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22/02 2024
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URGENCES DU HAVRE: DES POUSSÉES DE FRÉQUENTATION PAR "À-COUPS" DIFFICILES À ANTICIPER

(Par Sylvie LAPOSTOLLE)

LE HAVRE, 22 février 2024 (APMnews) - Le groupe hospitalier du Havre (GHH) connaît cet hiver des pics d'activité par "à-coups" difficiles à anticiper, qui compliquent la gestion des flux de patients avec un aval saturé, a expliqué jeudi à APMnews la direction en réponse à une alerte déposée par des syndicats de personnel sur un engorgement aux urgences.

Les syndicats CGT et SUD du groupe hospitalier du Havre ont tiré la sonnette d'alarme et déposé un DGI (alerte pour "danger grave et imminent") auprès de la direction le 13 février pour dénoncer une situation "inacceptable et indigne" pour les patients qui attendaient d'être hospitalisés.

Ils ont dénoncé la présence de 33 patients sur des lits et/ou brancards en attente à 6h le matin "et cela depuis 16h le lundi 12 février", "des toilettes pour les patients en attente de 6h à 9h15" et "seulement deux ASH [agents de service hospitalier] pour l'ensemble du service". ¨Les personnels épuisés nous ont alertés", ont-ils décrit dans un communiqué.

Le journal L'Humanité a relayé cette alerte mercredi parlant de "patients souillés".

"Depuis début janvier, on ressent une forte tension au niveau de l'activité aux urgences et une tension sur les lits d'hospitalisation, ce qui n'est pas inhabituel en cette période hivernale. On a ouvert depuis début janvier jusqu'à 26 lits supplémentaires sur des lits de médecine et chirurgie", a répondu jeudi à APMnews Pauline Richoux, directrice générale adjointe du GHH.

"Contrairement à d'autres épisodes hivernaux, notamment l'an dernier où on avait eu une poussée très forte et continue sur les lits d'urgence, cette année, on a une tension assez continue mais avec une activité aux urgences qui fonctionne par à-coups, avec une affluence sur 24 heures puis des périodes un peu plus calmes."

"Ces à-coups sont assez difficiles à anticiper et on n'arrive pas à fluidifier l'aval pour résorber rapidement la situation. On peut effectivement avoir pendant 24h des délais d'attente qui s'allongent aux urgences et une accumulation de patients en attente de lits", a-t-elle reconnu.

Une cellule de crise est mise en place "à chaque fois" avec ouverture de lits supplémentaires, a-t-elle souligné.

Le13 février, "on a vu une très forte vague d'arrivées sur le service des urgences avec en cascade des attentes de lits d'hospitalisation qui dépassaient les besoins moyens quotidiens". Une cellule de crise a été ouverte et huit lits supplémentaires ont été armés dans les heures suivantes, permettant de trouver des solutions d'hospitalisation en fin de journée à tous les patients en attente depuis le matin, a-t-elle rapporté.

Il n'y avait pas une trentaine de patients en attente d'hospitalisation mais 19 ce matin-là, a-t-elle corrigé.

"On a proposé un temps d'échange aux professionnels qui a été dans un premier temps décliné. Nous sommes en train de réorganiser un temps d'échange avec le directeur", a indiqué Pauline Richoux.

"Plus généralement, nous sommes présents aux urgences régulièrement et notamment à chaque situation de tension inhabituelle", a-t-elle assuré. Des membres de la direction sont venus le 13 février constater "les difficultés architecturales et organisationnelles" et échanger avec les équipes.

"Il n'y a pas de rupture du dialogue entre le personnel et la direction", a-t-elle assuré. Le prochain temps d'échange permettra de discuter des demandes adressées par l'équipe à la direction. La direction a fait une réponse aux syndicats sur le DGI. Elle n'a pas considéré qu'il correspondait à la situation observée.

Une saturation de l'aval

En janvier, le GHH a connu deux journées similaires à celle du 13 février.

Ces journées de fortes poussées se produisent simultanément dans d'autres établissements normands comme le CHU de Rouen, ce qui complique la tâche pour trouver des lits d'aval. Les patients qui affluent sont surtout des personnes âgées fragiles touchées par des virus qui ont besoin d'une hospitalisation et ce, malgré le fonctionnement de la plateforme d'expertise gériatrique qu'anime le GHH pour le territoire havrais qui permet d'éviter des hospitalisations parmi cette population.

Cet engorgement survient malgré l'existence du service d'accès aux soins (SAS) bien implanté au GHH qui a été précurseur. "Le SAS fonctionne extrêmement bien au Havre. Aujourd'hui, on ne pourrait plus s'en passer ni le GHH, ni la population havraise", a estimé la directrice adjointe.

"Il permet de répondre à des besoins de soins qui ne sont pas hospitaliers. Cela permet de fournir une centaine de rendez-vous dans des cabinets de ville à des patients sans médecin traitant ou ne pouvant être reçus pour des patients qui ne relèvent pas d'une prise en charge hospitalière", a-t-elle noté.

"Les tensions vécues aux urgences actuellement concernent des patients qui ont besoin d'une hospitalisation et sont donc liées à l'aval. C'est beaucoup d'entrées sur une période très courte avec un aval saturé ou en incapacité de répondre rapidement à de telles demandes", a-t-elle analysé.

Pour la gestion des flux, l'établissement a déjà mis en place un dispositif de gestion des lits avec des remontées des lits vacants au sein du GHH mais aussi sur le territoire, avec des procédures internes déployées pour éviter un temps de latence entre deux patients et développer un travail pour renforcer les capacités en hospitalisation à domicile (HAD), a rapporté Pauline Richoux.

Des travaux d'extension annoncés

Pour limiter l'impact sur la qualité de la prise en charge, le personnel des urgences est renforcé dans ces situations d'afflux, une recherche très rapide de lits supplémentaires avec mobilisation d'équipes en temps supplémentaire pour les armer est réalisée et une organisation est mise en place dans le service des urgences "pour gérer au mieux ces flux et installer ces patients dans des conditions qui soient dignes et respectueuses de leur intimité", a poursuivi la directrice adjointe.

Une zone d'attente supplémentaire a été aménagée dans des bureaux de médecins pour accueillir les patients en attente de lits. Elle a été mise en place en janvier avec aussi des fauteuils pour éviter les brancards inconfortables.

"Des travaux auront lieu aux urgences à partir de début 2025 pour réaliser une extension architecturale du service et la réorganisation de l'ensemble des espaces internes" pour tenir compte de la hausse d'activité, a-t-elle annoncé. Le service des urgences adultes a été dimensionné pour 35.000 passages annuels. Or, il en accueille 50.000 aujourd'hui. Les travaux en site occupé se feront sur deux ans.

"Il est faux de dire que c'est catastrophique tous les jours. Nous avons quelques journées compliquées et on apporte rapidement des solutions", a conclu la directrice adjointe qui s'inquiète des répercussions de messages inquiétants. "Il ne faut pas effrayer la population. Cela risque de décourager les patients à venir par peur d'être mal pris en charge", a-t-elle ajouté.

Depuis 10 jours, la situation est plus calme. Il n'y a pas eu de nouveau pic depuis le 13 février.

sl/ab/APMnews

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LE HAVRE, 22 février 2024 (APMnews) - Le groupe hospitalier du Havre (GHH) connaît cet hiver des pics d'activité par "à-coups" difficiles à anticiper, qui compliquent la gestion des flux de patients avec un aval saturé, a expliqué jeudi à APMnews la direction en réponse à une alerte déposée par des syndicats de personnel sur un engorgement aux urgences.

Les syndicats CGT et SUD du groupe hospitalier du Havre ont tiré la sonnette d'alarme et déposé un DGI (alerte pour "danger grave et imminent") auprès de la direction le 13 février pour dénoncer une situation "inacceptable et indigne" pour les patients qui attendaient d'être hospitalisés.

Ils ont dénoncé la présence de 33 patients sur des lits et/ou brancards en attente à 6h le matin "et cela depuis 16h le lundi 12 février", "des toilettes pour les patients en attente de 6h à 9h15" et "seulement deux ASH [agents de service hospitalier] pour l'ensemble du service". ¨Les personnels épuisés nous ont alertés", ont-ils décrit dans un communiqué.

Le journal L'Humanité a relayé cette alerte mercredi parlant de "patients souillés".

"Depuis début janvier, on ressent une forte tension au niveau de l'activité aux urgences et une tension sur les lits d'hospitalisation, ce qui n'est pas inhabituel en cette période hivernale. On a ouvert depuis début janvier jusqu'à 26 lits supplémentaires sur des lits de médecine et chirurgie", a répondu jeudi à APMnews Pauline Richoux, directrice générale adjointe du GHH.

"Contrairement à d'autres épisodes hivernaux, notamment l'an dernier où on avait eu une poussée très forte et continue sur les lits d'urgence, cette année, on a une tension assez continue mais avec une activité aux urgences qui fonctionne par à-coups, avec une affluence sur 24 heures puis des périodes un peu plus calmes."

"Ces à-coups sont assez difficiles à anticiper et on n'arrive pas à fluidifier l'aval pour résorber rapidement la situation. On peut effectivement avoir pendant 24h des délais d'attente qui s'allongent aux urgences et une accumulation de patients en attente de lits", a-t-elle reconnu.

Une cellule de crise est mise en place "à chaque fois" avec ouverture de lits supplémentaires, a-t-elle souligné.

Le13 février, "on a vu une très forte vague d'arrivées sur le service des urgences avec en cascade des attentes de lits d'hospitalisation qui dépassaient les besoins moyens quotidiens". Une cellule de crise a été ouverte et huit lits supplémentaires ont été armés dans les heures suivantes, permettant de trouver des solutions d'hospitalisation en fin de journée à tous les patients en attente depuis le matin, a-t-elle rapporté.

Il n'y avait pas une trentaine de patients en attente d'hospitalisation mais 19 ce matin-là, a-t-elle corrigé.

"On a proposé un temps d'échange aux professionnels qui a été dans un premier temps décliné. Nous sommes en train de réorganiser un temps d'échange avec le directeur", a indiqué Pauline Richoux.

"Plus généralement, nous sommes présents aux urgences régulièrement et notamment à chaque situation de tension inhabituelle", a-t-elle assuré. Des membres de la direction sont venus le 13 février constater "les difficultés architecturales et organisationnelles" et échanger avec les équipes.

"Il n'y a pas de rupture du dialogue entre le personnel et la direction", a-t-elle assuré. Le prochain temps d'échange permettra de discuter des demandes adressées par l'équipe à la direction. La direction a fait une réponse aux syndicats sur le DGI. Elle n'a pas considéré qu'il correspondait à la situation observée.

Une saturation de l'aval

En janvier, le GHH a connu deux journées similaires à celle du 13 février.

Ces journées de fortes poussées se produisent simultanément dans d'autres établissements normands comme le CHU de Rouen, ce qui complique la tâche pour trouver des lits d'aval. Les patients qui affluent sont surtout des personnes âgées fragiles touchées par des virus qui ont besoin d'une hospitalisation et ce, malgré le fonctionnement de la plateforme d'expertise gériatrique qu'anime le GHH pour le territoire havrais qui permet d'éviter des hospitalisations parmi cette population.

Cet engorgement survient malgré l'existence du service d'accès aux soins (SAS) bien implanté au GHH qui a été précurseur. "Le SAS fonctionne extrêmement bien au Havre. Aujourd'hui, on ne pourrait plus s'en passer ni le GHH, ni la population havraise", a estimé la directrice adjointe.

"Il permet de répondre à des besoins de soins qui ne sont pas hospitaliers. Cela permet de fournir une centaine de rendez-vous dans des cabinets de ville à des patients sans médecin traitant ou ne pouvant être reçus pour des patients qui ne relèvent pas d'une prise en charge hospitalière", a-t-elle noté.

"Les tensions vécues aux urgences actuellement concernent des patients qui ont besoin d'une hospitalisation et sont donc liées à l'aval. C'est beaucoup d'entrées sur une période très courte avec un aval saturé ou en incapacité de répondre rapidement à de telles demandes", a-t-elle analysé.

Pour la gestion des flux, l'établissement a déjà mis en place un dispositif de gestion des lits avec des remontées des lits vacants au sein du GHH mais aussi sur le territoire, avec des procédures internes déployées pour éviter un temps de latence entre deux patients et développer un travail pour renforcer les capacités en hospitalisation à domicile (HAD), a rapporté Pauline Richoux.

Des travaux d'extension annoncés

Pour limiter l'impact sur la qualité de la prise en charge, le personnel des urgences est renforcé dans ces situations d'afflux, une recherche très rapide de lits supplémentaires avec mobilisation d'équipes en temps supplémentaire pour les armer est réalisée et une organisation est mise en place dans le service des urgences "pour gérer au mieux ces flux et installer ces patients dans des conditions qui soient dignes et respectueuses de leur intimité", a poursuivi la directrice adjointe.

Une zone d'attente supplémentaire a été aménagée dans des bureaux de médecins pour accueillir les patients en attente de lits. Elle a été mise en place en janvier avec aussi des fauteuils pour éviter les brancards inconfortables.

"Des travaux auront lieu aux urgences à partir de début 2025 pour réaliser une extension architecturale du service et la réorganisation de l'ensemble des espaces internes" pour tenir compte de la hausse d'activité, a-t-elle annoncé. Le service des urgences adultes a été dimensionné pour 35.000 passages annuels. Or, il en accueille 50.000 aujourd'hui. Les travaux en site occupé se feront sur deux ans.

"Il est faux de dire que c'est catastrophique tous les jours. Nous avons quelques journées compliquées et on apporte rapidement des solutions", a conclu la directrice adjointe qui s'inquiète des répercussions de messages inquiétants. "Il ne faut pas effrayer la population. Cela risque de décourager les patients à venir par peur d'être mal pris en charge", a-t-elle ajouté.

Depuis 10 jours, la situation est plus calme. Il n'y a pas eu de nouveau pic depuis le 13 février.

sl/ab/APMnews

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