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31/01 2020
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UN MARQUEUR DU RISQUE DE LÉSIONS RÉNALES AIGUËS IDENTIFIÉ

WASHINGTON, 31 janvier 2020 (APMnews) - Un dosage plasmatique élevé en récepteur soluble de l'activateur plasminogène d'urokinase (suPAR) a été associé à un risque accru de lésions aiguës du rein dans divers contextes cliniques et expérimentaux, suggérant l'intérêt de ce marqueur pour identifier les patients à risque, selon une étude parue dans le New England Journal of Medicine (NEJM) jeudi.

Les lésions aiguës du rein ont un effet majeur sur la morbidité et apparaissent chez 2% à 5% des patients hospitalisés. Elles touchent principalement les patients critiques et ceux qui souffrent d'une maladie cardiovasculaire dont le risque rénal est déjà accru en raison de leur âge, de multiples pathologies concomitantes et du recours fréquent à des procédures impactant le rein, tels que l'angiographie coronaire ou la chirurgie cardiaque.

Des études ont rapporté un lien entre la moelle osseuse et l'apparition de lésions rénales, impliquant le suPAR, un récepteur normalement faiblement exprimé dans de nombreux types cellulaires. Ces études révèlent que les niveaux de suPAR sont fortement prédicteurs du déclin de la fonction rénale et qu'une longue exposition à des niveaux élevés de suPAR affecte directement le rein. Cependant, l'effet de suPAR sur les cellules tubulaires, les cellules les plus affectées dans les lésions rénales aiguës, n'est pas clair.

Salim Hayek de l'université du Michigan à Ann Arbor et ses collègues ont étudié si un niveau élevé de suPAR prédispose les patients à des lésions rénales aiguës dans de multiples contextes cliniques: après une angiographie coronaire, une chirurgie cardiaque ou chez des patients critiques. Ils ont également utilisé des modèles animaux pour identifier les mécanismes par lesquels suPAR agit et s'il pouvait être pris comme cible thérapeutique.

Les chercheurs ont inclus 3.827 patients qui subissaient une angiographie coronaire, 250 opérés cardiaques, et 692 patients dans un état critique. Ils ont évalué les taux plasmatiques de suPAR avant angiographie coronaire, chirurgie cardiaque ou au moment de l'admission en unité de soins intensifs. Les dosages de la créatinine obtenus juste avant la procédure ou à l'admission ont été utilisés.

Les lésions rénales ont été évaluées à 7 jours. La lésion rénale aiguë et le décès à 90 jours étaient aussi étudiés selon le niveau de suPAR.

Un risque quadruplé

Après angiographie coronaire, une lésion rénale aiguë est apparue chez 8% des patients. Les auteurs notent que l'incidence d'une lésion rénale aiguë était de 14% dans le quartile le plus élevé de suPAR contre seulement 4% dans le plus bas; l'odds ratio ajusté (mesure proche de celle du risque relatif) des lésions rénales aiguës est de 3,8 dans le quartile le plus haut par rapport au plus bas.

En outre, les chercheurs notent que l'association entre les niveaux de suPAR et la lésion rénale aiguë post procédures persiste après ajustement sur les caractéristiques cliniques, incluant le volume de produit de contraste reçu et la fonction rénale à l'origine.

Les résultats étaient similaires dans les cohortes "chirurgie" ou "soins intensifs". Dans la cohorte "chirurgie", l'incidence des lésions rénales aiguës étaient de 40% dans le quartile le plus élevé de suPAR contre de 16% dans le quartile le plus bas. Dans la cohorte "soins intensifs", l'incidence des lésions rénales étaient de 53% dans le quartile le plus élevé de suPAR contre 15% dans le plus bas.

Etudes complémentaires sur la souris

Les chercheurs ont complété leur recherche par une étude expérimentale sur des souris transgéniques surexprimant suPAR et recevant un produit de contraste, comparées à des souris sauvages.

Les souris transgéniques ont montré plus de lésions fonctionnelles et histologiques du rein que les souris sauvages, suggérant un intérêt de ce traitement.

Ils ont employé un anticorps monoclonal pour suPAR pour vérifier l'intérêt de cette stratégie thérapeutique pour atténuer les lésions aiguës du rein.

Cet anticorps a atténué l'effet du iohexol sur la fonction rénale chez les souris qui surexprimaient suPAR.

Les résultats de cette étude révèlent le suPAR comme "un marqueur indépendant des caractéristiques cliniques, et notamment de la fonction rénale à l'origine, en amont de la procédure", se félicitent les auteurs qui suggèrent avec les anticorps monoclonaux une piste d'investigation pour un traitement préventif.

(NEJM, 30 janvier, vol. 382, n°5, p416-426, p470-472)

vcd/fb/sl/APMnews

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UN MARQUEUR DU RISQUE DE LÉSIONS RÉNALES AIGUËS IDENTIFIÉ

WASHINGTON, 31 janvier 2020 (APMnews) - Un dosage plasmatique élevé en récepteur soluble de l'activateur plasminogène d'urokinase (suPAR) a été associé à un risque accru de lésions aiguës du rein dans divers contextes cliniques et expérimentaux, suggérant l'intérêt de ce marqueur pour identifier les patients à risque, selon une étude parue dans le New England Journal of Medicine (NEJM) jeudi.

Les lésions aiguës du rein ont un effet majeur sur la morbidité et apparaissent chez 2% à 5% des patients hospitalisés. Elles touchent principalement les patients critiques et ceux qui souffrent d'une maladie cardiovasculaire dont le risque rénal est déjà accru en raison de leur âge, de multiples pathologies concomitantes et du recours fréquent à des procédures impactant le rein, tels que l'angiographie coronaire ou la chirurgie cardiaque.

Des études ont rapporté un lien entre la moelle osseuse et l'apparition de lésions rénales, impliquant le suPAR, un récepteur normalement faiblement exprimé dans de nombreux types cellulaires. Ces études révèlent que les niveaux de suPAR sont fortement prédicteurs du déclin de la fonction rénale et qu'une longue exposition à des niveaux élevés de suPAR affecte directement le rein. Cependant, l'effet de suPAR sur les cellules tubulaires, les cellules les plus affectées dans les lésions rénales aiguës, n'est pas clair.

Salim Hayek de l'université du Michigan à Ann Arbor et ses collègues ont étudié si un niveau élevé de suPAR prédispose les patients à des lésions rénales aiguës dans de multiples contextes cliniques: après une angiographie coronaire, une chirurgie cardiaque ou chez des patients critiques. Ils ont également utilisé des modèles animaux pour identifier les mécanismes par lesquels suPAR agit et s'il pouvait être pris comme cible thérapeutique.

Les chercheurs ont inclus 3.827 patients qui subissaient une angiographie coronaire, 250 opérés cardiaques, et 692 patients dans un état critique. Ils ont évalué les taux plasmatiques de suPAR avant angiographie coronaire, chirurgie cardiaque ou au moment de l'admission en unité de soins intensifs. Les dosages de la créatinine obtenus juste avant la procédure ou à l'admission ont été utilisés.

Les lésions rénales ont été évaluées à 7 jours. La lésion rénale aiguë et le décès à 90 jours étaient aussi étudiés selon le niveau de suPAR.

Un risque quadruplé

Après angiographie coronaire, une lésion rénale aiguë est apparue chez 8% des patients. Les auteurs notent que l'incidence d'une lésion rénale aiguë était de 14% dans le quartile le plus élevé de suPAR contre seulement 4% dans le plus bas; l'odds ratio ajusté (mesure proche de celle du risque relatif) des lésions rénales aiguës est de 3,8 dans le quartile le plus haut par rapport au plus bas.

En outre, les chercheurs notent que l'association entre les niveaux de suPAR et la lésion rénale aiguë post procédures persiste après ajustement sur les caractéristiques cliniques, incluant le volume de produit de contraste reçu et la fonction rénale à l'origine.

Les résultats étaient similaires dans les cohortes "chirurgie" ou "soins intensifs". Dans la cohorte "chirurgie", l'incidence des lésions rénales aiguës étaient de 40% dans le quartile le plus élevé de suPAR contre de 16% dans le quartile le plus bas. Dans la cohorte "soins intensifs", l'incidence des lésions rénales étaient de 53% dans le quartile le plus élevé de suPAR contre 15% dans le plus bas.

Etudes complémentaires sur la souris

Les chercheurs ont complété leur recherche par une étude expérimentale sur des souris transgéniques surexprimant suPAR et recevant un produit de contraste, comparées à des souris sauvages.

Les souris transgéniques ont montré plus de lésions fonctionnelles et histologiques du rein que les souris sauvages, suggérant un intérêt de ce traitement.

Ils ont employé un anticorps monoclonal pour suPAR pour vérifier l'intérêt de cette stratégie thérapeutique pour atténuer les lésions aiguës du rein.

Cet anticorps a atténué l'effet du iohexol sur la fonction rénale chez les souris qui surexprimaient suPAR.

Les résultats de cette étude révèlent le suPAR comme "un marqueur indépendant des caractéristiques cliniques, et notamment de la fonction rénale à l'origine, en amont de la procédure", se félicitent les auteurs qui suggèrent avec les anticorps monoclonaux une piste d'investigation pour un traitement préventif.

(NEJM, 30 janvier, vol. 382, n°5, p416-426, p470-472)

vcd/fb/sl/APMnews

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