Actualités de l'Urgence - APM

TRANSPORTS SANITAIRES: LA RÉDUCTION DE L'EMPREINTE CARBONE PASSE D'ABORD PAR UNE BONNE GESTION DES FLUX (ANAP)
BÉZIERS (Hérault), 11 juin 2024 (APMnews) - La réduction des émissions de gaz à effet de serre produits par les transports sanitaires passe d'abord par une optimisation des flux et une coopération entre les établissements, ont déclaré jeudi Fabienne Billault et Jamel Mahcer, experts logistiques à l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap).
Ils se sont exprimés lors des Journées de l'Association nationale des responsables de transports et de la logistique à l'hôpital (ARTLH) qui ont eu lieu jeudi et vendredi à Béziers, avec pour thème central "optimiser la santé de demain: les enjeux de la logistique hospitalière à l'ère de l'innovation, de la RSE et de la collaboration" (cf dépêche du 10/06/2024 à 13:06, dépêche du 10/06/2024 à 16:31 et dépêche du 11/06/2024 à 17:41).
Les transports représentent 13% des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé en France (transports professionnels et déplacements travail-domicile), a rappelé jeudi en préambule Jamel Mahcer, citant le rapport du Shift Project d'avril 2023 dont les résultats ont été présentés un peu plus tôt dans la matinée par le think tank (cf dépêche du 20/04/2023 à 18:10).
Dans ce contexte, le développement de véhicules moins polluants est un "enjeu crucial" pour le secteur de la santé, a-t-il insisté.
En France, "beaucoup d'initiatives" sont d'ailleurs en cours pour développer des transports sanitaires électriques, en particulier des ambulances.
Cependant, le coût d'achat d'ambulances électriques "reste encore supérieur" à celui des modèles thermiques. Pourtant, "aujourd'hui, sur le coût d'exploitation et d'entretien, nous avons suffisamment de recul pour savoir que les véhicules électriques sont beaucoup plus intéressants", a-t-il continué.
Parallèlement, de plus en plus de véhicules hybrides sont utilisés pour les transports sanitaires, en particulier dans les territoires ruraux, a précisé Jamel Mahcer.
Mais, parallèlement à l'achat de véhicules électriques ou hybrides, il existe "d'autres moyens" efficaces pour réduire la pollution engendrée par les transports, en effectuant un retour "aux fondamentaux", a déclaré jeudi Fabienne Billault, experte à l'Anap.
Raisonner à l'échelle d'un territoire
Il faut d'abord mettre en place une "bonne gestion des flux". "Il faut raisonner à l'échelle du territoire" en définissant des "règles de transport qui soient les plus efficientes possibles en termes d'intérêts écologiques, avec la possibilité de mutualiser les moyens et matériels", a-t-elle expliqué.
Il s'agit également d'"assurer une gestion efficace des opérations de transport en anticipant les courants pour pouvoir mieux gérer les flux, les planifier".
Le but est de "ne plus faire ce qu'on faisait jusqu'à présent: c'est-à-dire du 'maintenant pour maintenant'", a continué Fabienne Billault.
Par exemple, il s'agit de faire de "l'optimisation de patients par trajets" et d'éliminer les "transports de patients non utiles". Parfois, "on transporte des patients parce que le médecin ne veut pas se déplacer".
Un autre levier pour réduire l'empreinte carbone des transports sanitaires est de disposer d'"indicateurs de performance" pour savoir concrètement combien on émet de gaz à de gaz à effet de serre.
Il est par ailleurs indispensable de réduire les "transports à vide". C'est une "plaie qui fait perdre du temps et de l'énergie, sans aucune plus-value", a estimé Fabienne Billault.
Ainsi, il "existe vraiment des choses simples à faire et qui ne coûtent rien", mais cela "nécessite d'impliquer tous les acteurs, et pas seulement la logistique".
Un exemple de réorganisation au GHT des Alpes-Maritimes
L'Anap a récemment travaillé avec le groupement hospitalier de territoire (GHT) des Alpes-Maritimes pour l'aider à mieux organiser ses flux au niveau des transports sanitaires.
Ce travail de réorganisation a contribué "à décarboner" le secteur dans le département, a affirmé Fabienne Billault.
La première étape a été d'identifier les temps moyens de trajet, en fonction des différentes zones (par exemple urbaines, rurales, semi-rurales). "Dans les zones littorales très denses, on ne parle plus en kilomètres mais en temps de trajet tellement la circulation est difficile", a-t-elle commenté.
"Nous avons aussi essayé de voir quels étaient les flux" entre les établissements, en différenciant les "flux par jour et par semaine" pour optimiser les trajets "en travaillant tous ensemble".
Un focus a été fait sur une zone autour du centre hospitalier (CH) de Cannes où "beaucoup de flux se croisaient à vide car il n'y avait pas de régulation" et il existait un grand nombre de "transports à vide", a expliqué Fabienne Billault.
L'Anap et le GHT ont également analysé l'offre de transports sanitaires, ce qui a permis de mettre en évidence une répartition inégale avec une forte concentration à Nice et très peu dans le nord du département.
Un autre travail a permis d'identifier que les rapports entre transporteurs privés et hôpitaux "n'étaient pas optimisés au maximum" car "ni les uns ni les autres n'avaient pris en compte l'ensemble de leurs contraintes et besoins respectifs".
Par exemple, les "taxis sont très peu présents car il est plus intéressant de travailler pour le festival de Cannes que d'effectuer des transports sanitaires".
La gestion des flux à l'échelle du territoire a permis de réduire l'empreinte carbone en mutualisant les moyens, en maîtrisant les coûts et en optimisant la disponibilité des transporteurs, a conclu Fabienne Billault.
syl/nc/APMnews
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TRANSPORTS SANITAIRES: LA RÉDUCTION DE L'EMPREINTE CARBONE PASSE D'ABORD PAR UNE BONNE GESTION DES FLUX (ANAP)
BÉZIERS (Hérault), 11 juin 2024 (APMnews) - La réduction des émissions de gaz à effet de serre produits par les transports sanitaires passe d'abord par une optimisation des flux et une coopération entre les établissements, ont déclaré jeudi Fabienne Billault et Jamel Mahcer, experts logistiques à l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap).
Ils se sont exprimés lors des Journées de l'Association nationale des responsables de transports et de la logistique à l'hôpital (ARTLH) qui ont eu lieu jeudi et vendredi à Béziers, avec pour thème central "optimiser la santé de demain: les enjeux de la logistique hospitalière à l'ère de l'innovation, de la RSE et de la collaboration" (cf dépêche du 10/06/2024 à 13:06, dépêche du 10/06/2024 à 16:31 et dépêche du 11/06/2024 à 17:41).
Les transports représentent 13% des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé en France (transports professionnels et déplacements travail-domicile), a rappelé jeudi en préambule Jamel Mahcer, citant le rapport du Shift Project d'avril 2023 dont les résultats ont été présentés un peu plus tôt dans la matinée par le think tank (cf dépêche du 20/04/2023 à 18:10).
Dans ce contexte, le développement de véhicules moins polluants est un "enjeu crucial" pour le secteur de la santé, a-t-il insisté.
En France, "beaucoup d'initiatives" sont d'ailleurs en cours pour développer des transports sanitaires électriques, en particulier des ambulances.
Cependant, le coût d'achat d'ambulances électriques "reste encore supérieur" à celui des modèles thermiques. Pourtant, "aujourd'hui, sur le coût d'exploitation et d'entretien, nous avons suffisamment de recul pour savoir que les véhicules électriques sont beaucoup plus intéressants", a-t-il continué.
Parallèlement, de plus en plus de véhicules hybrides sont utilisés pour les transports sanitaires, en particulier dans les territoires ruraux, a précisé Jamel Mahcer.
Mais, parallèlement à l'achat de véhicules électriques ou hybrides, il existe "d'autres moyens" efficaces pour réduire la pollution engendrée par les transports, en effectuant un retour "aux fondamentaux", a déclaré jeudi Fabienne Billault, experte à l'Anap.
Raisonner à l'échelle d'un territoire
Il faut d'abord mettre en place une "bonne gestion des flux". "Il faut raisonner à l'échelle du territoire" en définissant des "règles de transport qui soient les plus efficientes possibles en termes d'intérêts écologiques, avec la possibilité de mutualiser les moyens et matériels", a-t-elle expliqué.
Il s'agit également d'"assurer une gestion efficace des opérations de transport en anticipant les courants pour pouvoir mieux gérer les flux, les planifier".
Le but est de "ne plus faire ce qu'on faisait jusqu'à présent: c'est-à-dire du 'maintenant pour maintenant'", a continué Fabienne Billault.
Par exemple, il s'agit de faire de "l'optimisation de patients par trajets" et d'éliminer les "transports de patients non utiles". Parfois, "on transporte des patients parce que le médecin ne veut pas se déplacer".
Un autre levier pour réduire l'empreinte carbone des transports sanitaires est de disposer d'"indicateurs de performance" pour savoir concrètement combien on émet de gaz à de gaz à effet de serre.
Il est par ailleurs indispensable de réduire les "transports à vide". C'est une "plaie qui fait perdre du temps et de l'énergie, sans aucune plus-value", a estimé Fabienne Billault.
Ainsi, il "existe vraiment des choses simples à faire et qui ne coûtent rien", mais cela "nécessite d'impliquer tous les acteurs, et pas seulement la logistique".
Un exemple de réorganisation au GHT des Alpes-Maritimes
L'Anap a récemment travaillé avec le groupement hospitalier de territoire (GHT) des Alpes-Maritimes pour l'aider à mieux organiser ses flux au niveau des transports sanitaires.
Ce travail de réorganisation a contribué "à décarboner" le secteur dans le département, a affirmé Fabienne Billault.
La première étape a été d'identifier les temps moyens de trajet, en fonction des différentes zones (par exemple urbaines, rurales, semi-rurales). "Dans les zones littorales très denses, on ne parle plus en kilomètres mais en temps de trajet tellement la circulation est difficile", a-t-elle commenté.
"Nous avons aussi essayé de voir quels étaient les flux" entre les établissements, en différenciant les "flux par jour et par semaine" pour optimiser les trajets "en travaillant tous ensemble".
Un focus a été fait sur une zone autour du centre hospitalier (CH) de Cannes où "beaucoup de flux se croisaient à vide car il n'y avait pas de régulation" et il existait un grand nombre de "transports à vide", a expliqué Fabienne Billault.
L'Anap et le GHT ont également analysé l'offre de transports sanitaires, ce qui a permis de mettre en évidence une répartition inégale avec une forte concentration à Nice et très peu dans le nord du département.
Un autre travail a permis d'identifier que les rapports entre transporteurs privés et hôpitaux "n'étaient pas optimisés au maximum" car "ni les uns ni les autres n'avaient pris en compte l'ensemble de leurs contraintes et besoins respectifs".
Par exemple, les "taxis sont très peu présents car il est plus intéressant de travailler pour le festival de Cannes que d'effectuer des transports sanitaires".
La gestion des flux à l'échelle du territoire a permis de réduire l'empreinte carbone en mutualisant les moyens, en maîtrisant les coûts et en optimisant la disponibilité des transporteurs, a conclu Fabienne Billault.
syl/nc/APMnews