesures estivales, dont la majoration des indemnités de nuit, et sur l'extension de la prime de soins critiques.

"Nous avons agi en lien avec la médecine de ville", a aussi exposé Amélie Verdier, évoquant l'intervention de professionnels libéraux à côté de services d'urgence. C'est le cas "à Poissy [Yvelines] avec une maison médicale de garde pédiatrique dont l'agence finance une extension d'horaire pour faire face à la situation très difficile de régulation de l'accès aux urgences pédiatriques".

"La difficulté est qu'on manque aussi de professionnels de santé en ville et il faut qu'on optimise notre soutien à la médecine de ville autant que possible", a poursuivi Amélie Verdier. Parmi les mesures estivales renouvelées, elle a cité la mobilisation des possibilités de suivi à domicile, de la télémédecine, "des capacités d'adresser en régulation en soins non programmés avec une consultation majorée pour les médecins libéraux qui l'acceptent".

Sollicitée par APMnews sur la déclinaison du plan Orsan Epiclim au niveau national annoncé mardi par le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, dans le cadre de la gestion de l'épidémie de bronchiolite (cf dépêche du 09/11/2022 à 16:36), l'ARS a répondu jeudi soir avoir réuni dans la journée "l'ensemble des acteurs du système de soins francilien pour faire le point sur les mesures déjà mises en place et sur les actions complémentaires envisagées".

La réunion a "été l’occasion de constater la montée en puissance progressive du soutien de la médecine de ville aux hôpitaux avec le renforcement des permanences des soins ambulatoires", explique l'agence. Il s'agit de "développer des services d’accès aux soins (SAS) qui permettent d’organiser la coordination des acteurs de santé de l’hôpital et de la ville d’un même territoire pour accroître l’offre de soins non programmés" et de "développer la réorientation au sein des urgences vers la médecine de ville".

Mobilisation des associations de sécurité civile et de la PMI

La directrice générale de l'ARS "a demandé à chaque établissement de santé francilien de déclencher son plan de mobilisation interne (ex "plan hôpital en tensions") à ceux (minoritaires) qui ne l’avaient pas encore fait", ajoute l'agence. "Elle a également demandé à chacun de préparer des plans de montée en puissance capacitaire complémentaires pour être prêts si nécessaire le moment venu".

"Il a été indiqué qu’il est désormais possible de mobiliser, de manière proportionnée, les associations de sécurité civile en soutien des équipes hospitalières, ce qui est déjà effectif dans plusieurs départements, notamment au SAU. Les professionnels de la protection maternelle et infantile (PMI) vont aussi être mobilisés là où cela est possible pour venir en renfort des équipes pédiatriques."

Outre le renforcement de la "solidarité territoriale entre les établissements de santé franciliens", l'ARS insiste sur la nécessité de "communiquer largement auprès du grand public, des professionnels et des parents pour que le recours aux urgences pédiatriques soit réservé aux situations qui le requièrent".

Au lendemain de l'annonce du déclenchement du plan Orsan au niveau national, le Collectif de pédiatrie a de nouveau dénoncé dans un communiqué "la dégradation continue de la situation".

Le collectif qualifie cette décision de "contre-productive" car cette "priorité donnée à l'urgence du moment" va "obliger à de nouvelles annulations massives de soins, en chirurgie comme en médecine notamment pour les enfants porteurs de maladies chroniques".

Il pointe par ailleurs "la contrainte que va faire peser une nouvelle fois sur les soignants ce plan d'urgence", notant qu'après chaque plan blanc "il est observé une vague de départs de soignants".

"Les soignants en pédiatrie ne parvenaient déjà plus à faire face en octobre, ils sont désormais terrifiés à l'évocation du mois de décembre", souligne-t-il. Le collectif réitère sa demande d'un "engagement dès aujourd'hui de l'Etat dans la mise en place de mesures urgentes, structurelles et pérennes", notamment en matière de ratios de personnels, de formation et de reconnaissance de l'expertise pédiatrique.

S'agissant de l'évolution de l'épidémie de bronchiolite, "on a un très léger mieux avec une diminution en fin de semaine dernière du nombre de passages aux urgences", mais "cela reste une tendance sur quelques jours et on s'attend à un rebond post-rentrée scolaire", a noté Amélie Verdier pendant son audition au conseil régional.

Comme déjà évoqué par le ministre, elle a précisé qu'en "collaboration avec le conseil régional, l'Etat prend en charge pour les parents dont les enfants ont dû, en général pour quelques jours", être transférés dans une autre région, une aide "pour les transports et les nuitées".

La Région a annoncé proposer au vote, jeudi en commission permanente, une aide forfaitaire de 150 euros pour les familles "éloignées de plus d'une heure du lieu d'hospitalisation de leur enfant". Cette aide a vocation à être "étendue aux familles dont les enfants sont hospitalisés en Île-de-France mais éloignés de leur résidence principale".

mlb/ab/APMnews

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