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07/04 2023
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UNE PHARMACIENNE CLINICIENNE AUX URGENCES DU CHU DE MONTPELLIER

(Par Sylvie LAPOSTOLLE)

MONTPELLIER, 7 avril 2023 (APMnews) - La pharmacie clinique au sein des urgences participe à améliorer la prise de charge des patients admis aux urgences et facilite la gestion du circuit du médicament, montre l'expérience du CHU de Montpellier.

"Le service de médecine d'urgence du CHU de Montpellier possède une organisation originale basée sur la collaboration médecin-pharmacien clinicien. Si cette collaboration est courante dans les autres services de soins, sa mise en place dans un service d'urgence est un point fort pour le service", souligne l'établissement dans un communiqué.

"L'activité de pharmacie clinique s'est beaucoup développée dans les services de soins mais elle reste rare aux urgences", a expliqué à APMnews Marion Laureau, pharmacienne en charge de cette activité au CHU de Montpellier.

La présence pharmaceutique aux urgences du CHU de Montpellier a commencé par la création en 2012 d'un observatoire d'événements indésirables médicamenteux (Urgeim) déployé au sein des urgences adultes par un interne en pharmacie hospitalière pour détecter les événements iatrogènes à l'arrivée des patients dans le service. Puis en 2018, des externes sont venus prêter main-forte, a-t-elle relaté.

"De 15% à 18% des patients viennent pour un problème iatrogène de ville. C'est ce qui entraîne leur consultation aux urgences. Avec le bilan médicamenteux optimisé (BMO) que nous réalisons, on détecte le problème rapidement et on peut éviter l'hospitalisation", a-t-elle décrit.

En 2018, l'équipe pharmaceutique s'est agrandie avec la nomination d'un pharmacien clinicien à plein temps, Marion Laureau. Elle avait fait sa thèse sur la transmission des courriers au médecin traitant et au pharmacien.

L'équipe a été retenue dans le cadre du programme de recherche sur la performance du système de soins (Preps) 2017 de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pour évaluer l'intérêt d'un lien optimisé ville-hôpital sur le taux de réadmission aux urgences pour EIM dans une étude contrôlée, randomisée. Cela a permis de financer un temps de pharmacien assistant et son activité plein-temps a démarré en novembre 2018. La pharmacienne a pu alors systématiser la réalisation de BMO à l'accueil des patients aux urgences en filière médico-chirurgicale et soins intensifs à l'hôpital Lapeyronie et développer d'autres activités.

Sa présence aux urgences permet de réaliser de multiples activités pharmaceutiques:

  • réalisation des BMO pour connaître la liste exhaustive des traitements des patients aux urgences et permettre la détection d'éventuels EIM
  • transmission d'un courrier aux professionnels ambulatoires (médecin traitant et pharmacien d'officine) lors de la détection d'EIM
  • aide à la prescription et validation des prescriptions du service
  • suivi des prélèvements bactériologiques des patients sortis des urgences avec un traitement antibiotique probabiliste ou sans traitement et transmission des résultats positifs au médecin traitant.

"J'analyse et je valide les ordonnances en temps réel. L'équipe pharmaceutique [elle-même comme pharmacien senior, un interne, des externes] est positionnée dans le bureau médical aux côtés des urgentistes. Donc toutes les interventions sont acceptées par les médecins. Nous pouvons leur fournir une aide à la prescription en direct. Cela facilite beaucoup les discussions", a expliqué Marion Laureau.

"Actuellement, présents de 8h30 à 18h, nous voyons 90% des patients en filière médico-chirurgicale et soins intensifs (tous ceux qui ont besoin de bilans et qui seront hospitalisés)", a-t-elle ajouté. Les patients qui viennent pour une imagerie et repartent ensuite ne sont pas vus, sauf demande spécifique. Quand l'équipe pharmaceutique est réduite, son intervention est davantage ciblée sur les situations plus à risque (patients de plus de 65 ans avec comorbidités, polymédiqués, vivant à domicile), tandis que les patients jeunes ou vivant en institution (pour lesquels un relevé de traitement est fourni) sont étudiés dans un deuxième temps.

Pour établir le BMO, la pharmacienne doit interroger le patient, sa famille, son pharmacien d'officine pour retrouver ses prescriptions avant qu'il n'arrive à l'hôpital.

"Nous réalisons 400 BMO par mois et 5.000 BMO par an", a-t-elle chiffré. Les urgences générales adultes de l'hôpital Lapeyronie enregistrent plus de 52.000 passages annuels et la filière médico-chirurgicale et soins intensifs compte pour 30%.

Auprès des patients en UHCD

L'équipe intervient en particulier au niveau de l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) où sont placés des patients qui attendent une hospitalisation. "Dans cette unité, on y va tous les matins pour voir les patients admis la nuit. On aide à la represcription de leurs traitements chroniques pour des traitements anti-épileptiques ou contre le rejet de greffe par exemple pour s'assurer qu'ils le prennent aux bonnes heures", a-t-elle rapporté.

"Pour les patients qui ont reçu un traitement antibiotique probabiliste, par exemple pour une pyélonéphrite ou une infection urinaire, nous nous occupons d'appeler le médecin traitant et le patient une fois le résultat obtenu de l'ECBU [examen cytobactériologique des urines]. Notre action améliore le lien ville-hôpital", a-t-elle souligné.

L'expérience montre que l'intervention de l'équipe pharmaceutique est profitable au patient notamment pour réduire les hospitalisations.

L'étude financée par le Preps qui avait comme critère principal la réhospitalisation pour même motif est terminée. Les résultats seront publiés prochainement et sont "très positifs", a-t-elle annoncé.

"Quand on fait une alerte, elle est prise en compte et représente une vraie aide pour le médecin urgentiste", poursuit-elle.

La pharmacienne a cité le cas récent d'une patiente jeune venue aux urgences pour confusion sous anti-épileptique avec un traitement par un macrolide. Cet antibiotique est connu pour entraîner un surdosage de l'anti-épileptique. Très vite, l'équipe a posé le diagnostic de iatrogénie et cela a évité une hospitalisation pour explorations. L'antibiotique a été changé, le dosage de l'anti-épileptique a été vérifié et la patiente a pu rentrer chez elle.

"Ce n'est pas la même pharmacie clinique que dans un service d'hospitalisation conventionnelle où les patients restent et où il y a plus de suivi, mais les activités sont plus larges et les urgences restent un service à risque sur le circuit du médicament. La pharmacie clinique sécurise; c'est une aide quotidienne", a témoigné la pharmacienne qui se plaît beaucoup aux urgences où elle est "complètement intégrée à l'équipe médicale".

Marion Laureau est également la référente médicament et matériel du service. Elle fait ainsi le lien avec la pharmacie. Coresponsable des postes sanitaires mobiles (moyens nationaux déployables en cas de situations sanitaires exceptionnelles -SSE) et adjointe du médecin urgentiste référent des SSE, elle participe à la gestion de crise et des plans urgences au sein du CHU de Montpellier.

Un poste pérennisé

Après le Preps, le pôle urgences a pris le relais du financement de son poste en tant que praticien contractuel. Après trois ans, Marion Laureau va être titularisée au 1er juillet. Elle est rattachée à la pharmacie à usage intérieur (PUI) et détachée aux urgences selon une convention établie entre les deux services.

Au CHU de Montpellier, un poste de pharmacien clinicien existe aussi en cardiologie, cite-t-elle.

La pharmacienne accueille beaucoup d'internes en pharmacie qui iront ensuite travailler en officine. Les urgences sont un service très formateur pour savoir réagir quand un patient se présente avec un problème. Leur stage permet de les sensibiliser à répondre aux sollicitations des pharmaciens hospitaliers qui appellent les pharmacies de ville pour connaître les prescriptions des patients. "Les officinaux sont toujours aidants quand on appelle pour un patient qui est aux urgences. Ils sont très réactifs. En moins de 15 minutes, on a un retour", rapporte-t-elle.

La pharmacienne a en projet de travailler sur la conciliation médicamenteuse de sortie pour les patients qui rentrent à leur domicile après un ou deux jours en UHCD dans le but d'informer le médecin traitant des modifications du traitement chronique qui auraient été faites pendant le séjour à l'hôpital en lui transmettant un courrier avec la conciliation de sortie.

sl/ab/APMnews

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MONTPELLIER, 7 avril 2023 (APMnews) - La pharmacie clinique au sein des urgences participe à améliorer la prise de charge des patients admis aux urgences et facilite la gestion du circuit du médicament, montre l'expérience du CHU de Montpellier.

"Le service de médecine d'urgence du CHU de Montpellier possède une organisation originale basée sur la collaboration médecin-pharmacien clinicien. Si cette collaboration est courante dans les autres services de soins, sa mise en place dans un service d'urgence est un point fort pour le service", souligne l'établissement dans un communiqué.

"L'activité de pharmacie clinique s'est beaucoup développée dans les services de soins mais elle reste rare aux urgences", a expliqué à APMnews Marion Laureau, pharmacienne en charge de cette activité au CHU de Montpellier.

La présence pharmaceutique aux urgences du CHU de Montpellier a commencé par la création en 2012 d'un observatoire d'événements indésirables médicamenteux (Urgeim) déployé au sein des urgences adultes par un interne en pharmacie hospitalière pour détecter les événements iatrogènes à l'arrivée des patients dans le service. Puis en 2018, des externes sont venus prêter main-forte, a-t-elle relaté.

"De 15% à 18% des patients viennent pour un problème iatrogène de ville. C'est ce qui entraîne leur consultation aux urgences. Avec le bilan médicamenteux optimisé (BMO) que nous réalisons, on détecte le problème rapidement et on peut éviter l'hospitalisation", a-t-elle décrit.

En 2018, l'équipe pharmaceutique s'est agrandie avec la nomination d'un pharmacien clinicien à plein temps, Marion Laureau. Elle avait fait sa thèse sur la transmission des courriers au médecin traitant et au pharmacien.

L'équipe a été retenue dans le cadre du programme de recherche sur la performance du système de soins (Preps) 2017 de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pour évaluer l'intérêt d'un lien optimisé ville-hôpital sur le taux de réadmission aux urgences pour EIM dans une étude contrôlée, randomisée. Cela a permis de financer un temps de pharmacien assistant et son activité plein-temps a démarré en novembre 2018. La pharmacienne a pu alors systématiser la réalisation de BMO à l'accueil des patients aux urgences en filière médico-chirurgicale et soins intensifs à l'hôpital Lapeyronie et développer d'autres activités.

Sa présence aux urgences permet de réaliser de multiples activités pharmaceutiques:

  • réalisation des BMO pour connaître la liste exhaustive des traitements des patients aux urgences et permettre la détection d'éventuels EIM
  • transmission d'un courrier aux professionnels ambulatoires (médecin traitant et pharmacien d'officine) lors de la détection d'EIM
  • aide à la prescription et validation des prescriptions du service
  • suivi des prélèvements bactériologiques des patients sortis des urgences avec un traitement antibiotique probabiliste ou sans traitement et transmission des résultats positifs au médecin traitant.

"J'analyse et je valide les ordonnances en temps réel. L'équipe pharmaceutique [elle-même comme pharmacien senior, un interne, des externes] est positionnée dans le bureau médical aux côtés des urgentistes. Donc toutes les interventions sont acceptées par les médecins. Nous pouvons leur fournir une aide à la prescription en direct. Cela facilite beaucoup les discussions", a expliqué Marion Laureau.

"Actuellement, présents de 8h30 à 18h, nous voyons 90% des patients en filière médico-chirurgicale et soins intensifs (tous ceux qui ont besoin de bilans et qui seront hospitalisés)", a-t-elle ajouté. Les patients qui viennent pour une imagerie et repartent ensuite ne sont pas vus, sauf demande spécifique. Quand l'équipe pharmaceutique est réduite, son intervention est davantage ciblée sur les situations plus à risque (patients de plus de 65 ans avec comorbidités, polymédiqués, vivant à domicile), tandis que les patients jeunes ou vivant en institution (pour lesquels un relevé de traitement est fourni) sont étudiés dans un deuxième temps.

Pour établir le BMO, la pharmacienne doit interroger le patient, sa famille, son pharmacien d'officine pour retrouver ses prescriptions avant qu'il n'arrive à l'hôpital.

"Nous réalisons 400 BMO par mois et 5.000 BMO par an", a-t-elle chiffré. Les urgences générales adultes de l'hôpital Lapeyronie enregistrent plus de 52.000 passages annuels et la filière médico-chirurgicale et soins intensifs compte pour 30%.

Auprès des patients en UHCD

L'équipe intervient en particulier au niveau de l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) où sont placés des patients qui attendent une hospitalisation. "Dans cette unité, on y va tous les matins pour voir les patients admis la nuit. On aide à la represcription de leurs traitements chroniques pour des traitements anti-épileptiques ou contre le rejet de greffe par exemple pour s'assurer qu'ils le prennent aux bonnes heures", a-t-elle rapporté.

"Pour les patients qui ont reçu un traitement antibiotique probabiliste, par exemple pour une pyélonéphrite ou une infection urinaire, nous nous occupons d'appeler le médecin traitant et le patient une fois le résultat obtenu de l'ECBU [examen cytobactériologique des urines]. Notre action améliore le lien ville-hôpital", a-t-elle souligné.

L'expérience montre que l'intervention de l'équipe pharmaceutique est profitable au patient notamment pour réduire les hospitalisations.

L'étude financée par le Preps qui avait comme critère principal la réhospitalisation pour même motif est terminée. Les résultats seront publiés prochainement et sont "très positifs", a-t-elle annoncé.

"Quand on fait une alerte, elle est prise en compte et représente une vraie aide pour le médecin urgentiste", poursuit-elle.

La pharmacienne a cité le cas récent d'une patiente jeune venue aux urgences pour confusion sous anti-épileptique avec un traitement par un macrolide. Cet antibiotique est connu pour entraîner un surdosage de l'anti-épileptique. Très vite, l'équipe a posé le diagnostic de iatrogénie et cela a évité une hospitalisation pour explorations. L'antibiotique a été changé, le dosage de l'anti-épileptique a été vérifié et la patiente a pu rentrer chez elle.

"Ce n'est pas la même pharmacie clinique que dans un service d'hospitalisation conventionnelle où les patients restent et où il y a plus de suivi, mais les activités sont plus larges et les urgences restent un service à risque sur le circuit du médicament. La pharmacie clinique sécurise; c'est une aide quotidienne", a témoigné la pharmacienne qui se plaît beaucoup aux urgences où elle est "complètement intégrée à l'équipe médicale".

Marion Laureau est également la référente médicament et matériel du service. Elle fait ainsi le lien avec la pharmacie. Coresponsable des postes sanitaires mobiles (moyens nationaux déployables en cas de situations sanitaires exceptionnelles -SSE) et adjointe du médecin urgentiste référent des SSE, elle participe à la gestion de crise et des plans urgences au sein du CHU de Montpellier.

Un poste pérennisé

Après le Preps, le pôle urgences a pris le relais du financement de son poste en tant que praticien contractuel. Après trois ans, Marion Laureau va être titularisée au 1er juillet. Elle est rattachée à la pharmacie à usage intérieur (PUI) et détachée aux urgences selon une convention établie entre les deux services.

Au CHU de Montpellier, un poste de pharmacien clinicien existe aussi en cardiologie, cite-t-elle.

La pharmacienne accueille beaucoup d'internes en pharmacie qui iront ensuite travailler en officine. Les urgences sont un service très formateur pour savoir réagir quand un patient se présente avec un problème. Leur stage permet de les sensibiliser à répondre aux sollicitations des pharmaciens hospitaliers qui appellent les pharmacies de ville pour connaître les prescriptions des patients. "Les officinaux sont toujours aidants quand on appelle pour un patient qui est aux urgences. Ils sont très réactifs. En moins de 15 minutes, on a un retour", rapporte-t-elle.

La pharmacienne a en projet de travailler sur la conciliation médicamenteuse de sortie pour les patients qui rentrent à leur domicile après un ou deux jours en UHCD dans le but d'informer le médecin traitant des modifications du traitement chronique qui auraient été faites pendant le séjour à l'hôpital en lui transmettant un courrier avec la conciliation de sortie.

sl/ab/APMnews

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