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08/02 2024
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UN PASSAGE EN RÉANIMATION POUR 30% DES ADULTES HOSPITALISÉS POUR UNE INFECTION À MYCOPLASMA PNEUMONIAE

PARIS, 8 février 2024 (APMnews) - Parmi les adultes de plus de 15 ans et 3 mois hospitalisés en France depuis septembre 2023 pour une infection à Mycoplasma pneumoniae, 30% ont présenté une forme "suffisamment sévère pour justifier un passage en réanimation", soit "un chiffre relativement élevé", a-t-on appris jeudi lors d'un point presse organisé par l'ANRS-MIE.

Une circulation accrue de la bactérie Mycoplasma pneumoniae en France, caractéristique d'une "situation épidémique", a été observée à partir d'octobre 2023, suivie d'une tendance à la stabilisation en décembre (cf dépêche du 26/12/2023 à 12:54 et dépêche du 30/11/2023 à 18:45).

A l'heure actuelle, "les données sur le plan syndromique [montrent] que le nombre de pneumonies se stabilise, voire est en légère baisse, mais à des niveaux nettement plus élevés que les années précédentes et que les années avant Covid", a fait savoir la Pr Cécile Bébéar, cheffe du service de bactériologie au CHU de Bordeaux, interrogée par APMnews lors du point presse de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE).

"Cela veut dire que l'épidémie n'est pas terminée", a-t-elle noté, précisant qu'en général, les épidémies de Mycoplasma pneumoniae durent "plusieurs mois" (18 mois en moyenne). Rappelant qu'il n'existe pas de système de surveillance national en France sur cette bactérie, elle a fait savoir que le taux de positivité des PCR analysées au CHU de Bordeaux était de 30%, tout comme celui des sérologies, ce qui signifie qu'il y a "encore beaucoup de circulation du mycoplasme".

Par ailleurs, il y a "des différences selon les centres", "les dynamiques ne sont pas tout à fait les mêmes localement donc il faut rester prudents sur cette diminution amorcée", a complété le Dr Romain Palich, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP).

Il a présenté à cette occasion les résultats préliminaires de MYCADO, une étude de cohorte nationale ambispective (avec un recueil rétrospectif puis prospectif des données) conduite à la demande des autorités de santé (cf dépêche du 26/12/2023 à 12:54), dont l'objectif est d'évaluer les caractéristiques et la prise en charge des adultes hospitalisés en France entre septembre 2023 et août 2024 pour une infection à Mycoplasma pneumoniae.

Les cas pédiatriques, qui représentent la majorité des cas observés pendant l'épidémie, n'ont pas été inclus dans cette étude, à l'exception des "vieux mineurs" de plus de 15 ans et 3 mois, qui peuvent être pris en charge en service de médecine adulte, a précisé Romain Palich.

Pour être inclus, les patients devaient avoir une infection à Mycoplasma pneumoniae documentée par PCR ou sérologie et être restés à l'hôpital au moins 24 heures.

L'analyse a été menée sur "un peu plus de 500 cas renseignés jusqu'à il y a deux jours" et les résultats doivent donc encore être consolidés. Au total, 55 centres -dont un tiers en Ile-de-France- ont rapporté ces cas. Les patients étaient âgés de 43 ans en médiane et il y avait une "grosse moitié d'hommes".

Un "gros tiers" avait des comorbidités respiratoires associées (notamment du tabagisme actif et de l'asthme), un "gros tiers" également avait des comorbidités cardiovasculaires et environ 10% étaient immunodéprimés du fait "d'une greffe d'organe, d'un cancer en cours de traitement, d'une hémopathie en cours de traitement ou d'une infection par le VIH".

Sept décès enregistrés

Les symptômes à l'arrivée à l'hôpital et dans les jours précédents comprenaient de la fièvre (75% des patients), de la toux (85%), une difficulté respiratoire (70%), mais aussi une fatigue dans la moitié des cas, des myalgies dans 20% des cas et des signes digestifs (nausées, vomissements et diarrhées) dans 10% des cas.

Les patients arrivaient à l'hôpital en médiane 7 jours après le début de leurs symptômes.

Romain Palich a rapporté la mise en évidence de manifestations cutanées et notamment d'érythèmes polymorphes chez 16 patients, des anémies hémolytiques auto-immunes chez 15 patients (soit environ 3% des patients, un "taux qu'on voit assez rarement") et quelques cas de myocardites et d'encéphalites (qui sont "des complications classiquement décrites" mais qu'on ne met "en général pas en évidence" sur des cas sporadiques).

Dans 94% des cas, "les patients avaient reçu au moins un antibiotique actif sur la bactérie, et il s'agissait dans l'immense majorité des cas d'un macrolide", qui est le traitement de première intention en France.

Les données montrent également que "dans plus de trois quarts des cas, les patients avaient besoin d'oxygène, et c'était probablement le motif d'hospitalisation principal", a noté Romain Palich. L'oxygène était requis pendant 5 jours en médiane et c'était "un vrai motif d'hospitalisation prolongée chez une petite partie des patients".

Les patients étaient en outre 30% à faire une "forme suffisamment sévère pour justifier un passage en réanimation", ce qui est "un chiffre relativement élevé", a pointé l'infectiologie, tout en notant que c'était "parfois pas longtemps et parfois sur des tableaux pas si graves que ça".

Parmi ces patients, 10% ont dû être intubés. Mais hormis ces cas, il s'agissait principalement de patients "qui avaient besoin d'oxygène avec des débits d'oxygène qu'on ne peut pas apporter dans des services de médecine traditionnels, mais qui ne nécessitent pas pour autant de la ventilation invasive avec une intubation", a relevé Romain Palich.

Au total, 7 patients sur 500 sont décédés au cours de leur hospitalisation.

sb/ab/APMnews

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PARIS, 8 février 2024 (APMnews) - Parmi les adultes de plus de 15 ans et 3 mois hospitalisés en France depuis septembre 2023 pour une infection à Mycoplasma pneumoniae, 30% ont présenté une forme "suffisamment sévère pour justifier un passage en réanimation", soit "un chiffre relativement élevé", a-t-on appris jeudi lors d'un point presse organisé par l'ANRS-MIE.

Une circulation accrue de la bactérie Mycoplasma pneumoniae en France, caractéristique d'une "situation épidémique", a été observée à partir d'octobre 2023, suivie d'une tendance à la stabilisation en décembre (cf dépêche du 26/12/2023 à 12:54 et dépêche du 30/11/2023 à 18:45).

A l'heure actuelle, "les données sur le plan syndromique [montrent] que le nombre de pneumonies se stabilise, voire est en légère baisse, mais à des niveaux nettement plus élevés que les années précédentes et que les années avant Covid", a fait savoir la Pr Cécile Bébéar, cheffe du service de bactériologie au CHU de Bordeaux, interrogée par APMnews lors du point presse de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE).

"Cela veut dire que l'épidémie n'est pas terminée", a-t-elle noté, précisant qu'en général, les épidémies de Mycoplasma pneumoniae durent "plusieurs mois" (18 mois en moyenne). Rappelant qu'il n'existe pas de système de surveillance national en France sur cette bactérie, elle a fait savoir que le taux de positivité des PCR analysées au CHU de Bordeaux était de 30%, tout comme celui des sérologies, ce qui signifie qu'il y a "encore beaucoup de circulation du mycoplasme".

Par ailleurs, il y a "des différences selon les centres", "les dynamiques ne sont pas tout à fait les mêmes localement donc il faut rester prudents sur cette diminution amorcée", a complété le Dr Romain Palich, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP).

Il a présenté à cette occasion les résultats préliminaires de MYCADO, une étude de cohorte nationale ambispective (avec un recueil rétrospectif puis prospectif des données) conduite à la demande des autorités de santé (cf dépêche du 26/12/2023 à 12:54), dont l'objectif est d'évaluer les caractéristiques et la prise en charge des adultes hospitalisés en France entre septembre 2023 et août 2024 pour une infection à Mycoplasma pneumoniae.

Les cas pédiatriques, qui représentent la majorité des cas observés pendant l'épidémie, n'ont pas été inclus dans cette étude, à l'exception des "vieux mineurs" de plus de 15 ans et 3 mois, qui peuvent être pris en charge en service de médecine adulte, a précisé Romain Palich.

Pour être inclus, les patients devaient avoir une infection à Mycoplasma pneumoniae documentée par PCR ou sérologie et être restés à l'hôpital au moins 24 heures.

L'analyse a été menée sur "un peu plus de 500 cas renseignés jusqu'à il y a deux jours" et les résultats doivent donc encore être consolidés. Au total, 55 centres -dont un tiers en Ile-de-France- ont rapporté ces cas. Les patients étaient âgés de 43 ans en médiane et il y avait une "grosse moitié d'hommes".

Un "gros tiers" avait des comorbidités respiratoires associées (notamment du tabagisme actif et de l'asthme), un "gros tiers" également avait des comorbidités cardiovasculaires et environ 10% étaient immunodéprimés du fait "d'une greffe d'organe, d'un cancer en cours de traitement, d'une hémopathie en cours de traitement ou d'une infection par le VIH".

Sept décès enregistrés

Les symptômes à l'arrivée à l'hôpital et dans les jours précédents comprenaient de la fièvre (75% des patients), de la toux (85%), une difficulté respiratoire (70%), mais aussi une fatigue dans la moitié des cas, des myalgies dans 20% des cas et des signes digestifs (nausées, vomissements et diarrhées) dans 10% des cas.

Les patients arrivaient à l'hôpital en médiane 7 jours après le début de leurs symptômes.

Romain Palich a rapporté la mise en évidence de manifestations cutanées et notamment d'érythèmes polymorphes chez 16 patients, des anémies hémolytiques auto-immunes chez 15 patients (soit environ 3% des patients, un "taux qu'on voit assez rarement") et quelques cas de myocardites et d'encéphalites (qui sont "des complications classiquement décrites" mais qu'on ne met "en général pas en évidence" sur des cas sporadiques).

Dans 94% des cas, "les patients avaient reçu au moins un antibiotique actif sur la bactérie, et il s'agissait dans l'immense majorité des cas d'un macrolide", qui est le traitement de première intention en France.

Les données montrent également que "dans plus de trois quarts des cas, les patients avaient besoin d'oxygène, et c'était probablement le motif d'hospitalisation principal", a noté Romain Palich. L'oxygène était requis pendant 5 jours en médiane et c'était "un vrai motif d'hospitalisation prolongée chez une petite partie des patients".

Les patients étaient en outre 30% à faire une "forme suffisamment sévère pour justifier un passage en réanimation", ce qui est "un chiffre relativement élevé", a pointé l'infectiologie, tout en notant que c'était "parfois pas longtemps et parfois sur des tableaux pas si graves que ça".

Parmi ces patients, 10% ont dû être intubés. Mais hormis ces cas, il s'agissait principalement de patients "qui avaient besoin d'oxygène avec des débits d'oxygène qu'on ne peut pas apporter dans des services de médecine traditionnels, mais qui ne nécessitent pas pour autant de la ventilation invasive avec une intubation", a relevé Romain Palich.

Au total, 7 patients sur 500 sont décédés au cours de leur hospitalisation.

sb/ab/APMnews

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