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13/10 2023
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URGENCES DE CARHAIX: LES RESPONSABLES MÉDICAUX DU CHU DE BREST TENTENT LA PÉDAGOGIE POUR CALMER L'AGITATION

BREST (Finistère), 13 octobre 2023 (APMnews) - Les responsables médicaux du CHU de Brest-Carhaix tentent la pédagogie auprès des habitants et élus pour expliquer que la régulation des urgences garantit un accès à des soins de qualité et qu'ils n'ont pas de "solutions miracles", dans une lettre ouverte adressée aux populations et aux élus du Finistère et du Centre Bretagne diffusée vendredi.

Lundi, la gouvernance du CHU de Brest-Carhaix a prôné l'apaisement et demandé que soient reconnus les efforts des équipes hospitalières pour assurer les activités de l'hôpital de Carhaix, dans le contexte de crise de la démographie médicale (cf dépêche du 10/10/2023 à 09:24), mais l'agitation a continué. Des élus et les comités de défense n'acceptent pas la régulation des urgences de l'hôpital carhaisien la nuit en vigueur depuis septembre.

"Depuis plusieurs semaines, nous sommes témoins de paroles qui laissent penser que les difficultés rencontrées à Carhaix sont spécifiques et ne sont que la conséquence de volontés personnelles, en omettant de mentionner que ces obstacles concernent l'ensemble du territoire national", écrivent une vingtaine de chefs de service (voir encadré) dans cette lettre pour appeler au calme.

"Nous sommes spectateurs d'actes stupéfiants menés de manière répétée par quelques-uns, qui en instaurant une pression permanente sur notre gouvernance, espèrent une mise en œuvre de solutions miracles qui n'existent pas", estiment-ils.

"Nous sommes destinataires d'une expression publique qui ne rend pas justice à l'engagement constant et répété de l'ensemble de notre communauté médicale, soignante, technique et administrative au service de la santé de la population du Centre Bretagne", poursuivent-ils.

Les médecins expliquent que "la régulation des urgences mise en œuvre à Carhaix comme dans de nombreux autres établissements de santé en Bretagne et en France n'est qu'un reflet de la crise de la démographie médicale qui affecte tous les territoires".

"En dépit de nos efforts, 13 postes sont actuellement vacants au sein de l'équipe d'urgentistes de Brest-Carhaix, situation qui s'est malheureusement dégradée en fin d'été, obligeant les personnes présentes à se réorganiser et à effectuer des heures supplémentaires pour maintenir une prise en charge adaptée."

"Le problème n'est donc pas budgétaire mais bien celui de pouvoir parvenir à recruter de nouveaux médecins en l'absence de ressource disponible dans le pays. Il n'existe pas de médecin caché."

Tout comme Carhaix, Brest connaît aussi son lot de difficultés. "La décision en septembre des anesthésistes d'arrêter la réalisation de temps de travail additionnel, en raison d'un épuisement important pour pallier la dizaine de postes vacants et le manque de réponse de l'intérim médical en suite de la loi Rist qui en a encadré les rémunérations, est un autre reflet de ces difficultés", rappellent-ils. Cette crise, qui entraîne des déprogrammations depuis début septembre (cf dépêche du 07/09/2023 à 18:26), n'est pas résolue faute d'accord entre les anesthésistes et la direction, note-t-on.

Les médecins expliquent que "même régulées, les urgences de Carhaix restent ouvertes". "La porte de l'hôpital n'est pas fermée. La lumière n'est pas éteinte. Des soignants et un médecin sont présents. Des patients continuent d'être accueillis physiquement sur ce site et sur d'autres, dans des conditions de sécurité garanties. D'ailleurs, les urgences vitales sont maintenues 24h/24 et 7j/7, tant en externe (via un équipage Smur) qu'en interne (via la présence d'un anesthésiste-réanimateur)."

Plus largement, "l'exposition à laquelle nous sommes bien malgré nous confrontés, entretenue par des raisonnements infondés, est de nature à nier la réalité de notre engagement collectif depuis maintenant près de 15 ans au service de la population du bassin carhaisien".

"Ces mises en cause répétées nous exposent au découragement des médecins, des soignants, des techniciens et des administratifs qui œuvrent au quotidien et sans compter pour cet établissement et ses patients."

Plus de 60 médecins exercent en temps partagé entre Brest et Carhaix -un chiffre "inédit" pour un hôpital de cette taille pour maintenir les activités.

Pour continuer à porter des projets pour Carhaix, en lien avec la médecine de ville, ils demandent de pouvoir "retrouver un cadre de travail apaisé et du respect dans les échanges".

"Nous souhaitons construire un chemin collectif dans la durée, sans outrance et sans violence. Nous en appelons au sens des responsabilités des élus et des comités, dans l'intérêt de la population que nous nous faisons un honneur et un devoir de soigner sur les sites de Carhaix, de Brest et sur tout notre territoire", concluent-ils.

Aurélien Rousseau défend la régulation

Interpellé mercredi, en commission des affaires sociales, le ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, a défendu le recours à la régulation faute de mieux.

"Le service des urgences de Carhaix n'était pas fermé; il était régulé. Nous avons trouvé pendant quelques jours un médecin militaire qui est venu renforcer", a-t-il expliqué.

"On ne ferme jamais un service pour des raisons financières mais je ne laisserai pas un service ouvert dans lequel je n'amènerais aucun de mes trois enfants pour s'y faire soigner", a-t-il déclaré.

"Aujourd'hui, quand on a une ligne de garde qui n'est pas tenue, ma responsabilité -et celle du directeur d'ARS, celle du directeur d'hôpital- c'est de mettre en place un autre système, c'est ce qui a été fait avec la régulation par le 15", a-t-il ajouté.

"Je pense que la régulation n'est pas une situation satisfaisante par rapport à ce que nous avons connu" mais on ne pourra pas tenir si on reste dans "une situation binaire" où "soit on a tous les médecins soit on ferme".

Signataires de la lettre ouverte

Dr Lydie Abalea, cheffe du pôle Femme-Mère-Enfant; le Pr Sylvie Boisramé, doyenne de la faculté d'odontologie, cheffe du pôle organes des sens; le Dr Franck Cholet, chef du pôle coordination des plateformes ambulatoires; le Pr Béatrice Cochener, doyenne de la faculté de médecine; le Dr Virginie Coguelet, cheffe du pôle pharmacie; le Dr Françoise Duquesne, cheffe du pôle personnes âgées, réadaptation, médecine; le Dr Philippe Guillo, chef du pôle imagerie; le Pr Cédric Le Maréchal, chef du pôle biologie-pathologie; le Dr Gildas L'Heveder, chef du pôle neurolocomoteur, gériatrique, infectiologique; le Pr Jacques Mansourati, chef du pôle vasculaire; le Pr Olivier Pradier, chef du pôle cancérologie; le Pr Alain Saraux, chef du pôle recherche et santé publique; le Pr Eric Stindel, président de la commission médicale d'établissement (CME); le Pr Jérémie Théreaux, chef des pôles transplantation, uro-viscéral et coordination des blocs opératoires; le Dr Catherine Théréné-Mouden, vice-présidente de la CME; le Dr Jean-Marie Tonnelier, chef du pôle anesthésie, soins d'urgence, réanimation; et le Pr Michel Walter, chef du pôle psychiatrie.

sl/ab/APMnews

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Lundi, la gouvernance du CHU de Brest-Carhaix a prôné l'apaisement et demandé que soient reconnus les efforts des équipes hospitalières pour assurer les activités de l'hôpital de Carhaix, dans le contexte de crise de la démographie médicale (cf dépêche du 10/10/2023 à 09:24), mais l'agitation a continué. Des élus et les comités de défense n'acceptent pas la régulation des urgences de l'hôpital carhaisien la nuit en vigueur depuis septembre.

"Depuis plusieurs semaines, nous sommes témoins de paroles qui laissent penser que les difficultés rencontrées à Carhaix sont spécifiques et ne sont que la conséquence de volontés personnelles, en omettant de mentionner que ces obstacles concernent l'ensemble du territoire national", écrivent une vingtaine de chefs de service (voir encadré) dans cette lettre pour appeler au calme.

"Nous sommes spectateurs d'actes stupéfiants menés de manière répétée par quelques-uns, qui en instaurant une pression permanente sur notre gouvernance, espèrent une mise en œuvre de solutions miracles qui n'existent pas", estiment-ils.

"Nous sommes destinataires d'une expression publique qui ne rend pas justice à l'engagement constant et répété de l'ensemble de notre communauté médicale, soignante, technique et administrative au service de la santé de la population du Centre Bretagne", poursuivent-ils.

Les médecins expliquent que "la régulation des urgences mise en œuvre à Carhaix comme dans de nombreux autres établissements de santé en Bretagne et en France n'est qu'un reflet de la crise de la démographie médicale qui affecte tous les territoires".

"En dépit de nos efforts, 13 postes sont actuellement vacants au sein de l'équipe d'urgentistes de Brest-Carhaix, situation qui s'est malheureusement dégradée en fin d'été, obligeant les personnes présentes à se réorganiser et à effectuer des heures supplémentaires pour maintenir une prise en charge adaptée."

"Le problème n'est donc pas budgétaire mais bien celui de pouvoir parvenir à recruter de nouveaux médecins en l'absence de ressource disponible dans le pays. Il n'existe pas de médecin caché."

Tout comme Carhaix, Brest connaît aussi son lot de difficultés. "La décision en septembre des anesthésistes d'arrêter la réalisation de temps de travail additionnel, en raison d'un épuisement important pour pallier la dizaine de postes vacants et le manque de réponse de l'intérim médical en suite de la loi Rist qui en a encadré les rémunérations, est un autre reflet de ces difficultés", rappellent-ils. Cette crise, qui entraîne des déprogrammations depuis début septembre (cf dépêche du 07/09/2023 à 18:26), n'est pas résolue faute d'accord entre les anesthésistes et la direction, note-t-on.

Les médecins expliquent que "même régulées, les urgences de Carhaix restent ouvertes". "La porte de l'hôpital n'est pas fermée. La lumière n'est pas éteinte. Des soignants et un médecin sont présents. Des patients continuent d'être accueillis physiquement sur ce site et sur d'autres, dans des conditions de sécurité garanties. D'ailleurs, les urgences vitales sont maintenues 24h/24 et 7j/7, tant en externe (via un équipage Smur) qu'en interne (via la présence d'un anesthésiste-réanimateur)."

Plus largement, "l'exposition à laquelle nous sommes bien malgré nous confrontés, entretenue par des raisonnements infondés, est de nature à nier la réalité de notre engagement collectif depuis maintenant près de 15 ans au service de la population du bassin carhaisien".

"Ces mises en cause répétées nous exposent au découragement des médecins, des soignants, des techniciens et des administratifs qui œuvrent au quotidien et sans compter pour cet établissement et ses patients."

Plus de 60 médecins exercent en temps partagé entre Brest et Carhaix -un chiffre "inédit" pour un hôpital de cette taille pour maintenir les activités.

Pour continuer à porter des projets pour Carhaix, en lien avec la médecine de ville, ils demandent de pouvoir "retrouver un cadre de travail apaisé et du respect dans les échanges".

"Nous souhaitons construire un chemin collectif dans la durée, sans outrance et sans violence. Nous en appelons au sens des responsabilités des élus et des comités, dans l'intérêt de la population que nous nous faisons un honneur et un devoir de soigner sur les sites de Carhaix, de Brest et sur tout notre territoire", concluent-ils.

Aurélien Rousseau défend la régulation

Interpellé mercredi, en commission des affaires sociales, le ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, a défendu le recours à la régulation faute de mieux.

"Le service des urgences de Carhaix n'était pas fermé; il était régulé. Nous avons trouvé pendant quelques jours un médecin militaire qui est venu renforcer", a-t-il expliqué.

"On ne ferme jamais un service pour des raisons financières mais je ne laisserai pas un service ouvert dans lequel je n'amènerais aucun de mes trois enfants pour s'y faire soigner", a-t-il déclaré.

"Aujourd'hui, quand on a une ligne de garde qui n'est pas tenue, ma responsabilité -et celle du directeur d'ARS, celle du directeur d'hôpital- c'est de mettre en place un autre système, c'est ce qui a été fait avec la régulation par le 15", a-t-il ajouté.

"Je pense que la régulation n'est pas une situation satisfaisante par rapport à ce que nous avons connu" mais on ne pourra pas tenir si on reste dans "une situation binaire" où "soit on a tous les médecins soit on ferme".

Signataires de la lettre ouverte

Dr Lydie Abalea, cheffe du pôle Femme-Mère-Enfant; le Pr Sylvie Boisramé, doyenne de la faculté d'odontologie, cheffe du pôle organes des sens; le Dr Franck Cholet, chef du pôle coordination des plateformes ambulatoires; le Pr Béatrice Cochener, doyenne de la faculté de médecine; le Dr Virginie Coguelet, cheffe du pôle pharmacie; le Dr Françoise Duquesne, cheffe du pôle personnes âgées, réadaptation, médecine; le Dr Philippe Guillo, chef du pôle imagerie; le Pr Cédric Le Maréchal, chef du pôle biologie-pathologie; le Dr Gildas L'Heveder, chef du pôle neurolocomoteur, gériatrique, infectiologique; le Pr Jacques Mansourati, chef du pôle vasculaire; le Pr Olivier Pradier, chef du pôle cancérologie; le Pr Alain Saraux, chef du pôle recherche et santé publique; le Pr Eric Stindel, président de la commission médicale d'établissement (CME); le Pr Jérémie Théreaux, chef des pôles transplantation, uro-viscéral et coordination des blocs opératoires; le Dr Catherine Théréné-Mouden, vice-présidente de la CME; le Dr Jean-Marie Tonnelier, chef du pôle anesthésie, soins d'urgence, réanimation; et le Pr Michel Walter, chef du pôle psychiatrie.

sl/ab/APMnews

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