Actualités de l'Urgence - APM

17/06 2022
Retour

TENSIONS HOSPITALIÈRES: UNE RÉGULATION RÉGIONALE SUR LA PÉRINATALITÉ ET LA GÉRIATRIE POUR CET ÉTÉ (ARS ILE-DE-FRANCE)

PARIS, 17 juin 2022 (APMnews) - Les deux "priorités populationnelles de prise en charge" de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France pour cet été sont la périnatalité et la filière gériatrique, les âges extrêmes nécessitant "le plus une régulation régionale" face aux tensions affectant les établissements de santé, a annoncé jeudi la directrice générale de l'agence, Amélie Verdier.

Elle est intervenue à la fin de la journée organisée à Paris par la Fédération hospitalière de France (FHF) Ile-de-France sur le thème "Se transformer pour construire autrement, penser l'avenir pour mieux prendre soin".

"On a devant nous des semaines difficiles", a souligné Amélie Verdier, corroborant les propos du président de la FHF francilienne, Serge Blisko, qui a estimé en ouverture du congrès que "l'équation devient chaque jour plus complexe" face au manque de personnel dans les établissements publics de santé franciliens (cf dépêche du 17/06/2022 à 13:35).

Outre les mesures nationales annoncées par la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, qui devraient "très bientôt être précisées" (meilleure rémunération des heures supplémentaires et du temps de travail additionnel pour la période estivale, renforts externes par des étudiants ou de jeunes retraités) (cf dépêche du 08/06/2022 à 18:02), la directrice générale de l'ARS a indiqué avoir retenu deux "priorités populationnelles de prise en charge" pour la région.

Sur la périnatalité, "on vous exposera bientôt la cellule de régulation régionale qu'on va mettre en place pour être sûrs d'avoir des réponses", a-t-elle déclaré.

Dans une tribune publiée il y a deux semaines, les chefs de service et responsables sages-femmes de 50 maternités d'Ile-de-France ont réclamé à leurs tutelles des mesures urgentes face à la pénurie de soignants et refusé que des personnels de santé soient tenus responsables des accidents liés à cette situation "qui surviendront immanquablement", rappelle-t-on (cf dépêche du 02/06/2022 à 16:18 et dépêche du 08/06/2022 à 17:45).

Amélie Verdier a également mentionné les filières gériatriques.

C'est "aux âges extrêmes" que la régulation régionale aurait le plus de valeur ajoutée, a-t-elle souligné, en espérant que les prises en charge se dérouleront cet été le mieux possible sans jamais perdre de vue le patient.

L'ARS compte aussi sur les hospitaliers pour l'alerter si besoin et "réfléchit à des petits formats -tableaux de bord et autres-", comme cela se fait avec les Samu, a-t-elle expliqué. "Il faut qu'on soit à l'écoute."

"Osez nous proposer des choses"

Outre les "enjeux de court terme importants", Amélie Verdier a appelé les acteurs de la santé à innover pour trouver des solutions pour faire face aux difficultés. On est "dans une forme de gestion de pénurie qui doit nous aider à être créatifs", a-t-elle insisté.

"Osez aussi nous proposer des choses", à l'image de ce qui se passe dans le secteur médico-social, qui est en "voie de transformation accélérée" (filières gériatriques, équipes mobiles de gériatrie, hébergement temporaire en sortie d'hospitalisation, astreintes d'infirmières de nuit dans 42% des Ehpad franciliens et volonté d'atteindre très vite 100%…).

Elle a assuré que l'ARS serait à leurs côtés non pas pour "imposer un modèle" mais "pour aider à ces structurations", avec des objectifs clairs et en favorisant des coopérations plutôt que des conflits. "On va y arriver!", a-t-elle affirmé.

Même si la région est "dans une situation très difficile", elle fait confiance aux "hospitaliers, qui ont de la ressource", et a encore tenu à rendre hommage à l'ensemble des acteurs de la santé pour ce qu'ils ont fait depuis 2 ans et demi et à leur "combativité". Face à la crise liée au Covid-19 qu'elle espère "centennale", elle a déclaré être toujours "frappée de l'engagement du service hospitalier et médico-social".

Pour elle, de nombreux enseignements ont été tirés de cette crise. "L'ARS aussi, je crois, a changé", a amélioré son organisation interne et a gagné en réactivité, passant ainsi à "un autre âge", davantage dans le dialogue avec les acteurs et en favorisant l'agilité.

"On est très conscients qu'il y a besoin d'accélérer [les] transformations [...] et de changer un petit peu nos méthodes", tout en respectant les principes de transparence "totale", d'équité et de solidarité entre les acteurs publics et privés.

Parmi les enjeux, elle a évoqué la meilleure intégration de la parole des usagers et la construction de parcours alors que l'ARS "va lancer le dur des travaux" du projet régional de santé (PRS) "3e du nom". Il s'agira de repenser les systèmes malgré les "difficultés" et "carences même" de ressources humaines à venir.

"Il y a des opportunités de transformation devant nous, il faut les saisir", a-t-elle fait valoir en citant les objectifs des réformes du financement en cours (urgences, soins de suite et de réadaptation -SSR- et psychiatrie) et l'"état d'esprit" dans lequel les ARS doivent travailler dessus.

"Ces concertations sont sérieuses et utiles [car] on ne va pas venir uniquement décliner des choses décidées ailleurs", a-t-elle argué en appelant "chaque acteur, à commencer par la FHF", à les aborder "avec des propositions et pas uniquement dans une approche de risques".

Emplois de santé: redonner de l'attractivité "n'est pas une gageure"

Pour Amélie Verdier, redonner de l'attractivité aux emplois en santé n'est "pas une gageure". Elle invite les acteurs à travailler "collectivement" et a rappelé que le Ségur de la santé a ouvert "la voie à l'élaboration de solutions locales dans le cadre du dialogue social".

"Certains des établissements de la région s'en sont déjà emparés largement mais pas tous", a-t-elle relaté. "Il y a des choses en place, d'autres à venir comme la prime d'engagement mais dont la logique d'ensemble est de donner de l'autonomie aux acteurs de terrain et de regarder ce qui correspond aux problématiques de leur territoire".

Elle a indiqué que pour chaque projet d'investissement, elle avait demandé un projet social (diagnostic et mesures pour attirer et fidéliser le personnel), en plus d'engagements sur la trajectoire financière (cf dépêche du 24/11/2021 à 11:51 et dépêche du 17/12/2021 à 16:32).

Outre l'attribution de logements aux soignants, Amélie Verdier considère qu'il faut repenser à moyen terme les stages et la formation, notamment pour les personnes en recherche d'emploi, plus éloignées du système classique.

Dans le cadre des projets de reconstruction, elle a insisté sur la nécessité d'associer tous les acteurs de ville et de l'écosystème de l'hôpital.

"Nous devons penser tout simplement l'hôpital comme un acteur global" qui fédère les autres mais qui n'organise pas pour les autres, ni ne prend tous les patients n'ayant pas pu être pris en charge. "Rien qu'en le disant, je pense que ça doit choquer certains pour qui l'hôpital est au centre", a-t-elle observé.

Hôpitaux de proximité, évolution des GHT et autorisations

Sur la transformation de l'organisation territoriale, "on passe là encore un peu la vitesse supérieure dans la conception de modèles un petit peu différents", par exemple avec les hôpitaux de proximité, a souligné la directrice générale de l'ARS. Neuf ont été labellisés en Ile-de-France et une nouvelle campagne est en cours (cf dépêche du 05/01/2022 à 15:09 et dépêche du 19/05/2022 à 17:50).

Amélie Verdier juge nécessaire d'inventer un nouveau modèle d'hôpital de proximité francilien en mettant l'accent sur la prévention et l'ambulatoire, "sans qu'il y ait nécessité forcément de réduire la palette de services à la portion congrue".

S'agissant de l'évolution des groupements hospitaliers de territoire (GHT), elle estime qu'en fonction de leur maturité, il faudra se poser la question d'"approfondir, fusionner les instances de gouvernance" ou de ce qu'on attend au niveau médical et du parcours de soins, au-delà de la mutualisation des fonctions support.

L'ARS a "l'ambition d'être avec tous ceux qui le veulent pour avoir une discussion d'ensemble et porter aussi certaines innovations", a-t-elle assuré.

Elle a notamment évoqué une suggestion du président de la commission médicale d'établissement (CME) du Grand hôpital de l'Est francilien (Ghef), Yannick Costa, sur la manière d'aborder après une fusion les questions d'autorisations, "aujourd'hui pensées sur les sites géographiques". Pour Amélie Verdier, il n'est "pas du tout tabou" de chercher à "les penser différemment".

cb/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

17/06 2022
Retour

TENSIONS HOSPITALIÈRES: UNE RÉGULATION RÉGIONALE SUR LA PÉRINATALITÉ ET LA GÉRIATRIE POUR CET ÉTÉ (ARS ILE-DE-FRANCE)

PARIS, 17 juin 2022 (APMnews) - Les deux "priorités populationnelles de prise en charge" de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France pour cet été sont la périnatalité et la filière gériatrique, les âges extrêmes nécessitant "le plus une régulation régionale" face aux tensions affectant les établissements de santé, a annoncé jeudi la directrice générale de l'agence, Amélie Verdier.

Elle est intervenue à la fin de la journée organisée à Paris par la Fédération hospitalière de France (FHF) Ile-de-France sur le thème "Se transformer pour construire autrement, penser l'avenir pour mieux prendre soin".

"On a devant nous des semaines difficiles", a souligné Amélie Verdier, corroborant les propos du président de la FHF francilienne, Serge Blisko, qui a estimé en ouverture du congrès que "l'équation devient chaque jour plus complexe" face au manque de personnel dans les établissements publics de santé franciliens (cf dépêche du 17/06/2022 à 13:35).

Outre les mesures nationales annoncées par la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, qui devraient "très bientôt être précisées" (meilleure rémunération des heures supplémentaires et du temps de travail additionnel pour la période estivale, renforts externes par des étudiants ou de jeunes retraités) (cf dépêche du 08/06/2022 à 18:02), la directrice générale de l'ARS a indiqué avoir retenu deux "priorités populationnelles de prise en charge" pour la région.

Sur la périnatalité, "on vous exposera bientôt la cellule de régulation régionale qu'on va mettre en place pour être sûrs d'avoir des réponses", a-t-elle déclaré.

Dans une tribune publiée il y a deux semaines, les chefs de service et responsables sages-femmes de 50 maternités d'Ile-de-France ont réclamé à leurs tutelles des mesures urgentes face à la pénurie de soignants et refusé que des personnels de santé soient tenus responsables des accidents liés à cette situation "qui surviendront immanquablement", rappelle-t-on (cf dépêche du 02/06/2022 à 16:18 et dépêche du 08/06/2022 à 17:45).

Amélie Verdier a également mentionné les filières gériatriques.

C'est "aux âges extrêmes" que la régulation régionale aurait le plus de valeur ajoutée, a-t-elle souligné, en espérant que les prises en charge se dérouleront cet été le mieux possible sans jamais perdre de vue le patient.

L'ARS compte aussi sur les hospitaliers pour l'alerter si besoin et "réfléchit à des petits formats -tableaux de bord et autres-", comme cela se fait avec les Samu, a-t-elle expliqué. "Il faut qu'on soit à l'écoute."

"Osez nous proposer des choses"

Outre les "enjeux de court terme importants", Amélie Verdier a appelé les acteurs de la santé à innover pour trouver des solutions pour faire face aux difficultés. On est "dans une forme de gestion de pénurie qui doit nous aider à être créatifs", a-t-elle insisté.

"Osez aussi nous proposer des choses", à l'image de ce qui se passe dans le secteur médico-social, qui est en "voie de transformation accélérée" (filières gériatriques, équipes mobiles de gériatrie, hébergement temporaire en sortie d'hospitalisation, astreintes d'infirmières de nuit dans 42% des Ehpad franciliens et volonté d'atteindre très vite 100%…).

Elle a assuré que l'ARS serait à leurs côtés non pas pour "imposer un modèle" mais "pour aider à ces structurations", avec des objectifs clairs et en favorisant des coopérations plutôt que des conflits. "On va y arriver!", a-t-elle affirmé.

Même si la région est "dans une situation très difficile", elle fait confiance aux "hospitaliers, qui ont de la ressource", et a encore tenu à rendre hommage à l'ensemble des acteurs de la santé pour ce qu'ils ont fait depuis 2 ans et demi et à leur "combativité". Face à la crise liée au Covid-19 qu'elle espère "centennale", elle a déclaré être toujours "frappée de l'engagement du service hospitalier et médico-social".

Pour elle, de nombreux enseignements ont été tirés de cette crise. "L'ARS aussi, je crois, a changé", a amélioré son organisation interne et a gagné en réactivité, passant ainsi à "un autre âge", davantage dans le dialogue avec les acteurs et en favorisant l'agilité.

"On est très conscients qu'il y a besoin d'accélérer [les] transformations [...] et de changer un petit peu nos méthodes", tout en respectant les principes de transparence "totale", d'équité et de solidarité entre les acteurs publics et privés.

Parmi les enjeux, elle a évoqué la meilleure intégration de la parole des usagers et la construction de parcours alors que l'ARS "va lancer le dur des travaux" du projet régional de santé (PRS) "3e du nom". Il s'agira de repenser les systèmes malgré les "difficultés" et "carences même" de ressources humaines à venir.

"Il y a des opportunités de transformation devant nous, il faut les saisir", a-t-elle fait valoir en citant les objectifs des réformes du financement en cours (urgences, soins de suite et de réadaptation -SSR- et psychiatrie) et l'"état d'esprit" dans lequel les ARS doivent travailler dessus.

"Ces concertations sont sérieuses et utiles [car] on ne va pas venir uniquement décliner des choses décidées ailleurs", a-t-elle argué en appelant "chaque acteur, à commencer par la FHF", à les aborder "avec des propositions et pas uniquement dans une approche de risques".

Emplois de santé: redonner de l'attractivité "n'est pas une gageure"

Pour Amélie Verdier, redonner de l'attractivité aux emplois en santé n'est "pas une gageure". Elle invite les acteurs à travailler "collectivement" et a rappelé que le Ségur de la santé a ouvert "la voie à l'élaboration de solutions locales dans le cadre du dialogue social".

"Certains des établissements de la région s'en sont déjà emparés largement mais pas tous", a-t-elle relaté. "Il y a des choses en place, d'autres à venir comme la prime d'engagement mais dont la logique d'ensemble est de donner de l'autonomie aux acteurs de terrain et de regarder ce qui correspond aux problématiques de leur territoire".

Elle a indiqué que pour chaque projet d'investissement, elle avait demandé un projet social (diagnostic et mesures pour attirer et fidéliser le personnel), en plus d'engagements sur la trajectoire financière (cf dépêche du 24/11/2021 à 11:51 et dépêche du 17/12/2021 à 16:32).

Outre l'attribution de logements aux soignants, Amélie Verdier considère qu'il faut repenser à moyen terme les stages et la formation, notamment pour les personnes en recherche d'emploi, plus éloignées du système classique.

Dans le cadre des projets de reconstruction, elle a insisté sur la nécessité d'associer tous les acteurs de ville et de l'écosystème de l'hôpital.

"Nous devons penser tout simplement l'hôpital comme un acteur global" qui fédère les autres mais qui n'organise pas pour les autres, ni ne prend tous les patients n'ayant pas pu être pris en charge. "Rien qu'en le disant, je pense que ça doit choquer certains pour qui l'hôpital est au centre", a-t-elle observé.

Hôpitaux de proximité, évolution des GHT et autorisations

Sur la transformation de l'organisation territoriale, "on passe là encore un peu la vitesse supérieure dans la conception de modèles un petit peu différents", par exemple avec les hôpitaux de proximité, a souligné la directrice générale de l'ARS. Neuf ont été labellisés en Ile-de-France et une nouvelle campagne est en cours (cf dépêche du 05/01/2022 à 15:09 et dépêche du 19/05/2022 à 17:50).

Amélie Verdier juge nécessaire d'inventer un nouveau modèle d'hôpital de proximité francilien en mettant l'accent sur la prévention et l'ambulatoire, "sans qu'il y ait nécessité forcément de réduire la palette de services à la portion congrue".

S'agissant de l'évolution des groupements hospitaliers de territoire (GHT), elle estime qu'en fonction de leur maturité, il faudra se poser la question d'"approfondir, fusionner les instances de gouvernance" ou de ce qu'on attend au niveau médical et du parcours de soins, au-delà de la mutualisation des fonctions support.

L'ARS a "l'ambition d'être avec tous ceux qui le veulent pour avoir une discussion d'ensemble et porter aussi certaines innovations", a-t-elle assuré.

Elle a notamment évoqué une suggestion du président de la commission médicale d'établissement (CME) du Grand hôpital de l'Est francilien (Ghef), Yannick Costa, sur la manière d'aborder après une fusion les questions d'autorisations, "aujourd'hui pensées sur les sites géographiques". Pour Amélie Verdier, il n'est "pas du tout tabou" de chercher à "les penser différemment".

cb/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.