Actualités de l'Urgence - APM

URGENCES: DES PROPOSITIONS POUR ORGANISER UNE FORMATION INITIALE DES ASSISTANTS DE RÉGULATION MÉDICALE
PARIS, 13 juin 2018 (APMnews) - Les représentants de la médecine d'urgence s'apprêtent à remettre à Agnès Buzyn des propositions sur la mise en oeuvre d'une formation initiale de un à deux ans des assistants de régulation médicale, a expliqué mercredi à APMnews Christine Ammirati, présidente de l'Association nationale des centres d'enseignement des soins d'urgence (Ancesu), en marge du congrès annuel de la Société française de médecine d'urgence.
Pour rappel, après l'affaire du Samu du Bas-Rhin, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, avait annoncé avoir demandé aux représentants de la médecine d'urgence, notamment la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et Samu Urgence de France, de lui remettre avant le 1er juillet une feuille de route portant sur la formation, en particulier celle des assistants de régulation médicale (ARM), les procédures et l'assurance qualité (dépêche du 14/05/2018 à 19:40).
"Nous travaillons en lien avec l'Ancesu et l'Unarm [Union nationale des ARM], pour faire évoluer la formation des ARM pour qu'ils aient un diplôme reconnu par l'Etat", a expliqué Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion du congrès Urgences 2018, qui se tient jusqu'à vendredi à Paris. Interrogée par APMnews, Christine Ammirati, présidente de l'Ancesu, qui pilote ces travaux sur le volet pédagogique, a précisé que l'association travaillait de longue date avec les représentants des ARM, prônant l'idée d'une formation initiale, "la formation d'adaptation à l'emploi [n'étant] qu'un pis-aller".
Les propositions que les organisations s'apprêtent à remettre à la ministre portent sur "une formation [d'une durée] d'entre un et deux ans", avec "des briques de compétences", a-t-elle expliqué. L'ARM "d'aujourd'hui n'est pas le permanencier d'hier. Il doit maîtriser les techniques d'information et de communication, tant les outils que la communication inter-humaine et verbale, et pour acquérir des compétences, il faut du temps, des stages et de l'apprentissage in situ", a-t-elle souligné. "Donc on [veut] faire une pédagogie d'alternance entre de la théorie et de la pratique, avec des stages d'immersion pas seulement dans les Smur, mais aussi dans les milieux de soins". Cette formation pratique pourrait d'être d'au moins six mois.
"L'idée est aussi que l'ARM puisse à terme avoir des validations d'acquis qui lui permettent d'avoir des passerelles pour aller vers d'autres professions de santé." Si cette formation était de deux ans, "on pourrait avoir une formation de type BTS ou DUT qui permettrait d'aller vers des licences professionnelles", a-t-elle poursuivi. "Il y a vraisemblablement un besoin d'environ 200 ARM par an. L'idée est de pouvoir créer ex-nihilo cinq à six centres de formation en France pour qu'il puisse y avoir une formation de qualité."
Cette formation doit être faite par des équipes "multiprofessionnelles". "Pourquoi pas imaginer une équivalence de C2I [certificat informatique et internet], comme à l'université avec des informaticiens", mais aussi, parmi les équipes enseignantes, des psychologues, des sociologues, dans la perspective d'aboutir à "une réelle formation de soignants", a plaidé la présidente de l'Ancesu.
Privilégier "un circuit court d'appel" par une "plateforme santé élargie"
En début de conférence, Agnès Ricard-Hibon a par ailleurs rappelé que le congrès de la SFMU se tenait dans un contexte particulier, notamment marqué par le premier anniversaire de la création du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine d'urgence, "point majeur d'évolution de la médecine d'urgence et de la spécialité". Une promotion de "quelque 470 internes [a] choisi de se former à cette nouvelle spécialité", a-t-elle précisé, évoquant également la création d'une "commission jeunes" au sein de la SFMU.
La période est de même marquée par "les récents drames qui ont touché nos patients", a-t-elle pointé, en référence à l'affaire du Samu du Bas-Rhin. "Si ces évènements tragiques ne doivent pas remettre en question le formidable travail effectué chaque jour par les professionnels de santé, ils nous incitent à nous remettre en question et à défendre l'évolution de nos structures pour être en capacité de [de faire face] à un enjeu majeur qui est de répondre aux besoins de la population", a-t-elle ajouté. Agnès Richard-Hibon a précisé que chaque année "31 millions d'appels arrivent sur le 15" et que plus de 20 millions de patients sont accueillis dans les structures d'urgence.
Cette année est aussi celle des "réformes annoncées puisqu'il y a des réflexions en cours sur la modernisation et l'évolution des structures d'urgence avec l'ensemble de leurs partenaires -très attendues par le monde santé- et qui sont à la fois source d’espoir et d’inquiétudes", a-t-elle relevé.
A cet égard, elle a souligné que "la SFMU a accueilli avec grand intérêt" le rapport du député Thomas Mesnier (LREM, Charente) sur les soins non programmés (cf dépêche du 22/05/2018 à 19:19), qui "met notamment en avant le rôle central de la régulation médicale mais également, ce qu'on appelle de nos voeux, une plateforme santé unique regroupant tous les acteurs des soins urgents et des soins non programmés, avec un partenariat entre les médecins urgentistes et les médecins régulateurs généralistes".
La présidente de la SFMU a pointé que "ce partenariat existe déjà [à travers] une coopération entre la médecine d'urgence et la médecine générale au sein des plateformes de régulation, qui est très efficace et qu'il faut conforter et développer". Le rapport de Thomas Mesnier a en revanche suscité des critiques, notamment de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et de SOS Médecins, rappelle-t-on (cf dépêche du 25/05/2018 à 17:55).
Interrogée sur le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'administration (IGA) relatif à la mise en oeuvre d'une plateforme commune de réception des appels d'urgence et d'un numéro unique (cf APM GL4P8OCS), initialement attendu pour le 15 mai puis reporté, Agnès Ricard-Hibon a répondu que le sujet était "très compliqué" et que les organisations n'avaient "plus de date" pour sa remise.
Elle a souligné "l''importance du circuit court d'appel". Il faut "une écoute empathique des premiers mots spontanés [des appelants] et une reformulation de façon à repréciser l'objet de la plainte. Plus vous avez d'intermédiaires, plus vous perdez en qualité d'information. Les appels qui relèvent de la santé doivent être décrochés par des personnels de la santé, formés", a-t-elle défendu.
D'où l'adhésion de la SFMU aux propositions du rapport de Thomas Mesnier "sur une plateforme santé élargie pour que ces propos spontanés soient décrochés par du personnel de santé. [Lorsqu'ils relèveront] de la médecine générale, il y aura des généralistes au sein de la plateforme qui répondront, feront du conseil, de la téléprescription. [Lorsqu'ils relèveront] de la médecine d'urgence, avec une urgence vitale réelle ou potentielle, cela relèvera de la médecine d'urgence, mais l'appel sera arrivé au bon endroit et traité en circuit court", a argué Agnès Ricard-Hibon.
mlb/ab/APMnews
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URGENCES: DES PROPOSITIONS POUR ORGANISER UNE FORMATION INITIALE DES ASSISTANTS DE RÉGULATION MÉDICALE
PARIS, 13 juin 2018 (APMnews) - Les représentants de la médecine d'urgence s'apprêtent à remettre à Agnès Buzyn des propositions sur la mise en oeuvre d'une formation initiale de un à deux ans des assistants de régulation médicale, a expliqué mercredi à APMnews Christine Ammirati, présidente de l'Association nationale des centres d'enseignement des soins d'urgence (Ancesu), en marge du congrès annuel de la Société française de médecine d'urgence.
Pour rappel, après l'affaire du Samu du Bas-Rhin, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, avait annoncé avoir demandé aux représentants de la médecine d'urgence, notamment la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et Samu Urgence de France, de lui remettre avant le 1er juillet une feuille de route portant sur la formation, en particulier celle des assistants de régulation médicale (ARM), les procédures et l'assurance qualité (dépêche du 14/05/2018 à 19:40).
"Nous travaillons en lien avec l'Ancesu et l'Unarm [Union nationale des ARM], pour faire évoluer la formation des ARM pour qu'ils aient un diplôme reconnu par l'Etat", a expliqué Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion du congrès Urgences 2018, qui se tient jusqu'à vendredi à Paris. Interrogée par APMnews, Christine Ammirati, présidente de l'Ancesu, qui pilote ces travaux sur le volet pédagogique, a précisé que l'association travaillait de longue date avec les représentants des ARM, prônant l'idée d'une formation initiale, "la formation d'adaptation à l'emploi [n'étant] qu'un pis-aller".
Les propositions que les organisations s'apprêtent à remettre à la ministre portent sur "une formation [d'une durée] d'entre un et deux ans", avec "des briques de compétences", a-t-elle expliqué. L'ARM "d'aujourd'hui n'est pas le permanencier d'hier. Il doit maîtriser les techniques d'information et de communication, tant les outils que la communication inter-humaine et verbale, et pour acquérir des compétences, il faut du temps, des stages et de l'apprentissage in situ", a-t-elle souligné. "Donc on [veut] faire une pédagogie d'alternance entre de la théorie et de la pratique, avec des stages d'immersion pas seulement dans les Smur, mais aussi dans les milieux de soins". Cette formation pratique pourrait d'être d'au moins six mois.
"L'idée est aussi que l'ARM puisse à terme avoir des validations d'acquis qui lui permettent d'avoir des passerelles pour aller vers d'autres professions de santé." Si cette formation était de deux ans, "on pourrait avoir une formation de type BTS ou DUT qui permettrait d'aller vers des licences professionnelles", a-t-elle poursuivi. "Il y a vraisemblablement un besoin d'environ 200 ARM par an. L'idée est de pouvoir créer ex-nihilo cinq à six centres de formation en France pour qu'il puisse y avoir une formation de qualité."
Cette formation doit être faite par des équipes "multiprofessionnelles". "Pourquoi pas imaginer une équivalence de C2I [certificat informatique et internet], comme à l'université avec des informaticiens", mais aussi, parmi les équipes enseignantes, des psychologues, des sociologues, dans la perspective d'aboutir à "une réelle formation de soignants", a plaidé la présidente de l'Ancesu.
Privilégier "un circuit court d'appel" par une "plateforme santé élargie"
En début de conférence, Agnès Ricard-Hibon a par ailleurs rappelé que le congrès de la SFMU se tenait dans un contexte particulier, notamment marqué par le premier anniversaire de la création du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine d'urgence, "point majeur d'évolution de la médecine d'urgence et de la spécialité". Une promotion de "quelque 470 internes [a] choisi de se former à cette nouvelle spécialité", a-t-elle précisé, évoquant également la création d'une "commission jeunes" au sein de la SFMU.
La période est de même marquée par "les récents drames qui ont touché nos patients", a-t-elle pointé, en référence à l'affaire du Samu du Bas-Rhin. "Si ces évènements tragiques ne doivent pas remettre en question le formidable travail effectué chaque jour par les professionnels de santé, ils nous incitent à nous remettre en question et à défendre l'évolution de nos structures pour être en capacité de [de faire face] à un enjeu majeur qui est de répondre aux besoins de la population", a-t-elle ajouté. Agnès Richard-Hibon a précisé que chaque année "31 millions d'appels arrivent sur le 15" et que plus de 20 millions de patients sont accueillis dans les structures d'urgence.
Cette année est aussi celle des "réformes annoncées puisqu'il y a des réflexions en cours sur la modernisation et l'évolution des structures d'urgence avec l'ensemble de leurs partenaires -très attendues par le monde santé- et qui sont à la fois source d’espoir et d’inquiétudes", a-t-elle relevé.
A cet égard, elle a souligné que "la SFMU a accueilli avec grand intérêt" le rapport du député Thomas Mesnier (LREM, Charente) sur les soins non programmés (cf dépêche du 22/05/2018 à 19:19), qui "met notamment en avant le rôle central de la régulation médicale mais également, ce qu'on appelle de nos voeux, une plateforme santé unique regroupant tous les acteurs des soins urgents et des soins non programmés, avec un partenariat entre les médecins urgentistes et les médecins régulateurs généralistes".
La présidente de la SFMU a pointé que "ce partenariat existe déjà [à travers] une coopération entre la médecine d'urgence et la médecine générale au sein des plateformes de régulation, qui est très efficace et qu'il faut conforter et développer". Le rapport de Thomas Mesnier a en revanche suscité des critiques, notamment de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et de SOS Médecins, rappelle-t-on (cf dépêche du 25/05/2018 à 17:55).
Interrogée sur le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'administration (IGA) relatif à la mise en oeuvre d'une plateforme commune de réception des appels d'urgence et d'un numéro unique (cf APM GL4P8OCS), initialement attendu pour le 15 mai puis reporté, Agnès Ricard-Hibon a répondu que le sujet était "très compliqué" et que les organisations n'avaient "plus de date" pour sa remise.
Elle a souligné "l''importance du circuit court d'appel". Il faut "une écoute empathique des premiers mots spontanés [des appelants] et une reformulation de façon à repréciser l'objet de la plainte. Plus vous avez d'intermédiaires, plus vous perdez en qualité d'information. Les appels qui relèvent de la santé doivent être décrochés par des personnels de la santé, formés", a-t-elle défendu.
D'où l'adhésion de la SFMU aux propositions du rapport de Thomas Mesnier "sur une plateforme santé élargie pour que ces propos spontanés soient décrochés par du personnel de santé. [Lorsqu'ils relèveront] de la médecine générale, il y aura des généralistes au sein de la plateforme qui répondront, feront du conseil, de la téléprescription. [Lorsqu'ils relèveront] de la médecine d'urgence, avec une urgence vitale réelle ou potentielle, cela relèvera de la médecine d'urgence, mais l'appel sera arrivé au bon endroit et traité en circuit court", a argué Agnès Ricard-Hibon.
mlb/ab/APMnews