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TOUSANTICOVID: UNE UTILITÉ "MARGINALE" ET DES FONCTIONNALITÉS DE TRAÇAGE LARGEMENT SOUS-UTILISÉES (RAPPORT D'ACTIVITÉ)

PARIS, 25 février 2022 (APMnews) - L'application de lutte contre le Covid-19 a une "utilité marginale" en matière de traçage des cas contacts, et ses fonctionnalités de traçage sont largement sous-utilisées, selon le rapport d'activité de l'application.

Ce rapport, discrètement publié sur le site de l'application, couvre la période du 2 juin 2020 au 30 novembre 2021 et a été mis à jour le 10 janvier 2022. Il a été repéré jeudi par La Tribune.

Si la période couverte s'étend du lancement le 2 juin 2020 de la première version de l'application, alors appelée StopCovid, au 30 novembre 2021, le rapport ne contient quasiment pas de données détaillées sur l'ensemble de cet intervalle, et se limite à des analyses sur quelques périodes. De plus, certaines statistiques d'utilisation n'ont été collectées qu'à partir de juin 2021, et les utilisateurs ont la possibilité de s'opposer à cette collecte de statistiques.

Le rapport estime le "nombre d'appareils uniques disposant de l'application" à plus de 49,8 millions au 1er janvier 2022. Il s'agit du nombre de téléphones sur lesquels l'application a été installée, et non du nombre de personnes ayant installé l'application, une personne ayant changé d'appareil et/ou en possédant plusieurs pouvant être comptabilisée plusieurs fois.

Ce nombre comprend les personnes utilisant exclusivement les fonctionnalités de présentation du passe sanitaire et/ou d'attestation de sortie.

Le nombre "d'enregistrements", qui correspond à l'activation d'une fonctionnalité de traçage, est de 39,4 millions au 1er janvier. Ce nombre ne correspond pas au nombre d'utilisateurs réels, une personne ayant activé une seule fois le traçage lors de l'installation avant de ne plus jamais l'activer étant tout de même décomptée comme enregistrée.

Le nombre d'utilisateurs actifs est quand à lui estimé à 33,5 millions d'applications au 30 novembre 2021, sur un total de 46,7 millions d'installations à cette date, soit 71% du parc d'appareils. Cependant, cette estimation s'appuie sur des données partielles issues des magasins d'application d'Apple et Google.

Dans le cas des détenteurs d'appareils Apple, qui représentent moins du quart des appareils sur lesquels TousAntiCovid a été installée, il s'agit d'une extrapolation de données représentant 31% des appareils. Dans les cas des téléphones Google, "l'indicateur retenu est le nombre d'utilisateurs qui ont ouvert l'application au moins une fois sur une période de 28 jours", ce qui signifie que les personnes n'ayant jamais activé une fonctionnalité de traçage ont été comptabilisées.

"Les données relatives au nombre d'activations/désactivations du Bluetooth par utilisateur TousAntiCovid ne sont pas conservées et ne permettent pas d'estimer précisément le nombre d'utilisateurs utilisant activement la fonctionnalité de contact tracing par Bluetooth. Ainsi, l'utilisation de cette fonctionnalité peut être très variable par utilisateur. Par ailleurs, son efficacité technique peut également varier en fonction des téléphones utilisés", ajoute le rapport.

Moins d'un utilisateur sur quatre s'est déclaré positif dans l'application

"Entre le 22 octobre 2020 et le 30 novembre 2021, le nombre de personnes qui se déclarent positives dans l'application TousAntiCovid représente entre 5% et 18% de l'ensemble des personnes testées positives et rapportées dans Sidep", selon le rapport.

Il estime que 38% des utilisateurs testés positifs au Covid-19 se sont déclarés dans l'application après avoir reçu leur résultat de test sur la même période.

Parmi les utilisateurs se déclarant positifs au Covid-19, seuls 2,6% avaient précédemment été identifiés comme cas contacts par l'application.

"En comparaison, dans le cadre du contact tracing mis en place par l'assurance maladie, la proportion de personnes testées positives qui avaient été préalablement identifiées comme personnes contacts à risque oscille entre 17% et 24% sur la période de début septembre à fin novembre 2021 selon Santé publique France", est-il indiqué.

"La détection de contacts à risque via TousAntiCovid est moins précise puisqu'elle aboutit en proportion à un nombre moins important de détections de cas positifs, ce qui est prévisible étant donné que la détection du risque ne se base que sur une notion de proximité ou de géographie, et ne prend pas en compte les autres éléments pouvant limiter le risque de transmission" tels que le port du masque, justifie le rapport.

Par ailleurs, "le délai moyen entre la date de début des symptômes et la déclaration dans TousAntiCovid d'un test positif est de 2,4 jours", contre 1,8 jour dans le dispositif de traçage de l'assurance maladie. Le délai médian entre une alerte reçue dans l'application et un test positif est de 4 jours après réception de la notification.

Seulement 10,8% des personnes se déclarant positives dans l'application ont précisé la date du test, ce qui ne permet de déterminer précisément la période pendant laquelle elles ont pu être contagieuses.

De plus, "83% des personnes informées par la Cnam qu'elles sont contact à risque iraient se faire tester", indique le rapport, citant une enquête en cours de l'université Grenoble-Alpes (cf dépêche du 01/10/2021 à 19:31). Cette proportion chute à 4,6% pour les personnes informées par TousAntiCovid, selon cette enquête, ou à 55%, selon un sondage réalisé par Kantar en octobre 2021.

Ce sondage s'appuie sur un panel "constitué d'utilisateurs assidus de l'application, ne pouvant pas constituer par conséquent un échantillon représentatif des comportements de l'ensemble de la population […] s'agissant d'utilisateurs plutôt assidus et portant un regard globalement positif sur TousAntiCovid", met en garde le rapport, qui le cite abondamment.

Plus du tiers (36%) des répondants ont déclaré que le passe sanitaire est la raison principale de téléchargement de l'application et 72% une des raisons principales. Le contact tracing est cité en premier par seulement 24% des utilisateurs.

Seulement 13% des répondants ont cité le traçage Bluetooth comme une des deux fonctionnalités les plus utilisées, et 3% le cahier de rappel. L'écrasante majorité (86%) a cité le stockage du passe sanitaire.

Un ratio cas positif déclaré/cas contact identifié proche de 1

"Le ratio du nombre de personnes contacts notifiées via le protocole Robert [utilisant le Bluetooth] par nombre de cas déclarés se situe à 1,9 en moyenne pour le mois de novembre 2021, soit un ratio identique à cela rapporté par le dispositif [de contact tracing] de l'assurance maladie sur la semaine du 24 au 30 novembre 2021", selon le rapport.

En prenant en compte le protocole Clea de "cahier de rappel", ce ratio passe à 2,5 contacts à risque par cas positif.

Cependant, il faut noter que le nombre total de cas contacts identifiés par l'application est largement inférieur à celui de la Cnam. Entre le 13 mai 2020 et le 13 décembre 2021, la Cnam a identifié 15,6 millions de cas contacts, selon le site de Santé publique France. Entre le 20 octobre 2020 et vendredi, ce nombre est 3,4 millions pour l'application, selon les données affichées dans l'application en fin d'après-midi.

Par ailleurs, le ratio se rapproche de 1 sur le long terme. Vendredi en fin d'après-midi, l'application affichait exactement 3.421.901 cas contacts pour 3.384.763 cas déclarés, soit un ratio de 1,01.

De plus, le rapport ne donne pas ce ratio pour d'autres périodes, ce qui empêche de savoir si la période sélectionnée est représentative.

Le "cahier de rappel" est "sous-utilisé", constate le rapport. Les notifications émises par ce protocole "ne représentent que 15% des notifications totales sur la période du 10 au 28 novembre 2021", car "un certain nombre d'établissements ne proposent plus le QR code à scanner à leur clientèle", parce que "les utilisateurs l'utilisent moins", et du fait de "la hiérarchisation des niveaux de risques et des notifications", qui donne la priorité aux contacts identifiés par Bluetooth.

Ainsi, entre le 10 septembre et le 28 novembre 2021, 85% des notifications envoyées par l'application sont issues du système Bluetooth.

"Avec la moitié des utilisateurs notifiés qui se font tester, et près d'un tiers seulement des utilisateurs testés positifs qui se déclarent dans l'application, la capacité de détection de personnes contacts qui deviennent des cas positifs par l'application TousAntiCovid semble être sous-estimée", euphémise le rapport.

Rapport d'activité de TousAntiCovid du 2 juin 2020 au 30 novembre 2021

lc/nc/APMnews

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TOUSANTICOVID: UNE UTILITÉ "MARGINALE" ET DES FONCTIONNALITÉS DE TRAÇAGE LARGEMENT SOUS-UTILISÉES (RAPPORT D'ACTIVITÉ)

PARIS, 25 février 2022 (APMnews) - L'application de lutte contre le Covid-19 a une "utilité marginale" en matière de traçage des cas contacts, et ses fonctionnalités de traçage sont largement sous-utilisées, selon le rapport d'activité de l'application.

Ce rapport, discrètement publié sur le site de l'application, couvre la période du 2 juin 2020 au 30 novembre 2021 et a été mis à jour le 10 janvier 2022. Il a été repéré jeudi par La Tribune.

Si la période couverte s'étend du lancement le 2 juin 2020 de la première version de l'application, alors appelée StopCovid, au 30 novembre 2021, le rapport ne contient quasiment pas de données détaillées sur l'ensemble de cet intervalle, et se limite à des analyses sur quelques périodes. De plus, certaines statistiques d'utilisation n'ont été collectées qu'à partir de juin 2021, et les utilisateurs ont la possibilité de s'opposer à cette collecte de statistiques.

Le rapport estime le "nombre d'appareils uniques disposant de l'application" à plus de 49,8 millions au 1er janvier 2022. Il s'agit du nombre de téléphones sur lesquels l'application a été installée, et non du nombre de personnes ayant installé l'application, une personne ayant changé d'appareil et/ou en possédant plusieurs pouvant être comptabilisée plusieurs fois.

Ce nombre comprend les personnes utilisant exclusivement les fonctionnalités de présentation du passe sanitaire et/ou d'attestation de sortie.

Le nombre "d'enregistrements", qui correspond à l'activation d'une fonctionnalité de traçage, est de 39,4 millions au 1er janvier. Ce nombre ne correspond pas au nombre d'utilisateurs réels, une personne ayant activé une seule fois le traçage lors de l'installation avant de ne plus jamais l'activer étant tout de même décomptée comme enregistrée.

Le nombre d'utilisateurs actifs est quand à lui estimé à 33,5 millions d'applications au 30 novembre 2021, sur un total de 46,7 millions d'installations à cette date, soit 71% du parc d'appareils. Cependant, cette estimation s'appuie sur des données partielles issues des magasins d'application d'Apple et Google.

Dans le cas des détenteurs d'appareils Apple, qui représentent moins du quart des appareils sur lesquels TousAntiCovid a été installée, il s'agit d'une extrapolation de données représentant 31% des appareils. Dans les cas des téléphones Google, "l'indicateur retenu est le nombre d'utilisateurs qui ont ouvert l'application au moins une fois sur une période de 28 jours", ce qui signifie que les personnes n'ayant jamais activé une fonctionnalité de traçage ont été comptabilisées.

"Les données relatives au nombre d'activations/désactivations du Bluetooth par utilisateur TousAntiCovid ne sont pas conservées et ne permettent pas d'estimer précisément le nombre d'utilisateurs utilisant activement la fonctionnalité de contact tracing par Bluetooth. Ainsi, l'utilisation de cette fonctionnalité peut être très variable par utilisateur. Par ailleurs, son efficacité technique peut également varier en fonction des téléphones utilisés", ajoute le rapport.

Moins d'un utilisateur sur quatre s'est déclaré positif dans l'application

"Entre le 22 octobre 2020 et le 30 novembre 2021, le nombre de personnes qui se déclarent positives dans l'application TousAntiCovid représente entre 5% et 18% de l'ensemble des personnes testées positives et rapportées dans Sidep", selon le rapport.

Il estime que 38% des utilisateurs testés positifs au Covid-19 se sont déclarés dans l'application après avoir reçu leur résultat de test sur la même période.

Parmi les utilisateurs se déclarant positifs au Covid-19, seuls 2,6% avaient précédemment été identifiés comme cas contacts par l'application.

"En comparaison, dans le cadre du contact tracing mis en place par l'assurance maladie, la proportion de personnes testées positives qui avaient été préalablement identifiées comme personnes contacts à risque oscille entre 17% et 24% sur la période de début septembre à fin novembre 2021 selon Santé publique France", est-il indiqué.

"La détection de contacts à risque via TousAntiCovid est moins précise puisqu'elle aboutit en proportion à un nombre moins important de détections de cas positifs, ce qui est prévisible étant donné que la détection du risque ne se base que sur une notion de proximité ou de géographie, et ne prend pas en compte les autres éléments pouvant limiter le risque de transmission" tels que le port du masque, justifie le rapport.

Par ailleurs, "le délai moyen entre la date de début des symptômes et la déclaration dans TousAntiCovid d'un test positif est de 2,4 jours", contre 1,8 jour dans le dispositif de traçage de l'assurance maladie. Le délai médian entre une alerte reçue dans l'application et un test positif est de 4 jours après réception de la notification.

Seulement 10,8% des personnes se déclarant positives dans l'application ont précisé la date du test, ce qui ne permet de déterminer précisément la période pendant laquelle elles ont pu être contagieuses.

De plus, "83% des personnes informées par la Cnam qu'elles sont contact à risque iraient se faire tester", indique le rapport, citant une enquête en cours de l'université Grenoble-Alpes (cf dépêche du 01/10/2021 à 19:31). Cette proportion chute à 4,6% pour les personnes informées par TousAntiCovid, selon cette enquête, ou à 55%, selon un sondage réalisé par Kantar en octobre 2021.

Ce sondage s'appuie sur un panel "constitué d'utilisateurs assidus de l'application, ne pouvant pas constituer par conséquent un échantillon représentatif des comportements de l'ensemble de la population […] s'agissant d'utilisateurs plutôt assidus et portant un regard globalement positif sur TousAntiCovid", met en garde le rapport, qui le cite abondamment.

Plus du tiers (36%) des répondants ont déclaré que le passe sanitaire est la raison principale de téléchargement de l'application et 72% une des raisons principales. Le contact tracing est cité en premier par seulement 24% des utilisateurs.

Seulement 13% des répondants ont cité le traçage Bluetooth comme une des deux fonctionnalités les plus utilisées, et 3% le cahier de rappel. L'écrasante majorité (86%) a cité le stockage du passe sanitaire.

Un ratio cas positif déclaré/cas contact identifié proche de 1

"Le ratio du nombre de personnes contacts notifiées via le protocole Robert [utilisant le Bluetooth] par nombre de cas déclarés se situe à 1,9 en moyenne pour le mois de novembre 2021, soit un ratio identique à cela rapporté par le dispositif [de contact tracing] de l'assurance maladie sur la semaine du 24 au 30 novembre 2021", selon le rapport.

En prenant en compte le protocole Clea de "cahier de rappel", ce ratio passe à 2,5 contacts à risque par cas positif.

Cependant, il faut noter que le nombre total de cas contacts identifiés par l'application est largement inférieur à celui de la Cnam. Entre le 13 mai 2020 et le 13 décembre 2021, la Cnam a identifié 15,6 millions de cas contacts, selon le site de Santé publique France. Entre le 20 octobre 2020 et vendredi, ce nombre est 3,4 millions pour l'application, selon les données affichées dans l'application en fin d'après-midi.

Par ailleurs, le ratio se rapproche de 1 sur le long terme. Vendredi en fin d'après-midi, l'application affichait exactement 3.421.901 cas contacts pour 3.384.763 cas déclarés, soit un ratio de 1,01.

De plus, le rapport ne donne pas ce ratio pour d'autres périodes, ce qui empêche de savoir si la période sélectionnée est représentative.

Le "cahier de rappel" est "sous-utilisé", constate le rapport. Les notifications émises par ce protocole "ne représentent que 15% des notifications totales sur la période du 10 au 28 novembre 2021", car "un certain nombre d'établissements ne proposent plus le QR code à scanner à leur clientèle", parce que "les utilisateurs l'utilisent moins", et du fait de "la hiérarchisation des niveaux de risques et des notifications", qui donne la priorité aux contacts identifiés par Bluetooth.

Ainsi, entre le 10 septembre et le 28 novembre 2021, 85% des notifications envoyées par l'application sont issues du système Bluetooth.

"Avec la moitié des utilisateurs notifiés qui se font tester, et près d'un tiers seulement des utilisateurs testés positifs qui se déclarent dans l'application, la capacité de détection de personnes contacts qui deviennent des cas positifs par l'application TousAntiCovid semble être sous-estimée", euphémise le rapport.

Rapport d'activité de TousAntiCovid du 2 juin 2020 au 30 novembre 2021

lc/nc/APMnews

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