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28/07 2020
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UN NOUVEAU BIOMARQUEUR SANGUIN DE LA MALADIE D'ALZHEIMER

CHICAGO, WASHINGTON, 28 juillet 2020 (APMnews) - Le dosage dans le plasma d'une forme spécifique de la protéine tau, la forme phosphorylée en thréonine 217 (P-tau217), semble plus précis que les autres biomarqueurs plasmatiques et radiologiques établis pour le diagnostic de maladie d'Alzheimer, selon des résultats publiés mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) pour coïncider avec leur présentation à l'Alzheimer's Association International Conference (AAIC).

Cette étude est présentée en parallèle d'autres travaux par le laboratoire américain Lilly et les différents organismes publics suédois et américains ayant participé à son financement.

L'ensemble de ces nouveaux résultats portent sur les nouvelles avancées en matière de diagnostic. "Un simple test sanguin" capable d'identifier les personnes qui risquent de développer une démence 20 ans avant serait "une grande avancée pour les familles et les médecins", note l'Alzheimer's Association dans un communiqué.

Une maladie d'Alzheimer reste encore un diagnostic de présomption qui repose notamment sur un ensemble de biomarqueurs des mécanismes physiopathologiques sous-jacents. Les progrès récents laissent envisager un diagnostic avant le stade de démence et une prise en charge plus précoce, rappellent le Dr Sebastian Palmqvist de l'université de Lund et ses collègues.

Une partie de ces chercheurs a déjà montré, dans une étude publiée en avril dans Nature Communications, que la P-tau217 mesurée dans le liquide céphalorachidien (LCR) était un meilleur biomarqueur que la P-tau181, actuellement utilisé dans le diagnostic différentiel de la maladie d'Alzheimer.

Mais invasif et coûteux, ce test aura un usage limité, ce qui nécessite de développer un test sanguin. Dans cette étude, les chercheurs ont évalué la performance du dosage sanguin de la P-tau217 dans le diagnostic différentiel.

Pour cela, ils ont utilisé trois cohortes: la première porte sur des personnes incluses en Arizona, avec 34 atteintes d'une maladie d'Alzheimer et 47 sans; la deuxième, menée en Suède (BioFINDER-2), rassemble 301 personnes sans trouble cognitif, 178 avec un déclin cognitif léger (MCI en anglais), 121 avec une démence associée à une maladie d'Alzheimer et 99 avec d'autres maladies neurodégénératives; la troisième est constituée de personnes ayant une forme familiale de maladie d'Alzheimer associée à la mutation PSEN1.

Selon les dosages réalisés dans la première cohorte, le taux plasmatique de la P-tau217 ante mortem permet de différencier les patients qui ont développé une maladie d'Alzheimer confirmée sur le plan neuropathologique de deux qui n'ont pas eu cette maladie, avec une aire sous la courbe (AS) de 0,89, soit une précision plus élevée que les taux plasmatiques de la P-tau181 et des neurofilaments à chaîne légère (NfL) dont l'ASC varie entre 0,50 et 0,72.

En outre, la P-tau217 plasmatique était corrélée à la présence de plaques neurofibrillaires chez les patients présentant aussi des plaques amyloïdes alors qu'elle ne l'était pas chez ceux sans plaques amyloïdes.

Dans la deuxième cohorte, le taux plasmatique de la P-tau217 a également permis de différencier les démences Alzheimer cliniquement diagnostiquées des autres maladies neurodégénératives avec une plus grande précision que d'autres biomarqueurs. L'ASC était de 0,96 contre des valeurs variant entre 0,50 et 0,81 pour les taux plasmatiques de la P-tau181 et des NfL ainsi que pour des mesures à l'IRM cérébrale.

La P-tau217 plasmatique a donné par ailleurs des résultats équivalents aux mesures de la P-tau217 et P-tau181 dans le LCR et de la protéine tau à la tomographie par émission de positons (TEP) cérébrale (ASC entre 0,90 et 0,99).

En revanche, le taux plasmatique de P-tau217 permettait de faire la distinction avec des imageries de TEP anormales et normales, avec une ASC supérieure (0,93) par rapport aux autres biomarqueurs (P-tau181 et NfL plasmatiques, P-tau 181 dans le LCR, rapport des formes à 40 acides aminés du peptide amyloïde par rapport à la forme à 42 acides aminés, mesures IRM), sauf pour le taux de P-tau217 dans le LCR.

Dans la troisième cohorte, la P-tau217 plasmatique était significativement plus élevée chez les personnes porteuses de la mutation PSEN1 par rapport à celles qui ne l'avaient pas, à partir de 25 ans, soit 20 ans avant l'âge estimé de survenue d'un MCI dans cette forme familiale de maladie d'Alzheimer.

L'ensemble de ces données suggèrent que le dosage plasmatique de la P-tau217 est avantageux que celui de la P-tau181, d'autant plus que selon d'autres travaux publiés cette année la quantité de cet isoforme de la protéine tau semble changer plus tôt que celle de la P-tau181 dans le cours de la maladie d'Alzheimer, commentent les chercheurs.

D'autres travaux doivent à présent permettre de valider ces résultats dans d'autres populations non sélectionnées et déterminer le rôle de ce test dans la pratique clinique, concluent-ils.

Utile aussi pour écarter une démence frontotemporale

Parmi les autres études présentées à l'AAIC, celle menée par le Dr Suzanne Schindler de la Washington University School of Medicine à St Louis et ses collègues confirme aussi la corrélation entre la P-tau217 et les plaques amyloïdes mesurées à la TEP.

Leurs données suggèrent qu'un test sanguin mesurant à la fois la protéine tau et le peptide amyloïde permettrait de diagnostiquer plus précocement la maladie d'Alzheimer non seulement dans un cadre de recherche mais aussi en pratique clinique, observe l'Alzheimer's Association dans son communiqué.

Pour valider ces résultats, les chercheurs ont lancé la cohorte SEABIRD avec un objectif de 1.000 personnes de statuts cognitifs différents à inclure.

Elisabeth Thijssen et le Dr Adam Boxer de l'université de Californie à San Francisco et leurs collègues ont présenté en particulier des résultats montrant également que le taux plasmatique de P-tau217 est équivalent à celui de la P-tau181 pour différencier les patients atteints de maladie d'Alzheimer et ceux de démence frontotemporale.

Dans une autre communication, Sara Hall de l'université de Lund et ses collègues ont aussi rapporté l'intérêt de la P-tau217 plasmatique pour rechercher une maladie d'Alzheimer comorbide chez des patients atteints d'une démence associée à une maladie de Parkinson ou une démence à corps de Lewy.

Enfin, Thomas Karikari de l'université de Göteborg et ses collègues se sont intéressés à la P-tau217 dans d'autres neuropathologies, montrant que son taux dans le LCR ne permet pas de faire un diagnostic différentiel avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

(JAMA, édition en ligne du 28 juillet)

ld/nc/APMnews

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Cette étude est présentée en parallèle d'autres travaux par le laboratoire américain Lilly et les différents organismes publics suédois et américains ayant participé à son financement.

L'ensemble de ces nouveaux résultats portent sur les nouvelles avancées en matière de diagnostic. "Un simple test sanguin" capable d'identifier les personnes qui risquent de développer une démence 20 ans avant serait "une grande avancée pour les familles et les médecins", note l'Alzheimer's Association dans un communiqué.

Une maladie d'Alzheimer reste encore un diagnostic de présomption qui repose notamment sur un ensemble de biomarqueurs des mécanismes physiopathologiques sous-jacents. Les progrès récents laissent envisager un diagnostic avant le stade de démence et une prise en charge plus précoce, rappellent le Dr Sebastian Palmqvist de l'université de Lund et ses collègues.

Une partie de ces chercheurs a déjà montré, dans une étude publiée en avril dans Nature Communications, que la P-tau217 mesurée dans le liquide céphalorachidien (LCR) était un meilleur biomarqueur que la P-tau181, actuellement utilisé dans le diagnostic différentiel de la maladie d'Alzheimer.

Mais invasif et coûteux, ce test aura un usage limité, ce qui nécessite de développer un test sanguin. Dans cette étude, les chercheurs ont évalué la performance du dosage sanguin de la P-tau217 dans le diagnostic différentiel.

Pour cela, ils ont utilisé trois cohortes: la première porte sur des personnes incluses en Arizona, avec 34 atteintes d'une maladie d'Alzheimer et 47 sans; la deuxième, menée en Suède (BioFINDER-2), rassemble 301 personnes sans trouble cognitif, 178 avec un déclin cognitif léger (MCI en anglais), 121 avec une démence associée à une maladie d'Alzheimer et 99 avec d'autres maladies neurodégénératives; la troisième est constituée de personnes ayant une forme familiale de maladie d'Alzheimer associée à la mutation PSEN1.

Selon les dosages réalisés dans la première cohorte, le taux plasmatique de la P-tau217 ante mortem permet de différencier les patients qui ont développé une maladie d'Alzheimer confirmée sur le plan neuropathologique de deux qui n'ont pas eu cette maladie, avec une aire sous la courbe (AS) de 0,89, soit une précision plus élevée que les taux plasmatiques de la P-tau181 et des neurofilaments à chaîne légère (NfL) dont l'ASC varie entre 0,50 et 0,72.

En outre, la P-tau217 plasmatique était corrélée à la présence de plaques neurofibrillaires chez les patients présentant aussi des plaques amyloïdes alors qu'elle ne l'était pas chez ceux sans plaques amyloïdes.

Dans la deuxième cohorte, le taux plasmatique de la P-tau217 a également permis de différencier les démences Alzheimer cliniquement diagnostiquées des autres maladies neurodégénératives avec une plus grande précision que d'autres biomarqueurs. L'ASC était de 0,96 contre des valeurs variant entre 0,50 et 0,81 pour les taux plasmatiques de la P-tau181 et des NfL ainsi que pour des mesures à l'IRM cérébrale.

La P-tau217 plasmatique a donné par ailleurs des résultats équivalents aux mesures de la P-tau217 et P-tau181 dans le LCR et de la protéine tau à la tomographie par émission de positons (TEP) cérébrale (ASC entre 0,90 et 0,99).

En revanche, le taux plasmatique de P-tau217 permettait de faire la distinction avec des imageries de TEP anormales et normales, avec une ASC supérieure (0,93) par rapport aux autres biomarqueurs (P-tau181 et NfL plasmatiques, P-tau 181 dans le LCR, rapport des formes à 40 acides aminés du peptide amyloïde par rapport à la forme à 42 acides aminés, mesures IRM), sauf pour le taux de P-tau217 dans le LCR.

Dans la troisième cohorte, la P-tau217 plasmatique était significativement plus élevée chez les personnes porteuses de la mutation PSEN1 par rapport à celles qui ne l'avaient pas, à partir de 25 ans, soit 20 ans avant l'âge estimé de survenue d'un MCI dans cette forme familiale de maladie d'Alzheimer.

L'ensemble de ces données suggèrent que le dosage plasmatique de la P-tau217 est avantageux que celui de la P-tau181, d'autant plus que selon d'autres travaux publiés cette année la quantité de cet isoforme de la protéine tau semble changer plus tôt que celle de la P-tau181 dans le cours de la maladie d'Alzheimer, commentent les chercheurs.

D'autres travaux doivent à présent permettre de valider ces résultats dans d'autres populations non sélectionnées et déterminer le rôle de ce test dans la pratique clinique, concluent-ils.

Utile aussi pour écarter une démence frontotemporale

Parmi les autres études présentées à l'AAIC, celle menée par le Dr Suzanne Schindler de la Washington University School of Medicine à St Louis et ses collègues confirme aussi la corrélation entre la P-tau217 et les plaques amyloïdes mesurées à la TEP.

Leurs données suggèrent qu'un test sanguin mesurant à la fois la protéine tau et le peptide amyloïde permettrait de diagnostiquer plus précocement la maladie d'Alzheimer non seulement dans un cadre de recherche mais aussi en pratique clinique, observe l'Alzheimer's Association dans son communiqué.

Pour valider ces résultats, les chercheurs ont lancé la cohorte SEABIRD avec un objectif de 1.000 personnes de statuts cognitifs différents à inclure.

Elisabeth Thijssen et le Dr Adam Boxer de l'université de Californie à San Francisco et leurs collègues ont présenté en particulier des résultats montrant également que le taux plasmatique de P-tau217 est équivalent à celui de la P-tau181 pour différencier les patients atteints de maladie d'Alzheimer et ceux de démence frontotemporale.

Dans une autre communication, Sara Hall de l'université de Lund et ses collègues ont aussi rapporté l'intérêt de la P-tau217 plasmatique pour rechercher une maladie d'Alzheimer comorbide chez des patients atteints d'une démence associée à une maladie de Parkinson ou une démence à corps de Lewy.

Enfin, Thomas Karikari de l'université de Göteborg et ses collègues se sont intéressés à la P-tau217 dans d'autres neuropathologies, montrant que son taux dans le LCR ne permet pas de faire un diagnostic différentiel avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

(JAMA, édition en ligne du 28 juillet)

ld/nc/APMnews

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