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19/12 2023
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UNE PLAINTE DÉPOSÉE CONTRE LE CH D'HYÈRES ET SON DIRECTEUR POUR HOMICIDE INVOLONTAIRE

HYERES (Var), 19 décembre 2023 (APMnews) - La famille d'un jeune homme de 25 ans décédé fin septembre aux urgences du centre hospitalier (CH) d'Hyères a déposé une plainte pour homicide involontaire à l'encontre de l'établissement, de son directeur Yves Lebras et contre X pour "maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité".

Le jeune homme, prénommé Lucas, infecté par un méningocoque W135, est mort au service des urgences du CH, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.

La plainte et un courrier adressé par la mère du défunt au ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, dont APMnews a eu copies, relatent les faits. Ces documents sont notamment basés sur le dossier médical du patient, qui a été adressé anonymement à sa famille.

Malade depuis le vendredi 29 septembre, le jeune homme a vu son état se dégrader le samedi. Il avait notamment les lèvres bleues, et a fait appel au 15, avant d'être hospitalisé vers 16h aux urgences, sur un brancard, dans un couloir.

Le rapport des pompiers l'ayant pris en charge mentionne alors une "douleur abdominale depuis [la veille au] soir", des vomissements, une faiblesse et une douleur costale.

Ces deux derniers éléments ont été omis par l'agent hospitalier qui a retranscrit les motifs de l'admission. Les lèvres bleues ne sont mentionnées nulle part.

Les heures qui suivent sont marquées par des échanges de SMS et d'appels entre Lucas et sa mère, où il fait part de fortes douleurs, de difficultés à respirer et d'absence de prise en charge malgré ses demandes, hormis un électrocardiogramme vers 17h30, indiquant 121 battements par minute.

Près de 45 minutes plus tard, le jeune homme annonce avoir fait l'objet d'une prise de sang à sa mère, qui sera reçue vers 20h30 au laboratoire du CH de Toulon. Entre-temps, un médecin vient ausculter "vite fait" le jeune homme, selon un de ses derniers SMS.

"Si cette première analyse sanguine ne déterminait d'ailleurs pas le fait que ce soit un méningocoque, ce qui serait établi post-mortem, elle démontrait cependant la septicémie par son résultat très alarmant", mentionne la plainte.

Un hôpital débordé

Un autre jeune homme hospitalisé à proximité, choqué d'avoir vu son voisin de brancard perdre lentement la vie dans l'indifférence, a témoigné par écrit.

Il fait part de la dégradation de l'état de son voisin, d'un malaise qualifié de vagal par un médecin, vers 22h, puis de son transfert en salle de déchocage, d'un premier arrêt cardiaque, de l'absence de chirurgien de garde, d'un second arrêt cardiaque, d'une quête éperdue d'adrénaline dans l'établissement (trouvée dans le véhicule du Samu), d'un troisième arrêt cardiaque suivi d'un massage cardiaque de 45 minutes, avant que le décès ne soit constaté à 2h du matin.

L'équipe médicale mentionne dans le dossier, deux heures avant le décès: "hôpital en tension, pas de place dans les étages, pas de box scopé dispo aux urgences, plus de brancards disponibles, multiples appels des pompiers à la régulation pour prévenir de l'afflux important, médecin du Smur en interventions la plupart du temps donc seulement deux médecins aux urgences ce jour: appel à plusieurs reprises de la cadre de jour et de l'administrateur de garde pour avertir de la mise en danger des patients!".

La famille affirme par ailleurs avoir rencontré a posteriori le chef de service des urgences, qui aurait estimé que le décès relevait d'une faute de l'établissement, et leur aurait conseillé de "déposer plainte et de médiatiser l'affaire".

Au cours d'un rendez-vous avec la commission des usagers, la direction de l'établissement aurait indiqué à la famille que "l'établissement n'avait commis aucune faute et qu'il ne pouvait être tenu responsable", "manquait de moyens matériels, humains et financiers, et qu'il ne pouvait prendre en charge, de manière efficiente, l'ensemble des patients qui se présentaient au service des urgences".

Contactée par APMnews, la direction du CH indique collaborer "pleinement à l'enquête menée par l'autorité compétente" et refuse de "divulguer les détails du dossier du patient", au nom du secret médical.

Elle fait part de son émotion quant au décès du jeune patient.

bd/ab/APMnews

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UNE PLAINTE DÉPOSÉE CONTRE LE CH D'HYÈRES ET SON DIRECTEUR POUR HOMICIDE INVOLONTAIRE

HYERES (Var), 19 décembre 2023 (APMnews) - La famille d'un jeune homme de 25 ans décédé fin septembre aux urgences du centre hospitalier (CH) d'Hyères a déposé une plainte pour homicide involontaire à l'encontre de l'établissement, de son directeur Yves Lebras et contre X pour "maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité".

Le jeune homme, prénommé Lucas, infecté par un méningocoque W135, est mort au service des urgences du CH, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.

La plainte et un courrier adressé par la mère du défunt au ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, dont APMnews a eu copies, relatent les faits. Ces documents sont notamment basés sur le dossier médical du patient, qui a été adressé anonymement à sa famille.

Malade depuis le vendredi 29 septembre, le jeune homme a vu son état se dégrader le samedi. Il avait notamment les lèvres bleues, et a fait appel au 15, avant d'être hospitalisé vers 16h aux urgences, sur un brancard, dans un couloir.

Le rapport des pompiers l'ayant pris en charge mentionne alors une "douleur abdominale depuis [la veille au] soir", des vomissements, une faiblesse et une douleur costale.

Ces deux derniers éléments ont été omis par l'agent hospitalier qui a retranscrit les motifs de l'admission. Les lèvres bleues ne sont mentionnées nulle part.

Les heures qui suivent sont marquées par des échanges de SMS et d'appels entre Lucas et sa mère, où il fait part de fortes douleurs, de difficultés à respirer et d'absence de prise en charge malgré ses demandes, hormis un électrocardiogramme vers 17h30, indiquant 121 battements par minute.

Près de 45 minutes plus tard, le jeune homme annonce avoir fait l'objet d'une prise de sang à sa mère, qui sera reçue vers 20h30 au laboratoire du CH de Toulon. Entre-temps, un médecin vient ausculter "vite fait" le jeune homme, selon un de ses derniers SMS.

"Si cette première analyse sanguine ne déterminait d'ailleurs pas le fait que ce soit un méningocoque, ce qui serait établi post-mortem, elle démontrait cependant la septicémie par son résultat très alarmant", mentionne la plainte.

Un hôpital débordé

Un autre jeune homme hospitalisé à proximité, choqué d'avoir vu son voisin de brancard perdre lentement la vie dans l'indifférence, a témoigné par écrit.

Il fait part de la dégradation de l'état de son voisin, d'un malaise qualifié de vagal par un médecin, vers 22h, puis de son transfert en salle de déchocage, d'un premier arrêt cardiaque, de l'absence de chirurgien de garde, d'un second arrêt cardiaque, d'une quête éperdue d'adrénaline dans l'établissement (trouvée dans le véhicule du Samu), d'un troisième arrêt cardiaque suivi d'un massage cardiaque de 45 minutes, avant que le décès ne soit constaté à 2h du matin.

L'équipe médicale mentionne dans le dossier, deux heures avant le décès: "hôpital en tension, pas de place dans les étages, pas de box scopé dispo aux urgences, plus de brancards disponibles, multiples appels des pompiers à la régulation pour prévenir de l'afflux important, médecin du Smur en interventions la plupart du temps donc seulement deux médecins aux urgences ce jour: appel à plusieurs reprises de la cadre de jour et de l'administrateur de garde pour avertir de la mise en danger des patients!".

La famille affirme par ailleurs avoir rencontré a posteriori le chef de service des urgences, qui aurait estimé que le décès relevait d'une faute de l'établissement, et leur aurait conseillé de "déposer plainte et de médiatiser l'affaire".

Au cours d'un rendez-vous avec la commission des usagers, la direction de l'établissement aurait indiqué à la famille que "l'établissement n'avait commis aucune faute et qu'il ne pouvait être tenu responsable", "manquait de moyens matériels, humains et financiers, et qu'il ne pouvait prendre en charge, de manière efficiente, l'ensemble des patients qui se présentaient au service des urgences".

Contactée par APMnews, la direction du CH indique collaborer "pleinement à l'enquête menée par l'autorité compétente" et refuse de "divulguer les détails du dossier du patient", au nom du secret médical.

Elle fait part de son émotion quant au décès du jeune patient.

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