Actualités de l'Urgence - APM

19/01 2024
Retour

UNE ANNÉE "PARADOXALE" AU CH DE MONTARGIS (LOIRET), ENTRE GRANDES RÉALISATIONS ET INQUIÉTUDES SUR L'AVENIR

(Par Maxime GRAVIER, à Amilly, Loiret)

AMILLY (Loiret), 19 janvier 2024 (APMnews) - Le centre hospitalier de l'Agglomération montargoise (Cham) a connu une année "paradoxale" en 2023, marquée par l'extension des urgences et la certification de la Haute autorité de santé (HAS), mais aussi par un creusement du déficit et des difficultés de recrutement, a confié jeudi à APMnews le directeur de l'établissement, Jean-Luc Davigo, en marge de la cérémonie des vœux.

Au cours de son discours, Jean-Luc Davigo est d'abord revenu sur la certification HAS obtenue par le Cham en décembre 2023, avec la mention "haute qualité des soins" (cf dépêche du 15/12/2023 à 18:40), saluant le travail fourni par l'ensemble des personnels.

L'autre "grande réalisation" du Cham concerne ses urgences. La première phase du chantier, visant à agrandir ce service conçu pour accueillir 15.000 passages par an mais qui en connaît actuellement 65.000, s'est achevée en mai 2023, avec l'inauguration de l'extension.

Cette phase "a permis d'accroître d'un tiers la surface des urgences et d'améliorer la prise en charge, avec une réorganisation des circuits", a expliqué le directeur. Un nouveau scanner réservé aux urgences est aussi prévu.

La nouvelle extension des urgences du Cham
La nouvelle extension des urgences du Cham

"A terme, la capacité des urgences va doubler, passant de huit box à 16", a abondé le président de la commission médicale d'établissement (CME), le Dr Fabrice Lagarde. Le développement de l'activité ambulatoire doit également participer au désengorgement des urgences.

Le Cham va néanmoins se retrouver dans une "période de transition compliquée" en 2024, selon Jean-Luc Davigo. Le service des urgences "va être contraint sur un gros tiers de la surface complète", le temps que les anciens locaux soient rénovés, a-t-il expliqué. La fin de ces travaux est espérée pour l'été, voire l'automne 2024.

La seconde phase porte sur l'agrandissement des blocs opératoire et obstétrical. Là aussi, une extension a été réalisée. Les équipes "vont basculer dans la nouvelle partie en mars […] et les blocs seront complètement ouverts fin 2024, début 2025" après la reconstruction de l'ancien site, a-t-il noté.

"Le bloc opératoire sera repensé pour être adapté à la demande: il y aura six salles d'opération et deux salles d'endoscopie, une salle de réveil plus grande, afin de prendre en compte le développement de la chirurgie ambulatoire", a détaillé le directeur du Cham dans son discours.

Une activité en hausse mais pas encore au niveau de 2019

Ce chantier va nécessairement affecter l'activité de l'établissement, "notamment en chirurgie", a pointé Jean-Luc Davigo.

"L'activité au bloc opératoire est […] en retrait de 100 interventions" en août 2023 comparé à août 2019. "Automatiquement, les prises en charge en chirurgie suivent cette tendance", a-t-il constaté. Sur la même période, les hospitalisations complètes sont en recul de 7%, avec 11.400 prises en charge à fin août 2023.

Globalement, "l'activité de l'établissement a progressé par rapport à 2022", a soutenu le directeur, mais elle n'a pas encore retrouvé son niveau pré-Covid.

L'activité externe a "bien repris", grâce au développement de certaines spécialités (ophtalmologie et ORL), et l'activité de chimiothérapie est en forte augmentation (+20%) sur la période.

La difficulté du Cham à recruter et fidéliser ses effectifs pèse aussi sur l'activité. "Les difficultés concernent surtout les paramédicaux", a estimé le Dr Fabrice Lagarde, citant notamment les infirmiers de bloc opératoire (Ibode) et les infirmiers anesthésistes (Iade). Le Cham affiche ainsi 60 postes vacants d'infirmiers.

Côté médical, l'établissement a "une petite moitié" de ses médecins qui sont des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue).

"C'est un choix qu'on a fait il y a longtemps. Soit on avait un recours large à l'intérim médical, dont on connaît les limites […], soit on accueillait et formait des étudiants étrangers", a résumé le président de la CME.

"La difficulté, après, c'est de les fidéliser", a-t-il reconnu. Le Cham forme "beaucoup" de Padhue mais "le choix des répartitions incombe au Centre national de gestion [CNG], à la tutelle et à l'établissement support [le CHU d'Orléans]: on se retrouve dans le paradoxe de former beaucoup de [Padhue] mais de ne pas avoir la certitude ensuite de pouvoir les conserver", a-t-il regretté.

Un projet de résidence pour ces médecins existe "à moyen terme", a fait savoir le directeur du Cham.

Creusement du déficit

Les anciens locaux des urgences du Cham
Les anciens locaux des urgences du Cham

Le chantier des blocs et des urgences représente un coût pour l'établissement: 20 millions d'euros (M€).

Si un tiers de cet investissement est financé par une subvention de l'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire, le reste est à la charge du Cham.

Le déficit financier de l'hôpital s'est par conséquent creusé entre 2022 et 2023, pour atteindre -8,5 M€, soit "presque le double" de l'année précédente, pour un budget de 171 M€.

Cette situation est liée aux mesures de revalorisations salariales du Ségur, à une activité pas encore tout à fait retrouvée et à l'inflation du coût de l'énergie, a justifié Jean-Luc Davigo. Sur ce dernier point, "les contrats qui ont été négociés en 2022 nous ont été très défavorables", a-t-il jugé.

La direction du Cham prépare ainsi un plan de relance de l'activité afin de retrouver une situation financière plus équilibrée.

Développer l'exercice mixte

En ophtalmologie, le Cham a prévu d'acquérir des écrans de vidéo-management, permettant aux chirurgiens de pouvoir solliciter l'avis d'expert en temps réel et de mettre en place de nouvelles collaborations avec le CHU d'Orléans, en chirurgie bariatrique par exemple.

Plus largement, la transformation de l'hôpital d'Orléans en CHU (cf dépêche du 13/10/2023 à 13:18) doit permettre au Cham d'attirer davantage d'internes, a espéré la direction.

En 2025, "une maison de santé pluriprofessionnelle va s'implanter à proximité immédiate de l'hôpital", permettant de "désengorger les urgences", a en outre mis en exergue la présidente du conseil de surveillance, Marie-Laure Carnezat. "C'est un vrai projet de santé, ce qui nous permet d'avoir des financements de l'ARS, et le fait d'être à côté de l'hôpital montre notre volonté de travailler avec ce dernier", a-t-elle poursuivi.

Une convention a ainsi été signée entre la future maison de santé, portée par la commune d'Amilly, et le Cham.

Pour le Dr Lagarde, cette nouvelle structure sera un facteur d'attractivité pour l'établissement, permettant de proposer des conditions d'exercice mixte. "Beaucoup de jeunes médecins recherchent la diversité d'activité", a-t-il assuré.

"Dans le cadre du recrutement médical […] il faut travailler en commun", a-t-il toutefois prévenu. Les précédentes maisons médicales "ont été faites en solo, dans leur coin. Résultat: 80% des médecins exerçant dans ces structures viennent du territoire", a-t-il avancé.

"Il faut qu'on soit dans l'optique d'avoir un apport de 'sang neuf', de ressources nouvelles, c'est ça qui permettra que la population sera mieux prise en charge", a conclu Jean-Luc Davigo.

mg/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

19/01 2024
Retour

UNE ANNÉE "PARADOXALE" AU CH DE MONTARGIS (LOIRET), ENTRE GRANDES RÉALISATIONS ET INQUIÉTUDES SUR L'AVENIR

(Par Maxime GRAVIER, à Amilly, Loiret)

AMILLY (Loiret), 19 janvier 2024 (APMnews) - Le centre hospitalier de l'Agglomération montargoise (Cham) a connu une année "paradoxale" en 2023, marquée par l'extension des urgences et la certification de la Haute autorité de santé (HAS), mais aussi par un creusement du déficit et des difficultés de recrutement, a confié jeudi à APMnews le directeur de l'établissement, Jean-Luc Davigo, en marge de la cérémonie des vœux.

Au cours de son discours, Jean-Luc Davigo est d'abord revenu sur la certification HAS obtenue par le Cham en décembre 2023, avec la mention "haute qualité des soins" (cf dépêche du 15/12/2023 à 18:40), saluant le travail fourni par l'ensemble des personnels.

L'autre "grande réalisation" du Cham concerne ses urgences. La première phase du chantier, visant à agrandir ce service conçu pour accueillir 15.000 passages par an mais qui en connaît actuellement 65.000, s'est achevée en mai 2023, avec l'inauguration de l'extension.

Cette phase "a permis d'accroître d'un tiers la surface des urgences et d'améliorer la prise en charge, avec une réorganisation des circuits", a expliqué le directeur. Un nouveau scanner réservé aux urgences est aussi prévu.

La nouvelle extension des urgences du Cham
La nouvelle extension des urgences du Cham

"A terme, la capacité des urgences va doubler, passant de huit box à 16", a abondé le président de la commission médicale d'établissement (CME), le Dr Fabrice Lagarde. Le développement de l'activité ambulatoire doit également participer au désengorgement des urgences.

Le Cham va néanmoins se retrouver dans une "période de transition compliquée" en 2024, selon Jean-Luc Davigo. Le service des urgences "va être contraint sur un gros tiers de la surface complète", le temps que les anciens locaux soient rénovés, a-t-il expliqué. La fin de ces travaux est espérée pour l'été, voire l'automne 2024.

La seconde phase porte sur l'agrandissement des blocs opératoire et obstétrical. Là aussi, une extension a été réalisée. Les équipes "vont basculer dans la nouvelle partie en mars […] et les blocs seront complètement ouverts fin 2024, début 2025" après la reconstruction de l'ancien site, a-t-il noté.

"Le bloc opératoire sera repensé pour être adapté à la demande: il y aura six salles d'opération et deux salles d'endoscopie, une salle de réveil plus grande, afin de prendre en compte le développement de la chirurgie ambulatoire", a détaillé le directeur du Cham dans son discours.

Une activité en hausse mais pas encore au niveau de 2019

Ce chantier va nécessairement affecter l'activité de l'établissement, "notamment en chirurgie", a pointé Jean-Luc Davigo.

"L'activité au bloc opératoire est […] en retrait de 100 interventions" en août 2023 comparé à août 2019. "Automatiquement, les prises en charge en chirurgie suivent cette tendance", a-t-il constaté. Sur la même période, les hospitalisations complètes sont en recul de 7%, avec 11.400 prises en charge à fin août 2023.

Globalement, "l'activité de l'établissement a progressé par rapport à 2022", a soutenu le directeur, mais elle n'a pas encore retrouvé son niveau pré-Covid.

L'activité externe a "bien repris", grâce au développement de certaines spécialités (ophtalmologie et ORL), et l'activité de chimiothérapie est en forte augmentation (+20%) sur la période.

La difficulté du Cham à recruter et fidéliser ses effectifs pèse aussi sur l'activité. "Les difficultés concernent surtout les paramédicaux", a estimé le Dr Fabrice Lagarde, citant notamment les infirmiers de bloc opératoire (Ibode) et les infirmiers anesthésistes (Iade). Le Cham affiche ainsi 60 postes vacants d'infirmiers.

Côté médical, l'établissement a "une petite moitié" de ses médecins qui sont des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue).

"C'est un choix qu'on a fait il y a longtemps. Soit on avait un recours large à l'intérim médical, dont on connaît les limites […], soit on accueillait et formait des étudiants étrangers", a résumé le président de la CME.

"La difficulté, après, c'est de les fidéliser", a-t-il reconnu. Le Cham forme "beaucoup" de Padhue mais "le choix des répartitions incombe au Centre national de gestion [CNG], à la tutelle et à l'établissement support [le CHU d'Orléans]: on se retrouve dans le paradoxe de former beaucoup de [Padhue] mais de ne pas avoir la certitude ensuite de pouvoir les conserver", a-t-il regretté.

Un projet de résidence pour ces médecins existe "à moyen terme", a fait savoir le directeur du Cham.

Creusement du déficit

Les anciens locaux des urgences du Cham
Les anciens locaux des urgences du Cham

Le chantier des blocs et des urgences représente un coût pour l'établissement: 20 millions d'euros (M€).

Si un tiers de cet investissement est financé par une subvention de l'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire, le reste est à la charge du Cham.

Le déficit financier de l'hôpital s'est par conséquent creusé entre 2022 et 2023, pour atteindre -8,5 M€, soit "presque le double" de l'année précédente, pour un budget de 171 M€.

Cette situation est liée aux mesures de revalorisations salariales du Ségur, à une activité pas encore tout à fait retrouvée et à l'inflation du coût de l'énergie, a justifié Jean-Luc Davigo. Sur ce dernier point, "les contrats qui ont été négociés en 2022 nous ont été très défavorables", a-t-il jugé.

La direction du Cham prépare ainsi un plan de relance de l'activité afin de retrouver une situation financière plus équilibrée.

Développer l'exercice mixte

En ophtalmologie, le Cham a prévu d'acquérir des écrans de vidéo-management, permettant aux chirurgiens de pouvoir solliciter l'avis d'expert en temps réel et de mettre en place de nouvelles collaborations avec le CHU d'Orléans, en chirurgie bariatrique par exemple.

Plus largement, la transformation de l'hôpital d'Orléans en CHU (cf dépêche du 13/10/2023 à 13:18) doit permettre au Cham d'attirer davantage d'internes, a espéré la direction.

En 2025, "une maison de santé pluriprofessionnelle va s'implanter à proximité immédiate de l'hôpital", permettant de "désengorger les urgences", a en outre mis en exergue la présidente du conseil de surveillance, Marie-Laure Carnezat. "C'est un vrai projet de santé, ce qui nous permet d'avoir des financements de l'ARS, et le fait d'être à côté de l'hôpital montre notre volonté de travailler avec ce dernier", a-t-elle poursuivi.

Une convention a ainsi été signée entre la future maison de santé, portée par la commune d'Amilly, et le Cham.

Pour le Dr Lagarde, cette nouvelle structure sera un facteur d'attractivité pour l'établissement, permettant de proposer des conditions d'exercice mixte. "Beaucoup de jeunes médecins recherchent la diversité d'activité", a-t-il assuré.

"Dans le cadre du recrutement médical […] il faut travailler en commun", a-t-il toutefois prévenu. Les précédentes maisons médicales "ont été faites en solo, dans leur coin. Résultat: 80% des médecins exerçant dans ces structures viennent du territoire", a-t-il avancé.

"Il faut qu'on soit dans l'optique d'avoir un apport de 'sang neuf', de ressources nouvelles, c'est ça qui permettra que la population sera mieux prise en charge", a conclu Jean-Luc Davigo.

mg/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.